dimanche 6 décembre 2015

6 décembre 2015, Montreuil, grande conférence sur le climat

Ce week-end à Montreuil, s'est installé le village mondial des alternatives pour agir face au changement climatique, avec quelques concerts, mais surtout de très nombreux débats, ateliers sur un grand nombre de thèmes. 
Dans le sommet et le contre-sommet, l'Afrique paraît assez mal défendue. Je devine une difficulté dans l'approche d'un problème pourtant mondial : les principales victimes du réchauffement climatique sont dans les pays pauvres et en partie non-démocratiques; si les population ne sont pas là pour se défendre de manière visible, les défenseurs qui les soutiennent n'arrivent pas à les défendre à la hauteur qui serait nécessaire. C'est une vision générale politique qui l'emporte et qui occulte un peu la gravité des risques et dégâts là où ils ne peuvent être exprimés. La vision mondiale à long terme n'est pas toujours accessible dans les régions du monde où la survie se défend à court terme, où les enjeux de démocratie et de paix focalisent les attentions.
Ainsi, je n'ai pas trouvé grand chose d'intéressant dans le programme du week-end sur l'Afrique juste quelques conférences sur des sujets précis. Je viens donc pour le débat principal le plus général, la table ronde de clôture du Sommet Citoyen pour le Climat où sont annoncé-e-s Naomi Klein, Via Campesina, Kumi Naidoo, le directeur exécutif de Greenpeace International, et Juliette Rousseau, la porte-parole de la Coalition Climat 21.
La salle, la Parole errante, est anormalement sombre, 2 ampoules manquent au-dessus des intervenant-e-s. Certes, cela économise de l'énergie, mais cela n'aide pas à filmer et à photographier et cela ajoute à l'ambiance un peu triste. Car l'euphorie n'y est pas, ou plutôt est loin d'être celle qui aurait pu être sans le massacre du 13 novembre. Un hystérique des alpages vient un peu déranger sur scène, mais je m'étonne plutôt qu'il n'y en ait qu'un.
J'ai manqué Naomi Klein, dommage. Kumi Naidoo, le sud africain de Green Peace est un pro de la com' à l'américaine. C'est impressionnant cette méthode américaine de synthétiser, simplifier, concentrer l'argumentaire sur l'essentiel pour interpeller le public. Cela donne un discours militant qui ressemble au style des écoles de commerce. En réalité, je suis très content de l'entendre car il insiste sur la démocratie nécessaire au négociation sur le climat, qui est la question qui m'intéresse sur l'Afrique. Il dénonce les multinationales alors que je dénonce les dictatures.
Un point important, c'est que la Conférence de Paris marque un début de mobilisation. Copenhague avait déçu et démobilisé, mais cette fois-ci, le message c'est que la société civile n'a pas d'attente forte du sommet des chefs d'Etat et a plutôt une volonté de travailler selon son calendrier. 
Le représentant haïtien de Via Campessina insiste sur l'agroécologie, la lutte contre OGM, les engrais et pesticides. Deux représentants de Polynésie interviennent également sur la montée des eaux.
Juliette Rousseau pense que le gouvernement français met des bâtons dans les roues parce que les idées de la coalition climat sont "en passe d'être victorieuses". S'il y a dans cette coalition, des légalistes et des adeptes de la désobéissance, la journée d'action du 12 décembre se fera avec de la désobéissance. 
La conférence n'aborde pas les négociations du Sommet officiel. C'est à la Zone d'action pour le climat, au 104 à Paris, que toute la semaine, chaque jour à 18h (lundi, mardi, mercredi) ou 17h (jeudi et vendredi), auront lieu des Assemblées générales qui feront le point sur les négociations.

samedi 5 décembre 2015

5 décembre 2015, Bourget, Cop21 : Afrique et climat

Pendant les négociations sur le climat, les pays africains ont été très peu entendus, même si beaucoup de choses ont bougés pour l'Afrique. Les dirigeants ne sont pas tous légitimes et compétents, puisque l'Afrique compte un nombre équivalent de dictatures et de démocraties. Les soutiens dans les ONG ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux et leur plaidoyer ne s'appuie pas sur suffisamment de forces africaines organisées.
Le groupe Afrique d'Europe Ecologie les Verts, ouvert à d'autres personnalité au travers du collectif 'Wangari Maathai', a sans doute été le seul à réaliser un travail de synthèse et à communiquer sur l'Afrique pendant la Cop21, en publiant une note écrite en collaboration avec des écologistes africains : "COP21 : réparer l’injustice climatique en Afrique". Cette note a été rédigée dans le cadre de la Fondation de l'Ecologie Politique (FEP).
Ce samedi 5 décembre, la FEP et le collectif 'Wangari Maathai' organisaient au Bourget, dans la partie réservée à la société civile, la conférence "L'accord de Paris : quelles perspectives de développement pour l’Afrique subsaharienne ?" avec, de gauche à droite, Gaël Giraud, chef économiste de l'Agence française de développement (AFD), membre du conseil scientifique de la FEP, Raimundo Ela Nsang, secrétaire exécutif de la Coalition restauratrice de l’Etat démocratique en Guinée équatoriale (CORED), Benjamin Bibas, modérateur, membre du groupe Afrique d'Europe Ecologie les Verts et du collectif 'Wangari Maathai', Mildred Barasa, journaliste au Kenya Times et Africa Woman, secrétaire générale du African Network for Environmental Journalists (ANEJ), Marc Ona Essangui, célèbre coordinateur de l’ONG gabonaise Brainforest. Aïssatou Diouf, la responsable plaidoyer climat à l'ONG ENDA, était excusée.
Marc Ona insiste sur le problème de la gouvernance politique dans une Afrique "prise en otage par des oligarches". Un président comme Ali Bongo fait de la communication autour de la COP21 et sa société "Delta Synergie" serait en position de profiter des fonds de l'adaptation au changement climatique. Marc Ona évoque la gestion désastreuse des forêts, en raison de laquelle, "Pour protéger le climat de la planète, la France doit se désengager du secteur d’exploitation forestière industrielle dans le bassin du Congo". L'activiste très engagé contre la dictature de la famille Bongo précise que la gouvernance électorale passe pas des processus électoraux crédibles.
En anglais, la journaliste kenyane Mildred Barasa décrit les effets du réchauffement dans la vie quotidienne des femmes, dont la durée de travail augmente à cause de la recherche du bois et de l'eau. Elle insiste sur la pollution de l'eau, l'érosion des sols à cause de l'agriculture intensive et de la déforestation, les sécheresses plus fréquentes, l'accaparement des terres par des sociétés étrangères.
L'opposant équato-guinéen, Raimundo Ela Nsang, parle de la production pétrolière dans le golfe de Guinée. Les pays producteurs n'ont pas construit des infrastructures sanitaires adaptées. La tuberculose accompagne l'augmentation du rythme de la production. Des terres deviennent invivables, les écosystèmes marins sont dégradés, la pêche est impactée. Le pétrole moins accessible est extrait avec de plus en plus d'eau polluée. Les dictatures sont maintenant considérés comme instables, et les multinationales accélèrent la production en craignant la perte des contrats qui pourrait advenir suite à la chute des dictateurs. Les grandes compagnies pétrolières profitent de l'absence de contrôles environnementaux dans les Etats non démocratiques. Pour prévenir la pollution, la CORED propose de diminuer la production et de la rendre plus durable, et la construction de l'Etat de droit et la démocratisation sont une condition nécessaire.
Benjamin Bibas présente la note et en résume les revendications principales : de nouvelles taxes innovantes pour financer le Fonds vert pour le climat, l'intégration de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) dans les négociations sur le climat en la rendant contraignante, un inventaire des Biens communs mondiaux, entre autres.
Gaël Giraud, de l'AFD et de la FEP, précise les possibilités en termes de taxation et revient sur plusieurs questions. Il y a dans les gaz, le CH4 et pas seulement le CO2. Les banques s'opposent à la taxation et les Paradis fiscaux compliquent les exigences de transparence. Des projets sérieux en termes d'écologie sont en concurrence avec des investissements à 10% de profit annuel.
Trois jours plus tard, les mêmes personnes sauf Gaël Giraud, présentent la note au siège d'Europe Ecologie les Verts. Remarque : Je complète ainsi mes notes prises au Bourget, en particulier pour Marc Ona que j'avais manqué à la première présentation.
Au siège d'EELV, il est aussi question de la participation des communautés locales et de l'utilisation du Fond Vert pour le climat: comment éviter que les milliards aillent vers les multinationales et oublient les communautés locales et les entreprises africaines, en particulier les PME ? La question de la démocratie rejoint cet enjeu de la gouvernance dans l'adaptation au changement climatique et face aux dégâts environnementaux. Le débat revient sur la justice climatique et les crimes environnementaux. La valorisation des chefs d'Etat dictateurs dans les négociations sur le climat est particulièrement soulignée, ainsi que la nécessité de continuer à soutenir la démocratie et l'Etat de droit.
Certains chefs d'Etat africains, comme Téodoro Obiang, n'ont fait que reprendre le travail de consultants occidentaux. Au Togo, Faure Gnassingbé a massacré des villageois, causant 8 morts à Mango, pour en essayant de créer en urgence un parc naturel un mois avant la Cop21. Denis Sassou Nguesso a fortement profité de la Cop21 qui, entre autres, lui a permis d'échapper à une réaction internationale après le massacre du Coup d'Etat constitutionnel de fin octobre.
Régis Marzin, 20 décembre 2015.

