mardi 29 novembre 2016

28 novembre 2016, Aubervilliers, Politique migratoires et droit de l’homme

Les conférences du Campus Condorcet donnent ce lundi la parole Danièle Lochak professeure émérite de droit public à l’Université de Nanterre et membre du Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI), dont elle a été présidente entre 1985 et 2000. L’intitulé de la conférence est ‘Politique migratoires et droit de l’homme : une conciliation impossible’.
Danièle Lochak explique une série de violations des droits humains et de problématiques juridiques. Ce sont les lois Pasqua qui avait enlevé la sécurité sociale aux sans-papiers qui avaient provoqué la création de l’Aide médicale d’Etat (AME), menacée en ce moment. Actuellement la durée de détention sans voir un juge est de 48h.  Les contrôles d’Identité au faciès posent problème. Il y a une multiplication de fichiers dont le Système d’Information Schengen (SIS), les enquêtes policières à domicile contre le regroupement familiale et les faux mariages. La carte pluri-annuelle augmente la précarité. La liste des délits pénaux et des incriminations augmentent, par exemple sur la paternité de complaisance ou les délits de solidarité transformés en accusations diverses. Elle reproche à l’Union européenne de ne pas faire ce qu’elle dit en tenant à distance les migrants, et de causer des atteintes aux droits humains touchant le droit à la vie. Elle condamne l’externalisation de la politique migratoire dans les pays tiers, en particulier la Turquie, le filtrage de Schengen, la politique des visas et des visas de transit, les amendes de 5000 euros aux compagnies aériennes qui laissent passer un sans-papier, Frontex qui a déjà bloqué le passage aux canaries, à Gibraltar, à Lampédusa, essaye de bloquer en Méditerrannée, complique les passages et provoque des morts dans le Sahara, en Méditerranée, les viols et la torture dans les camps libyens, le tri avant refoulement sur les bateaux de Frontex, les accords de réadmissions et la pénalisations des sortie de territoires en Algérie et au Maroc qui remet en cause le droit d’asile, le processus de  Khartoum pour la Corne de l’Afrique, les centre d’accueil en Erythrée, au Soudan et en Ethiopie, le blocage des libyens par l’Ue depuis 2011, l’absence de réalisations des objectifs d’accueil des syriens, alors que Erdogan va faire comme Khadafi en lâchant de temps en temps des salves de migrants, la destruction du camp de Calais, le nouveau Centre humanitaire de 400 places ouvert à Paris, l’accord de Dublin avec la référence aux pays d’entrée en Europe, la remise en cause du droit d’asile pour les afghans, syriens, soudanais, érythréens, dans l’hostilité aux étrangers, l’absence de capacité d’accueil pour les réfugiés, l’irrespect des procédures d’accueil.
Elle souligne qu’en ce moment des soudanais sont expulsés de la France vers le Soudan. Il pourrait y avoir une différence de faite entre mélange de faim, de dictature et de guerre au Soudan, et dictature la plus dure d’Afrique en Erythrée.
Danièle Lochak demande tout simplement la libre circulation. Elle souligne l’effort d’Angela Merkel (en cherchant après le débat les chiffres : 600 000 réfugiés syriens dont 429 000 en 2015). Elle trouve que la distinction entre asile et autre cause de départ est une « distinction problématique ». Elle pense que quelque soit les barrières les gens partent d’Afrique ou d’ailleurs. Elle dénonce la pensée unique depuis l’arrivée du FN dans le débat. Elle regrette que le gouvernement PS qui se dit « ferme avec humanité » préjuge de l’opinion publique et en rajoute, en allant vers une défaite électorale, puisque « l’on préfère l’original à la copie », et que le parlement européen depuis qu’il a plus de pouvoir a changé de position sur les migrations, comme quoi le pouvoir pousserait à un basculement de position.
La salle semble assez d’accord et personne ne réagit de manière critique. Pendant le débat, des élu-e-s d’Aubervilliers se demandent quoi faire avec afghans et les érythréens. Danièle Lochak pense qu’ils finiront par se perdre dans la nature et ne seront pas renvoyer. Un ancien élu communiste remarque que l’on parle de l’immigration pauvre et réclame qu’on s’engage politiquement au-delà des questions de droits humains.
Et pour finir, de manière surréaliste, les élèves du conservatoire, Ambroise, Jérémy et Olga nous joue et nous chante un peu de Schubert.
Que dire ? C’est délicat. Il n’y a pas eu de débat contradictoire. La position de Danièle Lochak est ancienne, elle est morale et idéologique, même s’il s’agit de droit et de faits très concrets, mais elle est aussi en décalage avec la réalité. Par exemple, la politique européenne est bien plus complexe, intelligente, ancrée dans une dimension géopolitique, qu’elle ne l’insinue. Dans cette complexité, il y a des manques, des contradictions, à analyser de manière dialectique. Refuser en 2016 de distinguer les réfugiés économiques des réfugiés politiques, pour privilégier la solidarité, c’est prendre le risque de refuser l’analyse plus fine des causes des migrations, qui est inévitable et est déjà largement commencée, dans l’objectif de construire des solutions face à une variété de situations. La politique migratoire a déjà commencé à se rationnaliser au niveau européen, avec des conséquences plus en Afrique qu’au Moyen-Orient. L’échelle française perd de son importance. Jusqu’à Aubervilliers, les conséquences des nouvelles règles se feront sentir, les pays d’origines des arrivants varient. Après la vague ivoirienne, tunisienne, égyptienne de 2011, il y a eu les arrivées de Soudanais, d’Afghans, d’Irakiens, d’Erythréens. De nombreuses décisions en lien avec ces vagues ont déjà été prises et cela va continuer, même s’il y a beaucoup d’impuissance face à des situations désastreuses. Il y a aussi un mélange des domaines de la politique migratoire européenne et de la politique de défense commune. La politique de défense commune marque un tournant historique pour l’Europe. Trop de choses ont déjà commencé à changer, en fonction de données historiques, économiques, politiques, pour pouvoir rester sur l’idée de la « libre circulation ».
Régis Marzin
Journaliste indépendant, 29 novembre 2016

