Pendant l’été 2024, l’actualité du climat en Afrique a encore accéléré : les sécheresses ravages l’Afrique australe et au moins deux états ont récemment annoncé le sacrifice d’animaux sauvages tels que les éléphants pour nourrir la population, dans le Sahel les inondations ont provoqué des refugié-e-s et autour de 1000 morts. En Afrique les signaux sont clairs : le réchauffement et le dérèglement climatique s’intensifie. C’est sans doute une des raisons qui m’amène aux Estivales de la permaculture à Montreuil, un festival au programme alléchant, entre conférences et concerts.
Le dimanche, Agnès Ducharne, du CNRS, se concentre sur la problématique de l’eau dans le climat. Le sud de l’Europe devrait s’assécher progressivement. L’assèchement va remonter vers le Nord. L’agriculture sera fortement impactée. Elle distingue l’eau bleue, liquide et l’eau verte, dans les sols, impossible à pomper. Elle présente des solutions technologiques, rapidement, et des solutions écologiques, plus longuement, la désimperméabilisation des sols en ville, les cultures plus sobres, la permaculture, les infrastructures vertes, la restauration des lits des rivières, avec l’utilisation des castors, le renforcement des normes ou l’hydrologie régénérative, science qui vise à « ralentir, répartir, infiltrer et stocker toutes les eaux de pluie et de ruissellement, et – densifier sa végétation multifonctionnelle, cultivée ou non, pour améliorer leur résilience face à nombre de problématiques liées à l’eau (sécheresses, érosion, canicules, désertification, inondations, fertilité, biodiversité, évolutions climatiques,…) »
Raphaël Stevens s’est fait connaître en 2015 en écrivant avec Pablo Servigne le livre ‘Comment tout peut s’effondrer’, qui a vulgarisé le concept d’effondrement et la « collapsologie ». Il présente des évolutions récentes de la recherche sur le sujet. Certains parlent de ‘Endgame’ et demandent au GIEC de mieux étudier les scénarios les plus défavorables au-dessus de 1,5 degré de réchauffement d’ici 2100. Certains parlent de « défaillances en cascade » plutôt que d’effondrement, d’autres de « basculement » ou de « points de basculement » (tippings points). Le débat avec le public revient sur les actions et les aspects mentaux, en particulier l’éco-anxiété (cf aussi la conférence que je n’ai pas entendue de Laure Noualhat). Les inquiétudes sur le climat provoquent selon lui des phases, par exemple de colère et de paralysie. Un jeune de 11 ans se fait applaudir avec une question sur la possibilité pour les gouvernements de faire du « collapse washing » pour gagner des élections. Le chercheur espère qu’agiront ensemble, les scientifiques sur les modèles et la simulation, les journalistes et les vulgarisateurs, et plus de monde dans des actions de terrain. Il s’inquiète de la question de la démocratie.
Au milieu des arbres des Murs à pêches, entre les stands associatifs, le bar et les stands de nourriture, en parlant aux vieux ami-e-s, sous le soleil frileux d’un piètre été indien puis près du feu, les concerts sont sans doute là pour nous éviter l’éco-anxiété. Le samedi soir est assez punk, avec Sagittarius A, Les Marteaux Piquettes et Abdullah Sheraton. La soirée du dimanche soir commence calmement avec Hillary & the Pinto Pack concert puis Lise cabaret trio. Puis King Kong Meuf vient clore le week-end en beauté et en furie.
Régis Marzin
16 septembre 2024
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