Faire un blog de photographe, çà peut s'avérer compliqué certains jours, si, au retour, les photos ne correspondent pas aux sujets intéressants. Ce samedi, alors que les tunisien-ne-s votaient ici et là-bas, j'ai démarré à l'Embarcadère, la splendide salle d'Aubervilliers, pour la Semaine de Solidarité Internationale, et je suis ensuite parti assez vite à Saint-Denis au festival Bobines rebelles, organisé par les mêmes personnes que la Dyoniversité, pour voir le film 'Démocratie année Zéro' sur la Tunisie.
Il y avait à Aubervilliers, organisés par les services de la mairie, des stands associatifs et un débat sur l'agriculture avec des associations d'Aubervilliers, tout
cela facile à illustrer par des images classiques. Je m'intéresse à la Semaine
de Solidarité Internationale depuis quelques années: au niveau national, elle aurait pu devenir autre chose, mais elle s'est essoufflée. Elle s'est répandue mais pas étendue, parce qu' "il faut savoir s'étendre sans se répandre" comme disait Gainsbourg, dans le naufrage de l'altermondialisme qui l'inspirait au départ, dans une vague d'activités locales qui s’éloignaient de ses objectifs initiaux. Au niveau local, il y a de grandes idées mais elles ne s'additionnent pas, ne se renforcent pas mutuellement, faute de synthèse politique. En l'absence de travail de lien entre les idées et actions, ça se dépolitise très vite. Etait-il possible de faire mieux? Ce n'est pas sûr.
A la bourse du travail à Saint-Denis, la moitié des films étaient annulés à cause d'un problème dans la réservation des salles. Heureusement, le film sur la Tunisie était toujours programmé. Le réalisateur, Christophe Cotteret, était là, mais devait repartir pendant le film, et il ne pouvait pas y avoir de débat, et pas de débat photographiable. Je suis sorti enthousiaste de la jolie salle de projection. J'avais vu le seul et unique film qui traite des luttes sociales,
d'une révolution, d'une transition
démocratique, des élections, et ce film ne se trompait pas dans les analyses et le commentaire: un très bon film qui mérite d'être soutenu.
Alors, je me suis fait inviter à manger par les organisateurs du festival Bobines rebelles, dans leur local, dans
leur local qui sert aussi pour leur AMAP, merci... Devant nos assiettes de riz pour végétarien, je suis arrivé à parler de Franck Lepage avec mon voisin de table. Franck Lepage, très connu pour ses conférences gesticulées, est un artiste qui a beaucoup inspiré la Dyoniversité au départ. Dans son spectacle sur la culture, il explique qu'une municipalité finance plus facilement un atelier rap où les jeunes insultent la police qu'un atelier qui aide à l'analyse politique. Par défaut de réflexion, la solidarité internationale se confond assez souvent avec l'animation socio-culturelle. Pourquoi
pas ? mais il faut en être conscient. Nous étions d'accord.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire