dimanche 18 octobre 2015

17 octobre 2015, La Courneuve, première de 'Merci les Jeunes'

En juillet 2013, je faisais mes débuts dans le cinéma... par une figuration dans un film tourné par un ami, à Pantin, avec un très petit budget de manière surtout bénévole, et, en cette journée d'anniversaire du massacre des algériens par De Gaule et Papon, je me rends à pied jusqu'au cinéma où a lieu "l'avant-première mondiale", à la Courneuve, au Cinéma l'Etoile. En arrivant, je croise le campement des Rroms du Samaritain expulsé-e-s fin août, dans le parc qui jouxte la mairie, pendant un rassemblement de soutien. Comme je me sens proche du film, à cause de ma proximité amicale et géographique, je doute bêtement du résultat et je me demande si je ne vais pas manquer de recul.
Le film de Jerôme Polidor, projeté pendant le  Festival les Pépites du cinéma, s'appelle maintenant "Merci les jeunes". Il raconte l'histoire d'une association de quartier, en banlieue parisienne - sans doute -, qui réalise des émissions de télé. L'équipe se divise en raison de la censure des élus qui subventionnent. Certains veulent en vivre et accepte de se plier à ces exigences pour faire du spectacle racoleur, d'autres penchent vers un journalisme sans tabou.
Le peu de moyen de la production ne se sent absolument  pas au niveau technique, bravo. Le scénario est original et riche : l'idée d'avoir des films dans le film permet de faire des allers-retours entre une réalité et la vision médiatisée de cette réalité. Quelques clichés sur la banlieue sont ainsi abordés de manière habile, avec un peu de recul et d'humour: une peur des musulmans, le travail et le chômage, la police,... Le scénario, parti de l'idée du réalisateur a été enrichi par un an d'atelier avec des 'jeunes' organisé par l'association 'Les engraineurs'. Le ton est juste, entre obsessions adolescentes fleuries et impressions de références discrètes à Guy Debord ou à Jean-Luc Godard. Le récit part des émeutes de 2005 et montre des politiciens et des collectivités publiques qui cherchent à maîtriser la situation en contrôlant l'information.
Pendant le débat, la salle est enthousiaste; toutes les réactions sont positives. Les questions reviennent sur le cinéma et les associations. Jerôme Polidor reconnaît qu'il y a souvent une autocensure pour entrer dans les cases des appels d'offres. Lui voulait faire un film qui ne parlent pas des voyous et des stars mais parlent de tous les autres. Une jeune femme dénonce alors "l'instrumentalisation des jeunes" qui servent à des "projets d'adultes" dans le sport ou la culture, avec l'idée aussi de les "faire taire". Le réalisateur du documentaire Noir Coton signale aussi la "bonne conscience" qui s'obtient facilement dans l'arrosage culturel et financier.
'Merci les jeunes' sort le 4 novembre dans quelques rares salles, entre 5 et 10, grâce à une distribution "pas indépendante mais autonome des indépendants". Espérons que l'engagement de certains programmateur-trice-s et le bouche à oreille lui permettront d'obtenir le succès qu'il mérite. Une seconde avant-première, aura lieu le mardi 3 novembre à 20h, au Cinéma La Clef, 34 Rue Daubenton à Paris.

dimanche 11 octobre 2015

11 octobre 2015, Parc de la Courneuve

Ce dimanche, c'est jour de mobilisation au Parc de la Courneuve, mais j'arrive trop tard, à la fin, quand les dernier-ère-s remballent. Je m'étais juré de passer signaler mon soutien, mais tout l'été j'ai été occupé par d'autres choses et cet après-midi, j'avais encore la tête entre le Burkina Faso et le Congo Brazzaville, où s'annonce un orage. Tant pis ! 
J'en profite pour avancer dans le parc. Je me rends compte que j'étais passé à côté de quelque chose depuis quelques années que j'habite pas loin. Pour moi, depuis 20 ans, le parc, c'est la fête de l'Huma. Un jour j'avais traversé et j'avais vu une zone plate, pas très sauvage, mais je ne savais pas que j'étais passé à côté des zones les plus belles. Cette fois, je me promène autour du lac, par la colline, de laquelle je vois Paris et un peu la bordure Est du parc, celle qui est menacé par le projet de logements, comme celle du Sud. Je comprends alors, que cette zone n'est pas assez éloignée du lac, le cœur de l'espace vert, et que cela met vraiment en danger l'équilibre esthétique comme écologique. 
Normal que cela hurle contre ce projet délirant !

dimanche 4 octobre 2015

3 octobre 2015, Paris, Angélique Kidjo à la Philharmonie de Paris

Le suspens est intense. Le concert commence sans la chanteuse. L’orchestre Lamoureux dirigé par Gast Waltzing emplit l’immense salle du son des violons, violoncelles, clarinettes, trompettes et autres cuivres, multiples percussions, …
Pour le parisien ou la parisienne, venir un samedi soir, à la Philharmonie de Paris est un peu extraordinaire. En effet, la salle vient d’ouvrir, en janvier 2015, et peu la connaisse encore. Situé dans l’un des plus beaux parcs de Paris, le parc de la Villette, à côté de la Cité de la musique, l’immense et très étrange bâtiment, projeté depuis déjà 30 ans, construit par le célèbre architecte Jean Nouvel, et qui a coûté au final 386 millions d’Euros aux contribuables français et parisiens, a mis plusieurs années à sortir de terre. On est surtout impressionné en entrant dans la grande salle, et l’on peut être surpris par une impression paradoxale de grandeur de l’espace et de proximité avec l’orchestre. Chacun se retrouve aussi face aux centaines de spectateurs assis sur plusieurs étages dans des balcons aux formes arrondies.
Pour Angélique Kidjo, la grande salle de 2400 places est pleine ce soir. La représentation est unique. L’américain Philip Glass a composé les morceaux avec la chanteuse. En plus de l’orchestre, deux musiciens plus intimes, accompagne la béninoise installée depuis 1998 aux Etats-unis, David Laborier à la guitare, et Magatte Sow aux percussions sénégalaises. Comme elle l’explique à la fin du concert, c’est Philip Glass qui a eu l’idée de la faire chanter avec un orchestre symphonique.
Dans le décor impressionnant, après les morceaux plus posés et cérébraux, la salle va progressivement se chauffer. Les commentaires rapprochent l’artiste de son public. Celle qui a écrit l’album ‘Eve’, dédié aux femmes d'Afrique, nous parle beaucoup des femmes. Elle évoque ses deux grands-mères qu’elle admire. Elle remercie toutes celles qui nourrissent le monde. Elle dénonce les violences faites aux femmes.
L’ambiance va crescendo. Après la pause, après un changement de costume béninois, après s’être débarrassée de son couvre-chef rouge, la chanteuse finit par enflammer les 2400 spectateur-trice-s. Elle vient se glisser dans la foule le temps d’une chanson. Tout le monde est debout et les applaudissements redoublent.
Ce samedi 3 octobre, à Paris, Angélique Kidjo à offert un très grand spectacle,  une rencontre montrant que la culture unit les peuples et les continents, entre modernité et traditions, entre plusieurs langues, entre musique africaine et musique classique européenne et américaine. Un moment rare, intense et inoubliable, idéal pour oublier les frayeurs des derniers jours au Burkina Faso.

