mercredi 28 mars 2012

Mercredi 28 mars 2012, Paris, libérons les élections !

Cette histoire avait commencé il y a quelques mois par une discussion entre Matjules et moi sur les Biens Mal Acquis des dictateurs africains. Matjules est animateur du Collectif des Illuminations Politique de Paris et ce collectif a réalisé l'an passé une projection d'images sur le porche de l'hôtel particulier de la famille Bongo rue de l'Université à Paris. Cela nous avait amené à parler d'un bus pour se promener dans Paris, comme en 2007, avec le bus des Biens Mal Acquis de la cellule françafrique. L'idée a été acceptée par le Centre de Recherche et d'Information pour le Développement (CRID), collectif de 53 associations françaises de solidarité internationale, de plus en plus en plus nationale grâce à Sarkozy qui a bien gâté les choses depuis 5 ans. Ce collectif a intégré l'événement dans ses actions "Libérons les élections" pour interpeller les candidats aux élections en France sur les causes des associations maltraités de la campagne. Finalement, le point de départ des BMA a même disparu. De nombreux-ses journalistes sont au rendez-vous pour venir écouter les associations tout en filmant les projections ou les animations. C'est un défilé assez fantastique pendant près d'une heure ! Les projections du collectif des illumination créé une ambiance incroyable.
Le bus fait un tour autour de la place de la Concorde, en passant par un bâtiment symbole de la crise du logement, et un autre de la précarité niveau santé, par le siège d'Aréva, pour dénoncer ce que doit la France aux peuples nigérien et gabonais pour l'uranium, par le palais de justice de Paris, où se cache un immonde centre de rétention pour les sans-papiers, ...
... par la BNP qui continue d'engranger des bénéfices malgré la crise, et est toujours bien placé question paradis fiscaux, puis enfin par l'Assemblée Nationale. Le tour est un succès, et ce fût un plaisir! A refaire dans 5 ans ?!

dimanche 25 mars 2012

25 mars 2012, Saint-Denis, des algécos pour les rroms du Hanul

La lumière de cette belle journée de printemps fait ressortir la poussière sur les trottoirs défoncés. Je marche au travers d'Aubervilliers et de la Courneuve avant d'arriver au croisement Route de la Courneuve - rue Voltaire, à Saint-Denis. Le terrain, prévu pour les rroms du Hanul (confère les précédents articles) est coincé entre 3 routes, dont l'autoroute A1 très bruyante, et le tramway. En face se trouve une vieille caserne de gendarmerie. Je suis agacé par les motos aux conducteurs sans casque, qui tentent de provoquer les gendarmes en roulant avec le maximum de bruit ou sur la roue arrière. Quand je me rapproche du portail, une gardienne, là avec son berger allemand, et qui ne me dit pas bonjour, me demande qui je suis: "un curieux". Je trouve que l'alignement des algécos blancs, avec la barrière imposante à l'entrée, crée un espace très froid, peu convivial. C'est entouré de tôles et de vieux grillages. On m'a dit que les rroms feraient également des constructions en bois complémentaires, j'espère que cela permettra d'améliorer et d'égayer un peu. Leur aménagement est prévu en avril avec eau et électricité. Il y a certainement des avantages. Pour l'instant, les soutiens sont très préocupé-e-s par la relation avec le voisinage: il y a déjà des réactions d'inquiétude et de rejet, à essayer de désamorcer tant que faire se peut. Ici la mairie de Saint-Denis a obtenu un accord de la préfecture, mais, espérons aussi que bientôt le préfet ne soit plus un ami Sarkozy, qui a tant fait pour pousser l'état vers la xénophobie. Revenu chez moi, j'évoque avec un ami la misère du bidonville près de la plage de Lomé au Togo. Il y a toujours pire quelque part.

samedi 24 mars 2012

24 mars 2012, Paris 18e, la fresque du jardin d'Ecobox

Je passe en retard prendre mes légumes de l'AMAP, et je tombe sur l'assemblée générale annuelle de l'association Ecobox. Je remarque qu'il y a de nouvelles fresques sur les murs du jardin.

