Le festival Villes des musiques du monde
annonce quatre
jours d’animations gratuites au mois de juillet, dans l’enceinte fortifiée
du Fort d’Aubervilliers. Le concert du groupe Ali Amran est sans doute le
moment fort de la programmation. Une grande et vieille halle sans murs se
dresse au milieu de terrains vides, plus ou moins en chantier, entourés d’une muraille datant
de 1843.
Avant le concert, Kamel Dafri, le directeur du Festival
explique, que son équipe est chargée d’animer ce lieu qui s’inaugure cet été, d’en faire un lieu ouvert.
La maire d’Aubervilliers, Meriem Derkaoui explique que, bientôt ,la zone du fort
deviendra un nouveau quartier, une ville dans la ville, avec des logements et la
piscine olympique. Depuis 2013, il est prévu un
écoquartier.
Dans le public d’environ 500 personnes, se remarque les drapeaux
kabyles. Cela me rappelle Idir à l’inauguration
de la salle de concert l’Embarcadère, fin 2013. Je ne comprends pas les
textes en arabe.
Mon attention est assez vite attirée par le guitariste à
droite. Il a un port de guitare élancé, dynamique qui reflète un bonheur de
jouer, de jouer du rock, de manière détendue, à fond.
Le public abrité derrière une rangée de fauteuil à 7-8 mètres
de la scène est stoïque, timide dans son absence de mouvements. Un homme à côté
de moi se chamaille avec un autre qui est venu filmer devant lui. Je n’ai
jamais vu un tel calme dans un concert rock. Le contraste avec la scène est
flagrant. Après 20 ou 30 minutes Ali Amran annonce une chanson qui dit « levez-vous ».
Il exprime son soutien à la révolution algérienne contre un régime vieux de
soixante ans. Le public approuve mais ne se rapproche pas. Je fais des photos
de la droite de la scène et j’attends la fin.
Le public connaît les chansons. Il doit y avoir des tubes
plus anciens et plus connus. Quand commence l’un d’entre eux, cinq ou six hommes
se mettent à danser avec fougue dans l’espace vide devant la scène. Il y a
parmi eux un jeune homme qui me semble hémiplégique. Il chantait et, maintenant,
il danse en chantant, dans une joie extrême. Puis quelques femmes se rapprochent
et se lancent, puis d’autres encore. Bientôt, il y a 400 personnes en furie devant
la scène. Ça monte sur scène, un homme slame. Cela dure 15 ou 20 minutes, puis
le concert se termine.
Près de moi, un homme très sympathique regardait à la fois
le concert et un match de foot sur son portable. De retour dans la rue, les
voitures klaxonnent. Je comprends, que l’Algérie a gagné au foot, en Egypte,
dans la pire dictature d’Afrique. Jamais, la recette romaine du pain et des
jeux n’a autant caché de souffrances. Au carrefour de quatre chemins, un embouteillage
se crée. Les bus contournent la zone. En marchant, j’observe au milieu des
voitures, un policier avec un fusil d’assaut, une scène incongrue au milieu du
bonheur de ce début d’été.
Régis Marzin
8 juillet 2019
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