5 décembre 2015, Aubervilliers, climat, Tuvalu !

Le Grand Bouillon accueille une présentation de Tuvalu par les associations Haute Qualité Artistique et Culturelle (HQAC) et Alofa Tuvalu: Tuvalu le nouveau lieu d'Aubervilliers, le petit jardin et la scène qui seront bientôt accessibles pendant les marchés qui auront lieu sur la nouvelle place pendant les travaux du métro, et, Tuvalu, l'archipel de Polynésie menacé de disparition en raison de la montée des eaux.
Juste avant avait lieu une promenade dans Aubervilliers sur le lien entre la ville et le monde, entre Data centers et entrepôts de marchandises allant vers Paris arrivant surtout de Chine, entre palettes et ailantes, l'arbre cultivé en Chine caractéristique des friches et chantiers, qui traverse la scène du Tuvalu.
L'association franco-tivaluenne Alofa Tuvalu créée en 2005 travaille à la sauvegarde de Tuvalu, surtout par un travail de communication, et participe donc à la lutte contre le réchauffement climatique. Les images de l'archipel me font une bonne introduction au week-end sur le climat, puisque je dois ensuite me rendre au Bourget.
Je ne pars pas sans m'être inquiété de l'avenir de Tuvalu d'Aubervilliers. En plus de l'accès prochain lors de l'ouverture de la zone pour la marché - il y aussi des panneaux d'affichage -, le lieu devrait prendre vie autour des événements de musique, théâtre, que les motivé-e-s du coin organiseront. Cela sera sans doute un peu lent, parce qu'il y a déjà beaucoup d'activités dans des lieux existants et que la ville n'est pas encore si vivante que cela. La créativité dépend de la liberté et la liberté s’accommode mal avec les grilles, qui sont pourtant nécessaires. Que deviendra le Tuvalu d'Aubervilliers... mystère ? 

jeudi 19 novembre 2015

18 novembre 2015, Paris, paix durable en Centrafrique ?

Depuis le lancement de la campagne Tournons la Page mi-2014, le Secours Catholique continue de s’affirmer par des prises de positions courageuses sur l’Afrique. Quelques jours avant la probable visite du pape à Bangui, il organise dans la soirée du 18 novembre à Paris, à la Maison des Évêques de France, une conférence ‘Centrafrique : Quels leviers pour une paix durable ?’. Les intervenants sont Thierry Vircoulon, d’International Crisis Group, Jean-François Akandji Kombe, centrafricain et professeur de droit à la Sorbonne, et Rachid Lahlou, président du Secours Islamique France. Le débat est animé par Antoine Sondag. (Photo de gauche à droite : Rachid Lahlou, Thierry Vircoulon, Antoine Sondag, Jean-François Akandji Kombe et Aude Hadley du Secours Catholique)
Les derniers jours, j’ai perdu beaucoup de temps et d’énergie à cause du massacre du 13 novembre et j’arrive en retard, quand se terminent les interventions, pour le débat avec la salle. Le programme prévoyait aussi des vidéos de l’archevêque de Bangui, Monseigneur Nzapalainga et du président de la communauté islamique centraficaine, l’imam Kobine Lamaya, que j’ai donc manquées.
La soirée aborde le thème de l’action des ONG en Centrafrique, parfois contestées, par exemple dans l’utilisation de l’argent européen, mais aussi fortement remerciées, surtout pour ses interventions humanitaires.
Rachid Lahlou insiste sur le processus de Désarmement, Démobilisation et réinsertion (DDR). La Séléka a pris Bamabari comme « capitale », et pour lui, le risque de partition existe à plus long terme. Jean-François Akandji Kombe revient sur la fausse lecture religieuse du conflit et dénonce l’ambassadeur de France qui avec Sangaris rencontre la Séléka, dont les chefs sont sur « liste noire ».
Le débat lancé avec la salle, les discussions portent essentiellement sur la tenue des élections. Elles sont considérées comme imposées par la communauté internationale alors que les conditions ne sont pas réunies. Ce point de vue assez consensuel varie peu depuis l’erreur de Laurent Fabius début 2014, qui a comme ‘confondu’ les problématiques de la RCA et du Mali. La pression française sur le gouvernement de transition actuel a provoqué un affaiblissement de la relation entre la France et la Centrafrique. Selon Thierry Vircoulon, une partie des politiques centrafricains veulent se débarrasser du gouvernement de transition. Il affirme que « l’élection est un piège qui se refermera sur ceux qui seront élus ». Il est aussi question du risque d’oubli du pays, qui a déjà commencé mais pourrait être bien pire suite au scrutin.
Un centrafricain du public évoque une guerre idéologique autour des forces soudanaises et tchadiennes qui ont participés à la crise en Centrafrique pour y voir finalement la main cachée des USA, de la France dans un « chaos programmé » et cite quelques livres d’auteurs panafricanistes pour se justifier.
Plus sérieusement, un autre centrafricain, François Passéma critique l’action de la MINUSCA et de Sangaris. Il indique qu’une priorité aurait dû être de remettre avant en place l’administration, ce que reconnaît Thierry Vircoulon.
L’ancienne ministre de la Communication et de la Réconciliation nationale dans le gouvernement centrafricain de transition entre janvier et août 2014, qui a travaillé sur le processus de réconciliation, Antoinette Montaigne, revient très diplomatiquement sur les liens forts avec les tchadiens, sur la « peur du musulman » « vu comme un danger ». Pour elle, les « migrants (tchadiens qui étaient ou sont toujours en RCA) ne sont pas tous centrafricains ». Elle préconise des « consultations populaires pour un dialogue inclusif », la lutte contre l’impunité, un travail social de « distribution des postes et privilèges ».
Comme souvent depuis début 2013, malgré la gravité de la responsabilité d’Idriss Déby en RCA, le point de vue sur le Tchad et son président est exprimé de manière très tempéré sans doute par nécessité, pour laisser une chance au dialogue.
En discutant pendant le pot qui suit le débat, j’arrive à la conclusion que le débat n’a pas été jusqu’au bout sur le point des élections qui sont prévues les 27 décembre 2015 et 31 janvier 2016. Selon moi, après plusieurs reports des scrutins depuis 2014, les dernières dates correspondent à un compromis entre 2 scénarii, celui promu par Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian d’un scrutin rapide et totalement bâclé, favorable à tous les dictateurs d’Afrique centrale, Sassou Nguesso et Idriss Déby en particulier, et celui plus lent d’une démocratisation réelle au travers d’une organisation progressive des démocrates centrafricains, qui pourrait faire tâche d’huile.
D’une certaine manière les conclusions du Conseil européen sur la République Centrafricaine du 17 novembre 2015 expriment les contradictions entre les objectifs et priorités qui sous-tendent ces 2 scénarii : « L'UE continue d'étudier les conditions nécessaires à l'envoi d'experts électoraux lors des prochains scrutins en RCA dans la continuité des efforts déjà engagés, dans un environnement sécuritaire adéquat grâce à l'appui des forces internationales. » Si les conditions étaient réunies, comme elle le laisse croire, il n’y aurait pas besoin d’étudier ces conditions et l’observation ne serait pas dangereuse.
Dans l’expression du piège pour le futur pouvoir élu s’exprime la lenteur de la restructuration de l’Etat, qu’il y ait ou non élection. Une compréhension dialectique permettra suite au scrutin d’estimer les qualités du changement. Il y aura sans doute une certaine légitimité issue des urnes, même si le processus est mauvais parce qu’il n’y pas de président dictateur sortant et d’ancien parti unique dominant, mais cette légitimité ne règlera pas suffisamment ou très peu la question des moyens de redresser la situation au niveau militaire, social, administratif, ce qui fera que le débat sur le poids des responsabilités centrafricaines ou de la communauté internationale devrait continuer.

