La Fête de l’Huma commence cette année au Village
du monde par une soirée de solidarité avec le peuple algérien, en lutte très
active pour la démocratie depuis 7 mois. La soirée du vendredi à l’Espace débat
du village est organisée avec l’aide du collectif Agir pour le
changement démocratique en Algérie (ACDA) et le festival Racont’Arts. Les
intervenant-e-s du débat « Vers une Algérie libre et démocratique »
sont de gauche à droite Sanhadja Akrouf San Akhrouf, militante féministe et représentante
de l’ACDA, Kheireddine Lardjam, metteur en scène, Malek Bensmail, réalisateur,
Sarah Haidar, romancière, Yanis Adjlia, du Mouvement des Brassards rouges de
Bejaïa, Latifa Madani, animatrice, Denis Martinez, peintre et Rosa
Moussaoui, journaliste à l’Humanité.
Rosa Moussaoui dénonce un processus électoral qui pourrait être imposé par l’armée aux manifestants (le dimanche soir une date est fixée au 12 décembre). Sanhadja Akrouf, également organisatrice avec l’ACDA des rassemblements du dimanche à République à Paris, rappelle que la « liberté a été confisquée par le parti unique depuis 1988 » et que Abdelaziz Bouteflika a voulu « humilier » le peuple par un cinquième mandat. Elle indique que l’élection est impossible tant que des prisonniers politiques restent enfermés. Elle insiste sur la défaite certaine du peuple si une élection est organisée pour départager « ceux qui reçoivent de l’argent du pouvoir ou de l’Arabie saoudite ». Elle demande au contraire du temps pour « construire un projet », pour régler des questions comme celle du soutien à l’armée par peur de l’islam, maintenant que « les partis d’opposition se parlent ».
L’idée d’une constituante est évoquée et il est annoncé qu’un débat aura lieu le 20 septembre à la LDH sur le sujet. La distinction entre « intérieur et extérieur » de l’Algérie est faite quand est signalé le rejet de l’ingérence extérieure. Pour Sanhadja Akrouf, la diaspora en France est « à l’intérieur ». Elle souhaite que « Macron lâche » le pouvoir algérien. Quelqu’un pense que « la religion a remplacé la culture » et que « mettre les gens à la mosquée était le plus facile ». Malek Bensmail reconnaît que l’« on a torpillé la culture ». Rosa Moussaoui revient, elle aussi, sur le dialogue des partis d’opposition si essentiel. Yanis Adjlia conclut sur l’espoir « qui est permis » alors que « la révolution était inimaginable avant ».
Rosa Moussaoui dénonce un processus électoral qui pourrait être imposé par l’armée aux manifestants (le dimanche soir une date est fixée au 12 décembre). Sanhadja Akrouf, également organisatrice avec l’ACDA des rassemblements du dimanche à République à Paris, rappelle que la « liberté a été confisquée par le parti unique depuis 1988 » et que Abdelaziz Bouteflika a voulu « humilier » le peuple par un cinquième mandat. Elle indique que l’élection est impossible tant que des prisonniers politiques restent enfermés. Elle insiste sur la défaite certaine du peuple si une élection est organisée pour départager « ceux qui reçoivent de l’argent du pouvoir ou de l’Arabie saoudite ». Elle demande au contraire du temps pour « construire un projet », pour régler des questions comme celle du soutien à l’armée par peur de l’islam, maintenant que « les partis d’opposition se parlent ».
L’idée d’une constituante est évoquée et il est annoncé qu’un débat aura lieu le 20 septembre à la LDH sur le sujet. La distinction entre « intérieur et extérieur » de l’Algérie est faite quand est signalé le rejet de l’ingérence extérieure. Pour Sanhadja Akrouf, la diaspora en France est « à l’intérieur ». Elle souhaite que « Macron lâche » le pouvoir algérien. Quelqu’un pense que « la religion a remplacé la culture » et que « mettre les gens à la mosquée était le plus facile ». Malek Bensmail reconnaît que l’« on a torpillé la culture ». Rosa Moussaoui revient, elle aussi, sur le dialogue des partis d’opposition si essentiel. Yanis Adjlia conclut sur l’espoir « qui est permis » alors que « la révolution était inimaginable avant ».
Le samedi, plusieurs débats ont lieu au stand de la Plateforme panafricaine. L’un
d’entre eux a pour thème la géopolitique de la Corne de l’Afrique. L’opposant
djiboutien Maki Houmed-Gaba, de l’Alliance
Républicaine pour le Développement (ARD), présente rapidement la situation
en Somalie, en Ethiopie, à Djibouti et en Erythrée. Il insiste sur l’espoir qui
est apparu depuis les changements importants au niveau Etat de droit en
Ethiopie.
Le
dimanche, l’Afrique revient au programme de l’Espace-débat du Village du Monde
grâce à une conférence sur la révolution au Soudan. Rosa Moussaoui y intervient
de nouveau au milieu de trois responsables du Parti communiste soudanais, Ramsa
Khama Mahjoub, Nadda Abbas et Chadia Abdelmoniem, qui s’expriment surtout en
arabe avec un traducteur à leurs côtés.
A propos de l’Association des professionnels soudanais, Nadda Abbas explique que la lutte est partie de ce syndicat en marge des syndicats officiels. Cela s’est fait dans un pays où les syndicats sont actifs depuis 1964. A partir de 2016, la désobéissance civile a été utilisée. Un besoin de créer une coalition plus large est apparu et en janvier 2019 a été signée une chartre « Changement et liberté ». Elle souligne la place des femmes dans la révolution et la chute d’El-beshir. Rosa Moussaoui questionne sur le général Hemetti et ses qui ont été acceptés comme partenaire de l’Union européenne dans le Processus de Khartoum pour empêcher les migrations. Hemetti et les janjawids « travaillent maintenant à la contre-révolution ».