vendredi 2 octobre 2015

2 octobre 2015, Paris, Un homme est mort à Brest en 1950

Un homme est mort à Brest en 1950 et on en parle encore. Un homme est mort le 4 janvier 2015 et le film qui était projeté à Paris, ce 2 octobre, devant une cinquantaine de personne, était un hommage en sa mémoire. 
Le 17 avril 1950, les gendarmes tiraient sur les ouvriers de l'arsenal et du bâtiment qui reconstruisaient Brest après la guerre. Le militant CGT, Edouard Mazé, était tué et un autre ouvrier, Pierre Cauzien, se retrouvait amputé d'une jambe.
René Vautier, arrivé rapidement sur place, en a fait un film en 16mn. Il a été projeté dans les semaines suivantes à Brest et autour de Brest pour témoigner du crime. Le cinéaste voulait faire du documentaire d'intervention sociale, qui agissait dans la réalité, interférait, mobilisait. Le film s'est autodétruit après un trop grand nombre de projections. Il avait bien vécu.
La justice a enterré l'affaire, l'administration a couvert le commissaire. L'Etat a bidonné avec des histoires inventées. Aucun avocat sérieux ne s'est lancé pour aider les ouvriers.
Je me dis aussi  que Brest était isolé dans une campagne conservatrice, que, comme me le disait mon père, la campagne n'aimait pas beaucoup les brestois et encore moins les communistes. Je me dis surtout que la guerre d'Algérie, quelques années plus tard, effacerait de la mémoire collective ce drame moins prégnant que ce que verrait les appelés: bientôt arriverait des traumatismes bien plus violents, une censure et une autocensure bien plus terrifiante.
En 2006, Kris, scénariste, et Etienne Davodeau, dessinateur, ont fait de cette histoire de crime d'Etat et de film, une bande dessinée. Gallimard, éditeur peu courageux, a réussi à censurer une planche: il ne fallait pas d'images des gendarmes qui tirent sur les ouvriers. L'homme le plus censuré de France avait encore le droit a un peu de piment.
En 2010, après 60 ans, les archives du dossier sont devenus accessibles, sauf le dossier du juge interdit pour 75 ans. La vérité était accessible et discutable publiquement sans censure : le commissaire aurait fait tirer en l'air dans un moment de panique, version des comptes-rendus administratifs.
"Histoires d'images, Image d'histoire" projeté au Ciné-Léon, à la MJC Mercoeur près du métro Charonne, est un documentaire de Moïra Chappedelaine-Vautier sur l'histoire du film de de son père, terminé quelques semaines avant sa mort. Le film nous parle de Brest, des ouvriers, des syndicats, du cinéma documentaire, et de René Vautier.
Dans ma jeunesse, en Bretagne, je voyais peu de contestation radicale, au-delà de la forte solidarité collective. René Vautier, parce qu'il s'était engagé toute sa vie dans des luttes sociales et politiques, sans réserves, ressortait de manière contrastée. Il était très impressionnant et donnait envie d'agir. Un jour, au début des années 2000, je l'avais croisé par hasard à la Fête de l'Humanité. En ce début d'année 2015, son décès était une triste nouvelle.
Aujourd'hui, je viens d'apprendre qu'un autre homme est mort, à Ougadougou, au Burkina Faso, Issaka Traoré, un ami engagé dans le mouvement sankariste et dans sa révolution, qui continue, maintenant sans lui... La vie continue...
Régis Marzin, article Rédigé le 4 octobre

