mardi 31 juillet 2018

31 juillet 2018, Paris : immersion totale à l’Atelier des lumières

Attention ! Toutes les photos de cet article sont des superpositions à la prise de vue : aucune réalité visible correspondante n’a existé pour chacune d’entre elles.
Culturespaces, « opérateur privé dans la gestion et la mise en valeur des monuments, musées et centres d’art, et pionnier des expositions numériques », a ouvert le 13 avril 2018, au 38 rue Saint Maur dans le 11e arrondissement, le premier Centre d’Art Numérique à Paris, ‘l’Atelier des lumières’, dans un ancien hangar industriel, une fonderie, aux murs de 10m de haut, laissé presque tel quel, muni, selon le dossier de presse, « de 140 vidéoprojecteurs et d’une sonorisation spatialisée ».
Trois ‘expositions’ immersives inaugurent le lieu du 13 avril au 11 novembre 2018 : Gustav Klimt’ ‘et Hundertwasser, sur les traces de la Sécession viennoise de Gianfranco Iannuzzi, Massimiliano Siccardi et Renato Gatto, avec la collaboration musicale de Luca Longobardi et POETIC {AI} du collectif Ouchhh. Il s’agit autant que d’expositions, de 3 sortes de projections qui s’enchainent sur des cycles de presque 1 heure, projections complexes puisque les images sont aussi en mouvement dans l’espace en plus de l’évolution temporelle, selon le procédé « AMIEX® (Art & Music Immersive Experience) » de Culturespaces, ici sur une surface de projection de 3 300 m2.
Rapidement, je m’intéresse au public. Le site du lieu indique « le public entre en scène à son tour et participe par sa présence à l’œuvre elle-même ». Le journaliste photographe, s’il se laisse aller, aussi. Comme les photographies d’œuvres d’art sont difficilement des œuvres d’art elle-même, je choisis de ne faire quasiment que des superpositions à la prise de vue, à chaque fois 3 photos que je détruis pour en faire une. Les projections sont sur les murs mais aussi sur sol, donc sur le public. Il y a les œuvres de Klimt, d’Hundertwasser. Il y a la création des artistes. Il y a des gens qui regardent ou bougent, créant de nouvelles lignes, de nouveaux détails, puis il y a la photo, et dans ce cas la superposition à la prise de vue offre de nouvelles possibilités. 
Pour celui ou celle qui regarde, Klimt et Hunderwasser peuvent être simplement des points de départ. J’imagine facilement le même concept avec d’autres peintres, à condition, sans doute, qu’il y ait une spécificité au niveau lumière et couleur, car les couleurs vives doivent faciliter le procédé. L’impression est si forte que les informations de culture picturale ou architecturale sont presque un barrage à la bonne perception. On peut se laisser aller et y passer 2 ou 3 heures à regarder et écouter, revenir ensuite sur les œuvres de départ et le déroulé d’un récit autour de ses œuvres. Je préfère l’aspect de création contemporaine tellement elle me paraît originale et je comprends qu’elle s’appuie sur la citation de peintures et bâtiments qui insufflent fortement une inspiration.
L’exposition des 2 artistes viennois, Klimt (1862-1918) et Hunderwasser (1928-2000) évoque le courant artistique surtout autrichien et viennois, entre 1892 et 1906, de la Sécession viennoise. Klimt a été l’un des principaux acteurs du courant. L’architecte et le peintre « Hundertwasser (a) synthétis(é) ce dialogue entre peinture et architecture, répondant ainsi à une des aspirations de la Sécession ». Quel est l’importance d’une telle fantaisie artistique dans une Europe qui s’endurcit à certaines étapes de son histoire ?
Je n’aurais pas regardé l’exposition de la même manière sans mon Nikon. Les photographies parlent d’elles-mêmes : l’exposition-projection est extraordinaire et passionnante.
En sortant, mes ami-e-s et moi avons le plaisir revenir à la lumière du jour dans un quartier plus populaire que les grands quartiers touristiques parisiens, un autre atout de l’Atelier des lumières.
Régis Marzin
Journaliste, chercheur, photographe, article écrit et publié le 3 août 2018