dimanche 27 novembre 2016

26 novembre 2016, Paris, Gabon : 'la mécanique du népotisme'

Ce samedi26 novembre, je suis invité au Tarmac par le metteur en scène de théâtre Thierry Blanc, à un événement mixant lecture et discussion sur la présidentielle gabonaise, dans le cadres de la série des Tarmac diplomatiques, en partenariat avec le Monde diplomatiques et les Amis du Monde diplomatique.
J’y interviens comme journaliste et chercheur sur les élections en Afrique, travaillant sur le Gabon, avec Laurence Ndong, militante de la diaspora gabonaise à Paris et participante de la campagne Tournons la page.
Thierry Blanc commence par lire l’article du journaliste Olivier Piot du Monde diplomatique d’octobre 2016 ‘Au Gabon, la mécanique du népotisme s’enraye.’ Il finira ensuite la séance par une lecture d’un écrivain gabonais.
Dans la discussion, il s’agira surtout de mieux expliquer ce qui s’est passé lors de la présidentielle gabonaise. L’inversion du résultat est assez évidente, même pour un public parisien.
Nous revenons sur le bilan humain, sur l’impossibilité de dresser un bilan des victimes. Je remarque qu’il faut se méfier de la norme des ONG qui voudrait que l’on connaisse exactement les informations sur les crimes alors que le pouvoir fait tout pour que cela soit impossible à faire. Je souligne que les media français, même défavorable à Ali Bongo, n’ont pas fait une communication normale sur les victimes, semblant suivre les diplomates. Une hypothèse est aujourd’hui que les diplomates ne souhaitaient pas au Gabon entrer dans l’engrenage des enquêtes sur le bilan des victimes et des sanctions associées, comme si cela les amèneraient trop loin dans une logique de confrontation avec les dictateurs africains, à l’heure des attaques de la CPI par ces dictateurs.
Les questions sont beaucoup sur la partie de l’arbitrage international du conflit électoral. C’est là que les choses changent, mais puisque les choses changent paradoxalement dans la continuité, en particulier au niveau de la diplomatie française, il est nécessaire d’en analyser les détails.
Bien que l’on n’ait pas eu le temps d’approfondir, il a été possible de dire l’essentiel. Par exemple, entre l’Union européenne, l’Union africaine et les Nations-Unies, il y a un protocole de gestion des crises qui donne la priorité à la gestion la plus proche, à une priorité au principe de souveraineté nationale élargi géographiquement aux institutions supranationales, par des principes de subsidiarité (l’Onu donne la priorité à l’Ua) et de complémentarité (l’Ue donne la priorité à l’Ua).
Un nouveau coup d’Etat électoral a été possible au Gabon, parce que ces deux principes ont été détournés pour permettre une solidarité entre dictateurs, comme cela s’était déjà produit au Togo en mai 2015. Idriss Déby a pu intervenir au niveau de la Cour constitutionnelle gabonaise avec de la fausse légalité et de faux juristes eux-mêmes impliqués dans d’autres coups d’Etat électoraux, parce que l’Ue a accepté sous contraintes de laisser la priorité à l’Ua, même si le président de l’Ua Idriss Déby intervenait pour ses intérêts personnels comme ceux d’autres dictateurs. Et l’Ue a cédé parce que le débat a eu lieu, de manière non transparente, lors d’une Assemblée générale de l’Onu, alors que la priorité a été donnée lors de cette assemblée au Congo Kinshasa.
C’est justement pour cela que le débat n’est pas clos et qu’il sera difficile de faire taire les témoins européens. Le rapport de l’Ue est attendu pour le 7 décembre. Sa diffusion a été retardée parce que l’enjeu est important pour l’Ue. Il n’est plus possible de faire semblant, une plus grande confrontation avec l’Ua et les dictateurs est maintenant difficile ou impossible à éviter. Soit l’Ue dit la vérité entière sur le Gabon, soit elle se couche, et dans ce cas sa politique de soutien à la démocratie en Afrique risque de s’écrouler, de devenir totalement inopérante.
Car, ce n’est pas seulement l’inversion du résultat d’une élection gabonaise qui est évidente, c’est surtout le blocage de la démocratisation de l’Afrique depuis 2005 et l’inefficacité des outils conçus au début des années 2000, l’Accord de Cotonou de 2000 entre l’Ue et les pays africains, sur le lien entre aide et démocratisation et Etat de droit, la Cour pénale internationale de 2002, très fragilisée, surtout dans le domaine électoral, depuis l’instrumentalisation françafricaine en Côte d’Ivoire en 2011, et la Charte  africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de 2007, constamment foulée du pied.
En particulier, un tabou est maintenant brisé au niveau de l’observation des élections : les missions d’observations européennes n’étaient acceptées dans les dictatures que si elles étaient neutralisables par les pouvoirs en place. Dans le cas contraire exceptionnel, survenu au Gabon suite à l’alliance de l’opposition gabonaise 15 jours avant le scrutin, l’Union européenne se retrouve enfin face à une responsabilité qu’elle ne peut fuir sans dommages. Et pour l’Ue, continuer en transférant plus de responsabilités dans l’observation à l’Ua serait irresponsable.
La partie internationale et africaine de la confrontation gabonaise n’est pas l’unique canal de la lutte pour la fin de la dictature au Gabon. Il y a aussi les lentes procédures judiciaires, la stratégie des partis politiques en ce qui concerne les législatives, et bien sûr la mobilisation populaire, à la fois dans les grèves, les villes mortes et le potentiel des manifestations dans la rue.
Régis Marzin, Paris, 27 novembre 2016