24 mars 2012, Aubervilliers, retour du Forum Mondial de l'Eau

Avec le soutien de la mairie d'Aubervilliers, un groupe de jeunes s'est rendu au Forum Mondial de l'Eau à Marseille. Ils et elles tiennent un stand sur l'eau sur la place. Il s'agit de l'idée de Bien Public à l'Echelle Mondiale. C'est un très bon thème pour réfléchir "du local au global" et vice-versa. Pour quoi faire ? Que peut-on faire depuis Aubervilliers? Avec mes idées bien trempées sur les dictatures et la démocratisation de l'Afrique, je discute avec eux-elles du besoin de connaître le contexte politique pour bien comprendre l'ensemble des problèmes. Ils et elles sont au démarrage d'un travail de fond qui leur permettra au fur et à mesure de définir leurs objectifs. Des albertvillarienn-ne-s arrivent bien à se faire entendre en Tunisie. Je leur dis que le dictateur sanguinaire Idriss Déby protégé par l'armée française est venu à Marseille au forum pour parler de l'asséchement du lac Tchad, mais comment faire confiance pour l'environnement à un despote qui ne pense qu'à emprisonner les opposants quand il ne les assassine pas. Au moins depuis la révolution en Tunisie, on peut se sentir plus libre de dire la vérité sur les dictatures. D'ailleurs, Ben Ali avait élargi la corruption des politiques français à l'échelle des collectivités locales pour embrouiller les esprits et répandre indirectement la peur de la répression.

dimanche 18 mars 2012

18 mars 2012, Aubervilliers, concert d'orgue

Dans le cadre du festival 'Printemps musical' à Aubervilliers, le musicien Thomas Lacote donne un concert sur l'orgue de l'église Notre-Dame-des-Vertus: De Frescobaldi et Bach jusqu’à nos jours, avec une grande part d'improvisation. Je suis impressionné par la diversité de sons que le joueur et compositeur fait parvenir à nos oreilles. Avec son accompagnateur, il manipule fréquemment des gros boutons, à gauche et à droite. L'orgue de l'église Notre-Dame-des-Vertus est du début du XVIIe siècle, et les sons évoquent des atmosphères mystérieuses, nous replongent dans une histoire ancienne rassurante sur la pérennité des constructions humaines, alors que dans l'église il y a aussi des détails qui font plutôt penser aux liens récents avec l'Afrique.

17 mars 2012, Paris, manifestation anticoloniale et antiraciste

Depuis un an, je n'avais pas encore croisé les manifestant-e-s syrien-ne-s à Paris. Je me demande si les services secrets syriens ne chercheraient pas les opposant-e-s même juste que sur le net en France et je choisis une photo assez mauvaise sur laquelle on ne reconnait pas grand monde. Je trouve par ailleurs la manifestation anticoloniale et antiraciste tellement fourre-tout que les messages se brouillent les uns les autres. Il n'y a pas assez de cohérence entre les syrien-ne-s, des sri-lankais, des sans-papiers, D'ailleurs Nous sommes d'ici, le MRAP, Survie, le NPA, la CNT, et en fin de cortège des ivoirien-ne-s pro-Gbagbo, qui dénotent par leur aspect partisan peu compatible. Cela me donne une impression de communication peu compréhensible à l'extérieur: sans doute que les organisateur-trice-s sont maintenant les seul-e-s à savoir le pourquoi de la composition du cortège. La perspective qui s'approche de changement de gouvernement et de parlement me font faire l'hypothèse que les rangs des motiv-é-es sont de plus en plus parsemés: est-ce que beaucoup parmi ceux-elles qui étaient choqué-e-s par les dérives xénophobes ou néocoloniales du pouvoir français sous Sarkozy ne pensent pas que les élections suffiront à arrêter ces scandales? Par ailleurs, la position diplomatique française sur la Syrie n'est pas assimilable à sa position sur d'autres pays d'Afrique dans lequel il y a eu, au contraire, pendant les dernières années une collaboration décomplexée avec des dictatures, qui n'est même pas clairement remise en cause par des candidats tels que Hollande.

