dimanche 6 décembre 2015

6 décembre 2015, Montreuil, grande conférence sur le climat

Ce week-end à Montreuil, s'est installé le village mondial des alternatives pour agir face au changement climatique, avec quelques concerts, mais surtout de très nombreux débats, ateliers sur un grand nombre de thèmes. 
Dans le sommet et le contre-sommet, l'Afrique paraît assez mal défendue. Je devine une difficulté dans l'approche d'un problème pourtant mondial : les principales victimes du réchauffement climatique sont dans les pays pauvres et en partie non-démocratiques; si les population ne sont pas là pour se défendre de manière visible, les défenseurs qui les soutiennent n'arrivent pas à les défendre à la hauteur qui serait nécessaire. C'est une vision générale politique qui l'emporte et qui occulte un peu la gravité des risques et dégâts là où ils ne peuvent être exprimés. La vision mondiale à long terme n'est pas toujours accessible dans les régions du monde où la survie se défend à court terme, où les enjeux de démocratie et de paix focalisent les attentions.
Ainsi, je n'ai pas trouvé grand chose d'intéressant dans le programme du week-end sur l'Afrique juste quelques conférences sur des sujets précis. Je viens donc pour le débat principal le plus général, la table ronde de clôture du Sommet Citoyen pour le Climat où sont annoncé-e-s Naomi Klein, Via Campesina, Kumi Naidoo, le directeur exécutif de Greenpeace International, et Juliette Rousseau, la porte-parole de la Coalition Climat 21.
La salle, la Parole errante, est anormalement sombre, 2 ampoules manquent au-dessus des intervenant-e-s. Certes, cela économise de l'énergie, mais cela n'aide pas à filmer et à photographier et cela ajoute à l'ambiance un peu triste. Car l'euphorie n'y est pas, ou plutôt est loin d'être celle qui aurait pu être sans le massacre du 13 novembre. Un hystérique des alpages vient un peu déranger sur scène, mais je m'étonne plutôt qu'il n'y en ait qu'un.
J'ai manqué Naomi Klein, dommage. Kumi Naidoo, le sud africain de Green Peace est un pro de la com' à l'américaine. C'est impressionnant cette méthode américaine de synthétiser, simplifier, concentrer l'argumentaire sur l'essentiel pour interpeller le public. Cela donne un discours militant qui ressemble au style des écoles de commerce. En réalité, je suis très content de l'entendre car il insiste sur la démocratie nécessaire au négociation sur le climat, qui est la question qui m'intéresse sur l'Afrique. Il dénonce les multinationales alors que je dénonce les dictatures.
Un point important, c'est que la Conférence de Paris marque un début de mobilisation. Copenhague avait déçu et démobilisé, mais cette fois-ci, le message c'est que la société civile n'a pas d'attente forte du sommet des chefs d'Etat et a plutôt une volonté de travailler selon son calendrier. 
Le représentant haïtien de Via Campessina insiste sur l'agroécologie, la lutte contre OGM, les engrais et pesticides. Deux représentants de Polynésie interviennent également sur la montée des eaux.
Juliette Rousseau pense que le gouvernement français met des bâtons dans les roues parce que les idées de la coalition climat sont "en passe d'être victorieuses". S'il y a dans cette coalition, des légalistes et des adeptes de la désobéissance, la journée d'action du 12 décembre se fera avec de la désobéissance. 
La conférence n'aborde pas les négociations du Sommet officiel. C'est à la Zone d'action pour le climat, au 104 à Paris, que toute la semaine, chaque jour à 18h (lundi, mardi, mercredi) ou 17h (jeudi et vendredi), auront lieu des Assemblées générales qui feront le point sur les négociations.

