dimanche 15 février 2015

14 février 2015, Paris 18e, déjà 7 ans depuis la mort d'Ibni Oumar

Depuis la disparition du professeur Ibni Oumar Mahamat Saleh le 3 février 2008, Idriss Déby est accusé d'être derrière la mort de son principal opposant. Ce samedi, au siège du Parti de Gauche, à Paris, la famille du professeur, ses fils, organisent une commémoration où sont surtout invités des tchadien-ne-s. Une vidéo montre le soutien de nombreux jeunes socialistes réuni-e-s à Malte en 2014 par l'Union internationale de la jeunesse socialiste. Comme une trentaine de représentants jeunes socialistes du monde entier, Laura Slimani des MJS, Benjamin Abtan d'Egam, ou encore Thomas Maes, secrétaire générale des Jeunes socialistes européens, se sont exprimé-e-s pour la défendre la justice sur l'affaire et la démocratie au Tchad. Pendant l'échange qui suit la vidéo, un point rapide est fait sur les procès en cours: le juge parisien prévoit des auditions et des commissions rogatoires au Tchad.
Avant 2012, le Parti socialiste dans son ensemble, ou presque, soutenait la cause de la Vérité et de la justice pour Ibni Oumar. En 2013, suite à la guerre au Mali, la présidence française et le gouvernement, avec en première ligne Jean-Yves Le Drian, ont tenté une véritable réhabilitation internationale d'Idriss Déby, considéré comme utile militairement, au milieu du Soudan, de la Libye, du Mali, du Nigéria, de la Centrafrique (dossier), chef d'Etat du pays stable, stabilisé par l'armée française, la DGSE l'ayant placé au pouvoir en 1990, au milieu des pays instables. Seuls quelques sénateuts socialistes soutiennent encore le combat et demande une Commission d'enquête en France, qui ne risque pas vraiment d'arriver, malgré, ou au contraire en raison, des témoins de l'armée française, dont le colonel Jean-Marc Gadoullet.
Avec la guerre au Nigéria, et Idriss Déby en tête de la coalition africaine contre Boko Haram, l'opposition tchadienne a de nouveau du mal à se faire entendre sur l'état social délabré du pays, et la répression de cette pire dictature des ex-colonies françaises. Le gouvernement français n'a pas encore montré une quelconque volonté de séparer les domaines de "la Paix et la sécurité" et de "la Démocratie et l'Etat de Droit". La politique européenne semble encore soumise à la logique française. Pour l'instant, la communauté internationale a choisi uniquement la coopération militaire au dépens de la population tchadienne, au lieu d'exiger que Déby accepte la possibilité pour l'opposition de s'organiser, la liberté d'expression, et, des processus électoraux crédibles. Même si un soutien de la démocratisation existe, il est loin d'être suffisant pour rendre possible la liberté et une alternance.
En attendant mieux, le Tchad vit toujours en étant considéré comme une zone militaire à gérer à la mode néocoloniale et françafricaine. L'inertie et l'incurie française, tout comme l'historique de l'impunité, entretiennent un cercle vicieux au Tchad, qui ne peut pas progresser dans un processus de démocratisation. La population soufre et essaye d'oublier.

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