dimanche 11 mars 2012

10 mars 2012, Paris, colloque sur le génocide des Tutsi du Rwanda

Ce samedi 10 mars, à la salle Jean Dame à Paris, le colloque « 18 ans après, la France et le génocide des Tutsi du Rwanda » est organisé par l'association Survie, et son groupe local de Paris, et regroupe des experts parmi les meilleurs existants en France sur la question épineuse de l'implication française dans le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. Le premier, Raphaël Doridant de Survie, présente globalement et brillamment « La complicité française dans le génocide des Tutsi », la complicité de certaines personnalités avec les génocidaires étant valable juridiquement parlant. Le second Jacques Morel auteur de l'ouvrage majeur "La France au cœur du génocide des Tutsi" (L’esprit Frappeur/Izuba, 2010) dresse le bilan personnel du ministre de la défense de l'époque, François Léotard. Jean-François Dupaquier présente la logique des discours de l'ensemble des acteur-trice-s français-e-s les plus impliqué-e-s dans le négationnisme depuis 1994. Enfin, Mehdi Ba intervient en vidéo sur la "Manipulation autour de l'attentat" de l'avion qui est au cœur de la stratégie du négationnisme destinée à protéger certains acteurs des accusations. Une question se pose sur la capacité de François Mitterand, très malade, à gouverner et à mener la politique au Rwanda en 1993 et 1994: Jean-François Dupaquier met l'accent sur la responsabilité du conseillé Hubert Védrine alors que jacques Morel pense que François Mitterand était toujours en mesure de diriger les opérations.
Dans une seconde partie, l'événement permet aussi de dresser un bilan des positions des partis politiques français: sont présents Benjamin Bibas responsable du Groupe Afrique d'Europe Ecologie les Verts, Moulaye Aidara pour Afriques en Luttes du Nouveau Parti Anticapiliste, Jacques Fath du Parti Communiste. En réalité, ce qui compte, c'est l'absence de position crédible des partis absents ce jour-là. Les 3 présents sont d'accord avec plusieurs revendications de l'association Survie et en particulier avec l'idée d'une Commission d'Enquête Parlementaire pour poursuivre les travaux insuffisants et plus à jour de la Mission d'Information Parlementaire de 1998. Le débat soulève des points d'interrogation: pourquoi les candidats aux présidentielles ne parlent-ils pas beaucoup plus de ce scandale-là, pourtant toujours dans l'actualité (Le Nouvel Observateur sort un dossier sur Paul Barril dans le génocide cette semaine)? La question est posée en particulier pour Eva Joly. Comment pourrait concrètement se mettre en place un vrai contrôle parlementaire sur l'exécutif en France? L'implication française au Rwanda s'est faite essentiellement dans un contexte de cohabitation associant partis de gouvernement de droite (RPR transformé ensuite en UMP), et Parti Socialiste. L'impunité entretenue depuis 18 ans en découle largement. La justice, qui commence à peine à avancer, en traitant d'affaires précises, fait un travail essentiel, mais les complicités de génocide au niveau politique, militaire, diplomatique, ne pourront être comprises que si les rôles des acteurs français sont éclaircis par les politicien-ne-s eux-mêmes redevables de cette vérité auprès de leurs électeur-trice-s. Sans cela, le monde politique continuera de participer indirectement à de nouvelles compromissions en liens avec la complicité entre 1990 et 1994. Jacques Fath insiste aussi sur la leçon à tirer sur le partage de l'Afrique en zone d'influence par les grandes puissances telles que la France ou les USA.

mardi 6 mars 2012

6 mars 2012, Paris, le procès des Biens Mal Acquis à la Mairie du 2e

Sassou, Ali, Téodoro, Téodorin, Paul, et tous les autres qui se sentiront concernés, trembleront en apprenant cela, et devront payer encore plus cher leurs avocats: un lieu important comme la Mairie du 2e arrondissement de Paris, a été le théâtre d'un nouvel épisode du Procès des Biens Mal Acquis. Les spectateur-trice-s ont pu apprécier sur l'écran le défilé des photos des demeures et autres biens des "dictateurs amis de la France" et de leurs poussins. En février, Sassou N'Guesso vient de passer incognito, avant que son ami Sarkozy n'ait trop honte de se montrer en campagne avec un tel criminel. Idriss Déby est pourtant en ce moment en France et en profite de ce soutien implicite pour attaquer ses derniers opposants encore debout avec des méthode digne des meilleurs scénarios de Staline. Il est temps que ces chefs d'état coupables des pires crimes ne puissent plus poser le pied dans l'hexagone pour profiter de leurs larcins. Combien faudra-t-il de spectateur-trice-s pour que cela devienne assez choquant et scandaleux? Souhaitons en tout cas, que cette pièce de théâtre magnifique connaisse le succès qu'a connu Nicolas Lambert avec "Elf la pompe Afrique". Un débat réunit après la pièce les associations Survie Paris, organisatrice de la soirée, Sherpa, et le Syndicat de la Magistrature.