dimanche 27 septembre 2015

Dimanche 27 septembre, Paris, Alternatiba

Alternatiba: quel show ! J'étais passé tardivement le samedi soir place de République et le village associatif était déjà fermé, Alternatiba m'avait alors semblé un peu terne, mais, je reviens le dimanche et je trouve une grosse foule dans une grande quantité de stands, 250 me dit-on. Un succès évident et sympathique !
Je commence par chercher où cela parle d'Afrique. Je croise une albertivillarien motivé par la question du climat en Afrique, puis un ami des sans-papiers, persuadé qu'il ne faut pas faire de différence entre migrants économiques et réfugiés des guerre et des dictatures, parce que l'occident a décidé de déstabiliser le Moyen-orient et l'Afrique du Nord et que l'occident est responsable de tout, pauvreté comme guerre. Je tente de lui signaler que ce n'est pas tout à fait cela, que les choses sont plus compliquées, mais sans grand espoir. Les stands sur l'Afrique sont un peu décevants, alors qu'il a une vraie richesse dans les stands d'écologie. En plus du thème central du climat, il y a encore d'autres thèmes rassemblés qui me rappellent le Festival des Résistances et des Alternatives à Paris entre 2001 et 2014.
Je comprends en discutant qu'Alternatiba est maintenant un énorme truc, que le Tour Alternatiba en vélo, qui m'avait paru anodin, a pris une grosse ampleur, et que je n'avais pas entendu parler de l'évolution du mouvement. Je me demande quel est le lien avec le monde politique. Sur le climat, politiquement, une société civile forte même indocile est mieux que rien pour le gouvernement. Anne Hidalgo, elle-même a pris le risque de commencer à jouer à la Françafrique pour promouvoir la Conférence internationale sur le Climat (COP 21) et Fabius pourrait partir assez vite sur un succès de communication. On me rassure plus ou moins : les Verts ne sont pas dans le coup et la mairie de Paris n'a pas apporté son aide matérielle. mais tout de même, il y a eu des subventions avec accord pour n'avoir aucune publicité pour des partis ou collectivités. La scène aurait coûté 36 000 euros sans des frais annexes, le budget aurait été bouclé 3 jours avant et serait au total de 200 000, dont 26 000 annoncés au micro obtenus par 501 donateurs. 
Un ami m'explique que le mouvement a commencé il y a 8 ans à Bayonne, organisé par des militant-e-s déjà expérimenté-e-s. Une autre connaissance me parle lui d'un début à Copenhague avant Bayonne. Il y a une grande quantité de bénévoles bien visibles sur scène et ailleurs. L'un d'entre eux me raconte, qu'il y a quand même eu beaucoup de réunions pour organiser les deux jours à Paris depuis plus d'un an, autour d'un salarié parisien aidé de ses ami-e-s à Bayonne.
Les discours finaux sont euphoriques, à cause du succès du week-end et d'Alternatiba en général. Après Patrick Viveret et Susanne Georges, Catherine Dolto vient nous parler de 'stratégie érotique mondiale' ! Certes... Puis c'est le tour d'Edgar Morin qui s'enflamme, heureux de constater "l'union des alternatives", la pensée rassemblée face à des dirigeants "sans pensée". Il est tellement chaud qu'il se voit à "l'acte de naissance d'une nouvelle civilisation". Txex (Tchetch) le bayonnais reste stoïque, avant que l'intervenante de la coalition Climat 21 ne prenne à son tour la parole, plus modérée. 
Selon elle, il y a maintenant 130 collectif climat en France. Elle annonce également la suite de la mobilisation, la marche mondiale pour le climat le 29 novembre, un Village mondial des Alternatives à Montreuil les 5 et 6 décembre, une Zone d'Action Climat au 104 à Paris du 7 au 11 décembre.
Ce qui est assez intéressant dans ces 2 jours, c'est l'équilibre et le lien entre débats et spectacles. Cela n'est pas simple à réaliser et pendant ces deux jours, c'est assez réussi.
Alternatiba: quel show ! Je suis revenu chez moi assez content de la balade, avec de belles photos et un article en tête, mais l'actualité africaine ne m'a laissé aucune chance, entre prise d'otage instrumentalisé par des présidents véreux au Burkina Faso et début de période insurrectionnelle au Congo Brazzaville. Du coup, cet article est un texte réchauffé 3 semaines après la bataille.
Article écrit et publié le 18 octobre 2015.

25 octobre 2015, Aubervilliers, Lavach'

Un an après l'ouverture, Lavach' au Grand Bouillon : un concert exceptionnel ! 
Ce n'était pas la première conférence de presse du groupe mais juste un concert dans un bar, ponctué par les interventions de quelques animateurs locaux, dans une atmosphère authentique. Vu de la scène, le public aurait-il mérité d'être lui aussi visé par les objectifs ? y compris certains photographes un peu trop passionnés ? On était loin de Paris, là, au milieu des poissons sur les peintures. 
Les 4 musicien-ne-s, Sévane à l'accordéon et au chant, surtout en arménien, ce soir, François à la guitare, Yohan au violon, Fred à la batterie, ont proposé l'un des plus beaux spectacles depuis l'ouverture du Grand Bouillon, le meilleur pour moi ! Oh là ! Mais je parle comme un fan ! alors que je me fais vieux ! Il faut dire que je connais le groupe depuis longtemps et que je l'ai souvent photographié, en 2011, en 2011 encore, en 2014, et il n'y a pas longtemps en juin 2015. A suivre...

dimanche 20 septembre 2015

19 septembre 2015, Aubervilliers, Tuvalu

Mais quelle est donc cette étrange discussion derrière les barreaux ? A moins que ce ne soit moi qui sois derrière. Mais quel est donc cet étrange lieu dans Aubervilliers ? Certes nous sommes au Passage Henri Alleg à deux pas du centre ville, dans une espèce de parking vide destiné à accueillir le marché à partir de novembre et pendant la durée des travaux du métro, mais encore... ?
Ne voit-on pas quelques arbres au milieu d'une scène, ce qui pourrait troubler jusqu'à Guy Debord dans sa tombe ? Est-ce que ce grillage qui enferme n'est pas magnifique ? Est-ce une œuvre d'art ou le résultat d'une réflexion urbanistique ? Il paraît que le matin, la lumière au levée du soleil est magnifique et met en valeur l'architecture brinquebalante de la place. 
Ouvert et fermé, clé pour protéger et clé pour fermer l'accès, visible et caché, soleil et pluie, nature et béton, écologie et social, commerce et gratuité, amateur et professionnel, élu-e-s et habitant-e-s, associations et salariés, associations et collectif, privatif et collectif, liberté et contraintes, créativité et régulation, responsabilité et paresse, beauté et médiocrité, idées et passivité, méfiance et mélange des genres et des gens, fleurs et merdes de chien, respect et toilettes sauvages, café et thé, vin rouge au jardin et bière au bar, plantes et cailloux pour s'asseoir, entre-deux et esthétique du paradoxe ... 
Mais à quoi cela va-t-il donc servir ?! Mais qu'est-ce qui va se passer ?!
Il est là, il est installé le Tuvalu! Sa scène, déjà inaugurée à la fête des assos, n'attend plus que des artistes et des discours de tous poils avec ou sans marché... théâtre, concerts, poésie, projections, distribution de tracts, rencontres ... Ce samedi, une présentation, une discussion avaient lieu pour discuter du temps qui vient autour de cet espace, et un peu de poésie sortait du mystère, comme les plantes d'au milieu du béton et les arbres du milieu de la scène.