samedi 5 décembre 2015

5 décembre 2015, Bourget, Cop21 : Afrique et climat

Pendant les négociations sur le climat, les pays africains ont été très peu entendus, même si beaucoup de choses ont bougés pour l'Afrique. Les dirigeants ne sont pas tous légitimes et compétents, puisque l'Afrique compte un nombre équivalent de dictatures et de démocraties. Les soutiens dans les ONG ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux et leur plaidoyer ne s'appuie pas sur suffisamment de forces africaines organisées.
Le groupe Afrique d'Europe Ecologie les Verts, ouvert à d'autres personnalité au travers du collectif 'Wangari Maathai', a sans doute été le seul à réaliser un travail de synthèse et à communiquer sur l'Afrique pendant la Cop21, en publiant une note écrite en collaboration avec des écologistes africains : "COP21 : réparer l’injustice climatique en Afrique". Cette note a été rédigée dans le cadre de la Fondation de l'Ecologie Politique (FEP).
Ce samedi 5 décembre, la FEP et le collectif 'Wangari Maathai' organisaient au Bourget, dans la partie réservée à la société civile, la conférence "L'accord de Paris : quelles perspectives de développement pour l’Afrique subsaharienne ?" avec, de gauche à droite, Gaël Giraud, chef économiste de l'Agence française de développement (AFD), membre du conseil scientifique de la FEP, Raimundo Ela Nsang, secrétaire exécutif de la Coalition restauratrice de l’Etat démocratique en Guinée équatoriale (CORED), Benjamin Bibas, modérateur, membre du groupe Afrique d'Europe Ecologie les Verts et du collectif 'Wangari Maathai', Mildred Barasa, journaliste au Kenya Times et Africa Woman, secrétaire générale du African Network for Environmental Journalists (ANEJ), Marc Ona Essangui, célèbre coordinateur de l’ONG gabonaise Brainforest. Aïssatou Diouf, la responsable plaidoyer climat à l'ONG ENDA, était excusée.
Marc Ona insiste sur le problème de la gouvernance politique dans une Afrique "prise en otage par des oligarches". Un président comme Ali Bongo fait de la communication autour de la COP21 et sa société "Delta Synergie" serait en position de profiter des fonds de l'adaptation au changement climatique. Marc Ona évoque la gestion désastreuse des forêts, en raison de laquelle, "Pour protéger le climat de la planète, la France doit se désengager du secteur d’exploitation forestière industrielle dans le bassin du Congo". L'activiste très engagé contre la dictature de la famille Bongo précise que la gouvernance électorale passe pas des processus électoraux crédibles.
En anglais, la journaliste kenyane Mildred Barasa décrit les effets du réchauffement dans la vie quotidienne des femmes, dont la durée de travail augmente à cause de la recherche du bois et de l'eau. Elle insiste sur la pollution de l'eau, l'érosion des sols à cause de l'agriculture intensive et de la déforestation, les sécheresses plus fréquentes, l'accaparement des terres par des sociétés étrangères.
L'opposant équato-guinéen, Raimundo Ela Nsang, parle de la production pétrolière dans le golfe de Guinée. Les pays producteurs n'ont pas construit des infrastructures sanitaires adaptées. La tuberculose accompagne l'augmentation du rythme de la production. Des terres deviennent invivables, les écosystèmes marins sont dégradés, la pêche est impactée. Le pétrole moins accessible est extrait avec de plus en plus d'eau polluée. Les dictatures sont maintenant considérés comme instables, et les multinationales accélèrent la production en craignant la perte des contrats qui pourrait advenir suite à la chute des dictateurs. Les grandes compagnies pétrolières profitent de l'absence de contrôles environnementaux dans les Etats non démocratiques. Pour prévenir la pollution, la CORED propose de diminuer la production et de la rendre plus durable, et la construction de l'Etat de droit et la démocratisation sont une condition nécessaire.
Benjamin Bibas présente la note et en résume les revendications principales : de nouvelles taxes innovantes pour financer le Fonds vert pour le climat, l'intégration de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) dans les négociations sur le climat en la rendant contraignante, un inventaire des Biens communs mondiaux, entre autres.
Gaël Giraud, de l'AFD et de la FEP, précise les possibilités en termes de taxation et revient sur plusieurs questions. Il y a dans les gaz, le CH4 et pas seulement le CO2. Les banques s'opposent à la taxation et les Paradis fiscaux compliquent les exigences de transparence. Des projets sérieux en termes d'écologie sont en concurrence avec des investissements à 10% de profit annuel.
Trois jours plus tard, les mêmes personnes sauf Gaël Giraud, présentent la note au siège d'Europe Ecologie les Verts. Remarque : Je complète ainsi mes notes prises au Bourget, en particulier pour Marc Ona que j'avais manqué à la première présentation.
Au siège d'EELV, il est aussi question de la participation des communautés locales et de l'utilisation du Fond Vert pour le climat: comment éviter que les milliards aillent vers les multinationales et oublient les communautés locales et les entreprises africaines, en particulier les PME ? La question de la démocratie rejoint cet enjeu de la gouvernance dans l'adaptation au changement climatique et face aux dégâts environnementaux. Le débat revient sur la justice climatique et les crimes environnementaux. La valorisation des chefs d'Etat dictateurs dans les négociations sur le climat est particulièrement soulignée, ainsi que la nécessité de continuer à soutenir la démocratie et l'Etat de droit.
Certains chefs d'Etat africains, comme Téodoro Obiang, n'ont fait que reprendre le travail de consultants occidentaux. Au Togo, Faure Gnassingbé a massacré des villageois, causant 8 morts à Mango, pour en essayant de créer en urgence un parc naturel un mois avant la Cop21. Denis Sassou Nguesso a fortement profité de la Cop21 qui, entre autres, lui a permis d'échapper à une réaction internationale après le massacre du Coup d'Etat constitutionnel de fin octobre.
Régis Marzin, 20 décembre 2015.

5 décembre 2015, Aubervilliers, climat, Tuvalu !

Le Grand Bouillon accueille une présentation de Tuvalu par les associations Haute Qualité Artistique et Culturelle (HQAC) et Alofa Tuvalu: Tuvalu le nouveau lieu d'Aubervilliers, le petit jardin et la scène qui seront bientôt accessibles pendant les marchés qui auront lieu sur la nouvelle place pendant les travaux du métro, et, Tuvalu, l'archipel de Polynésie menacé de disparition en raison de la montée des eaux.
Juste avant avait lieu une promenade dans Aubervilliers sur le lien entre la ville et le monde, entre Data centers et entrepôts de marchandises allant vers Paris arrivant surtout de Chine, entre palettes et ailantes, l'arbre cultivé en Chine caractéristique des friches et chantiers, qui traverse la scène du Tuvalu.
L'association franco-tivaluenne Alofa Tuvalu créée en 2005 travaille à la sauvegarde de Tuvalu, surtout par un travail de communication, et participe donc à la lutte contre le réchauffement climatique. Les images de l'archipel me font une bonne introduction au week-end sur le climat, puisque je dois ensuite me rendre au Bourget.
Je ne pars pas sans m'être inquiété de l'avenir de Tuvalu d'Aubervilliers. En plus de l'accès prochain lors de l'ouverture de la zone pour la marché - il y aussi des panneaux d'affichage -, le lieu devrait prendre vie autour des événements de musique, théâtre, que les motivé-e-s du coin organiseront. Cela sera sans doute un peu lent, parce qu'il y a déjà beaucoup d'activités dans des lieux existants et que la ville n'est pas encore si vivante que cela. La créativité dépend de la liberté et la liberté s’accommode mal avec les grilles, qui sont pourtant nécessaires. Que deviendra le Tuvalu d'Aubervilliers... mystère ?