mardi 17 novembre 2015

17 novembre 2015, Paris, Algérie, à propos du journal El Watan

Ce mardi 17 novembre 2015, le festival Maghreb des filmsest au cinéma Le Louxor, près du métro Barbès. Je tente une seconde timide sortie dans Paris, après le massacre de 13 novembre qui a accaparé mon esprit depuis 3 jours. Le documentaire ‘Contre-pouvoirs’ de Malek Bensmaïl, en avant première, a attiré mon attention parce qu’il parle de la campagne de l’élection présidentielle de 2014 en Algérie. Les films sur les élections en Afrique sont rarissimes et comme journaliste spécialisé dans les processus électoraux, je ne peux manquer ce documentaire. L’invitation par mail  évoque une « une élection gagnée d’avance » par Abdellaziz Bouteflika pour son 4ème mandat.
Le film que je vois n’est finalement pas un film sur l’élection, mais plutôt un film sur le journal algérien El Watan. La presse en Afrique étant un autre sujet qui me passionne également, je suis tout aussi content de voir le documentaire et de participer au débat. Les films sur la presse dans les dictatures ou « régimes autoritaires », sont encore plus rares que les films sur les élections. Le spectateur peut entrer dans le quotidien d’une rédaction, comprendre comment se prennent les décisions. El Watan s’oppose régulièrement au président Bouteflika. Des passages évoquent quelques scandales ou mauvaises habitudes du système, par exemple avec les entreprises qui, pendant la campagne, donnent des cadeaux qui vont dans la poche d’individus. Il montre aussi un mouvement citoyen, Barakat, très actif autour du scrutin et auquel participe un journaliste.
Au débat, sont présents le réalisateur Malek Bensmaïl, le directeur d’El Watan, Omar Belhouchet, la correspondante parisienne, et un journaliste très présent dans le film, Hassen Malek (photo : de gauche à droite : Hassen Malek, l’animateur, Malek Bensmaïl, Omar Belhouchet). Les questions permettent de compléter la compréhension de ce qu’est le journal, ses 25 ans d’histoire. Les actionnaires sont 18 journalistes. Le media s’est renforcé progressivement a axant sa stratégie sur son indépendance financière, grâce à la publicité et à la maîtrise de sa distribution et de l’impression, en évitant d’aller trop vite sur internet. Le journal en langue française sort maintenant à 140 000 exemplaire avec seulement 18% d’invendus. Son directeur pense qu’il est maintenant un exemple pour les journaux dans les régimes autoritaires. Omar Belhouchet précise bien qu’il ne parle pas de dictature mais de « système autoritaire ». C’est un point qui m’intéresse, puisque je classe les régimes en Afrique régulièrement, et que je pense moi que l’on peut classer l’Algérie dans les dictatures en Afrique, s’il faut choisir entre ‘démocratie’, ‘dictature’ et ‘régime intermédiaire, en transition ou indéterminé’. El Watan s’est toujours engagé sur des sujets délicats : « corruption, armée, police politique, santé de Bouteflika » a été suspendu 7 fois à partir de 1993, a connu des arrestations, de la prison. Maintenant, comme partout en Afrique, les attaques sont plus discrètes et perfides, pour éviter d’attirer l’attention des défenseurs internationaux. Après la présidentielle de 2014, le journal a perdu 60% de son budget publicitaire et a été obligé d’augmenter son prix, sans que les ventes ne baissent. Depuis 1999 au pouvoir, Bouteflika n’aime pas la presse algérienne, à laquelle il n’a jamais accordé aucune interview.
Je suis étonné que le documentaire montre des débats sur de l’analyse politique mais ne mette pas en avant des journalistes et techniques d’investigation, avec des scoops basés sur des documents, des enregistrements secrets. Hassen Malek répond à ma question en indiquant qu’il y a un verrouillage très fort du pouvoir qui empêche l’investigation et y voit une faiblesse de la presse algérienne. J’avais toujours pensé que la faiblesse structurelle de la presse en Afrique pouvait être la cause du manque d’investigation, mais je comprends alors que le type de régime peut être une raison plus profonde. Dans des dictatures moins organisées, une presse légère, comme Tribune d’Afrique au Togo entre 2009 et 2013, peut arriver à faire ce qu’un journal solide est empêché de faire ailleurs.
Je sais que je pourrais retrouver les informations à mon bureau, mais je profite du débat pour interroger Omar Belhouchet sur le processus électoral et les techniques de fraudes. Le score soviétique de Bouteflika a été de 81,53% au premier tour. Un processus électoral, ce n’est pas si compliqué, il est bon que le public du Louxor sorte de la salle bien informé. Selon le directeur d’El Watan, le fichier électoral est de très mauvaise qualité, avec 4 à 5 millions d’électeur-trice-s en trop, qui font autant de voix supplémentaires pour le président sortant. Ensuite, les procès verbaux ont disparu et l’administration a inventé des chiffres, sans aucun contrôle de type Commission électorale indépendante. L’Ue sous la pression du pouvoir a mis 6 mois à sortir, trop tard, un rapport accablant. Le journal a subi des attaques financières suite à ses enquêtes sur le processus électoral.
C’était mon premier passage au festival Maghreb des films, et j’ai passé une excellente soirée, apprenant beaucoup de choses sur l’Algérie, sur le fonctionnement de la presse indépendante au milieu d’un « système autoritaire ». Régis Marzin, Paris, 21 novembre 2015

dimanche 1 novembre 2015

1er novembre 2015, Paris, manifestation pour le Congo Brazzaville

Les manifestations contre le coup d'Etat constitutionnel de Sassou Nguesso continuent à Paris. 250 congolais-e-s étaient au Trocadéro et ont marché vers l'ambassade. Comme il y a 11 jours, la colère dominait. Le coup de poignard de Hollande dans le dos du 21 octobre est loin d'être digéré, malgré la non reconnaissance du résultat du référendum par l'Elysée, le 26. Il faut dire que le Ministre de la Communication et des Médias, Thierry Moungala, a fait tourner en boucle sur les télévisions congolaises, un court extrait de Hollande disant  "le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit".
Prochain rendez-vous pour la diaspora congolaise le samedi 7 novembre pour une manifestation plus large de Château rouge à République.