dimanche 6 septembre 2015

6 septembre 2015, Paris, le FROCAD du Congo Brazzaville en Europe

Ce dimanche 6 septembre, le Front pour le respect de l'ordre constitutionnel et de l'alternance démocratique (Frocad) du Congo Brazzaville a organisé une "cérémonie" de présentation de sa nouvelle représentation européenne. Joseph Ouabari a été nommé il y a environ 2 semaines à Brazzaville représentant du Frocad, pour servir de "relais qui diffusera les discours du Frocad au Congo Brazzaville" et réaliser un plaidoyer politique auprès des pouvoirs exécutifs en Europe et en France. 
La conférence porte essentiellement sur le Dialogue Alternatif de Diata qui a eu lieu fin juillet au siège de l'UAPDS. Devant la menace d'un referendum en vue de changer de constitution et permettre à Sassou Nguesso de rester au pouvoir, le Frocad et  l'Appel de Diata indiquent que le "changement de la Constitution du 20 janvier 2002 est un coup d’Etat" et appellent "le Peuple congolais à la résistance héroïque pour défendre l’ordre constitutionnel au cas où celui-ci serait violé". Une expression employée à Paris est "désobéissance civile", si un referendum avait lieu.
Le dialogue a abouti à des recommandations, en particulier, sur l'organisation d'une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour la transparence du scrutin et la qualité du processus électoral. La demande porte sur la correction du découpage électoral pour les législatives, prévue en 2017, et, surtout, pour commencer, la révision du fichier électoral. Le Frocad réclame une révision de la liste électorale avant la présidentielle, et une présidentielle avant fin 2016. La mise en place d'une Ceni est indispensable pour tenir ce calendrier. Le dialogue a aussi formulé des exigences concernant l'information et la liberté d'action de l'opposition, et la fin de la répression de l'opposition.
Un autre point rapporté est le récent accord avec une seconde coalition,  l'Initiative pour la Démocratie au Congo (IDC), dans l'objectif de lutter pour la conservation de la constitution et le refus d'un nouveau mandat de Sassou Nguesso. 
Il ressort de cette première rencontre qui devrait être suivie d'autres rencontres pour débattre plus longuement, qu'à partir de la priorité au refus de changement de constitution, au Congo-Brazzaville, l'opposition a réussi à entrer dans une phase rapide d'organisation. Le vent de Kinshasa traverse le fleuve. Sassou Nguesso a également été fragilisé par la pression internationale mise sur Pierre Nkuruziza au Burundi. Il reste à savoir si le dictateur acceptera de laisser aux partis politiques, à la société civile, avec une coalition Tournons la Page (lire sa position) qui vient aussi de se créer, aux journalistes et plus généralement à la population la liberté de s'exprimer et de continuer à s'organiser.

lundi 31 août 2015

Dimanche 30 août, St-Denis, la guinguette climat

Ce week-end, au bord du canal de Saint-Denis, est installée une guinguette 'climat', dans laquelle sont prévues des "discussions de comptoir" sur l'agriculture urbaine et sur les jardins dans les villes. C'est organisé par le collectif Mund Gawi, "réunissant des associations concernées par les enjeux environnementaux afin de proposer une alternative  citoyenne et innovante à la COP21".
A la guinguette, on parle donc de climat (tiens! la veille, la ministre de l'écologie était en Afrique, partie saluer le petit Bongo), de transition énergétique, de graines, de bacs de plantations, de "petites initiatives cumulées", d' "échanges des expériences de voisinages", du "faire", c'est-à-dire du "fait-soi-même" (et de sensibilisation au symptôme, enfin non ! ... cela s'est juste une idée que j'ai eue en passant). 
Etant végétarien et non-violent, en arrivant, je ne suis guère convaincu par le tannage d'une peau de mouton même si cela se discute... et je n'en discuterai pas avec des personnes que je ne connais pas !
Il fait tellement chaud, qu'au bord du canal, je me sentirais presque en vacances, si cela avait un sens pour moi, avec une envie de ne rien faire pas trop longtemps . Je viens en curieux, un peu journaliste en week-end, pour le plaisir de bloguer ensuite, mais je ne suis sans doute pas le seul pour qui la limite entre activité de 'travail' et loisir est floue. Autour d'une table, une architecte présente un projet de jardin à Aubervilliers. Dans la conversation, il est question des producteurs, entrepreneur-se-s ou salarié-e-s et des bénévoles, qui ont parfois des difficultés à s'entendre sur des objectifs communs dans les jardins des villes. En remettant en cause les modes de vie, faut-il questionner aussi le salariat ? Sans doute... et pour que faire ensuite des idées des débats... Faut-il aussi questionner la perception du temps et la gestion présente des priorités dans toute perspective écologiste ?
Tout cela me rappelle le Festival des Résistances et des Alternatives de Paris, toute ma jeunesse !
Un peu plus tard, la guinguette se remplit, un groupe de cyclistes fluorescent-e-s vient d'arriver, et je file alors au bord du canal...

dimanche 30 août 2015

28 août 2015, Paris 19, Silhouette, c'est reparti !

Le festival Silhouette du 28 août au 5 septembre 2015 au Parc de la Butte du Chapeau Rouge, c'est reparti! D'abord avec le vendredi le groupe Baben Sissoko...
... puis les courts-métrages présentés par l'équipe du festival. Ce soir, j'ai aimé tous les films, les 7! J'ai préféré le premier, 'WHAT WE DID BEFORE WE DRANK COCOA TOGETHER' film tchèque d'Aramisova.
Le lendemain, 4 réalisatrices sont présentes Diana Munteanu (à gauche) auteure de 'DEUX RIVAGES', un conte métaphorique sur une migrationCéline Devaux (2e à gauche) auteure du 'REPAS DOMINICAL', un film qui parle d'homosexualité dans un contexte familiale très 'normal', sans doute mon film préféré parmi les 14 des deux premiers jours, Inès Loizillon (3e) auteure de 'KISS ME NOT', un très beau court tourné avec des ados, et Mélanie Tourneur (à moins que ce soit Eve Deroeck) (à droite) une des 2 auteures de 'LOOPER'.

dimanche 23 août 2015

23 août 2015, Penn ar bed, Gouel Lok Maze

Cette année à Lok Maze, les gens volent plus que de coûtume. Aux polochons,
...et au rugbi strobet aussi ! cela donne des photos très aériennes...

