dimanche 25 novembre 2012

25 novembre 2012, Bobigny, Yves Boisset

J'ai beau m'intéresser au cinéma, surtout engagé, je ne connaissais pas encore Yves Boisset. La magie du cinéma, c'est aussi la possibilité de faire toujours de nouvelles découvertes. Son film "Le juge Fayard dit le Shériff" est inspiré de faits réels et de l'assassinat du juge Renaud en 1975. Patrick Dewaere y est fantastique, comment ne pas confondre l'acteur et son personnage, quand lui-même se/le confond. L'événement prend place dans les Rencontres cinématographiques de la Seine-Saint-Denis (entretien avec Yves Boisset), au Magique Cinéma de Bobigny. Je suis heureux d'apprendre qu'Yves Boisset souhaite faire une fiction sur la Françafrique. Dans les années 80, déjà, il avait essayé de tourner un film sur la Centrafrique, le Tchad, et l'état français dirigé par Mitterrand l'en a correctement empêché en le harcelant longtemps et en lui mettant toutes sortes de bâtons dans les roues. Avec l'affaire du juge Renaud, il s'était attaqué à des secrets d'état, ce qui lui avait valu de devoir jouer avec la censure politique. L'anecdote sur le SAC, le Service d'action civique, la milice patronale anti-gréviste, dont les relations avec la pègre sont dénoncées dans le film, est croustillante. Il a fallu sur les bobines enlever toutes références au SAC dans le son et l'image. Ca faisait "bip" à la place et les gens dans les salles de cinéma hurlaient contre le SAC à chaque "bip".

samedi 24 novembre 2012

24 novembre 2012, Nanterre, les populations et l’uranium d'Aréva


Je quitte le musée Dapper avant la fin du débat pour me rendre à Nanterre. La projection-débat organisée par Survie Paris à l'Agora, "Les populations face à l’extraction de l’uranium" (par Aréva), est une nouvelle occasion d'écouter Marc Ona, le célèbre opposant à la dictature gabonaise, de Publiez-ce-que-vous-payez et Cà suffit comme cà ! toujours aussi brillant. Je rencontre aussi, Ramatou Solli, du Groupe de réflexion et d’action sur les industries extractives au Niger. La fin du débat met en évidence que les institutions démocratiques permettent d'avancer sur l'ensemble des questions, financières, écologiques, sanitaires, liés à l'extraction de l'Uranium, même si cela reste actuellement difficile, au Niger, alors qu'avec la bonne vieille dictature gabonaise... c'est loin d'être le cas. Faudrait-il dire, selon le proverbe togolais, "Avant de soigner les poules, il faut chasser le renard", certainement pas! Sans doute que seul le combat pour des institutions démocratiques permet vraiment d'avancer pour la justice face aux multinationales. Au Gabon, les différents fronts occupent les opposants comme Marc Ona.

24 novembre 2012, Paris, les dessous de la corruption en Afrique ?

Je viens pour la première fois au Musée Dapper dans le 16e à Paris pour voir le film de Sylvestre Amoussou, "Un pas en avant, les dessous de la corruption" (2011). Je trouve ce film très bon, j'apprécie de voir une présentation très actuelle du Bénin, avec une mise en cause radicale des dirigeants. Le scénario, la mise en scène, le jeu des acteur-trice-s sont excellent-e-s. Le réalisateur béninois, acteur principal, est là pour débattre, après le film. Comme il parle de la corruption en Afrique sans distinction de pays, je lui demande, sans me présenter comme journaliste spécialiste de la démocratisation en Afrique, assez bien informé de la situation au Bénin, s'il fait une différence entre la corruption dans les dictatures et la corruption dans les démocraties. Le Bénin, pays où a été tourné le film, sans que cela ne soit affiché, est l'un des seuls pays francophones où la démocratie fonctionne à peu près en Afrique de l'Ouest, avec le Sénégal, cependant, la démocratie s'y dégrade actuellement comme le montre, entre autres, la récente affaire du soit-disant empoisonnement du président. A ma grande surprise, il me répond que la corruption est partout pareille et ne dit rien de plus, voulant clore au plus vite sur ce sujet. Pourtant, je viens de voir un film qui ne parle pas que de la corruption, mais qui parle aussi de l'état de droit et de la justice, et indirectement de qualité des institutions et de démocratie. Le film insiste sur l'importance de voter en plus. Après tout, c'est du cinéma, plein de coups de feux, de sang, d'exagérations par rapport à ce qui pourrait se passer dans la réalité, heureusement ! Mais, je suis très étonné que le réalisateur soit en retrait par rapport à son scénario. Cela me rappelle la réalisatrice du documentaire "Une affaire de nègres", Oswalde Lewat, qui rechignait à dénoncer clairement la dictature camerounaise, alors que c'était tout l'objet de son excellent film. A ma plus grande surprise encore, il y a des applaudissements dans la salle suite à la réponse simplificatrice de la corruption qui serait partout pareille. Un peu perturbé, je me rassure en me disant que ce doit encore être, en ce qui concerne le public, des relents d'inconscient colonial et raciste, la fameuse croyance, que l' "Afrique n'est pas mûre pour la démocratie" (Chirac, 1990), et qu'il ne faut pas en parler... Mais certainement, je me trompe, victime de mon propre ego. Ce qui me semble plus sûr, c'est que le public est, pour l'essentiel, comme presque toujours, un public qui vient pour s'amuser ou juste s'informer sans penser qu'il peut agir. Il ne faut pas, comme dirait Sankara se repentant dans son cercueil, demander de franchir trop d'étapes trop vite, d'abord commencer par sensibiliser, et, pour la suite, on verra plus tard.