A propos de l’Association des professionnels soudanais, Nadda Abbas explique que la lutte est partie de ce syndicat en marge des syndicats officiels. Cela s’est fait dans un pays où les syndicats sont actifs depuis 1964. A partir de 2016, la désobéissance civile a été utilisée. Un besoin de créer une coalition plus large est apparu et en janvier 2019 a été signée une chartre « Changement et liberté ». Elle souligne la place des femmes dans la révolution et la chute d’El-beshir. Rosa Moussaoui questionne sur le général Hemetti et ses qui ont été acceptés comme partenaire de l’Union européenne dans le Processus de Khartoum pour empêcher les migrations. Hemetti et les janjawids « travaillent maintenant à la contre-révolution ».
Le débat se focalise ensuite sur l’accord de transition du
17 août 2019. Le PC soudanais rejette cet accord car il réclame, lui, le
« retrait des éléments du régime » et « une place minime pour
les militaires ». Selon Nadda Abbas, la médiation éthiopienne a conduit à
une « limitation du rôle des forces politiques ». La présidence du
Conseil souverain qui doit piloter la
transition de trois ans et trois mois, attribuée pendant 21 mois au
général Abdel Fattah al-Burhan est également contestée. Le PC soudanais
s’oppose par ailleurs aux partis politiques de droite. Chadia Abdelmoniem
signale que « les réserves et le refus de l’accord » viennent du
sentiment qu’il correspond « aux prémices pour un dictateur bis ».
Concernant les femmes, elle remarque que « les Frères musulmans sont
toujours là » et que « les luttes vont prendre des décennies ».
Juste après, au stand
du PC de Bagnolet, a lieu un autre débat, en soutien à Mohamed Kadamy, président du Front pour
la restauration de l'unité et la démocratie à Djibouti (FRUD), réfugié politique menacé d’expulsion
malgré son statut protégé. Sur le plateau, sont réuni-e-s autour du militant
historique de la lutte armée djiboutienne, Pierre Laurent, sénateur PCF,
Catherine Choquet, Présidente de la LDH Seine-Saint-Denis, Jean-Paul Lecoq, député PCF et Bérenger
Tourné, l’avocat de Mohamed Kadamy.
Mohamed Kadamy appelle à la
résistance contre un cinquième mandat du
dictateur djiboutien Ismaïl Omar Guelleh. Pierre Laurent souligne que les « relations coupables du gouvernement
français continue » au même titre que « les ventes d’armes dans la
région ». Il s’engage à soutenir Mohamed Kadamy dans tous ses combats juridiques jusqu’à la Cour européenne
des droits humains (CEDH). Pour Catherine Choquet, « rien ne justifie que l’on fasse un
deal » avec Djibouti et « perdre le statut de réfugié correspond
à des crimes précis », ce qui fait que l’extradition du leader du FRUD est
impossible. Elle rappelle que la France est régulièrement accusée par CEDH. Pour
Jean-Paul Lecoq, « le droit est mis en cause » de deux
manières et nécessitent deux combats sur les droits humains en France et
contre la dictature à Djibouti. Il raconte que la ministre de la justice a
répondu à son interpellation en disant qu’elle ne connaissait pas le cas (voir aussi
la réaction de Le Drian). Il rejette tout deal avec Djibouti concernant l’affaire
Sarkozy-Khadafi. Le banquier
franco-djiboutien Wahib Nacer, a été mis en examen en février.
Enfin l’avocat Bérenger Tourné tient une ‘plaidoirie’ très engagée dans un style qui passe
bien à la Fête de l’Huma, dénonçant un « Macron qui a choisi le camp de l’impérialisme »,
« une justice aux ordres, au garde-à vous », une « France coloniale »
dont Guelleh est « un préfet », un « état fasciste dont a peur
la France », en concurrence avec la Chine, mais qui veut « un retour
sur investissement », ou encore l’assassinat de Jahba en prison. Selon
lui, parce qu’il voulait interroger le « banquier de Djouhri » et qu’il
y est allé le 17 mars, le juge Tournaire a procédé de « manière illicite »
et s’est ensuite justifié en parlant de « terrorisme » pour une « altercation ».
Il craint que le « vrai danger soit au niveau de l’Etat de droit »,
dans l’idée que la révolution et « les mouvements d’indépendances soient
qualifiés de terrorisme ». Il conclut sur une affaire qui est une « vraie
honte pour la France » et « reflète l’Etat de la démocratie ».
Depuis le public, le célèbre
blogueur tchadien Makaila Nguebla, actuellement accusé en diffamation
par le neveu de Déby, constate que l’ « on est en train de délégitimer
le statut de réfugié politique » et demande que l’on « préserve le
droit international ». Le débat revient sur le rôle de l’armée
française accusée de décider de la politique française au Tchad et à Djibouti.
Dans d’autres stands divers
et variés, les débats sur l’international continuent, au milieu du bruits des
sonos, par exemple au stand de Survie qui depuis des années informe le public
en vendant ses livres. Après son excellent livre sur la Côte d’Ivoire, l’association
prépare un nouveau Dossier Noir sur le génocide du Rwanda.
La fête se terminant dans la
douce chaleur de l’été indien, les discussions continuent aussi de manière plus
décontractée entre concerts et verres de rhums. Des militant-e-s breton-ne-s plus
ou moins communistes, fatigué-e-s d’avoir fait des crêpes pendant trois jours, viennent
s’informer sur la Françafrique. Un homme me dit qu’il travaille sur un bateau
basé à Brest à poser des câbles océaniques pour internet, jusqu’à Abidjan.
Régis Marzin
Compte-rendu Afrique de la fête de l’Huma publié le 17.9.19
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