samedi 7 juillet 2018

7 juillet 2018, Paris 18e - Rhizomes les pieds dans l'eau

Ce samedi, Rhizomes est au square Rachmaninov tout l'après-midi. Mohamed Lamouri est une star de l'undergound nord-parisien. Beaucoup l'on croisé depuis 10 ans avec son mélodica sur la ligne 2 du métro. Il joue au festival Rhizomes avec le groupe Mostla. Quel plaisir de ré-entendre sa voix un peu éraillée, magnifique.
Ensuite, arrive Raïnaï, groupe de "raï légendaire". Le son rappelle les années 70 et années 80. Commencer par un solo de guitare, cela devient rare. Ils sont décidé à ambiancer correctement la place. Bientôt tout le jardin se met debout. Cela danse tant que les adultes rejoignent les marmots dans le bassin. Rhizomes a les pieds dans l'eau.
Régis Marzin

lundi 2 juillet 2018

1er Juillet 2018, Paris 18e : Rhizomes à la goutte d’or

Le début du festival Rhizomes est pour certain-e-s connaisseur-se-s averti-e-s le début des activités d’été parisiennes. C’est gratuit, à taille humaine, garanti sans trop de touristes, lié à des quartiers et au 18e, un arrondissement à forte personnalité, comme l’exprimait si bien il y a 20 ans la chanson de FFF, ‘Barbès’.
Le premier concert de la journée, la fanfare balkanique est au milieu d’une première fête de quartier, la fête du mail Binet. Je crois y arriver une heure en retard, mais l’horaire a été décalé de 2 heures, et, comme, je n’ai regardé que le programme papier, je ne le sais pas, et je file à la goutte d’or. Là, Rhizomes se mêle à la Fête de la Goutte d’or au square Léon. Sont prévus là, 4 groupes, dont seul le dernier a été programmé par l’équipe de Rhizomes.
Vers 17h, la fête est encore celle des enfants, des jeux, du maquillage, des petites piscines. Des dizaines de bénévoles se bougent un peu partout, bien visibles avec leur T-shirt orange. Beaucoup de jeunes parents se baladent avec leurs bébés. De superbes boubous mettent de la couleur. Le décor est magnifique, un peu de verdure au milieu de quelques immeubles. Il fait aussi très chaud.
Le premier groupe fait bien la liaison avec les concerts suivants. La musique se limite à une percussion africaine, authentique. Deux chanteurs racontent une histoire que peuvent comprendre les enfants, même si elle est dure. L’histoire est celle d’un jeune qui perd sa mère en 2002 dans les combats en Côte d’Ivoire et qui fuit pour survivre, se rend d’abord au Nigéria, puis au Cameroun. Il traverse ensuite le désert pour arriver en Libye où il est victime de mauvais traitements. Un jour, il est là à Paris.
Ensuite, le deuxième groupe est un groupe du quartier, Ameth Sissoko et le Sara Yaa Band, de la musique du d’Afrique de l’Ouest avec un accordéon. Le troisième groupe est un groupe d’Afrobeat très dansant, Climax Orchestra et MoDJ. On est presque synchro avec Manu qui est allé sentir les odeurs de la salle de Féla Kuti. La foule s’agite de plus en plus, on est dans une ambiance de festival d’été, une peu comme à la plage. Beaucoup se ballade bière ou frites à la main. On n’est pas à Auber, ici.
La nuit tombe. Sofiane Saidi & Mazalda arrive enfin. Les musiciens se chauffent et chauffent le public petit à petit. Ça monte. Deux choristes rejoignent le groupe sur scène, et la chaleur augmente encore. Cela s’arrête un peu tôt juste avant minuit mais tout le monde est heureux. Le chanteur dit qu’il n’a jamais eu faim quand il vécu sans le sou à la Goutte d’Or et que ce qu’il vient de nous offrir n’est rien par rapport à ce que lui a offert le quartier.
Régis Marzin