mardi 22 novembre 2016

21 et 22 novembre 2016, Paris : Sciences Po : art et citoyenneté en Afrique

Le Centre de recherches internationales (Céri) de Sciences Po Paris a organisé les 21 et 22 novembre un colloque « Politique de la rue : mobilisations citoyennes, violence et démocratie en Afrique ». Les organisateurs principaux et responsables scientifiques sont Richard Banégas du Céri et Thomas Fouquet du laboratoire Cnrs Imaf. L’événement intégré dans le festival Africolor contient les conférences à Sciences Po et un concert. Le texte de présentation précise que « ce colloque clôt le programme de recherche du Joint African Studies Program (JASP) entre l’Université Columbia, la Sorbonne et Sciences Po sur « Les arts de la citoyenneté en Afrique », par un « débat entre chercheurs, artistes et activistes de la société civile sur la « politique de la rue » et les défis de la citoyenneté ».
Le contexte politique du colloque et son cadre institutionnel de l’événement
La présentation du colloque évoque la période après « le début des années 2010 », un « écho aux printemps arabes », « les régimes autocratiques », les « nouveaux mouvements citoyens »,  « la manières de mobiliser les foules, par la musique », « l’activisme », « une méfiance vis-à-vis des vieux systèmes de partis », la « vigilance civique », « le respect de la constitution, du nombre de mandats et du calendrier électoral ».
... article publié le 28.11.16, Lire la suite de l'article sur le blog R*E...
Photo : Lundi 21 : ‘Résistances autoritaires en Afrique centrale et des Grands Lacs’ Valsero, rappeur camerounais, Lexxus Légal, rappeur congolais de Kinshasa, Marc Ona Essangui de Ça suffit comme ça ! au Gabon et Mahamat Zene Cherif du collectif tchadien Camojet, entouré des discutant-e-s Fred Eboko (IRD-CEPED), Camille Dugrand (IMAf), Sandrine Perrot (Sciences Po-CERI) et de la modératrice Marie Brossier (Université Laval)
Lundi 21 : Mamadou Diouf, historien américain d’origine sénégalaise de la Columbia University...
devant une salle attentive.
Lundi 21 : ‘De la violence : insurrections civiques, engagement armé et répression politique’, les intervenant-e-s sont Florence Brisset-Foucault (IMAf), Vincent Bonnecase (CNRS-LAM), Marielle Debos (Université Paris Ouest), Floribert Anzuluni (Filimbi RDC) et Trésor Nzila (Congo Brazzaville).
Valsero sur "Quitte le pouvoir, avant qu'il ne te quitte", avec le guitariste Rodriguez Vangama
Valsero
 

samedi 12 novembre 2016

12 novembre 2016, Aubervilliers : journée migrations, asile, sans-papiers, communautés, …