mardi 27 octobre 2015

27 octobre 2015, Plaine St-Denis, ma journée coréenne

Je suis un peu las des combats africains, là. Le hasard a bien fait les choses aujourd’hui : hier, je regardai un film coréen, ‘Le chant de la fidèle Chunhyang’ d’Im Kwon Taek (2000), et aujourd’hui, je vais écouter à la Maison des Sciences de l'Homme – pourquoi pas humaines ? - Paris Nord un concert intitulé ‘Improvisation France-Corée’. Le film de la veille, une histoire d’amour empêchée célébrissime, est entrecoupé de scène d’un concert de ‘pansori’, un récit chanté accompagné au tambour. J’ai encore l’atmosphère et les images en tête. La mise en scène est traversée par une réflexion sur la représentation, la transmission de valeurs morales et d’une identité culturelle dans la représentation sur scène comme sur l’écran.
C’est d’abord un plaisir de découvrir un nouveau lieu, la MSH récemment ouvert à la Plaine Saint-Denis, juste à côté du Métro Front populaire, dans la zone où va s’installer le pôle universitaire de sciences humaines.
Les musicien-ne-s sont Didier Petit au violoncelle, Philippe Foch aux percussions diverses, Song Ji-yun à la flûte classique coréenne daegeum, et la star de la soirée, Kim Dong-Won, percussionniste connu de passage à Paris.
Il y a une part de musique traditionnelle coréenne et une part de ‘musique contemporaine’, et d’autres choses encore, mais le concert est surtout totalement improvisé. Ils et elle n’ont jamais joué ensemble. Seuls Didier Petit et Philippe Foch ont l’habitude d’être partenaires, sinon, les 4 musicien-ne-s ne se connaissent que depuis la veille ou depuis quelques heures.
Ce qui est extraordinaire dans ce concert, c’est qu’il est acoustique, et, j’ai envie de dire, hyper-acoustique. L’amphithéâtre moderne est dédié à l’étude de la musique acoustique, on peut y faire des conférences sans micro grâce à des murs striés de vagues ondulées. Je n’ai jamais aussi bien entendu des instruments et surtout les sons très bas, ce qui révèle des nuances et des subtilités. Gratter la flute devient un son musical, frotter ou cogner deux instruments donnent des sons, poser une percussion sur une autres donnent des sons bien audibles, le ventre est un tambour parfait. Même rire devient un son. Un moment merveilleux, c’est quand Philippe Foch s’amuse à lever en l’air une cymbale vibrante, et fait varier son son. Il y a de quoi se questionner sur les avantages des technologies modernes. Que perd-t-on à écouter constamment de la musique par amplification ? C’est aussi le corps qui revient, les pieds nus, les doigts qui prennent, tiennent, les oreilles qui entendent, les muscles et les os qui agissent.
Ce qui attire le plus mon attention c’est le jeu ensemble des deux percussionnistes, leurs échanges, leur dialogues et parfois les discordances. Il n’y pas de tension, mais sans doutes des difficultés qui font rire et sourire. Kim Dong-Won avec son janggo fait des choses pas normales, un peu difficile à suivre. La clarté du son global permet des jeux de rythmes subtils. Cela me rappelle un peu, parce que je le veux bien, les meilleurs batteurs que j’ai eu la chance d’entendre dans le rock, comme Steve Shelley de Sonic Youth, un champion des changements de rythme.
A la fin du concert, Kim Dong-Won explique qu’il essaye d’écouter les autres et de ne pas reproduire ce qu’il a déjà fait. L’échange avec les autres musicien-ne-s, crée un croisement de styles. Les passages mélodiques sont cassés pour jouer avec des références en les évitant. En discutant avec une organisatrice coréenne à la fin, je me demande qu’est-ce qui reste des réflexes à reproduire des sons d’une mémoire culturelle. Les passages mélodiques sont peut-être plus facilement associable à un patrimoine ou à une culture, mais les sons des percussions, les bruits et les rythmes, pourrait être plus universels, sans références. Pourtant, il y a aussi des passages rapides quelques secondes qui évoquent des styles de musiques, jazz, rock ou je ne sais quoi, en ce qui concerne le percussionniste d’ici. Quant à la culture coréenne, j’avoue mon ignorance. Qu’est-ce qui reste de la culture et qu’est-ce qui est libre de toute reste de culture dans un échange improvisé ?
Métaphoriquement, si l’on se comprend à partir de deux langages, qu’est ce qui ne se comprend pas ?
Les musicien-en-es lâchent prise… On voit leur bonheur d’être là ensemble et avec nous, 30 ou 40 personnes. Quand cela se termine, le public est heureux aussi, le débat s’installe naturellement autour des impressions et de réflexions plus intellectuelles.
Ce soir, il s’est tout de même passé quelque chose de magique, un truc expérimental qui a bien marché.

mercredi 21 octobre 2015

21 octobre 2015, Paris, conférence "Changement constitutionnel" en Afrique

Je quitte le feu de l’action pour arriver à la conférence "Changement constitutionnel et violence politique en Afrique" organisé par Thinking Africa avec Jean François Akanji-Kombe juriste de l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, et Jean Clair Matondo, chercheur associé à l'Université Paris Ouest, Nanterre, au Centre Malher, à Paris, le 21 octobre 2015. J'en sors avec 3 pages de notes mais que retenir ? Peut-être les allusions fréquentes à la hiérarchie de Kelsen, le modèle OSI du juriste (modèle pour les télécoms), et sa critique, pour ne pas avoir l’air idiot si l’on m’en parle.
Les juristes ont des difficultés face à l'actualité qui incite à produire du discours politique. Les universitaires doivent produire du sens à moyen terme ou long terme. Alors, que l'on était en crise violente au Congo Brazzaville, le débat paraissait théorique, décalé, et, la qualité des intervenants n'y étaient pour rien, ils n'étaient pas assez dans l'action et dans le politique. Les étudiants dans la salle ne l’étaient pas plus. J'ai appris des choses mais pas utiles pour faire quelque chose, pour le "faire" comme j'ai entendu dire une écolo.
Mon téléphone sonne pendant le débat. En sortant, on m’apprend que François Hollande a pris la défense de Sassou Nguesso sur le referendum. Je rentre très vite pour voir ce qu’on peut faire, … urgence !
Régis Marzin, écrit vite fait le 27 octobre 2015

mardi 20 octobre 2015

20 octobre 2015, Paris, Congo Brazzaville : révolution ou répression ?

