Ce samedi, la Maison de l'Afrique et et l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) organise un colloque sur la Centrafrique intitulé "Urgence d'agir!". La première table ronde est assez diplomatique: faut-il parler des deux généraux français en retraite ? Ils était sans doute là pour s'informer car ils ont fait le classique remplissage des conseillés: faire semblant d'être originaux en répétant le discours officiel avec une goutte de critique. Globalement les militaires français cherchent à rester influents et présents en Afrique en formant les armées africaines sur la paix et la sécurité sans se mêler de politique, et donc, sans que l'on touche aux dictateurs (La question de la démocratie ne concerne pas les militaires français tant les dirigeants politiques français ne leurs ont pas dit de s'en préoccuper). Les intervenants centrafricains, Vincent Mambachaka (au chapeau) et Serge Singha (au micro), ont été plus pertinents et percutants pour évoquer l'analyse de la situation, le rôle de certains acteurs, les élections potentielles, l'impunité actuelle. Le rôle de Déby revient constamment dans le débat sans que l'historique ne soit explicité. La dictature tchadienne semble suffisamment solide pour que plus personne ne songe à penser à sa disparition. Si un jour la démocratie devait arriver en Centrafrique ne devrait-elle pas arriver aussi au Tchad ? Serge Singha pense que "le Tchad fait partie du problème": que vient faire l'armée tchadienne dans la MISCA ? Imagine-t-on l'armée rwandaise dans une force d'interposition au Congo Kinshasa?
Dans la deuxième partie, les discussions ont précisé de nombreux points. Suite au départ de Djotodia, qui devrait partir en exil au Bénin, que fera le Conseil National de Transition pour choisir un nouveau président de transition ? Le CNT est très contesté, parce que sur 135 membres, 18 sont des membres de la Séléka maintenant dissoute, et parce que sa légitimité est minimale comme il a été mis en place sous pression de Déby, et parce que les accords de Libreville, correspondant à un cessez-le-feu, ne sont plus valables. Tous les intervenants ne sont pas d'accords, mais il y a des tendances assez fortes. Les conclusions du sommet de Ndjaména ne sont pas acceptables parce que les chefs d'Etat de la région n'ont pas de légitimité pour décider à la place des centrafricains. Surtout Idriss Déby ne doit pas imposer son candidat. Une conférence nationale souveraine, qui pourrait s'appeler d'un autre nom comme 'assises nationales', est proposée par Marie-Reine Hassen, pour rétablir le dialogue en
Centrafrique. Certains intervenants et personnes du public pensent que
la dissolution du Conseil National de Transition est indispensable,
alors que d'autres, minoritaires à ce qu'il m'a semblé, voit le CNT
comme un dernier pôle de stabilité à conserver. Le désarmement est la priorité. Les crimes ne peuvent pas rester impunis, et la CPI, un tribunal spécialisé, ou la justice centrafricaines sont envisagés. Les élections ne pourront pas avoir lieu en 2014, et beaucoup de choses devraient être faites avant ces élections, surtout renforcer l'Etat, remettre en place les services nécessaires à la population. La démocratie et l'Etat de droit qui n'ont jamais existé en RCA pourrait se construire à partir de maintenant. Certains pensent aussi qu'il faudrait redonner une place aux Forces Armées centrafricaines (FACA), actuellement hors-jeu.
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