La journée organisée par le Service vie associative et relations internationales de la Ville d'Aubervilliers, dans le cadre de la Semaine de Solidarité Internationale (SSI) autour des migrations et du Festival Villes des musiques du monde, s’appelle «Port Refuge». J’y arrive après le repas des Cuistots Migrateurs et le documentaire ‘Bienvenue au Réfugistan’ d’Anne Poiret, pour le débat sur « la situation des réfugiés ». Ce débat regroupe Pierre Henry de l’association France Terre d'asile, Aurélie El Hassak-Marzorati, Emmaüs Solidarité, Sophie Rahal de SOS Méditerranée France, une personne de la revue Cassandre et le modérateur, Carlos Semedo, directeur de la vie associative et des relations internationale de la ville d’Aubervilliers.
SOS Méditerranée est une association qui a décidé d’agir concrètement pour sauver des migrants en affrétant un navire, l’Aquarius. Elle a, entre le 26 février et le 8 novembre, réussi à sauver « 7 967 personnes : 5 240 vies sauvées sur des embarcations en détresse et 2 725 personnes accueillies après transbordement d’un autre navire ». Cela a fait écho à ce que j’ai entendu la veille sur le navire de Médecins sans frontière, lors d’un débat sur l’exposition « Libye : plaque tournante du trafic humain », du photojournaliste Narciso Contreras, qui a enquêté sur les trafics humains des milices libyennes.
Aurélie El Hassak-Marzorati d’Emmaüs Solidarité parle d’un Centre humanitaire de 400 places ouvert à Paris, qui est une victoire dans la bataille sur les campements, obtenu après des pressions sur l’Etat et la Mairie de Paris. Ce centre n’héberge que pendant 15 jours. Elle souhaite que cela se poursuive avec d’autres centres dans l’Est, le Sud, vers Calais, et que l’on, et en « limitant la taille », en faisant un effort sur la « rencontre et le vivre ensemble », en évitant de « faire des villes de migrants ».
Pierre Henry de l’association France Terre d'asile regrette le manque d’échange entre universitaires, membres de la société civile et politiciens, qui amène à des positions « tous contre tous ». Il est inquiet sur le rôle de l’Ue, l’ensemble des Etats européens, parce que « la solidarité n’est pas au rendez-vous », dénonce « les chaînes d’information qui reproduisent la droite extrême », et pense que « la France est malgré tout généreuse » ou que « le relogement des 6000 personnes de Calais aurait dû être fait 2 ans plus tôt ». Il souhaite, puisqu’il y a « 50% des demandes d’asile en le de France », que des « dispositifs existent dans toutes les capitales régionales » pour répartir.
Valérie Saint-Do de la Revue Cassandre aurait souhaité que le camp de Calais soit gardé. Pierre Henry, au contraire, n’a pas la « nostalgie de Calais » et dénonce la politique anglaise. Une personne du public voudrait que l’on ferme le centre d’hébergement d’urgence ‘la boulangerie’ dans le 18e à Paris. Le débat part aussi sur le rôle de l’Union européenne.
Pierre Henry a la parole pour conclure. Il estime qu’il faut « donner la priorité aux migrants qui fuient les guerres et les persécutions », alors que « l’opinion publique est encoure favorable », pour « garder une société ouverte », ce qui est un « enjeu ». Il y voit « un devoir moral » et une nécessité si l’on comprend que l’Europe s’inscrit dans un contexte international. J’imagine qu’une partie de la salle n’est pas d’accord, mais le débat se termine là.
Il serait possible de le continuer à la prochaine SSI, et je propose de considérer les causes des migrations selon les pays, pour mieux comprendre la logique des flux migratoires et des décisions de l’Ue, et tenter de voir comment la solidarité à Aubervilliers s’inscrit dans une géographie. C’est aussi un enjeu de connaissance pour ne pas dissocier la solidarité de personne à personne des logiques géopolitiques internationales. Est-ce que la position de solidarité n’est pas associée à un marqueur politique qui s’appuie sur de l’idéologique quand divergent les raisonnements et les émotions, inscrits humainement et localement, et les décisions internationales, au risque d’arriver bientôt à un nouveau clivage suite d’un malentendu persistant ? 