samedi 1 août 2015

1er août 2015, Paris : conférence sur Djibouti et les alternances en Afrique

Le porte-parole de la coalition de l'opposition djiboutienne Union pour le Salut National, Daher Ahmed Farah, en France depuis quelques semaines, était en conférence à la mairie du 2e arrondissement de Paris, le samedi 1er août, pour discuter avec la diaspora. Un autre intervenant, Me Zakaaria, a insisté sur le refus du 4e mandat présidentiel de Guelleh en 2016, dans un pays où la limitation du nombre de mandats a déjà été enlevée.
Le débat est aussi dans les couloirs. Pour 2016, une mascarade se prépare certainement, entre fichier électoral gonflé et bourrage d'urnes, et une urgence serait de parler du processus électoral, lui-même, s'il n'est pas possible d'empêcher le tyran de se présenter.
La communauté internationale et les ambassadeurs occidentaux écoutent mieux l'opposition depuis 2014, depuis, que celle-ci a réussi faire admettre officieusement l'honteuse inversion de résultat des législatives de février 2013, mais s'engagera-t-elle pour la démocratie dans ce pays où résident tant de bases militaires ? Dans un pays où la population est majoritairement de religion musulmane, pourquoi laisser un dictateur se confronter à la population et mettre un processus de démocratisation dans une voie sans issue ? La démocratisation de la Tunisie ne pourrait-elle pas servir de modèle ?
Les militaires français conservateurs et enfermés dans des habitudes accepteront-ils de ne plus collaborer avec un dictateur ancien style et à son clan affamé de l’argent des loyers des bases? Le ministre de l’Afrique Jean-Yves Le Drian, pour qui « la stabilité des pays hôtes est primordiale », et qui voit cette stabilité dans la "coopération en matière de défense avec le gouvernement djiboutien" issu d'élections aux résultats inversés, a-t-il vérifié s’il y a, comme au Tchad, de la corruption de fonctionnaires français en retour, qui pourrait être un frein à des évolutions politiques également positives pour la politique française ?
Comme au Gabon, et dans plusieurs autres pays, il serait également important que l'ONU, l'OIF, l'Ue et l'Ua, s'engagent dans un accompagnement technique et politique du processus électoral de bout en bout, pour éviter une fausse élection qui deviendrait ensuite une source de tensions grandissantes.
Régis Marzin, article écrit le 4.8.15

vendredi 31 juillet 2015

31 juillet 2015, Paris, Gabon : conférence du président du Front uni de l'opposition

Ce vendredi 31 juillet, à Paris, dans un hôtel proche de Montparnasse, une conférence du Président du front Uni de l’opposition, également Président de l’Union du Peuple Gabonais, Jean de Dieu Moukagni Iwangou, est brillamment organisée par Réagir, association de la diaspora Gabonaise à Paris, entre autres autour de Bruno Ondo, Gloria Mika, ou les journalistes actuellement exilés à Paris, Jonas Moulenda et Désiré Ename.
Jean de Dieu Moukagni Iwangou revient d’une semaine aux Etats-Unis, où une délégation de 8 personnes de l’opposition gabonaise a été invitée par le Département d’Etat. Le Front Uni rencontre maintenant régulièrement les diplomates américains et européens. L’ambassadeur des USA ne souhaitant « soutenir seulement un changement par les urnes », le président du Front uni, par ailleurs juriste, a imposé à l’ordre du jour des discussions à Washington l’« empeachment », la destitution bien connue outre-atlantique dont il avait été question pour le président Nixon. En l’occurrence, il s’agirait d’aller jusqu’au bout de l’affaire de l’Etat civil et de la situation administrative du président gabonais, accusé de faux et usage de faux lors de sa candidature à la présidentielle en 2009, dans la fourniture d’un acte de naissance. Jean de Dieu Moukagni Iwangou a lui-même saisi la Haute Cour de justice gabonaise en novembre 2014.
A Washington, l’organisation non gouvernementale, National Democratic Institute (NDI, Institut National Démocratique pour les Affaires Internationales), a été proposé pour une « supervision » de la présidentielle de 2016, six mois avant les élections, pour suivre la révision de la liste électorale avec biométrie, la campagne, et le processus électoral jusqu’à la publication des résultats. Le NDI intervient rarement en Afrique francophone, et dans les 20 ex-colonies françaises, n’est sans doute intervenu qu’à Madagascar en 2006 et à la présidentielle de fin 2013 aux côté de l’Union européenne et de l’Organisation internationale de la Francophonie. Cela pose donc d’autres questions sur la probabilité d’un accompagnement international mixte technique et politique de bout en bout du processus électoral.
Après 42 ans de pouvoir de la famille Bongo, évoquant l’avis de diplomates français insistant eux-aussi sur « un changement qui ne pourrait venir que des élections »,  Jean de Dieu Moukagni Iwangou indique que « le bulletin de vote ne permet pas d’aboutir », parce que de « bout en bout, le processus est sous contrôle », en particulier la révision des listes électorales qui seront mal faites par le ministre de l’intérieur, et le résultat qui sera validé par une Cour constitutionnelle dirigée par la mère d’Ali Bongo. Le plaidoyer d’une « nouvelle élite formée à la bonne gouvernance » continue pour tenter d’obtenir un processus électoral dans des « standards internationaux ». Quelques allusions à la possibilité d’une voie insurrectionnelle rappellent les accents du Congrès de l’opposition pour l’alternance à Paris du vendredi 5 décembre 2014, juste après la chute de Blaise Compaoré.
Jean de Dieu Moukagni Iwangou pose des conditions pour un « dialogue inclusif » voulu par l’Onu, la prise en compte de 2 questions préjudicielles. Le Front Uni demande, primo, que le dialogue soit arbitré par une « autorité de médiation » composée de l’ONU, l’Ue et l’Ua, secundo, que soit discuté la situation administrative du chef de l’Etat actuel, soit, selon le document ‘Agenda cadre’ distribué avec le dossier de presse, à l’aide d’une « clause attributive de compétence au bénéfice d’une juridiction internationale », soit à l’aide de « modes alternatifs de règlement des conflits, notamment la médiation, la conciliation, et l’arbitrage ».
Selon le président du Front, la destitution est un devoir et la résistance constitutionnelle un droit. Pendant le débat avec la salle, Jean de Dieu Moukagni Iwangou répond à une question sur l’éventualité d’un boycott, que le Front uni participera à toutes les élections, mais prévoit que « le régime sera destitué » et que la « destitution s’ouvrira sur une transition puis une réforme de la constitution, avec retour à une élection à deux tours, à une limitation du nombre de mandats, et une biométrie électoral » correcte. En réponse à la question du candidat unique du Front, il affirme que les 27 membres du Front peuvent proposer des candidats et que le Front souhaite une élection à 2 tours.
Sur la relation avec le gouvernement français, il revient sur l’épisode de l’acte de naissance des archives de Nantes, qui fait qu’Ali Bongo doit toujours montrer la preuve de sa nationalité.
Devant une diaspora gabonaise parisienne militante contre la dictature, si tout n’a sans doute pas pu être dit sur la stratégie de l’opposition, la conférence de presse organisée par Réagir a permis de bien éclaircir certains points. L’effet de la chute de Blaise Compaoré a maintenant presque disparu. La perspective d’une nouvelle élection organisée par un régime dictatorial très peu soutenu par la population se rapproche. Ali Bongo ne semble pas capable de faire autre chose que de préparer une nouvelle mascarade électorale. Cet enjeu de la fin de la dictature gabonaise, emblématique de la Françafrique, révèle aussi les hésitations de la communauté internationale à soutenir la qualité des processus électoraux en Afrique et à s’engager concrètement pour la démocratisation du continent.
Compte rendu rédigé le 4.8.15