Paris 16e, Place du Vénézuela, à 50m de l'ambassade du Congo Brazzaville, protégée par des CRS et 2 Jeeps Vigipirate de l'armée française, mardi 20 octobre 2015, 15h30. 
Un groupe de la diaspora congolaise est rassemblé en soutien à la lutte à Brazzaville contre la présidence à vie du président Denis Sassou Nguesso. Entre 200 et 300 personnes sont là, calmes, des anciens et des jeunes, quelques anciens ministres, la plupart de Lissouba, et des congolais-e-s mobilisés par la lutte pour le respect de la constitution et le départ du dictateur à 31 ans de règnes
Le matin il y avait 2 morts, à la manifestation, on me parle de 8, 4 à Brazzaville, 4 à Pointe Noire, puis de 11.
Vers 16h, quelques organisateur-trice-s finissent de préparer un décor et une scène avec une sono. Puis un mouvement se crée, de manifestation mi-marche mi course, qui semble partir autour de la petite place sous l'oeil des 'RGs'. Aussitôt, quelques hommes crient d'aller vers l'ambassade dont l'accès est bloquée par les CRS, et une majorité se précipite.
La foule est énervée. Elle hurle 'Sassou dégage'. Elle proclame que c'est le jour où jamais pour montrer sa détermination, parce que d'autres meurent déjà la-bas sous les balles des miliciens de Sassou. Ceux et celles qui résistent à l'excitation inutile sont jugé-e-s par d'autres comment manquant de solidarité. Cela se termine 30 minutes plus tard par un gazage du petit bout de rue, comme quand Guy Debord se mord la queue, quand il n'échappe pas au spectacle en le pointant du doigt.
La conséquence de ce fonctionnement, c'est qu'il n'y a pas de prises de paroles. Je me demande, si certains ne cherchent pas justement à empêcher ces prises de paroles, parce qu'ils s'opposent à des récupérations de politiques. Mais même les organisations de société civile ne peuvent pas s'exprimer, et il n'y a au final aucune organisation. Un appel pour un rassemblement de Place République vers Château-Rouge circulait d'ailleurs les jours précédents qui n'a pas été démenti, signe du niveau de désorganisation de la lutte parisienne.
Il ne semble donc rester que la colère pour dire la sympathie avec ceux et celles qui se battent à Brazzaville et dans de nombreuses autres villes. 
Quand je rentre, je constate que la bataille de l'information fait rage entre pouvoir, journalistes corrompus et conservateurs par défaut, et blogueurs sans grand moyens. Au Congo, il n'y a aucun media libre professionnel de qualité, Sassou ayant sans doute constamment fait le ménage. D'un côté, certain-e-s parlent d'un incident avec quelques blessés dans un processus sous contrôle, et d'autres sont dans l'anticipation de la chute du tyran, et déjà dans le début de la révolution sur le modèle burkinabé. Quelques media sérieux tentent cependant de démêler le vrai du faux, évoque une médiation possible des ambassadeurs américains, français et européens.
L'essentiel se passe la-bas et, il y aura sans doute plusieurs jours de mobilisations, de manifestations, de grèves et d'affrontements avec les forces armées de la dictature pour l'on puisse savoir qui sortira vainqueur du bras de fer, ou quel compromis provisoire sera adopté sous observation internationale.
Régis Marzin, Paris, 20 octobre 2015, 22h50.

dimanche 18 octobre 2015

17 octobre 2015, La Courneuve, première de 'Merci les Jeunes'

En juillet 2013, je faisais mes débuts dans le cinéma... par une figuration dans un film tourné par un ami, à Pantin, avec un très petit budget de manière surtout bénévole, et, en cette journée d'anniversaire du massacre des algériens par De Gaule et Papon, je me rends à pied jusqu'au cinéma où a lieu "l'avant-première mondiale", à la Courneuve, au Cinéma l'Etoile. En arrivant, je croise le campement des Rroms du Samaritain expulsé-e-s fin août, dans le parc qui jouxte la mairie, pendant un rassemblement de soutien. Comme je me sens proche du film, à cause de ma proximité amicale et géographique, je doute bêtement du résultat et je me demande si je ne vais pas manquer de recul.
Le film de Jerôme Polidor, projeté pendant le  Festival les Pépites du cinéma, s'appelle maintenant "Merci les jeunes". Il raconte l'histoire d'une association de quartier, en banlieue parisienne - sans doute -, qui réalise des émissions de télé. L'équipe se divise en raison de la censure des élus qui subventionnent. Certains veulent en vivre et accepte de se plier à ces exigences pour faire du spectacle racoleur, d'autres penchent vers un journalisme sans tabou.
Le peu de moyen de la production ne se sent absolument  pas au niveau technique, bravo. Le scénario est original et riche : l'idée d'avoir des films dans le film permet de faire des allers-retours entre une réalité et la vision médiatisée de cette réalité. Quelques clichés sur la banlieue sont ainsi abordés de manière habile, avec un peu de recul et d'humour: une peur des musulmans, le travail et le chômage, la police,... Le scénario, parti de l'idée du réalisateur a été enrichi par un an d'atelier avec des 'jeunes' organisé par l'association 'Les engraineurs'. Le ton est juste, entre obsessions adolescentes fleuries et impressions de références discrètes à Guy Debord ou à Jean-Luc Godard. Le récit part des émeutes de 2005 et montre des politiciens et des collectivités publiques qui cherchent à maîtriser la situation en contrôlant l'information.
Pendant le débat, la salle est enthousiaste; toutes les réactions sont positives. Les questions reviennent sur le cinéma et les associations. Jerôme Polidor reconnaît qu'il y a souvent une autocensure pour entrer dans les cases des appels d'offres. Lui voulait faire un film qui ne parlent pas des voyous et des stars mais parlent de tous les autres. Une jeune femme dénonce alors "l'instrumentalisation des jeunes" qui servent à des "projets d'adultes" dans le sport ou la culture, avec l'idée aussi de les "faire taire". Le réalisateur du documentaire Noir Coton signale aussi la "bonne conscience" qui s'obtient facilement dans l'arrosage culturel et financier.
'Merci les jeunes' sort le 4 novembre dans quelques rares salles, entre 5 et 10, grâce à une distribution "pas indépendante mais autonome des indépendants". Espérons que l'engagement de certains programmateur-trice-s et le bouche à oreille lui permettront d'obtenir le succès qu'il mérite. Une seconde avant-première, aura lieu le mardi 3 novembre à 20h, au Cinéma La Clef, 34 Rue Daubenton à Paris.

dimanche 11 octobre 2015

11 octobre 2015, Parc de la Courneuve

Ce dimanche, c'est jour de mobilisation au Parc de la Courneuve, mais j'arrive trop tard, à la fin, quand les dernier-ère-s remballent. Je m'étais juré de passer signaler mon soutien, mais tout l'été j'ai été occupé par d'autres choses et cet après-midi, j'avais encore la tête entre le Burkina Faso et le Congo Brazzaville, où s'annonce un orage. Tant pis ! 
J'en profite pour avancer dans le parc. Je me rends compte que j'étais passé à côté de quelque chose depuis quelques années que j'habite pas loin. Pour moi, depuis 20 ans, le parc, c'est la fête de l'Huma. Un jour j'avais traversé et j'avais vu une zone plate, pas très sauvage, mais je ne savais pas que j'étais passé à côté des zones les plus belles. Cette fois, je me promène autour du lac, par la colline, de laquelle je vois Paris et un peu la bordure Est du parc, celle qui est menacé par le projet de logements, comme celle du Sud. Je comprends alors, que cette zone n'est pas assez éloignée du lac, le cœur de l'espace vert, et que cela met vraiment en danger l'équilibre esthétique comme écologique. 
Normal que cela hurle contre ce projet délirant !