La seconde partie est une table-ronde ‘Qu’est-ce qu’une « communauté culturelle » ? Qu’est-ce qui différencie communauté de communautarisme ? Pourquoi avons-nous tendance, en France, à associer le lien communautaire à une entrave à la citoyenneté républicaine ?’ Les intervenants sont Marie-Hélène Bacqué, sociologue à l'université Paris‑Ouest, Denis Laborde, sociologue à l’EHESS, travaillant sur les musiques du monde, Ya-Han Chuang, sociologue et spécialiste du processus d'intégration des migrants chinois à Paris, André du Festival Villes des musiques du monde, et deux témoins d’Aubervilliers, Aline Kemo, animatrice de l'association des ressortissants de Fondjomekwet, au Cameroun, et Waly Diawara, président de l'association Ensemble pour l'Espoir et le Développement, pour le Guidimakha en Mauritanie.
Marie-Hélène Bacqué explique le terme « communauté » en soulignant la diversité des formes, par exemple entre « hérité ou collective », Selon elle, il n’y a pas qu’une difficulté de traduction avec les USA, mais une différence de philosophie. Aux USA, il y a une forte « insistance sur les corps intermédiaires pour vivre ensemble», alors qu’en France « l’universalisme » renvoie vers « une sphère privée ». Elle conclut que « les communautés ne mettent pas en danger la démocratie » et qu’il y a « société multiculturaliste et multiplicité d’identités ».
Denis Laborde raconte avec passion une histoire d’une cinquantaine de migrants chaleureusement accueillis dans un village du Pays-basque en 2015, avec une fête en musique. Il évoque les discussions de « sanctions diffuses selon Durkheim», et « la recherche d’indices de civilité ». Selon lui, les migrants se retrouvent « suspendus en migration », et il est impossible d’isoler une séquence lié à une culture du contexte. Il y a « communauté émotionnelle », « mise en commun des émotions », « volonté de ramener l’inconnu au prédictible ». Il souhaiterait que la politique aille vers « l’acceptation des différences », ce qui n’est pas le cas.
Ya-Han Chuang parle des 1200 boutiques chinoises à Aubervilliers. Comme la Chine est grande, il n’y a pas de communauté des chinois automatiquement, mais la discrimination et les agressions forment ou créent progressivement une communauté. Elle dit  alors communauté chinoise et asiatique. Des liens se créent pour trouver du travail aux primo-arrivants, pour se protéger des vulnérabilités. Selon elle, la protection permet de s’intégrer, et il y a un « sentiment de double appartenance » avec une volonté d’ « être reconnu ». Cela ouvre d’après elle, « une 3e voie autre que celle de la communauté et du communautarisme ».
Waly Diawara pense que les communautés aident à se protéger, pour échapper à la solitude, pour vivre selon des contraintes économiques, pour trouver du travail, pour aider un pays… Il comprend la peur des communautés religieuse. Aline Kemo remarquent que les enfants perdent les langues des pays, 250 langues au Cameroun et que ces communautés peuvent aussi aller vers une disparition. Pendant le débat, un musicien dans le public regrette que des « blancs » représentent des musiciens qui ne le sont pas dans des institutions. Une anthropologue « chinoise » ou pas, parle de « communauté sentimentale », si l’on a le choix de « garder des traditions ou de s’en éloigner » ou d’être en deux, en participant à des fêtes, comme le nouvel an chinois, si « la culture a une force incroyable pour retrouver ses racines ». Une personne insiste au final pour souligner que « s’il y a un problème, il faut en parler », et conclut « oui à la diversité positive, pour les communautés et non au communautarisme ». 
Le message des sociologues est ensuite souligné par un spectacle. Les danseuses de l’association Indans'cité entraînées par le chorégraphe Jean Paul Mehansio, finissent par faire danser la moitié d’une salle soudain euphorique. C’est vrai que cette journée de débats sur des sujets difficiles a été extrêmement positive et sereine. Fallait-il une culture albertivillarienne particulière pour y arriver ?
Cela se termine par la pièce de théâtre ‘Winter Guests jouée par deux réfugié-e-s syriens, Aya Attrash et Yazan Hawash, qui est aussi palestinien, et mise en scène par Aurélie Ruby. Les 2 acteurs, actrices racontent leurs vraies histoires d’exil, pourtant tragique, avec beaucoup d’humour, et en dialoguant avec le public, par exemple à propos des langues française et arabe. Cet humour sur du tragique sera ainsi la conclusion d’une journée très très riche.
Régis Marzin, Journaliste blogueur albertivillarien, parisien,européen, africain, gabonais, breton, togolais, etc, etc… Ecrit et publié le 14 novembre 2016