samedi 25 juillet 2015

24 juillet 2015, Paris, Beauté Congo

Avec un ami, nous étions ce vendredi à l'exposition "Beauté Congo 1926-2015 Congo Kitoko" à la Fondation Cartier. En remontant dans le temps, pour suivre l'histoire de la peinture congolaise, je me suis senti rapidement très à l'aise. 
Une première partie est contemporaine: l'essentiel des œuvres sont dans un style très réaliste sur la forme et assez imaginatif sur le contenu, les symboles, et plein de fantaisie. Les messages sociaux et politiques sont assez nombreux, le plus souvent au travers d'évocations indirectes. A l'opposé, le parcours de découverte de l'art de Kinshasa surtout se termine par de l'art très naïf du début de XXe siècle. Il y a quelques photos et sculptures, de la musique à écouter. La curiosité est éveillée devant un ensemble très original. Au milieu, se découvrent quelques artistes abstraits, mais l'abstraction ne se retrouve pas dans la période récente. L'appel à une interprétation subjective complexe est bien moins présent qu'avec des peintres abstraits. C'est peut-être aussi cela qui donne une impression très agréable de simplicité et de légèreté, en plus des couleurs vives fréquentes et des images gaies. Cela laisse une impression globalement positive.
Connaissant la misère du pays et l'absence de bonne gouvernance, comment alors ne pas se souvenir de mon ami, paysan et militant congolais Victor Nzuzi, qui parcourait il y a quelques années les villages du bas-Congo avec des peintures faites par un de ses amis et qui représentaient des sujets politiques importants, comme la dette, le pillage des ressources naturelles, la présence des armées étrangères, ... pour les expliquer aux villageois. A-t-on fait un jour meilleur usage de la peinture ?
Comme photographe et blogueur, je ne veux pas me contenter de renvoyer à des reproductions, de révéler quelque chose de trop, et une vidéo sur le peintre Chéri Samba me donne l'occasion d'évoquer tout de même la peinture qui m'a le plus plus, celle d'un adulte téléphonant et écrivant sur un papier dans le ventre de sa mère. Félicitations à la Fondation Cartier !

lundi 20 juillet 2015

19 juillet 2015, Auber Jazz Day, Beltuner

Après minuit, sur la place de la mairie et de l'église, à la fin de la superbe et joyeuse journée de concerts Auber Jazz Day : Beltuner, avec Johann Riche à l'accordéon, sublime et endiablé. Pour la première fois je vois la foule dansante et heureuse, ici ! Merci !

mercredi 15 juillet 2015

14 juillet 2015, Paris 18e, Bal des migrants en lutte

Halle Pajol, rue Pajol, 18e, 14 juillet 2015, 21h30. Campement des migrants expulsés du boulevard de La Chapelle le 2 juin 2015
Il était annoncé un bal et une conférence de presse, mais je n'ai pas vu de conférence de presse. Dommage! car des explications sont régulièrement nécessaires pour comprendre l'évolution de la situation. Est-ce que ce campement très précaire risque de durer tout l'été ? Est-ce qu'il y a des menaces de nettoyage de la place ? Comment évolue la situation au niveau logement ? Comment évolue les demandes d'asile ? Quelles sont les spécificités des traitements administratifs liées aux nationalités d'origine? Est-ce que les campeurs restent surtout ou uniquement érythréens ? avec quelques soudanais ?
Comme journaliste spécialisé en politique africaine, je suis intéressé par l'ensemble du parcours des migrants, en tenant compte des causes des départs, donc des situations nationales générant les migrations. Pour l'Erythrée, la pire dictature en Afrique, difficile de savoir ce que les politiques pourraient faire, car la situation est bien bloquée. Au minimum, dans ces conditions, le gouvernement français pourrait afficher une solidarité avec les migrants. Soutenir des opposants comme le propose le journaliste-blogueur Léonard Vincent serait aussi nécessaire.
Ce qui est simplement visible ce sont quelques dizaines de matelas, 40 ou 50, et la mobilisation de soutiens du quartier ou d'ailleurs. Plusieurs groupes de musiques se sont déplacés. Le bal finit avec de la musique choisie par les campeurs. Certains dansent et vivent ce soir-là un moment de bonheur au milieu de la galère. Alors, je ne me sens pas de faire des photos simplement et j'improvise en vitesse quelques clichés avant de partir.

jeudi 9 juillet 2015

9 juillet (28 juin) 2015, Aubervilliers, ouverture sauvage des bouches à incendie

Dans l'après-midi du 28 juin, je suis passé près d'un jet d'eau sauvage Avenue de la République à Aubervilliers. Comme il y avait foule, dont des adultes autour d'enfants se baignant, j'ai eu peur de prendre des photos de trop près et je suis parti très vite. Puis, je n'en ai pas fait un article de blog ne sachant pas vraiment que conclure sur l'incivilité, le gaspillage, l'absence d'esprit écologique et la gravité de ces faits. J'ai aussi remarqué que les jets d'eau du parc de Stalingrad, où jouent d'habitude les enfants, étaient fermés, ce jour-là et cette semaine là.
Aujourd'hui, trouvant dans ma boite aux lettres, un message du maire Pascal Beaudet "Déclaration du maire suite aux ouvertures sauvages des bouches à incendie", il me semble utile de publier une photo, qui donne une idée du problème! La mairie a porté plainte fort justement.

lundi 29 juin 2015

28 juin 2015, Plaine Saint-Denis, le Bal étoilé

Je ne sais pourquoi, je me suis mis en tête de faire des superpositions à la prise de vue de manière systématique pendant ce concert de fin de saison de la Belle Etoile. Sans doute est-ce à cause de la fête de la musique où j'avais commencé, avec Sans Plomb 95. Au théâtre de la Compagnie Jolie Môme, les éclairages et la disposition de la scène n'étaient pas simples, cela m'a poussé à trouver une manière de compenser l'angle de prise de vue et les couleurs dominantes des projecteurs. La beauté de la scène en bois dans une superbe salle m'a aussi inspiré. Il s'agissait aussi de mettre en cause la photo 'portrait' en souvenir ou utile. Pendant le concert, je me suis soudain souvenu de la fin de mon inspiration en 2005 quand j'avais presque abandonné la technique au moment du passage au numérique. Bref ! Après un tri de beaucoup de photos ratées, voilà le résultat de l'expérience pendant un très beau concert :
Marjolaine
 Tango Léon
La Vache.
Les photos n'expriment pas vraiment la musique, un peu, mais pas trop. Ce n'est pas vraiment expressionniste. Il manque certains musiciens et le public, que je ne voulais surtout pas déranger.

