dimanche 27 janvier 2013

27 janvier 2013, Paris, festival Bobines Sociales

Les années passent depuis ma dernière participation à la programmation de Bobines Sociales, et maintenant, je ne fais plus que rendre quelques coups de mains. J'arrive fatigué en raison de mes activités sur l'Afrique. Je suis aussi moins présent pour faire des photos au festival. J'apprécie beaucoup le film ‘Le Thé ou l'électricité’ de Jérôme le Maire (2012) qui raconte l’arrivée de l’électricité dans un village du Haut Atlas marocain. Je prends aussi quelques images du débat après les films ‘Territoire Perdu’de Pierre-Yves Vandeweerd sur le Sahara occidental, territoire colonisé par le Maroc, et Ceuta douce prison’ de Jonathan Millet et Loïc H. Rechi sur le trajet de 5 migrants vers l’Europe. Le débat sur le Sahara Occidental permet d'informer sur la vie des populations sahariennes abandonnées de tous les regards, alors que l'état français, qui a toujours ses propres colonies, dont l'île de Maoré/Mayotte, ne dénonce pas la colonisation marocaine.

jeudi 24 janvier 2013

24 janvier 2013, Ivry : Silence Turquoise

Chaque avancée vers la vérité et la justice sur l'implication française dans le génocide des Tutsis du Rwanda demande un travail considérable tant les résistances sont fortes. Le livre "Silence Turquoise" de Laure de Vulpian et Thierry Prungnaud aide à franchir une étape de plus. L'association Appui Rwanda et la librairie Envie De Lire organisent, à Ivry-sur-Seine, une rencontre avec les 2 auteurs et avec José Kagabo, historien, membre de la Commission Nationale Rwandaise Chargée de Rassembler les Preuves de l’Implication de l’Etat Français dans le Génocide Perpétré au Rwanda en 1994. Laure de Vulpian est journaliste à France Culture, et, Thierry Prungnaud, ancien du GIGN, était sous-officier de l'opération Turquoise dans le Commandement des Opérations Spéciales, et était présent à Bisesero. Dans ce lieu, l'armée sauva un certain nombre de Tutsis après avoir tergiversé et laissé aux mains de génocidaires le plus grand nombre. Il a lui-même désobéit à un ordre pour intervenir. C'est très important pour moi de rencontrer pour la première fois un militaire ayant servi au Rwanda et j'en oublie le froid polaire de ce jour. Il y a quelque chose de très psychologique. Le débat porte beaucoup sur le déroulement des événements à Bisesero, plusieurs personnes expertes du génocide étant dans la salle. Je questionne Thierry Prungnaud sur le fait que les soldats obéissant aux ordres sont mis en cause alors que les responsabilités seraient d'abord à faire porter à l'état-major et aux politiciens : "les militaires d'actives ne parleront pas". Il est plus tard question d'une liste de 50 noms de génocidaires qu'il aurait détruite à la demande d'un général, ce qu'il regrette maintenant. La discussion revient sur l'actualité du moment et le rôle de Paul Barril, puisqu'une perquisition ordonnée par le juge Trévidic fait apparaître sa complicité avec l'état rwandais dans la fourniture de munitions et de mercenaires, ce qui sera confirmé le lendemain, par la publication d'un document exclusif, un contrat d'assistance. José Kagabo insiste sur la fausse version qui a été défendue depuis 19 ans par des personnalités françaises, politiques, journalistiques et universitaires. Laure de Vulpian espère que son livre aidera un juge, elle l'a écrit dans cet objectif. Hubert Védrine intervient toujours sur France Culture comme expert, et elle le croise parfois.

samedi 12 janvier 2013

12 janvier 2013, Jeunes ChercheurEs en Etudes africaines

Invité par un ami universitaire, je viens faire mon curieux à la première rencontre nationale des Jeunes ChercheurEs en Etudes africaines. Je suis intéressé de voir la discussion entre les thésard-e-s et les 2 universitaires Pierre Boilley et Jean-François Bayard. J'ai constaté sur le programme que les thèses dispersent les jeunes chercheurs sur un grand nombre de sujets pointus, malheureusement dépolitisés et assez éloignés des intérêts des populations africaines, alors, qu'au contraire, les universitaires les plus connu-e-s s'impliquent en faisant des conférences ou en publiant des tribunes, sur le Mali par exemple. Quelqu'un évoque un cadre épistémologique européanocentré. Il est aussi question de 'l'économie libérale qui met en danger la création et la liberté scientifique' ou d'un 'savoir-pouvoir, en particulier pour la gouvernance, créateur d'inégalité sociale' (JF Bayard). Les étudiant-e-s africain-e-s présent-e-s m'ont semblé mettre de côté l'esprit critique supplémentaire qui vient de la connaissance du terrain. Pourtant un sursaut serait nécessaire. Pendant que le monde politique se compromettait en Afrique dans le néocolonialisme, le monde universitaire se ramollissait et trouvait des voies de refuges. Si le monde change, la structure devrait s'adapter et évoluer à tous niveaux, sinon les pesanteurs renvoient au  fonctionnement d'un système obsolète. Je ne me sens pas de faire des photos dans la salle, et je me contente à la sortie du décor somptueux, symbole d'un cadre intellectuel qui ne peut qu'impressionner les étudiant-e-s.