J'hésite à me rendre aux Journées européennes du patrimoine à Aubervilliers. Il y a des jardins à visiter, mais c'est assez classique. Le mécréant que je suis, est pourtant curieux de mieux connaître l'histoire de l'église Notre Dame des Vertus, parce qu'elle est belle. L'an passé, déjà, j'avais apprécié de connaître l'histoire de l'ouvrier libertaire accusé de l'incendie du 15-16 avril 1900, celle de Léon Jouhaux, le syndicaliste CGT créateur de FO, qui finit ensuite Prix Nobel de la Paix. La visite est aujourd'hui plus basée sur l'architecture et l'histoire ancienne.
Alain Desplanques, ci-dessous, ancien professeur d'histoire dans les lycées de la ville, présente le bâtiment, avec l'aide d'un texte de l'historien Jacques Dessain, ci-dessus, présent également pour ajouter quelques commentaires érudits, sur les alentours de l'église, une passerelle disparue entre des bâtiments, un prêtre qui habitait là où se trouve la librairie, etc...
Alain Desplanques insiste sur la construction par étapes de l'église depuis le XVe siècle, à l'époque du roi Charles VII. Il y a du style gothique (XVe), du style Renaissance (ajout du clocher au XvIe) puis du style jésuite, lié à l'église de Gesù à Rome (ajout de la façade côté mairie avec les 2 portes et l'orgue). L'édifice doit régulièrement être rénové parce qu'il n'est pas en pierre de taille, ce qui fait qu'il a coûté régulièrement de l'argent à la ville, malgré le passage en monument historique après l'incendie.
Dans les vitraux, on trouve une évocation de la contre-réforme de la 2e moitié du XVIIe siècle, quand les catholiques construisirent et améliorèrent les églises pour récupérer des fidèles après la percée protestante. Un autre vitrail présente les 70 000 messes qui auraient été dites par 2 000 prêtres pendant la guerre 14-18. Un détail amusant, c'est dans le vitrail principal au dessus de l'hôtel, un symbole franc-maçon qui a été effacé.
La visite de l'église terminée, je suis grégairement le groupe jusqu'à l'hôtel de ville en face, où une personne travaillant aux archives de la mairie nous présente l'histoire de la guerre 14-18 à Aubervilliers. L'exposition présente des spécificités locales: le départ à la guerre, le patriotisme, le travail des femmes dans la couture, la reconversion des usines, les bombardements surtout en 1918 mais qui commencèrent dès 1914, les hôpitaux et les blessés, les correspondances avec les poilus, l'alimentation, ... L'affiche sur l'armée de l'Afrique n'a pas grand chose à voir avec le reste de l'exposition.
L'essentiel arrive à la fin et se discute devant le monument du sculpteur Cipriani, le bilan des morts de la guerre. Le monument aux morts situé dans la mairie indique 1761 noms. Je suis étonné: Aubervilliers n'est pas la Bretagne avec ses paysans non francophones qui furent utilisés comme de la chair à canon. La présentatrice confirme que le taux à Aubervilliers est 2 fois supérieur à la moyenne nationale et qu'un cinquième des soldats ne sont pas rentrés vivants. Par quel mystère?
Un second archiviste donne quelques explications: la ville était très ouvrière et paysanne et ces catégories professionnelles furent défavorisées dans l'infanterie. Certaines personnes étaient des provinciaux, migrants de l'époque, venus travailler à Aubervilliers et quelques'unes furent comptabilisés dans leur lieu de naissance et ici. Il y a par ailleurs une répartition aléatoire qui n'a pas été favorable à la ville. Cela reste à éclaircir.
Un second archiviste donne quelques explications: la ville était très ouvrière et paysanne et ces catégories professionnelles furent défavorisées dans l'infanterie. Certaines personnes étaient des provinciaux, migrants de l'époque, venus travailler à Aubervilliers et quelques'unes furent comptabilisés dans leur lieu de naissance et ici. Il y a par ailleurs une répartition aléatoire qui n'a pas été favorable à la ville. Cela reste à éclaircir.
Le débat s'élargit un peu quand un ancien combattant de la guerre d'Algérie signale qu'il est toujours impossible d'aller parler de cette autre guerre en Seine-Saint-Denis, parce que le rectorat bloque en arguant de la présence trop nombreuse des personnes d'origine algérienne. Je remarque alors que les problèmes des archives de la préfecture de police de Paris pour 17 octobre 1961 n'est pas réglé, on me dit que ça se serait amélioré en 2013, mais j'en doute fortement sachant que la question est politiquement très sensible (et après vérification, cela reste très loin du compte). Cette légère polémique nous fait sortir un peu d'une pensée présentée comme consensuelle dans les événements financés par le ministère de la Défense, même si ce n'était pas le but.
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