Le 31 juillet se réunissaient à Lomé, les présidents des
pays de la CEDEAO. La date était attendue depuis au moins 2 mois puisqu’il devait
y être annoncée une ‘feuille de route’ pour le Togo. Hier, la déclaration de la CEDEAO
a évoqué une liste de recommandations : une poursuite du dialogue, une
amélioration du cadre électoral, un renforcement du processus électoral au
travers de la révision du fichier électoral, un objectif de législatives avant
le 20 décembre, une recomposition de la Cour constitutionnelle, la limitation à
2 mandats présidentiels, des scrutins à 2 tours, des mesures d’apaisement, des
réformes par voie parlementaire pour commencer, la mise en place d’un comité de
suivi.
A Paris, la Coalition de la diaspora togolaise pour
l'alternance et la démocratie (CODITOGO) a organisé une conférence de presse le
lendemain pour en parler. Y Interviennent, Raymond Ayivi, vice-coordinateur, et
Théo Agopomé, Commissaire Lobbying et Diplomatie.
En introduction, Raymond Ayivi précise que le Coditogo a été
créé le 9 décembre 2017 et regroupe maintenant 18 associations de diaspora en France,
aux USA, au Canada, au Sénégal, au Ghana, en Côte d’Ivoire. Son équipe
dirigeante a été mise en place à Dakar début mars 2018.
Théo Agopomé explique que la CEDEAO a tenu compte des
rapports des médiateurs Alpha Condé et Nana Akufo-Addo. Selon lui, Faure
Gnassingbé essaye d’utiliser le dialogue pour se maintenir. Une transition avec
gouvernement de transition était proposée par la coalition des 14 partis d’opposition
(C14) – et par le Coditogo – et ce scénario a été totalement écarté. (ajout du 2.8 : communiqué
de la C14 du 1.8)
Raymond Ayivi admet que « les recommandations ne sont
pas à la hauteur des enjeux et ne rencontrent pas les attentes des togolais »
qui souhaitent « une rupture avec un système de gouvernement en place
depuis 52 ans ». De manière imagée, « la montagne a accouché d’une
souris ». Selon lui, la feuille de route, qui ressemble plus à « une
déclaration de bonne intention », ramène en septembre 2017. Pour Théo
Agopomé, les recommandations n’ont pas été « juridiquement » étudiées,
leur « faisabilité n’a pas été vérifié ». Le compte n’y est pas, même
au niveau des mesures d’apaisement.
Surtout, concernant la limitation du nombre de mandats, « les
chefs d’Etats de la Cedeao n’ont pas abordé le cœur du débat », à savoir la
remise à zéro du compteur de mandats voulu par Faure Gnassingbé pour tenter
de se présenter une 4e fois en 2020, un scénario totalement rejeté
par les manifestants depuis le début de la crise.
Sur la date du 20 décembre pour les législatives, le
Coditogo y voit pour y arriver une « quadrature du cercle ». Par
exemple, sans réforme de la Commission électorale (Ceni), des élections correctes sont impossibles. Le
recensement prendra du temps. Le vote de la diaspora, exigé par l’opposition,
ne sera pas mis en place. Le problème du redécoupage des circonscriptions – car
actuellement, « les électeurs de la région du Plateau pèsent 2 fois plus que
les électeurs de la région maritime », au niveau du nombre d’électeurs par
député – ne sera pas traité alors que le découpage électoral déséquilibré pourrait
faire basculer la majorité du côté d’Unir en étant loin d’une majorité d’électeurs.
Sur le comité de suivi – pouvoir, C14, commission de la
Cedeao et représentant des 2 médiateurs – le Coditogo souhaite attendre la mise
en œuvre et voir le fonctionnement. Les incertitudes persistent sur le droit de
manifester particulièrement remis en cause depuis le début du dialogue, qui « devait
durer 15 jours » et dure depuis 6 mois.
Je questionne les intervenants sur l’autre sommet à Lomé, la
veille, le 30 juillet, le
sommet conjoint CEDEAO-CEEAC, sur la paix et la sécurité, avec les
présidents d’Afrique centrale. Le 27 juin, Faure Gnassingbé était allé voir
Buhari et, en sortant, a annoncé ce sommet surprise. De nombreux dictateurs
étaient donc à Lomé la veille du sommet de la Cedeao, entre autres, Ali Bongo
Ondimba et Denis
Sassou Nguesso, un ami et soutien du dictateur togolais. Paul Biya a refusé de
venir. Cela visait aussi à cacher l’actualité de la crise togolaise par d’autres
actualités.
Le Coditogo souhaite continuer à mobiliser et lance un appel
au peuple togolais et à la jeunesse africaine. Malgré la déception face aux
recommandations de la Cedeao, Raymond Ayivi reste optimiste sur la victoire au
bout du processus. Il pense que « la population va continuer de manifester
et de réclamer ses droits ». Il envisage, lui, « des législatives et
une présidentielle couplées à l’horizon 2020 ».
Régis Marzin
Compte-rendu du 1er août 2018
Ajout du 2.8 à 10h30 : communiqué de la C14 du 1.8 reçu par mail le 2.8 à 9h50
Ajout du 2.8 à 10h30 : communiqué de la C14 du 1.8 reçu par mail le 2.8 à 9h50
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