dimanche 4 octobre 2015

3 octobre 2015, Paris, Angélique Kidjo à la Philharmonie de Paris

Le suspens est intense. Le concert commence sans la chanteuse. L’orchestre Lamoureux dirigé par Gast Waltzing emplit l’immense salle du son des violons, violoncelles, clarinettes, trompettes et autres cuivres, multiples percussions, …
Pour le parisien ou la parisienne, venir un samedi soir, à la Philharmonie de Paris est un peu extraordinaire. En effet, la salle vient d’ouvrir, en janvier 2015, et peu la connaisse encore. Situé dans l’un des plus beaux parcs de Paris, le parc de la Villette, à côté de la Cité de la musique, l’immense et très étrange bâtiment, projeté depuis déjà 30 ans, construit par le célèbre architecte Jean Nouvel, et qui a coûté au final 386 millions d’Euros aux contribuables français et parisiens, a mis plusieurs années à sortir de terre. On est surtout impressionné en entrant dans la grande salle, et l’on peut être surpris par une impression paradoxale de grandeur de l’espace et de proximité avec l’orchestre. Chacun se retrouve aussi face aux centaines de spectateurs assis sur plusieurs étages dans des balcons aux formes arrondies.
Pour Angélique Kidjo, la grande salle de 2400 places est pleine ce soir. La représentation est unique. L’américain Philip Glass a composé les morceaux avec la chanteuse. En plus de l’orchestre, deux musiciens plus intimes, accompagne la béninoise installée depuis 1998 aux Etats-unis, David Laborier à la guitare, et Magatte Sow aux percussions sénégalaises. Comme elle l’explique à la fin du concert, c’est Philip Glass qui a eu l’idée de la faire chanter avec un orchestre symphonique.
Dans le décor impressionnant, après les morceaux plus posés et cérébraux, la salle va progressivement se chauffer. Les commentaires rapprochent l’artiste de son public. Celle qui a écrit l’album ‘Eve’, dédié aux femmes d'Afrique, nous parle beaucoup des femmes. Elle évoque ses deux grands-mères qu’elle admire. Elle remercie toutes celles qui nourrissent le monde. Elle dénonce les violences faites aux femmes.
L’ambiance va crescendo. Après la pause, après un changement de costume béninois, après s’être débarrassée de son couvre-chef rouge, la chanteuse finit par enflammer les 2400 spectateur-trice-s. Elle vient se glisser dans la foule le temps d’une chanson. Tout le monde est debout et les applaudissements redoublent.
Ce samedi 3 octobre, à Paris, Angélique Kidjo à offert un très grand spectacle,  une rencontre montrant que la culture unit les peuples et les continents, entre modernité et traditions, entre plusieurs langues, entre musique africaine et musique classique européenne et américaine. Un moment rare, intense et inoubliable, idéal pour oublier les frayeurs des derniers jours au Burkina Faso.

vendredi 2 octobre 2015

2 octobre 2015, Paris, Un homme est mort à Brest en 1950

Un homme est mort à Brest en 1950 et on en parle encore. Un homme est mort le 4 janvier 2015 et le film qui était projeté à Paris, ce 2 octobre, devant une cinquantaine de personne, était un hommage en sa mémoire. 
Le 17 avril 1950, les gendarmes tiraient sur les ouvriers de l'arsenal et du bâtiment qui reconstruisaient Brest après la guerre. Le militant CGT, Edouard Mazé, était tué et un autre ouvrier, Pierre Cauzien, se retrouvait amputé d'une jambe.
René Vautier, arrivé rapidement sur place, en a fait un film en 16mn. Il a été projeté dans les semaines suivantes à Brest et autour de Brest pour témoigner du crime. Le cinéaste voulait faire du documentaire d'intervention sociale, qui agissait dans la réalité, interférait, mobilisait. Le film s'est autodétruit après un trop grand nombre de projections. Il avait bien vécu.
La justice a enterré l'affaire, l'administration a couvert le commissaire. L'Etat a bidonné avec des histoires inventées. Aucun avocat sérieux ne s'est lancé pour aider les ouvriers.
Je me dis aussi  que Brest était isolé dans une campagne conservatrice, que, comme me le disait mon père, la campagne n'aimait pas beaucoup les brestois et encore moins les communistes. Je me dis surtout que la guerre d'Algérie, quelques années plus tard, effacerait de la mémoire collective ce drame moins prégnant que ce que verrait les appelés: bientôt arriverait des traumatismes bien plus violents, une censure et une autocensure bien plus terrifiante.
En 2006, Kris, scénariste, et Etienne Davodeau, dessinateur, ont fait de cette histoire de crime d'Etat et de film, une bande dessinée. Gallimard, éditeur peu courageux, a réussi à censurer une planche: il ne fallait pas d'images des gendarmes qui tirent sur les ouvriers. L'homme le plus censuré de France avait encore le droit a un peu de piment.
En 2010, après 60 ans, les archives du dossier sont devenus accessibles, sauf le dossier du juge interdit pour 75 ans. La vérité était accessible et discutable publiquement sans censure : le commissaire aurait fait tirer en l'air dans un moment de panique, version des comptes-rendus administratifs.
"Histoires d'images, Image d'histoire" projeté au Ciné-Léon, à la MJC Mercoeur près du métro Charonne, est un documentaire de Moïra Chappedelaine-Vautier sur l'histoire du film de de son père, terminé quelques semaines avant sa mort. Le film nous parle de Brest, des ouvriers, des syndicats, du cinéma documentaire, et de René Vautier.
Dans ma jeunesse, en Bretagne, je voyais peu de contestation radicale, au-delà de la forte solidarité collective. René Vautier, parce qu'il s'était engagé toute sa vie dans des luttes sociales et politiques, sans réserves, ressortait de manière contrastée. Il était très impressionnant et donnait envie d'agir. Un jour, au début des années 2000, je l'avais croisé par hasard à la Fête de l'Humanité. En ce début d'année 2015, son décès était une triste nouvelle.
Aujourd'hui, je viens d'apprendre qu'un autre homme est mort, à Ougadougou, au Burkina Faso, Issaka Traoré, un ami engagé dans le mouvement sankariste et dans sa révolution, qui continue, maintenant sans lui... La vie continue...
Régis Marzin, article Rédigé le 4 octobre

