mercredi 4 décembre 2013

4 décembre 2013, Paris, Procès de l'armée française en Afrique

C'est encore un grand événement organisé par l'association Survie: le tribunal citoyen de la Françafrique, pendant le sommet de l'Elysée sur la Paix et la sécurité. Hollande et ses 2 ministres de la Défense Fabius et Le Drian veulent nous faire croire que les dictateurs n'existent plus parce la Françafrique c'est pas bien, et parce qu'à l'Union africaine on parle parfois de démocratie. 27 présidents africains, dont la dizaine d'irréductibles dictateurs patentés des anciennes colonies françaises, viennent montrer à l'Union européenne que la France est toujours une grande puissance avant le Conseil européen sur la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) les 19 et 20 décembre. La politique française en Afrique est en 2013 définie par les conseillés militaires, qui profitent de l'incompétence notoire des socialistes pour leur vendre des stratégies qui garantissent les impunités réciproques. Ce qui se profile après un demi-mandat socialiste sous influence du lobby militaro-industriel, c'est la soumission aux impératifs économiques, autrement dit à l'intérêt des multinationales. Sous couvert de propagande, Hollande fait pire avec Déby au Tchad que Sarkozy avec Khadafi, parce que l'armée française a observé tant que faire se peut les crimes de ce tyran au pouvoir depuis 23 ans, qui a échappé de justesse à la CPI vers 2008-2009, et vient d'être réhabilité à moindre coût dans les sables maliens. Déby vient de déstabiliser la Centrafrique sous l’œil complaisant des observateurs militaires français à Ndjaména et à Bangui, et maintenant l'élève sahélien de Machiavel permet encore à l'armée française de redorer son blason en jouant la pacificatrice. Les journalistes endormis semblent encore croire que Sarkozy était pire que Hollande parce qu'il était méchant avec les sans-papiers et était allergique aux intellectuels. Mais la politique africaine sous influence militaire des socialistes ne peut être que la plus néocoloniale et la plus inspirée de relents racistes. 
Pendant la soirée, une quinzaine d'intervenant-e-s se succèdent devant la présidente du tribunal, le procureur et les 2 avocats du parquet qui défendent brillamment l'Etat français. Le procès est une mise en scène équilibrée qui associe humour et regard critique sévère. Quand arrive la témoin de la Centrafrique, Denise Yakazangba, l'émotion est forte. Le drame que vit son pays est effroyable et l'ironie des avocats s'arrête juste là où il faut. Elle insiste sur la responsabilité du dictateur tchadien extrêmement dangereux, à jouer les pompiers-pyromanes avec le feu orange de Hollande. Le président français se prend pour de Gaulle, quand il ressemble à Mitterrand conseillé par Védrine à quelques pas du génocide rwandais.