Le début du festival Rhizomes est pour certain-e-s
connaisseur-se-s averti-e-s le début des activités d’été parisiennes. C’est
gratuit, à taille humaine, garanti sans trop de touristes, lié à des quartiers
et au 18e, un arrondissement à forte personnalité, comme l’exprimait
si bien il y a 20 ans la chanson de FFF, ‘Barbès’.
Le premier concert de la journée, la fanfare balkanique est au
milieu d’une première fête de quartier, la fête du mail Binet. Je crois y
arriver une heure en retard, mais l’horaire a été décalé de 2 heures, et, comme,
je n’ai regardé que le programme papier, je ne le sais pas, et je file à la
goutte d’or. Là, Rhizomes se mêle à la Fête de la
Goutte d’or au square Léon. Sont prévus là, 4 groupes, dont seul le dernier
a été programmé par l’équipe de Rhizomes.
Vers 17h, la fête est encore celle des enfants, des jeux, du
maquillage, des petites piscines. Des dizaines de bénévoles se bougent un peu
partout, bien visibles avec leur T-shirt orange. Beaucoup de jeunes parents se baladent
avec leurs bébés. De superbes boubous mettent de la couleur. Le décor est
magnifique, un peu de verdure au milieu de quelques immeubles. Il fait aussi
très chaud.
Le premier groupe fait bien la liaison avec les concerts
suivants. La musique se limite à une percussion africaine, authentique. Deux
chanteurs racontent une histoire que peuvent comprendre les enfants, même si
elle est dure. L’histoire est celle d’un jeune qui perd sa mère en 2002 dans
les combats en Côte d’Ivoire et qui fuit pour
survivre, se rend d’abord au Nigéria, puis au Cameroun. Il traverse ensuite
le désert pour arriver en Libye où il est victime de mauvais
traitements. Un jour, il est là à Paris.
Ensuite, le deuxième groupe est un groupe du quartier, Ameth Sissoko et le Sara Yaa
Band, de la musique du d’Afrique de l’Ouest avec un accordéon. Le troisième
groupe est un groupe d’Afrobeat très dansant, Climax Orchestra et MoDJ. On est presque
synchro avec Manu qui est allé sentir les odeurs de la salle
de Féla Kuti. La foule s’agite de plus en plus, on est dans une ambiance de
festival d’été, une peu comme à la plage. Beaucoup se ballade bière ou frites à
la main. On n’est pas à
Auber, ici.
La nuit tombe. Sofiane Saidi & Mazalda arrive enfin. Les
musiciens se chauffent et chauffent le public petit à petit. Ça monte. Deux
choristes rejoignent le groupe sur scène, et la chaleur augmente encore. Cela s’arrête
un peu tôt juste avant minuit mais tout le monde est heureux. Le chanteur dit
qu’il n’a jamais eu faim quand il vécu sans le sou à la Goutte d’Or et que ce
qu’il vient de nous offrir n’est rien par rapport à ce que lui a offert le
quartier.
Régis Marzin
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