dimanche 27 septembre 2015

Dimanche 27 septembre, Paris, Alternatiba

Alternatiba: quel show ! J'étais passé tardivement le samedi soir place de République et le village associatif était déjà fermé, Alternatiba m'avait alors semblé un peu terne, mais, je reviens le dimanche et je trouve une grosse foule dans une grande quantité de stands, 250 me dit-on. Un succès évident et sympathique !
Je commence par chercher où cela parle d'Afrique. Je croise une albertivillarien motivé par la question du climat en Afrique, puis un ami des sans-papiers, persuadé qu'il ne faut pas faire de différence entre migrants économiques et réfugiés des guerre et des dictatures, parce que l'occident a décidé de déstabiliser le Moyen-orient et l'Afrique du Nord et que l'occident est responsable de tout, pauvreté comme guerre. Je tente de lui signaler que ce n'est pas tout à fait cela, que les choses sont plus compliquées, mais sans grand espoir. Les stands sur l'Afrique sont un peu décevants, alors qu'il a une vraie richesse dans les stands d'écologie. En plus du thème central du climat, il y a encore d'autres thèmes rassemblés qui me rappellent le Festival des Résistances et des Alternatives à Paris entre 2001 et 2014.
Je comprends en discutant qu'Alternatiba est maintenant un énorme truc, que le Tour Alternatiba en vélo, qui m'avait paru anodin, a pris une grosse ampleur, et que je n'avais pas entendu parler de l'évolution du mouvement. Je me demande quel est le lien avec le monde politique. Sur le climat, politiquement, une société civile forte même indocile est mieux que rien pour le gouvernement. Anne Hidalgo, elle-même a pris le risque de commencer à jouer à la Françafrique pour promouvoir la Conférence internationale sur le Climat (COP 21) et Fabius pourrait partir assez vite sur un succès de communication. On me rassure plus ou moins : les Verts ne sont pas dans le coup et la mairie de Paris n'a pas apporté son aide matérielle. mais tout de même, il y a eu des subventions avec accord pour n'avoir aucune publicité pour des partis ou collectivités. La scène aurait coûté 36 000 euros sans des frais annexes, le budget aurait été bouclé 3 jours avant et serait au total de 200 000, dont 26 000 annoncés au micro obtenus par 501 donateurs. 
Un ami m'explique que le mouvement a commencé il y a 8 ans à Bayonne, organisé par des militant-e-s déjà expérimenté-e-s. Une autre connaissance me parle lui d'un début à Copenhague avant Bayonne. Il y a une grande quantité de bénévoles bien visibles sur scène et ailleurs. L'un d'entre eux me raconte, qu'il y a quand même eu beaucoup de réunions pour organiser les deux jours à Paris depuis plus d'un an, autour d'un salarié parisien aidé de ses ami-e-s à Bayonne.
Les discours finaux sont euphoriques, à cause du succès du week-end et d'Alternatiba en général. Après Patrick Viveret et Susanne Georges, Catherine Dolto vient nous parler de 'stratégie érotique mondiale' ! Certes... Puis c'est le tour d'Edgar Morin qui s'enflamme, heureux de constater "l'union des alternatives", la pensée rassemblée face à des dirigeants "sans pensée". Il est tellement chaud qu'il se voit à "l'acte de naissance d'une nouvelle civilisation". Txex (Tchetch) le bayonnais reste stoïque, avant que l'intervenante de la coalition Climat 21 ne prenne à son tour la parole, plus modérée. 
Selon elle, il y a maintenant 130 collectif climat en France. Elle annonce également la suite de la mobilisation, la marche mondiale pour le climat le 29 novembre, un Village mondial des Alternatives à Montreuil les 5 et 6 décembre, une Zone d'Action Climat au 104 à Paris du 7 au 11 décembre.
Ce qui est assez intéressant dans ces 2 jours, c'est l'équilibre et le lien entre débats et spectacles. Cela n'est pas simple à réaliser et pendant ces deux jours, c'est assez réussi.
Alternatiba: quel show ! Je suis revenu chez moi assez content de la balade, avec de belles photos et un article en tête, mais l'actualité africaine ne m'a laissé aucune chance, entre prise d'otage instrumentalisé par des présidents véreux au Burkina Faso et début de période insurrectionnelle au Congo Brazzaville. Du coup, cet article est un texte réchauffé 3 semaines après la bataille.
Article écrit et publié le 18 octobre 2015.

25 octobre 2015, Aubervilliers, Lavach'

Un an après l'ouverture, Lavach' au Grand Bouillon : un concert exceptionnel ! 
Ce n'était pas la première conférence de presse du groupe mais juste un concert dans un bar, ponctué par les interventions de quelques animateurs locaux, dans une atmosphère authentique. Vu de la scène, le public aurait-il mérité d'être lui aussi visé par les objectifs ? y compris certains photographes un peu trop passionnés ? On était loin de Paris, là, au milieu des poissons sur les peintures. 
Les 4 musicien-ne-s, Sévane à l'accordéon et au chant, surtout en arménien, ce soir, François à la guitare, Yohan au violon, Fred à la batterie, ont proposé l'un des plus beaux spectacles depuis l'ouverture du Grand Bouillon, le meilleur pour moi ! Oh là ! Mais je parle comme un fan ! alors que je me fais vieux ! Il faut dire que je connais le groupe depuis longtemps et que je l'ai souvent photographié, en 2011, en 2011 encore, en 2014, et il n'y a pas longtemps en juin 2015. A suivre...

dimanche 20 septembre 2015

19 septembre 2015, Aubervilliers, Tuvalu

Mais quelle est donc cette étrange discussion derrière les barreaux ? A moins que ce ne soit moi qui sois derrière. Mais quel est donc cet étrange lieu dans Aubervilliers ? Certes nous sommes au Passage Henri Alleg à deux pas du centre ville, dans une espèce de parking vide destiné à accueillir le marché à partir de novembre et pendant la durée des travaux du métro, mais encore... ?
Ne voit-on pas quelques arbres au milieu d'une scène, ce qui pourrait troubler jusqu'à Guy Debord dans sa tombe ? Est-ce que ce grillage qui enferme n'est pas magnifique ? Est-ce une œuvre d'art ou le résultat d'une réflexion urbanistique ? Il paraît que le matin, la lumière au levée du soleil est magnifique et met en valeur l'architecture brinquebalante de la place. 
Ouvert et fermé, clé pour protéger et clé pour fermer l'accès, visible et caché, soleil et pluie, nature et béton, écologie et social, commerce et gratuité, amateur et professionnel, élu-e-s et habitant-e-s, associations et salariés, associations et collectif, privatif et collectif, liberté et contraintes, créativité et régulation, responsabilité et paresse, beauté et médiocrité, idées et passivité, méfiance et mélange des genres et des gens, fleurs et merdes de chien, respect et toilettes sauvages, café et thé, vin rouge au jardin et bière au bar, plantes et cailloux pour s'asseoir, entre-deux et esthétique du paradoxe ... 
Mais à quoi cela va-t-il donc servir ?! Mais qu'est-ce qui va se passer ?!
Il est là, il est installé le Tuvalu! Sa scène, déjà inaugurée à la fête des assos, n'attend plus que des artistes et des discours de tous poils avec ou sans marché... théâtre, concerts, poésie, projections, distribution de tracts, rencontres ... Ce samedi, une présentation, une discussion avaient lieu pour discuter du temps qui vient autour de cet espace, et un peu de poésie sortait du mystère, comme les plantes d'au milieu du béton et les arbres du milieu de la scène.

