dimanche 16 mars 2014

16 mars 2014, Aubervilliers, Elf la pompe Afrique

La pièce "Elf la pompe Afrique" se joue une dernière fois ce dimanche au théâtre de la Commune d'Aubervilliers. L'acteur-auteur-metteur en scène Nicolas Lambert raconte le procès d'Elf en 2003. Il a passé à l'époque 4 mois à écouter les audiences. Seul sur scène, il joue les rôles de Tarallo, Sirven, Le Floc'h-Prigent, Guelfy, le procureur, l'avocat de la défense, le procureur, le juge.
Je vois la pièce pour la 4e fois, je crois. Je croyais bien comprendre, mais j'avais déjà un peu oublié certaines subtilités. Elf était au cœur de la Françafrique jusqu'à sa vente à Total en 1999. La justice s'est contenté de faire payer Tarallo, Sirven, et Le Floc'h-Prigent, sans toucher aux présidents africains et aux politiciens français, qui récupéraient l'argent d'Elf en millions de francs, que ce soit pour les partis, ou pour des personnes.
Le système néocolonial français a su lâcher du lest pour se maintenir, après avoir trop usé d'une méthode, ou être tombé sur un os. La justice est à double tranchant, elle a permis de faire reculer la criminalité, mais elle a aussi faciliter des espèces d'auto-amnisties qui ont permis que la Françafrique continue et s'adapte. De même, la mission d'information parlementaire en 1998 sur le génocide des Tutsi du Rwanda a permis de faire avancer la vérité mais a aussi fait croire que le dossier de l'implication française pouvait être considéré comme clos, sans qu'il soit visible qu'un écran de fumée provenant des dirigeants français impliqués comme complices du génocide se créait simultanément.
Ces deux gros dossiers qui ont fait ou font trembler la République ont en commun la protection réciproque que s'accordent les partis de gouvernements impliqués. Depuis, les informations continuent de sortir au compte-goutte. Je viens de commencer le livre d'Antoine Glaser, AfricaFrance, dont je trouve la thèse principale inacceptable et simpliste, sur l'inversion du sens de la relation de domination, et j'y trouve quelques détails, dont celui-ci sur les amis français d'Omar Bongo, Dumas, Pasqua, ou Fabius : "À gauche, c'est surtout Laurent Fabius qui trouvait grâce à ses yeux : 'Il est vraiment intelligent celui-là' disait-il." (p41) Dans un chapitre qui évoque longuement les valises de billets, les choses se disent entre les lignes. Ali Bongo a récupéré les dossiers et cassettes vidéos de son père, et la relation de 'chantage potentiel' est toujours présente. Même si Elf a disparu et si les contrats de partage de production rapportent maintenant plus d'argent au Gabon et au Congo Brazzaville, les dysfonctionnements des institutions françaises liés au pétrole perdurent. Laurent Fabius est considéré comme le gardien du temple actuel de la Françafrique, assisté de Jean-Yves Le Drian qui, lui, accompagne brillamment la relance de la Françafrique sous influence de l'armée française.

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