Le Mouvement Antiraciste Européen EGAM a invité les jeunes à la mairie du 10e pour le lancement de la campagne « Génocide contre les Tutsi : la vérité, maintenant ! ». Après une tribune publiée dans des journaux, une délégation s'est rendue fin juin au Rwanda pour les commémorations des 20 ans des massacres de Bisesero et a décidé d'agir dans la durée.
Participeront à la campagne les Jeunes Socialistes France, les Jeunes Démocrates, les Jeunes Ecologistes, le Mouvement des Jeunes Communistes de France, les Jeunes Radicaux de Gauche, la Fédération Indépendante et Démocratique, Lycéenne – FIDL, SOS Racisme, l’Union des Etudiants Juifs de France – UEJF, l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance Jeunes – UGAB Jeunes, l’Union Nationale des Etudiants de France – UNEF, l’Union Nationale Lycéenne – UNL, les Jeunes Socialistes Belgique, Durde !, Romani Criss, Youth Initiative for Human Rights Serbia – YIHR et Ibuka France.
La grande salle est pleine, au moment où débute la vidéo sur le voyage de la délégation. Arrivant un peu en retard, je manque, au début de la conférence, la prise de parole de l'ancien militaire de l'opération Turquoise Guillaume Ancel.
Les intervenant-e-s représentant toutes les organisations se succèdent au micro, présentant chacun un sujet.
Benjamin Abtan, le président d'EGAM, commence par présenter les objectifs principaux de la campagne: lutter contre le négationnisme, dans une "dynamique qui ira jusqu'à la fin", exiger des "discours clairs", l'ouverture totale des archives, une commission d'enquêtes parlementaire comme en Belgique, des lieux de mémoire. Pour lui, l'enjeu est aussi dans le rapport à l'Afrique, au niveau de la constitution française et de l'action face aux choix des dirigeants.
Un responsable de l'Association des Etudiants Rescapés du Génocide (AERG) intervient en visioconférence depuis Kigali.
Pour les Jeunes Socialistes, Laura Slimani raconte la commémoration des massacres à Bisesero. Les objectifs de Turquoise sont aujourd'hui en question à cause de l'inaction de l'armée française fin juin 1994. Elle évoque les "personnalités socialistes encore vivantes" qui jouent encore un rôle.
Pour SOS Racisme, Blaise Cueco explique le passage de la délégation à Murambi, où Turquoise avait installé son QG. Selon lui, la légion d'honneur de Péan ou l'annulation de la visite de la ministre de la justice française à la commémoration du 7 avril 2014 sont choquantes aussi en raison d'un silence et un isolement qui persistent là-bas.
Un représentant de Youth Initiative for Human Rights Serbia intervient à distance et fait le lien avec le négationnisme sur Srebenica en Serbie.
Pour les Jeunes écologistes, Nina Lejeune insiste sur la nécessité d'ouvrir les archives, militaires et autres, et d'avoir une autre politique qui mette fin au pillage des ressources naturelles.
Noam Meghira de l'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) demande un Mémorial à Paris pour le dialogue des mémoires.
Noam Meghira de l'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) demande un Mémorial à Paris pour le dialogue des mémoires.
Le responsable international de l'Union Nationale des Etudiants de France (UNEF), Habib Gniengue insiste sur l'importance du dialogue entre jeunesse rwandaise et française.
Patrick de Saint-Exupéry intervient comme journaliste et expert de ce dossier. Il souligne que la vérité et le retour à la simplicité des propos doivent servir de base à une nouvelle relation entre les deux pays.
Marian Mandache de Romani Criss intervient en visioconférence pour parler du génocide des Rroms.
Sélim Alexandre Arrad-Baudean, président des Jeunes Radicaux de gauche, propose pour la campagne d'interpeller les élu-e-s et d'informer les militant-e-s.
Eliott Pavia de l'Union Nationale Lycéenne (UNL) fait part du scepticisme des jeunes rwandais exprimés à l'Université de Kigali. Quels poids auront les jeunes français-ses alors que des génocidaires sont encore en liberté en France ?
Le représentant de la Fédération Indépendante et Démocratique, Lycéenne (FIDL), dont j'ai manqué le nom (Steven Nassiri peut-être) souhaite que la FIDL aille maintenant demander que les programmes scolaires soient modifiés pour apprendre aux lycéen-en-s la véritable histoire du génocide, alors que pour l'instant celui-ci est à peine cité.
Alain Ngirinshuti vice-président d'Ibuka France regrette la régression de 2014 au niveau du gouvernement français.
Toujours par internet, Yannick Piquet, pour les Jeunes Socialistes Belgique, raconte les effets très positifs de la commission d'enquête et des excuses officielles en Belgique pour enlever la "chape de plomb".
Thomas (Moïc?) responsable international des Jeunes communistes exprime sa conviction que le futur ne peut s'envisager que par la connaissance du passé: "il faut une prise de conscience pour analyser". Il dénonce le "colonialisme et la Françafrique" qui continuent, ce qui fait toussoter l'animateur. Ainsi, peut-il aussi souligner d'autres horreurs de l'histoire toujours très peu reconnues, comme la guerre française au Cameroun entre 1955 et 1971.
L’intervenante de l'Union Générale Arménienne de Bienfaisance Jeunes parle de la division artificielle entre Hutus et Tutsi, de la nécessité de vivre ensemble entre victime et bourreaux, des séquelles psychologiques, et de la transmission des traumatismes d'une génération à une autre, un point qu'elle précisera pendant le débat. Une seconde personne venue pour le génocide arménien remarque que la vérité permettait de faire progresser la démocratie en Turquie et que le combat pour la vérité sur le Rwanda fait partie d'un "combat universaliste européen".
Pendant le débat, quelques associations disent un mot, le MRAP, la LDH, Survie. Pierre Tartakowski pour la LDH parle de "rapport corrompu au pouvoir et à la démocratie". Un président d'honneur de la Communauté rwandaise de France remarque que la vérité est déjà connue sur la collaboration française avec les génocidaires, que "la complicité est politique", et qu'il faut maintenant l' "aveu de la complicité". Un des fils du politicien Ibni Oumar Mahamat Saleh assassiné par Idriss Déby en 2008 évoque le besoin de justice partout en Afrique. Un représentant de la ville de Dieulefit, qui a inauguré une stèle, et est l'unique ville ayant un jumelage avec une ville au Rwanda se pose des questions sur le peuple français qui pourrait ne pas accepter la vérité. Julien Moisan, responsable des campagnes à Survie, souligne que la demande ouverture des archives ne doit pas laisser croire que la complicité de génocide n'est pas déjà avérée. Selon lui, la question est maintenant de "déterminer le degré de complicité et le rôle des acteurs". Il évoque en particulier les livraisons d'armes.Laura Slimani remarque que des accusations sont énoncées sans que l'on puisse facilement savoir si elles sont vraies ou fausses. Dans le doute, beaucoup d'accusations circulent, et la vérité complète est indispensable.
Benjamin Abtan conclut sur les événements de la campagne à venir et en donnant rendez-vous début avril 2015 au Rwanda pour un second voyage plus étoffé où seront aussi conviés des politiques.
Benjamin Abtan conclut sur les événements de la campagne à venir et en donnant rendez-vous début avril 2015 au Rwanda pour un second voyage plus étoffé où seront aussi conviés des politiques.
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