Il est toujours bon de passer à République voir s’il s’y
passe quelque chose. Allant voir à la Fondation cartier Bresson à côté, une
exposition du sud-africain Guy
Tillim et sortant au Métro République, je tombe sur un
rassemblement d’algérien-ne-s de la diaspora, autour d’un millier de personnes.
J’écoute sans prendre de notes. Je remarque les hommages à Kamel
Eddine Fekhar, le militant des droits humains mort en détention pendant sa grève
de la faim.
Il y a des stands et 5 sonos. Chaque sono sert pour
une « agora ». Une agora montée sur un spot de skate-board attire
plus mon attention. Les orateur-trice-s ont droit chacun-e à trois minutes pour
faire passer un message, jusqu’à la fermeture négociée avec la préfecture à 18h.
On y parle en arabe et en français, parfois mélangés dans une même phrase, et
je ne comprends pas toujours.
Un premier orateur répète : « la phase de contestation
est terminée, nous passons en phase de négociation ». Vers midi, le
Conseil constitutionnel vient de juger la présidentielle impossible à organiser
le 4 juillet. Des orateurs crient victoire. L’idée d’une nouvelle élection plus
tard est rejetée. Un autre orateur dénonce la volonté du pouvoir de gagner du
temps pour empêcher le changement de système. Il demande d’arrêter de suivre la
constitution.
Quelqu’un parle de la nécessité d’une transition qui
ne soit pas dirigée par une armée de 150 000 hommes « au garde-à-vous »
et 150 000 autres hommes de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Une
oratrice finale explique que cela ne sert à rien de demander le départ du chef
d’Etat-major de l’armée car la priorité devrait être, selon elle, de faire des
propositions sur l’organisation d’une transition qui ne durerait pas trop
longtemps pour éviter une faillite économique. Le Venezuela est cité dans une
phrase en arabe, sans doute comme scénario à éviter. Il est aussi question d’avoir
des représentants, dans l’« élite », un point applaudi. Pour terminer
un homme intervient 30 secondes en posant une dernière question : « Pourquoi
ne parle-t-on de fédéralisme qu’en Kabylie ? ».
Les derniers inscrit-e-s doivent revenir la semaine
suivante. Je récupère un tract du collectif « Libérons l’Algérie ». Une
« marche populaire » aura lieu le dimanche 16 juin à 14h de
République à Nation « pour un changement radical de système, l’arrêt des
arrestations arbitraires, la libération des détenus d’opinion, la dissolution
du FLN et de tous les appareils du régime, une transition pacifique et démocratique,
un processus constituant, une justice indépendante ».
De l’autre côté de la statue de Marianne, 200 à 300
comorien-ne-s manifestent contre la dictature
dans leur pays. Les Comores replongent dans la dictature quand les algérien-ne-s
tentent d’en sortir par une révolution.
Régis Marzin
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