lundi 24 octobre 2011

22 octobre 2011, Aubervilliers, les élections tunisiennes

Je suis sur le chemin d'un débat avec des résistant-e-s à la dictature camerounaise quand je vois depuis le bus, une queue de plusieurs centaines de personnes. Les tunisien-ne-s d'Aubervilliers sont rassemblé-e-s pour élire l'Assemblée Constituante. La queue durera tout l'après-midi et dans la soirée. Il s'agit d'un événement important à l'échelle africaine. Certes, l'Afrique du Nord évolue maintenant selon une logique géopolitique propre indépendante du reste du continent africain, mais tous les pays qui vivent dans la dictature ont les yeux rivés sur la Tunisie, l'Egypte, et peut-être bientôt la Libye. C'est aussi beaucoup le rôle des puissances occidentales qui est en jeu. La diplomatie française a jusqu'à présent été du côté des dictateurs contre les peuples. Ce même samedi, pour la première fois dans le cas d'une mascarade organisée par un régime dictatorial, elle vient de reconnaître pour le Cameroun que les élections sont fraudées. C'est sans doute que la pression était trop forte, les américains ayant fait passer le message qu'il fallait que ça change, et que la politique française est vraiment trop obsolète. J'ai classé les anciennes colonies françaises pour y voir plus clair, il y en a 20 en Afrique: seules 4 se sont stabilisés à un certain niveau de démocratie: le Sénégal, le Mali, le Bénin et les Comores. D'autres pays sont dans des périodes ambivalentes, complexes, ou viennent de franchir les premiers pas, comme au Bénin et en Tunisie, en Guinée Conakry. Mais il y a au minimum 8 dictatures installées durablement avec le soutien français depuis la période coloniale: Tchad, Cameroun, Congo Brazzaville, Centrafrique, Gabon, Togo, Burkina Faso, Djibouti. C'est un bien triste bilan 20 ans après la fin de la guerre froide. Le multipartisme est apparu dans les années 90, mais les dictateurs ont appris à instrumentaliser de fausses élections pour se maintenir au pouvoir avec l'aide des mensonges de leurs soutiens occidentaux. Les populations boycottent bien souvent ces scrutins mascarades, il est temps que ça cesse. Les électeur-trice-s tunisien-ne-s disent l'importance d'une vraie démocratie jusqu'à ce bureau près de chez moi.

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