vendredi 11 novembre 2016

11 novembre 2016, Paris, Libye : « plaque tournante du trafic humain »

A l’Hôtel de l’Industrie, place Saint-Germain-des-Près, du 25 octobre au 13 novembre 2016, est exposé le travail du photojournaliste Narciso Contreras sur le trafic d’êtres humains en Libye. La Fondation Carmignac lui a décerné le Prix Carmignac du photojournalisme. Sont exposé-e-s les photographies et une présentation de l’enquête.
Ce vendredi, en fin d’après-midi, a lieu un débat improvisé avec le reporter et le responsable du prix à la Fondation Carmignac, qui traduit pour lui la discussion en anglais. Après avoir lu les explications accompagnant les photos, ce court débat d’une demi-heure permet de mieux comprendre « la réalité du trafic d’êtres humains en Libye ».
Comme Narciso Contreras l’a indiqué au journal Télérama, « le prix Carmignac (lui) a offert les moyens de pouvoir faire un pas de côté, de (s)’échapper des canaux officiels ». Le Prix Carmignac l’a choisi en 2015 sur le thème de l’édition de 2016, la Libye et les migrants, l’a financé d’une bourse de 50 000 euros, et, il parti en février 2016. Seul photographe sur le terrain, il a travaillé avec une dizaine de personnes en Libye. D’autres personnes en France, en lien avec l’AFP, ont vérifié certaines données de l’enquête.
Les migrants arrivent en Libye par deux villes, par Koufra à l’Est, du Soudan et de l’Erythrée, et par les villes de l’Ouest de la Libye, du Niger ou du sud de l’Algérie, en provenance du Nigéria, de la Gambie, de la Guinée Conakry, etc.. Ils et elles traversent ensuite des zones contrôlées par des milices et ont peu de chance de leur échapper. Maintenant, les personnes qui arrivent ‘libres’ au Nord de la Libye et peuvent chercher à passer la Méditerranée en payant des passeurs sont peu nombreuses. Piégé-e-s par les milices, les migrants restent prisonniers dans des ‘centres de transit’, puis sont vendus bateau par bateau à des trafiquants, comme des esclaves. Les migrant-e-s ne payent plus, car ils sont vendu-e-s.
Le trafic se fait sous le vol des avions de l’Otan. Parfois, si le bateau de Médecins sans frontière est dans les parages, les miliciens envoient le bateau vers celui de MSF. Dans de nombreux cas, les personnes vendues reçoivent un numéro de téléphone à appeler en Italie, sans savoir qu’il s’agit de celui des trafiquants.
Selon le photographe, les migrants savent qu’il y a ces trafics mais acceptent le risque. Sans doute, que les proportions des pays d’origines changent, que plus cela empire, plus la proportion d’Erythréens augmente. Il y a toujours de l’extorsion d’agent des familles. Il y a quelques années, les miliciens demandaient 300 euros et demandent maintenant 700 euros.
Entre juin 2014 et mars 2016, deux gouvernements, l'un se revendiquant du Congrès général national installé à Tripoli et l'autre de la Chambre des représentants basé à Tobrouk dans l’Est se sont disputés le pouvoir. En 2016, pour tenter de sortir de la guerre civile, un gouvernement d'union nationale (GNA), basé à Tripoli, dirigé par Fayez el-Sarraj et soutenu par l'ONU, essaye de reprendre le contrôle du territoire. Avec le soutien d’une partie des milices, il se bat pour reprendre Syrte à l’Etat islamique. A l’Est, soutenu entre autres par l'Égypte, le général Khalifa Haftar et l'armée nationale libyenne (ANL) se sont, en septembre « emparés des principaux terminaux pétroliers », ‘défiant’ le GNA.
Selon le reporter, il existe des Centres de rétention ‘officiels’ gouvernementaux, « les mieux entretenus et seulement dans le but de documenter la crise des migrants en Libye afin d’obtenir une aide internationale » (Télérama), qui sont cependant difficiles à bien visiter. En 2016, près de 1200 personnes ont été rapatriées vers le Sénégal par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), l'« agence de la migration des Nations unies » depuis le 19 septembre 2016. L’OIM rapatrie aussi des gens au Niger. Il y a donc un espace officiel des ‘migrants’ accessible à l’OIM et à l’ONU.
Narciso Contreras n’a pas eu d’information que le GNA ait prévu de prendre le contrôle de Centres de transit des milices pour arrêter les trafics. Quelles sont exactement les milices qui trafiquent et quelles sont leurs relations avec le GNA ? Selon le photographe, dans Télérama, « les centres de rétention, notamment dans le Nord-Ouest, servent en réalité de points de distribution ou de ravitaillement pour les trafiquants ». Les panneaux de l’exposition indiquent « trafic d’êtres humains et commerce d’esclaves organisés par les milices au pouvoir et liés au réseaux mafieux ».
Le GNA, suite aux accords de Skhirat du 17 décembre 2015 entre le Congrès général national et la Chambre des représentants n’a pas eu le soutien de la Chambre des représentants. Il s’est appuyé sur des « alliés » pour arriver à contrôler la partie Nord-Ouest de la Libye, « plusieurs brigades de la capitale et de Misrata », dont « des katibas (unités combattantes) de Misrata ».
Il y a un discours « officiel » sur la Libye « victime des migrations » que conteste le photographe, qui parle lui de « profit » dans les trafics.
Le trafic se poursuit en Europe. L’OIM a confirmé l’existence d’un trafic de prostitution depuis le Nigéria vers l’Italie, la France, l’Espagne, l’Autriche, etc.., alors que 3600 femmes sont arrivées de ces pays en Italie au premier semestre 2016, 80% d’entre elles pour devenir prostituées. Luca Pianese, expert de l’OIM a expliqué à Jeune Afrique ce 11 novembre que « le trafic a explosé : 433 Nigérianes sont arrivées sur les côtes italiennes en 2013, 1454 en 2014, 5653 en 2015, 7768 au 30 septembre de cette année. Sans compter depuis deux ans des centaines de mineures, parfois âgées de 12-14 ans. »
Ces femmes se sont engagées à rembourser une soi-disant ‘dette’ « le plus souvent entre 20 000 et 50 000 euros » selon le procureur adjoint à Palerme, Maurizio Scalia, cité par l’AFP. Que deviennent les hommes plus nombreux ? Sont-ils aussi victimes d’un endettement forcé ? Vers quelles activités économiques lucratives sont-ils dirigés pour payer les trafiquants, dans quels pays ? Comment va évoluer la relation entre les milices et le GNA ? Que prévoit de faire l’ONU et l’OIM ? Beaucoup d’informations manquent encore et Narciso Contreras n’a pour l’instant travaillé que sur un bout de la chaîne.
Régis Marzin
Article écrit et publié le 13 novembre 2016 à partir de données de l’exposition et du débat comme de données extraites d’articles de presse.