jeudi 22 novembre 2012

22 novembre 2012, Aubervilliers, Solidarité internationale

 
La mairie d'Aubervilliers organise ce soir un Conseil Municipal Extraordinaire, c'est-à-dire ouvert aux habitant-e-s, sur les Actions et Relations internationales d’Aubervilliers à l’Espace Fraternité. Je passe une très bonne soirée, pendant laquelle j'apprends énormément de choses sur les actions de ma ville, les jumelages, les actions divers et variées. C'est très bien organisé avec plein de vidéos qui illustrent les propos, même si les aspects publicitaires sont un peu pénibles. Je retiens surtout le travail très solide fait à Boully en Mauritanie. Par ailleurs, la quasi-totalité des élu-e-s et de la salle est déterminée à s'engager pour la Palestine. Les gens sont choqués par les événements actuels et il est beaucoup question du fait que François Hollande doit voter le 29 novembre pour l'intégration de la Palestine dans l'ONU. Il est aussi question de l'Algérie, des USA, des espoirs d'échanges commerciaux avec la Chine. Dans une des vidéos, on entend Marzouki le futur président tunisien, venu à Aubervilliers, qui prévenait de l'erreur stratégique des puissances occidentales qui voulaient soutenir les dictatures en fin de vie pour lutter contre l'islam politique intégriste. Le président de groupe PS parle des efforts pour rencontrer les migrants tunisiens pour les aider au niveau social et sanitaire. Le débat final permet aux jeunes de demander un effort à la ville pour renforcer les projets de Solidarité Internationale des jeunes sur le long terme. A un autre niveau, la députée Elisabeth Guigou a la gentillesse de résumer les travaux de la commission des Affaires Étrangères de l'Assemblée Nationale, qu'elle dirige. Deux groupes de travail permanents ont été constitués sur le Sahel et sur la Syrie. Des missions sont mises en place regroupant chacune quelques député-e-s: sur l'Algérie, les révolutions arabes et les questions de sociétés - selon elle "le Maroc est un pays en bonne voix", et pour l'Afrique subsaharienne, la francophonie et les pays émergents anglophones. Je comprends que l'accent sur les pays anglophones semble être pour les intérêts commerciaux. En ce qui concerne l'intérêt des peuples, seule, l'Afrique du Nord est considérée, et je reconnais là une constante socialiste depuis 2011. Je ne participe pas au débat ce soir, pour évoquer la démocratie en Afrique subsaharienne, étant un peu enrhumé et fatigué. Un peu dans le même sens, plusieurs congolais de RDC lui reprochent de ne pas avoir parlé de la guerre actuelle au Kivu. Elisabeth Guigou pense que François Hollande suivra son engagement pour le vote pour la Palestine à l'ONU, et précise, à ce sujet, qu'une partie de la diplomatie reste toujours un peu secrète.

jeudi 15 novembre 2012

15 novembre 2012, St-Ouen, ciné-concert 'Aujourd'hui'

Mon ami Apkass m'invite au ciné-concert qu'il organise sur le film "Aujourd'hui". La projection est une avant-première, en présence du réalisateur, Alain Gomis, et d'au moins 2 acteurs. Saul Williams, l'interprète principal du film, recrée la musique du film avec son ordinateur, un clavier, et, peut-être, une petite percussion discrète. C'est aussi l'ouverture des Rencontres Cinématographiques de Seine-St-Denis. C'est un événement très intéressant parce qu'il fait apparaître le lien entre musique et cinéma, dans cette ambiance tranquille de St-Ouen, qui permet sans doute des échanges plus aisés que de l'autre côté du périphérique.