Et un de moins sur la liste des dictateurs du pré-carré des ex-colonies françaises qui en compte encore 7: Idriss, Sassou, Paul, Ismaïl Omar, Faure, Ali, Mohamed. Depuis les suites de l'affaire Norbert Zongo, c'était le moins méchant de tous, mais quand la liesse populaire s'empare du nom d'un tyran, le voilà traîné dans la boue.
Quand j'arrive de la conférence de presse du Collectif Contre la Confiscation de la Démocratie au Burkina Faso au rendez-vous devant l'ambassade, il y a des doutes sur la chute de Blaise. L'armée est en train de prendre le dessus et il y a encore plein d'incertitudes.
Pour le futur, je fais rapidement des hypothèses: une chute qui se confirmera vite, 3 jours de décantation sur le pouvoir, un ou deux ans de transition démocratique, un 'scénario entre Niger et Tunisie'. Pour le passé, on parle de la lettre de Hollande, de ses effets possibles: Hollande a dit en sous-entendu que si Blaise Compaoré s'entêtait à vouloir rester au pouvoir après 2015, il ne serait plus soutenu. En terrain françafricain, une telle proposition s'interprète, et devrait déboucher sur plusieurs scenarii que les acteurs burkinabé pouvait anticiper. Ensuite, ça se suppute en comptant les armes des voisins.
La manifestation appelée en urgence pour ne pas dire en désordre par 2 appels, l'un des organisations burkinabées à Paris, l'autre des soutiens français et africains, hésitent entre discours politiques encore inquiets et fête relâchée. Beaucoup de diaspora d'autres pays sont là aussi, par exemple des congolais de Brazzaville pour qui une chute liée à la limitation du nombre de mandats donne soudain de l'espoir. Plusieurs dictateurs sont concernés, au Togo, au Congo B, en RDC.
Quant à moi je commence à être un peu épuisé! De retour chez moi, je commence à voir défiler les communiqués: par exemple, Survie dénonce des socialistes mal informés comme François Loncle, ou Fabius encore une fois à côté de la plaque. Europe Ecologie les Verts demande à la France d'aider le Burkina à "s'engager dans une transition démocratique et pacifique" alors que le pays est un pays test face aux chefs d'Etat qui tentent de "lever la limite constitutionnelle du nombre de mandats qui leur est imposée". Le PCF demande la vérité sur "responsabilités de Blaise Compaoré dans les manœuvres de déstabilisation sur le continent menées en complicité avec des puissances occidentales, France en tête, qui ont produit des effets meurtriers notamment en Sierra Leone, au Libéria et en Côte d’Ivoire". Le réseau « Justice pour Thomas Sankara, Justice pour l’Afrique » demande enfin une enquête parlementaire en France sur l’assassinat de Thomas Sankara.
Et sinon, j'oubliais! Puisque cette journée était historique, je voudrais remercier la préfecture de police pour sa participation. Moins informée que la DGSE farceuse, elle s'est déplacée sans savoir s'il fallait protéger l'ambassade de dangereux et sauvages ennemis d'un allié de la France. Et je remercie surtout l'aimable et valeureux fonctionnaire qui a passé 2 heures à faire passer les voitures au milieu de la foule. Son chef avait oublié de couper la circulation, le pauvre! Même dans une démocratie qui forme les polices au maintien de l'ordre partout en Afrique, on fait parfois des erreurs! Et l'Afrique est si compliquée, un jour on serre les mains d'un président reconnu pour ses médiations et le jour d'après on le traite en tyran et en assassin. C'est pas facile !
Article écrit et publié le 2 novembre.
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