dimanche 6 novembre 2016

6 novembre 2016, Paris, Gabon : le président normalement élu à Paris

Jean Ping rencontre la diaspora gabonaise à Paris, près du siège de l’Unesco. Il y a entre 400 et 500 personnes dans une salle très réactive. A la tribune, il est accompagné de gauche à droite, de l’animatrice du débat, d’un député, d’un membre de la diaspora, de l’ancien premier ministre entre 2006 et 2009, Jean Eyeghe Ndong, du Pasteur Georges Ngoussi et d’une autre personne.
Après une introduction assez courte, le président « normalement » élu, pour parler comme François Hollande, pour aider Manuel Valls à distinguer les « 2 présidents » et à savoir lequel a vraiment gagné sans attendre 7 ans, laisse la parole à la salle.
Les questions sont nombreuses. La première est celle de la participation aux législatives. Une partie de la salle est choquée, crie, et demande que Jean Ping n’y réponde pas. Pourtant, au contraire, la question occupera ensuite la moitié des deux heures de débat.
Jean Ping rappelle d’abord que sa priorité comme président est de « réformer les institutions en mettant en place une justice indépendante, une cour constitutionnelle qui dit le droit, pour une démocratie moderne basée sur la séparation des pouvoirs ».
Il prévoit une réconciliation même si, en reconnaissant sa défaite, « Ali Bongo aurait pu être un héros, mais a préféré être un zéro ».
Il rappelle qu’il était bien établi, qu’ «il ne faut pas toucher aux investisseurs étrangers », qu’il y a eu une instruction «  de ne pas brûler des installations pétrolières », puis, que si Bolloré s’en va soutenir Ali, il ne sait pas « ce qui va lui arriver ».
L’ancien président de la Commission de l’Union africaine pense que la diaspora ne voit pas toujours ce qu’il se passe au Gabon. Dans la salle, il y a des partisans d’une « opposition armée » qui applaudissent après une question. Selon Jean Ping, si « tous les gabonais se posent la question », « nous n’avons pas d’armes ». Il semble ensuite préférer montrer par deux anecdotes le décalage entre cette idée et la situation, sachant aussi que « tout peut arriver ».
Jean Ping indique que le combat continue dans deux directions principales. Premièrement, il y a la bataille judiciaire, avec la CPI, et l’attente du rapport de la mission d’observation européenne. Deuxièmenent, il y aura la mise en place d’un « Comité pour la nouvelle République », un « comité permanent qui ne sera pas un ‘shadow cabinet’ puisque nous avons gagné. Il précise que « le pays sera ingouvernable et est déjà ingouvernable », que « ceux qui disent qu’Ali Bongo domine le pays par la terreur mais est en place, se trompent ». Il demande à la diaspora « d’avoir confiance dans le peuple gabonais » qui, s’il ne fait pas le nécessaire, « brûlera sa maison ».
Concernant les législatives, sa réponse est d’abord la même que celle à RFI le 31 octobre : « Je n’irai pas prendre des positions seul », mais je le ferai « en concertation avec la coalition », après « un débat sur la question », alors que « certains veulent y aller et d’autres non ». Il demande à la diaspora de « se préparer à y aller au cas où la décision serait d’y aller », puisque « c’est à Libreville que cela va être décidé ». Il utilise alors une image « Il faut faire du bruit à droite et frapper à gauche. Vous vous voulez que je fasse du bruit à droite et que je frappe à droite ». Ce message sur les législatives est visiblement le principal message de la journée.
Jean Ping donne peut-être une indication sur son avis personnel quand il dit que « la chaise vide ne marche pas », que le parlement en 2011 était « monocolore », ou qu’il est normal qu’il y ait des « découragés ou des épuisés », donnant l’exemple d’un militant associatif emprisonné dix jours et torturé. A ses côté, un député de l’Union national qui n‘avait pas boycotté les législatives de 2011 au contraire de son parti, intervient aussi sur la question en pesant le pour et le contre : « le risque de perdre » et le « fait que le boycott de 2011 ait pu être une erreur ». Enfin, Jean Eyeghe Ndong veut obtenir la majorité et reconnaît qu’il risque d’y avoir de la fraude.
Dans trois pays d’Afrique centrale qui ont connu un coup d’Etat électoral en 2016, des législatives sont attendues, au Tchad, au Congo Brazzaville et au Gabon. Dans ces trois pays, le dictateur au pouvoir dispose d’un découpage électoral déséquilibré géographiquement, qui peut lui permettre, avec des fraudes par ailleurs, d’obtenir une majorité avec une minorité de voix. Au Gabon cela avait été signalé en 2011, par exemple par le Réseau des Organisations Libres de la Société Civile pour la Bonne Gouvernance au Gabon (ROLBG), mais peu médiatisé car le scrutin était boycotté. Il s’agit d’une méthode de fraude en dictature qui est difficile à contester, car le découpage est légal. Au niveau arbitrage diplomatique et observation, si les acteurs de la communauté internationale ont reconnu l’inversion du résultat par la Cour constitutionnelle malgré l’évidence de l’inversion de résultat, il y a des chances qu’ils ne vont pas considérer en amont que le découpage électoral déséquilibré est à réformer en priorité pour rendre crédible le scrutin, même si cela risque de conduire à une sorte de validation par des législatives du coup d’Etat électoral de la présidentielle.
Régis Marzin, Paris, Compte-rendu du 6 novembre 2016