dimanche 6 septembre 2015

6 septembre 2015, Paris, le FROCAD du Congo Brazzaville en Europe

Ce dimanche 6 septembre, le Front pour le respect de l'ordre constitutionnel et de l'alternance démocratique (Frocad) du Congo Brazzaville a organisé une "cérémonie" de présentation de sa nouvelle représentation européenne. Joseph Ouabari a été nommé il y a environ 2 semaines à Brazzaville représentant du Frocad, pour servir de "relais qui diffusera les discours du Frocad au Congo Brazzaville" et réaliser un plaidoyer politique auprès des pouvoirs exécutifs en Europe et en France. 
La conférence porte essentiellement sur le Dialogue Alternatif de Diata qui a eu lieu fin juillet au siège de l'UAPDS. Devant la menace d'un referendum en vue de changer de constitution et permettre à Sassou Nguesso de rester au pouvoir, le Frocad et  l'Appel de Diata indiquent que le "changement de la Constitution du 20 janvier 2002 est un coup d’Etat" et appellent "le Peuple congolais à la résistance héroïque pour défendre l’ordre constitutionnel au cas où celui-ci serait violé". Une expression employée à Paris est "désobéissance civile", si un referendum avait lieu.
Le dialogue a abouti à des recommandations, en particulier, sur l'organisation d'une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour la transparence du scrutin et la qualité du processus électoral. La demande porte sur la correction du découpage électoral pour les législatives, prévue en 2017, et, surtout, pour commencer, la révision du fichier électoral. Le Frocad réclame une révision de la liste électorale avant la présidentielle, et une présidentielle avant fin 2016. La mise en place d'une Ceni est indispensable pour tenir ce calendrier. Le dialogue a aussi formulé des exigences concernant l'information et la liberté d'action de l'opposition, et la fin de la répression de l'opposition.
Un autre point rapporté est le récent accord avec une seconde coalition,  l'Initiative pour la Démocratie au Congo (IDC), dans l'objectif de lutter pour la conservation de la constitution et le refus d'un nouveau mandat de Sassou Nguesso. 
Il ressort de cette première rencontre qui devrait être suivie d'autres rencontres pour débattre plus longuement, qu'à partir de la priorité au refus de changement de constitution, au Congo-Brazzaville, l'opposition a réussi à entrer dans une phase rapide d'organisation. Le vent de Kinshasa traverse le fleuve. Sassou Nguesso a également été fragilisé par la pression internationale mise sur Pierre Nkuruziza au Burundi. Il reste à savoir si le dictateur acceptera de laisser aux partis politiques, à la société civile, avec une coalition Tournons la Page (lire sa position) qui vient aussi de se créer, aux journalistes et plus généralement à la population la liberté de s'exprimer et de continuer à s'organiser.

lundi 31 août 2015

Dimanche 30 août, St-Denis, la guinguette climat

Ce week-end, au bord du canal de Saint-Denis, est installée une guinguette 'climat', dans laquelle sont prévues des "discussions de comptoir" sur l'agriculture urbaine et sur les jardins dans les villes. C'est organisé par le collectif Mund Gawi, "réunissant des associations concernées par les enjeux environnementaux afin de proposer une alternative  citoyenne et innovante à la COP21".
A la guinguette, on parle donc de climat (tiens! la veille, la ministre de l'écologie était en Afrique, partie saluer le petit Bongo), de transition énergétique, de graines, de bacs de plantations, de "petites initiatives cumulées", d' "échanges des expériences de voisinages", du "faire", c'est-à-dire du "fait-soi-même" (et de sensibilisation au symptôme, enfin non ! ... cela s'est juste une idée que j'ai eue en passant). 
Etant végétarien et non-violent, en arrivant, je ne suis guère convaincu par le tannage d'une peau de mouton même si cela se discute... et je n'en discuterai pas avec des personnes que je ne connais pas !
Il fait tellement chaud, qu'au bord du canal, je me sentirais presque en vacances, si cela avait un sens pour moi, avec une envie de ne rien faire pas trop longtemps . Je viens en curieux, un peu journaliste en week-end, pour le plaisir de bloguer ensuite, mais je ne suis sans doute pas le seul pour qui la limite entre activité de 'travail' et loisir est floue. Autour d'une table, une architecte présente un projet de jardin à Aubervilliers. Dans la conversation, il est question des producteurs, entrepreneur-se-s ou salarié-e-s et des bénévoles, qui ont parfois des difficultés à s'entendre sur des objectifs communs dans les jardins des villes. En remettant en cause les modes de vie, faut-il questionner aussi le salariat ? Sans doute... et pour que faire ensuite des idées des débats... Faut-il aussi questionner la perception du temps et la gestion présente des priorités dans toute perspective écologiste ?
Tout cela me rappelle le Festival des Résistances et des Alternatives de Paris, toute ma jeunesse !
Un peu plus tard, la guinguette se remplit, un groupe de cyclistes fluorescent-e-s vient d'arriver, et je file alors au bord du canal...

dimanche 30 août 2015

28 août 2015, Paris 19, Silhouette, c'est reparti !

Le festival Silhouette du 28 août au 5 septembre 2015 au Parc de la Butte du Chapeau Rouge, c'est reparti! D'abord avec le vendredi le groupe Baben Sissoko...
... puis les courts-métrages présentés par l'équipe du festival. Ce soir, j'ai aimé tous les films, les 7! J'ai préféré le premier, 'WHAT WE DID BEFORE WE DRANK COCOA TOGETHER' film tchèque d'Aramisova.
Le lendemain, 4 réalisatrices sont présentes Diana Munteanu (à gauche) auteure de 'DEUX RIVAGES', un conte métaphorique sur une migrationCéline Devaux (2e à gauche) auteure du 'REPAS DOMINICAL', un film qui parle d'homosexualité dans un contexte familiale très 'normal', sans doute mon film préféré parmi les 14 des deux premiers jours, Inès Loizillon (3e) auteure de 'KISS ME NOT', un très beau court tourné avec des ados, et Mélanie Tourneur (à moins que ce soit Eve Deroeck) (à droite) une des 2 auteures de 'LOOPER'.

dimanche 23 août 2015

23 août 2015, Penn ar bed, Gouel Lok Maze

Cette année à Lok Maze, les gens volent plus que de coûtume. Aux polochons,
...et au rugbi strobet aussi ! cela donne des photos très aériennes...

samedi 1 août 2015

1er août 2015, Paris : conférence sur Djibouti et les alternances en Afrique

Le porte-parole de la coalition de l'opposition djiboutienne Union pour le Salut National, Daher Ahmed Farah, en France depuis quelques semaines, était en conférence à la mairie du 2e arrondissement de Paris, le samedi 1er août, pour discuter avec la diaspora. Un autre intervenant, Me Zakaaria, a insisté sur le refus du 4e mandat présidentiel de Guelleh en 2016, dans un pays où la limitation du nombre de mandats a déjà été enlevée.
Le débat est aussi dans les couloirs. Pour 2016, une mascarade se prépare certainement, entre fichier électoral gonflé et bourrage d'urnes, et une urgence serait de parler du processus électoral, lui-même, s'il n'est pas possible d'empêcher le tyran de se présenter.
La communauté internationale et les ambassadeurs occidentaux écoutent mieux l'opposition depuis 2014, depuis, que celle-ci a réussi faire admettre officieusement l'honteuse inversion de résultat des législatives de février 2013, mais s'engagera-t-elle pour la démocratie dans ce pays où résident tant de bases militaires ? Dans un pays où la population est majoritairement de religion musulmane, pourquoi laisser un dictateur se confronter à la population et mettre un processus de démocratisation dans une voie sans issue ? La démocratisation de la Tunisie ne pourrait-elle pas servir de modèle ?
Les militaires français conservateurs et enfermés dans des habitudes accepteront-ils de ne plus collaborer avec un dictateur ancien style et à son clan affamé de l’argent des loyers des bases? Le ministre de l’Afrique Jean-Yves Le Drian, pour qui « la stabilité des pays hôtes est primordiale », et qui voit cette stabilité dans la "coopération en matière de défense avec le gouvernement djiboutien" issu d'élections aux résultats inversés, a-t-il vérifié s’il y a, comme au Tchad, de la corruption de fonctionnaires français en retour, qui pourrait être un frein à des évolutions politiques également positives pour la politique française ?
Comme au Gabon, et dans plusieurs autres pays, il serait également important que l'ONU, l'OIF, l'Ue et l'Ua, s'engagent dans un accompagnement technique et politique du processus électoral de bout en bout, pour éviter une fausse élection qui deviendrait ensuite une source de tensions grandissantes.
Régis Marzin, article écrit le 4.8.15