mardi 12 novembre 2013

11 novembre 2013, Paris, l'Unesco accueille un "terroriste" tchadien

La réhabilitation de Déby, c'est la réhabilitation de tous les dictateurs de la Françafrique. L'amnistie des crimes de Déby, c'est l'amnistie des crimes des dictateurs de la Françafrique. La réhabilitation de Déby favorise une relance de la Françafrique sous l'influence de l'armée française.
Ce 11 novembre, le dictateur tchadien Idriss Déby est à l'Unesco en grandes pompes, pour un obscur prétexte culturel. Il vient se faire admirer et goûter aux joies de la société du spectacle après les services rendus au Mali. Une centaine de manifestants en colère ont été repoussés un peu plus loin, hors des regards. La police française protège le criminel et ses acolytes. C'est normal: ce sont les dirigeants français qui décide de la liste des criminels avec qui collaborer. On dira certainement plus tard qu'Hollande avec Déby ne vaut pas mieux que Sarkozy avec Khadafi. Dommage!
Qui décide de la politique étrangère française ? Un breton de Lorient têtu qui veut préserver les emplois dans sa ville? un ancien premier ministre qui a trop connu la bonne vieille Françafrique à la sauce Sassou et Bongo ? l'Etat-major d'une armée qui n'existe que grâce à l'Afrique ? ou le général Puga si admiré depuis l'intervention au Mali ? Par certains aspects, le gouvernement et dans une moindre mesure le Parti Socialiste actuel rappelle les gouvernement et Parti socialiste mitterrandiens avant le génocide du Rwanda en 1994. Les politiciens se sentent obligés de camoufler le fait que l'armée française a été témoin des crimes au Tchad comme au Rwanda. La question du niveau de complicité se pose dans les deux pays.
En 2013, la communauté internationale, à l'ONU, puis au travers de l'Union européenne, a suivi le gouvernement français dans sa réhabilitation du tyran tchadien. Il a suffit d'un peu plus de 2200 soldats envoyés en première ligne et dont sans doute 300 ne sont pas revenus pour que l'affaire soit entendue. La justice internationale se met en place à partir des années 2000: qui jugera les crimes avant la Cour pénale internationale, ceux des années 90 ? Un dictateur fidèle aux intérêts d'une grande puissance occidentale est-il amnistié d'office ? L'armée française a mis au pouvoir Déby en 1990, et l'a sauvé en 2006 et 2008. C'est un rebelle qui a réussi, à l'époque du démarrage de l'exploitation du pétrole.
Cependant, la situation du Tchad est très complexe. Le pays est entouré de pays instables, et fait partie de la zone sahélienne où se développe du terrorisme. Les 30 dernières années ont été ponctués de guerres civiles, et la culture démocratique est encore très faible. La diaspora tchadienne en France est très marquée par d'anciens rebelles qui se sont exilés. La question du développement d'une culture démocratique non-violente se pose au Tchad comme en France, pour les opposants aussi. Planqués derrières une rangée de CRS et les vitres teintés de l'ubuesque Unesco, les ministres et cousins de Déby ricanaient en voyant la manifestation. La diaspora tchadienne mettra sans doute de nombreuses années pour s'organiser en fonction d'une nouvelle donne géopolitique, et pour gérer la présence des 'politico-militaires' en France. Des images de chefs rebelles tués pendant des guerres se sont glissés sur une grande partie de mes photographies du rassemblement. C'est gênant. Les deux photos de banderoles ci-dessus ne reflète donc pas la réalité.
Qui est responsable de l'état du Tchad et de l'impossibilité d'une alternance démocratique ? Est-ce Déby et son clan ? Hollande, Fabius et Le Drian ? Le chef d’Etat-major des armées françaises, l’amiral Edouard Guillaud habitué des salons de la présidence tchadienne, le général Puga, et leurs prédécesseurs ? Mitterrand, Chirac et Sarkozy ? Puisqu'en 2013, le soutien français à Déby a relancé la Françafrique, tous les dictateurs des ex-colonies françaises se régalent et tentent d'en tirer profit. Les Vert-e-s quitteront-ils-elles le gouvernement avant le naufrage du navire ? Fabius doit-il démissionner ou prendre sa retraite? Hollande est-il sous influence, déjà épuisé, déjà empêtré dans les chantages de la Françafrique, ou juste dépassé? Pendant que le suspens continu dans les antichambres du pouvoir parisien, la population tchadienne croupit dans la misère sous les coups des brutes gardant les robinets de pétrole.

jeudi 7 novembre 2013

7 novembre 2013, Aubervilliers, Idir

Pour le concert d'Idir, le Festival des Villes des Musiques du Monde est à l'Embarcadère, la nouvelle salle d'Aubervilliers, cette fois en configuration 'tribune' (la tribune peut se retirer). Le public connait les chansons par cœur, les youyous jaillissent tout le temps. Çà danse dans les couloirs de la tribune, puis une partie du public descend, et enfin c'est la liesse. La lumière éclaire aussi les premiers rangs. Il se passe quelque chose d'original, qui arrive progressivement, et la cellule de mon appareil capte aussi des lumières originales (Je ne retravaille pas du tout les photos pour le blog). Idir chante avec sa fille. Un moment il évoque sa mère et les femmes kabyles, pour qui ce n'était pas facile d'être femme dans une société marqué par des traditions. La salle applaudit très fort son poème féministe.