C'est
en juin 2019 que doit s'ouvrir le Campus
Condorcet, dont près des trois quarts seront à Aubervilliers
près du Métro Front populaire, et dont le quatrième quart sera
Porte de la Chapelle à Paris. Un dernier bout, la MSH existe déjà
à Saint-Denis sur le site du Front populaire. Le campus en sciences
humaines et sociales abritera 18 ou 19000 étudiant-e-s et 3500
chercheur-se-s. Il sera l'un des plus grand d'Europe. Le site
regroupera 4000 étudiant-e- au niveau licence, 4100 au niveau
master, 4800 doctorant-e-s, et 4200 enseignant-e-s chercheur-se-s.
Les
responsables sont invités par la Mairie d'Aubervilliers pour
présenter le Campus. Sont présents, aux côtés de Silvère
Rozenberg, conseiller municipal déléguéà
l'Urbanisme,
Jean-Marc Bonnisseau et David Bérinque, respectivement Président
et Directeur général du Campus Condorcet.
Selon
eux, les recherches en sciences humaines et sociales doivent servir à
aider à éviter des dérives liées à l'ignorance, aider à la
décision, par exemple dans le domaine des migrations. L'idée est
partie en 2007, du projet de déplacement de l'EHESS, et, il y avait
pénurie d'espace pour les chercheur en intra muros.
Aubervilliers
a donné le foncier. Le premier ministre a
confirmé le projet en 2015. La région Ile-de-France a la
maîtrise d'ouvrage pour certains bâtiments, mais l'essentiel sera
géré en Partenariat Public Privé (PPP). Le contrat PPP, à
Aubervilliers seulement, a été décidé en 2012. L'Etat paiera
pendant 25 ans, un loyer à des sociétés privées. Les contrats
ont été signés en 2016 avec, entre autres, Vinci
pour la construction et Engie
Cofely pour l'exploitation.
Les
architectes principaux seront Elizabeth et Christian de Portzamparc,
en particulier pour la bibliothèque de 14 millions d'ouvrages. Le
campus abritera en plus des universités 1, 8 et 13, le CNRS, l'École
des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), l'Institut National
d’Études Démographiques (INED), l'École Pratique des Hautes
Études, l'École Nationale des Chartes. Il participera à la
ville, sera ouvert sur la ville, sans aucune clôture. Plusieurs
bâtiments seront ouverts au public en journée, en particulier le
rez-de-chaussée de la bibliothèque. Un centre de colloques attirera
du monde. Quelques bâtiments seront très hauts, par exemple la Cité
universitaire de 17 étages, en respectant 40% d'espace au sol
libres, dont 20% végétalisés. Le tramway T8 pourrait un jour être
prolongé depuis Porte de Paris. Plaine
Commune investit 4 millions dans l'aménagement des rues, en zone
30. Beaucoup de place sera accordée aux piétons et aux vélos.
D'octobre
à décembre 2016, des rencontres citoyennes ont permis de définir
24 engagements négociés entre mairie et campus, dont des
plantations d'arbres ou une priorité dans l'accès aux femmes à
l'espace public. Abderahim Hafidi,
conseiller
municipal chargé de la Coopération
internationale, de la Vie universitaire, et du Campus Condorcet
Paris-Aubervilliers souligne la dimension nationale et mondiale du
pôle universitaire.
La
salle demande ensuite des précisions. Quelques personnes ont des
inquiétudes concernant le très haut bâtiment et d'autres
concernant le lien entre le campus et la ville. Est-ce que les routes
et chemins à pied et en vélo vont être amélioré-e-s? La question
se pose à peine car la campus arrivera en même temps que le métro.
Cependant, l'aménagement du canal est encore à travailler, il est
question de nouvelles passerelles. Le logement autour du campus
créera aussi du lien. Catherine, chercheuse engagée, reconnaît que
les professeurs auront au début peur de venir. Il reste aussi une
prairie dont l'usage n'a pas encore été défini. Une personne
demande des garanties pour des emplois en local. Une autre semble en
vouloir aux mécaniciens en plein air. On lui répond qu'il y a des
amendes. Un élu répond sur l'attractivité de la ville mais se
'trompe' selon mes critères dans ses références à des lieux,
prouvant qu'il y a encore du travail à faire là-aussi.
Le
débat est un peu frileux, clivé, sans enthousiasme, comme si
plusieurs mondes se parlaient pour la première fois, le savoir, la
parole facile, et l'argent d'un côté, des habitants peu habitués
aux grands projets et aux grands discours, de l'autre, comme si une
nouvelle réalité décalée s'inscrivait dans un espace par
surprise. Qui est le plus intimidé ? Les cités de banlieue ne
sont pas évoquées explicitement. Les élu-e-s locaux font leur
maximum pour faire le trait d'union.
Quant
à moi, en tant qu'habitant-chercheur
en sciences politiques, en plus d'être journaliste-blogueur, je
suis pour l'instant enthousiaste ! Au lieu que j'aille
à l'Ehess, l'Ehess va venir près de chez moi, à 1 minute en
métro de ma porte, merveilleux ! Une grande bibliothèque sera
juste à côté. Il y aura des conférences. Il y aura des jeunes
dans la ville, plus de vie, de débats intellectuels. Évidemment, on
ne pas prévoir exactement comment cela va tourner, mais cela sera
très intéressant d'observer les choses et sans doutes les mélanges
de genres à venir. A suivre...
Régis
Marzin, article écrit et publié le 2 mars 2017
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