dimanche 27 janvier 2019

27 janvier 2019, Plaine Saint-Denis, solidarité avec le Soudan

Ce dimanche, en fin d’après-midi, a lieu une soirée de solidarité avec le Soudan dans le squat Landy Sauvage à la Plaine Saint-Denis, près de Paris. Les organisateur-trice-s, des « jeunes », ont prévu au programme une exposition sur les manifestations, des projections, un débat, et un concert d'artistes soudanais en exil. Dans la salle sont venu-e-s environ 150 personnes, malgré la pluie et le froid. L’ambiance est détendue et la motivation forte. Le slogan du jour est « Dégage ! », un résumé de « Just fall, that is all! », traduction du slogan arabe en anglais par le New-York times.
Au débat, le journaliste Rashid Saeed présente la situation. Cela fait « maintenant 6 semaines, que la jeunesse est dan la rue pour demander le départ du régime », un régime basé depuis 1989 sur une alliance entre une branche des Frères musulmans et des officiers de l’armée. C’est le premier soulèvement, la première lutte qui réunissent de nouveaux éléments : « Premièrement, tout le Soudan est concerné, cela se passe partout dans le pays. Deuxièmement, c’est la jeunesse qui organise et dicte les slogans. Troisièmement, il y a un leadership unifié grâce à l’Association des professionnels soudanais ».
Selon lui, toutes l’opposition est réunie, dans trois blocs : Appel du Soudan (Sudan Call), dont fait partie le parti Umma et des mouvements de rebelles, les Forces du consensus national, les partis plus à gauche, et les Unionistes, les partis plus traditionnels et à droite.
La lutte n’est pas soutenue par des pays étrangers. Le journaliste signale l’arrivée d'El-Beshir au Caire aujourd’hui en même temps qu’Emmanuel Macron et s’en inquiète.
Après le débat, Rashid Saeed me confirme que la lutte sociale est maintenant « derrière eux » parce que le but est maintenant le départ d’Omar El-Beshir. Il revient sur la question de la limitation du nombre de mandats. Depuis 30 ans, Omar El-Beshir a déjà fait 6 mandats. Peu de gens se souviennent que la constitution de 2005, lié à la guerre avec le Soudan du sud, contient un article, l’article 57, limitant à 2 le nombre de mandats. Il a déjà réussi à remettre son compteur à zéro en 2010, comme l’avait fait Blaise Compaoré en 2000 mais doit partir en 2020. Comme au Burkina Faso, il y a déjà eu plusieurs étapes pour arriver au stade d’une suppression de la limite, et, pour le peuple, la coupe est pleine au niveau du nombre de mandats.  
Le plan d’Omar El-Beshir était d’amender la constitution en janvier pour pouvoir se représenter en 2020. La discussion sur cet amendement au parlement a été reporté au mois de mai à cause des manifestations. Ensuite, le président pourrait être en difficulté, car la procédure d’amendement nécessite plusieurs mois. Son parti, le Congrès national, a peur de perdre les élections. Plusieurs scénarios sont possibles : soit, son parti l’oblige à abandonner, soit, par la force, les manifestions sont arrêtées et la réforme de la constitution passe en mai.
L’Association des professionnels soudanais, composés des diplômés, dont des médecins ou des ingénieurs, demande « le départ d’El-Beshir et une transition en quatre ans, autour d’un gouvernement intérimaire ». Les Frères musulmans sont maintenant divisés et l’armée reste soudée autour de son chef.
Cette semaine, les manifestations continuent malgré la répression féroce, les morts et les arrestations. Et à Paris, demain lundi à 19h30, la mobilisation se poursuit à la mairie du 9ème (6, rue Drouot, Salle Rossini, Métro Richelieu-Drouot) dans une grande soirée autour des associations Collectif Urgence Darfour et Espoir d’ici et d’ailleurs.
Régis Marzin
27 janvier 2019

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