dimanche 28 juin 2015

27 juin 2015, Aubervilliers, projection-débat sur l'Afrique du Sud

Qui connaît l'histoire de l'ANC avant Mandela ? L'universitaire et documentariste américano-malien Cherif Keita explique que Mandela lui-même connaissait mal l'histoire de la création de son organisation. Cherif Keita est venu à Aubervilliers, dans le théâtre des Frères Poussières, présenter son dernier film sur Nokutela Mdima Dube, 'Remenbering Nokutela'. Le film forme avec deux précédents, un documentaire sur le premier président de l'ANC en 1912, John Dube, et un autre sur le rôle de missionnaires américains, une trilogie. 
Nokutela Mdima Dube était la première femme de John Dube et a participé avec lui à la création d'une école professionnelle pour femme. Elle était enseignante et chanteuse de chorale. Le documentariste a employé une méthode originale pour un documentaire: après avoir fait des recherches, il s'est filmé discutant des recherche avec la famille, créant lui-même une nouvelle histoire, aboutissant à un hommage émouvant. 
Au-delà de son sujet de départ, le thème est sans doute aussi celui de la réappropriation d'une mémoire populaire entre personnages historiques, difficulté sociale et répression intellectuelle. A la domination de l'apartheid est venu s'ajouter l'exclusion sociale et une certaine domination sexiste patriarcale, sans doute secondaire mais néanmoins présente. Nokutela Mdima Dube aura été effacée des livres scolaires même dans les écoles pour filles noires, parce qu'elle était femme d'un leader, sans enfant, et elle-même victime de l'apartheid social, politique, et intellectuel. Cela m'évoque des censures sur le passé qui existent ailleurs en Afrique en raison des dictatures, en particulier au Cameroun.
Pendant le débat, auquel participe aussi Lazare Ki-Zerbo, le documentariste rappelle le rôle de quelques missionnaires américains protestants dans le début de la lutte de libération. Ces missionnaires ont parié sur l'éducation d'une élite noire et les ont aider à aller faire des études aux USA. Entre autres, c'est ainsi que John Dube a pu partir étudier aux USA, et que sa femme l'a suivi au USA pour récolter des fonds pour créer une école.
En discutant avant le film avec Cherif Keita, sur les liens entre Afrique du Sud et USA, je remarque qu'il y a une manière américaine de combattre le racisme avec l'idée de "races" existantes (en anglais et en français, deux mots avec deux signifiés différents), et un manière plus répandue en France de le combattre en soulignant l'inexistence de race. Je souligne que la conception américaine introduit un cercle-vicieux qui grandit dans le temps, et reflète cependant une réalité de perception des populations, en partie inconsciente. N'étant pas très au fait de la situation en Afrique du sud, je pensais surtout à cela en raison des débats délicats qui fleurissent en ce moment sur les manières de mener la lutte contre le racisme.

27 juin 2015, Aubervilliers et Plaine-St-Denis : Feria de la Plaine

Qu'est-ce que la Feria de la Plaine ? Le quartier à la limite entre Aubervilliers et la Plaine Saint-Denis est en pleine révolution urbanistique. Les logements neufs remplacent progressivement les entrepôts, maisons et bâtiments en mauvais état. Au milieu de ce décor, trois fêtes sont ensemble pour faire une seule grande fête: la kermesse de l'école primaire Maria Casares, ce magnifique et un peu bizarre bâtiment neuf, la fête de la Maison de l'Espagne, et la fête du quartier Landy-Plaine, Marcreus, Pressensé, côté Aubervilliers. 
Il y a 3 scènes pour les spectacles, plein de jeux pour les enfants, beaucoup de stands, où les enfants peuvent peindre ou faire des T-shirts. Je remarque un petit terrain couvert de gravillon, avec une petite scène en bois, qui sert à de l'animation, à quelques dates dans l'année. Des femmes et des filles sont en costume de flamenco. La fête a les couleurs de l'Espagne et de l'Afrique. Une association tente de rénover un grand hangar, 'El hogar de los espanoles', en face de la Maison de l'Espagne, dans la même cour, au 10 rue Christine Garcia. Le lieu contient un superbe théâtre bien patiné.
En fin d'après-midi, je découvre le groupe Bobo Foly, du percussionniste Boubacar Dembélé jouant aussi avec Amadou et Mariam et habitant le quartier. Le groupe joue un style de musique originaire du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire, avec 2 bafafons (diatonique) et 3 autres percussions, un style très subtil marqué par la personnalité des balafons.

lundi 22 juin 2015

21 juin 2015, Paris, Fête de la musique

Impression fête de la musique, Paris, Max Dormoy, Shakirail. Groupe Sans Plomb 95. Je suis vraiment content de découvrir ce groupe, et ensuite, vient Joujou et là je ne peux pas prendre de photos parce que ça va trop vite et que l'image ne pourra pas suivre, ne pourra pas exprimer l'impression...

samedi 20 juin 2015

20 juin 2015, Aubervilliers, sitar et tabla

Latif Khan au tabla et Denis Teste à la sitar, invités par le Théâtre de la Commune, pour un concert hippie 'peace and love'.

dimanche 7 juin 2015

7 avril 2015, Aubervilliers, Palestine ! concert Osloob et Naïsam

Festival Ciné-Palestine au Grand Bouillon Aubervilliers : lecture de poèmes par Olivia Elias et une autre artiste, slam, puis concert de la flûtiste Naïsam Jalal et du 'beatmaker' palestinien Osloob. Ce fût un très bon concert et un plaisir comme photographe.