mercredi 2 novembre 2016

2 novembre 2016, Paris, Centrafrique : une « transition singulière » en Afrique centrale

Le 2 novembre, Roland Marchal, chercheur au Centre de recherche Sciences Po-CERI, présente, à Sciences-Po Paris, son rapport ‘Brève histoire d'une transition singulière en RCA’ du 15 septembre 2016. Le rapport a été commandé par un réseau d'ONGs centrafricaines, le Réseau des Organisations de la Société Civile Centrafricaine pour la Gouvernance et le Développement (ROSCA-GD), soutenu par le CCFD-Terre Solidaire. La Présidente du ROSCA, Béatrice Epaye, l’accompagne dans cette conférence. Elle a été ministre du Commerce et de l'Industrie entre 2008 et 2011, dans le gouvernement de Faustin Touadéra, sous le président François Bozizé. Comme le précise la chercheuse Marielle Debos animatrice du débat, Béatrice Epaye est actuellement députée et présidente de la commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée nationale.
Pour écouter le résumé de « l’analyse diachronique » du chercheur du CERI, il y avait plus de tchadiens que de centrafricains dans la salle parsemée. Le rapport servira pour continuer le débat sur la transition en Centrafrique. Si le rôle d’Idriss Déby est abordé par petites touches dans le rapport, il est visible que ce n’est pas la priorité de ce rapport, qui a indirectement un côté ‘politique par défaut’ en plus d’être un outil de la société civile réalisé par un universitaire. Un lapsus de Roland Marchal symbolise peut-être cela : « Quand Déby prend le pouvoir, pardon, quand Djotodia prend le pouvoir… ».
Le dossier du 5 mars 2014 'Influence et implication d’Idriss Déby en Centrafrique de mi-2012 à janvier 2014', Complément au dossier du 15 décembre 2013 'Tchad 2013 : la réhabilitation impossible d’un dictateur notoire', dossier d’information que j’ai rédigé pour le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique, peut compléter les informations sur la période 2012-2013. 

mardi 1 novembre 2016

31 octobre 2016, Aubervilliers : kit de Survie

Le festival Villes des musiques du Monde a programmé à l’Espace Renaudie à Aubervilliers, Serge Teyssot-Gay et ses « amis », le batteur Cyril Bilbeaud, le trompettiste bruitiste Méderic Colligon, le saxophoniste Akosh S., le rappeur anglophone Mike Ladd, le slammeur Marc Nammour.
C’est dans le quartier de la Maladrerie que ça se passe. Au début, un groupe ‘surprise’ de très jeunes rappeurs qui vient d’être présenté comme venant de l’Office municipal de la jeunesse d'Aubervilliers (OMJA) chante en première partie et pose son ambiance devant un public assis.
Bientôt, Mike Ladd, à gauche, et Marc Nammour, à droite, se succèdent et se répondent sur scène, chacun dans son style. L’un jette des textes en anglais, dans une approche plus esthétique dans le phrasé et les sonorités de la voix, qui m’évoque New-York, l’autre sort des textes en français, dans une approche plus intellectuelle et sociale, en décrivant une vie en banlieue.
C’est surtout Serge Teyssot-Gay qui structure, qui met le niveau de tension en variant son jeu, …
 … Il y a aussi quelques passages de guitare enregistrés, mis en boucle et déclenchés avec le pied
… et quelques phases de solo plus rapides. 
C’est en fait le duo Serge Tessot-Gay - Cyril Bilbeaud qui fonctionne au maximum. L’absence de guitare basse permet de revenir à l’essentiel. J’ai rarement autant apprécié le son d’une grosse caisse.
 ...
Depuis Zone libre, il y a le mélange de rap et de rock, la recherche d’une fusion du meilleur des deux genres.
L’ambiance monte pendant les derniers morceaux etle rappel. Marc Nammour réussit à faire se lever le public assez calme jusqu’à là. 
Cela accélère. Au niveau photo, ce n’est pas possible de suivre. Je décroche là-dessus. Cela accélère mais il n’y a pas de lâché-prise dans l’air. Le style est sous-contrôle jusqu’au bout. Régis Marzin, 1er novembre 2016,  PS : les photos sont brutes, non améliorées sauf la 37.