jeudi 4 juin 2015

2 juin 2015, Aubervilliers, Théâtre de la Commune 2015 2016

La pièce d'actualité "81 avenue Victor Hugo" avec les sans papiers sans logement ayant attiré mon attention sur le théâtre de la Commune, je me suis rendu à la présentation de la saison 2015-2016. Marie-José Malis et Frédéric Sacard étaient sur scène avec leur art de la représentation pour rendre passionnantes des informations que l'on aurait pu se contenter de lire sur le programme papier. 
Il s'agissait aussi pour Marie-José Malis de parler à son public après une première année comme directrice, à partir de quelques doutes et surtout de ses convictions artistiques et parfois politiques. Refus du "Paternalisme à parler des choses sans y croire", "hospitalité à l'impossible", "pouvoir de transformation de la société", "contre le théâtre de la déploration", "géants de la montagne et massacre des comédiens"... je n'ai pas tout compris. 
Plus que le discours, la présence des sans-papiers sans logement est venu donner corps au message. La délégation est venu annoncer que la préfecture avait accepté la régularisation de l'ensemble du collectif du 81 avenue Victor Hugo, suite à la pièce de Théâtre. Moins chanceux, le jour-même, porte de la Chappelle d'autres sans-papiers, dont une partie d'érythréens, étaient évacué de leur campement. La pièce de théâtre sera joué au festival d'Avignon au début d'une tournée inattendue.
Des lycéen-e-s et avec leurs professeurs sont également venu-e-s témoigner de leur plaisir à participer  à des activités, à "parler pour agir", avant que ne soit listé l'ensemble des spectacles, tous géniaux, prévues pendant la saison prochaine: 9 spectacles produits ou coproduits, 23 spectacles contre 15 l'année précédente, en 183 représentations. 
Le plus étonnant sera sans doute dans les Pièces d'actualités: un spectacle sur le thème de l'Europe joué dans les appartements des volontaires, ou Hamlet dans le kébab de l'avenue de la République avec retransmission en direct dans un MK2 parisien. Trois œuvres seront plus sociales et politiques et évoqueront la mondialisation économique, "la classe ouvrière invisibilisée" qui fabrique les produits industriels au Bangladesh ou ailleurs, ou le G8 de Gennes en 2001. Une autre accueillera un TOhu BOhu d'acteurs professionnels en situation de handicap
Le lieu accueillera aussi les séminaires philosophiques d'Alain Badiou et des débats organisés en partenariat avec Médiapart. 
Pour finir, Jack Ralite est venu présenté un projet de 50e anniversaire du théâtre, dans un discours brillant, applaudi par toute la salle, à en oublier "la tendance actuelle à s'opposer aux autres et à se désespérer".

jeudi 28 mai 2015

28 mai 2015, une bande dessinée à lire: la machine à influencer

Je viens de lire cette excellente bande dessinée traduite de l'américain "La machine à influencer, une histoire des médias", de Brooke Gladstone, assistée du dessinateur Josh Neufeld, sortie en 2014. Elle raconte l'histoire des media depuis les Acta diurna de Jules César. L'auteur par un grand nombre d'exemple explique l'importance des media dans l'histoire. A lire !
Il y a un chapitre que je trouve particulièrement juste et intéressant, c'est celui sur les biais des journalistes. Brooke Gladstone a répertorié :
- le biais commercial, assez évident, l'information qui se vend bien, 
- le biais catastrophiste, la concentration des regards sur les grands drames, 
- le biais immobiliste, la préférence inconsciente pour le maintien du statu-quo,
- le biais de l'accès aux sources, parce que les portes sont souvent fermées,
- le biais visuel, l'obsession des images, et l'effacement des faits sans images,
- le biais narratif, dans la volonté de décrire des histoires avec des débuts et des fins,
- le biais d'impartialité, mais souvent l'apparence de la neutralité est totalement fausse, comme par exemple quand un journaliste parle d'une actualité dans une dictature sans faire la différence avec une démocratie, comme souvent à propos des élections "mascarade".
Elle insiste sur les guerres pendant lesquels les biais s'accumulent. Depuis, j'ai trouvé cinq autres biais:
- le biais nationaliste, entre autres, dans le filtrage de l'actualité internationale en fonction des thèmes prioritaires au niveau national, d'une manière récurrente, qui fait, par exemple, exagérer l'importance des acteurs de son pays,
- le biais du négatif permanent, le fait que le traitement plus fort de l'actualité négative empêche la prise en compte par les journalistes des actualités positives, en particulier, les progrès dans l'organisation internationale dans la prévention (est-ce que les media parlent assez des efforts internationaux contre les famines, contre les guerres? Il y a eu beaucoup de progrès depuis 15 ou 20 ans sans que cela ne se voit assez).
- le biais de l'accumulation des faits et des détails, quand la multiplication des détails cache l'absence d'analyse, 
- le biais littéraire, le fait de ne traiter les informations dans un style d'écriture agréable au lecteur en éliminant les données chiffrées, les calculs, les tableaux, les classifications et les listes, pour arriver à des textes littéraires, agréables à lire mais qui ne permettent pas la meilleure compréhension,
- le biais de la corruption, quand des journalistes reçoivent de l'argent pour mentir, par exemple pour dire du bien de dictatures, ou intervenir dans un processus historique à un moment clé avec un mensonge stratégique.
A compléter...

jeudi 21 mai 2015

17 mai 2015, St-Denis, Fête de l'insurrection gitane

J'avais un très bon souvenir de la Fête de l'insurrection gitane de 2014, et j'y retourne malgré quelques doutes préalables en lisant le programme des débats. L'an passé, le sociologue Eric Fassin avait présenté son livre "Roms et riverains.Une politique municipale de la race", qui m'avait fait réagir sur les risques de l'utilisation performative du terme "race", en français utilisé comme en anglais. Ce dimanche, j'arrive à l'heure des débats, et je n'ai pas la chance de voir des groupes de musiques qui me détende. 
Le premier débat est sur le féminisme, et je n'ai pas pris de notes. Ce débat m'a déçu, limite agacé. J'entends le terme 'race', en français, qui revient plusieurs fois avec la certitude de leurs existences. Une universitaire américaine parle de la "communauté noire" là-aussi avec une vision américaine historique et culturelle, qui m'évoque une perception divisée et figée dans ses divisions de la société qui pourrait être en lien avec une perception rêvée ou mythologique, d'une unité africaine originelle qui mélangerait des fantasmes sur la couleur de la peau et sur une identité culturelle en Afrique. Peut-être ?. Dans tous les cas, l'Afrique que je connais est culturellement riche, diverse, autant que peut-être l'Europe, et les migrant-e-s gardent leur diversité; ce n'est pas le regard déformant et simplificateur qui est souvent posé sur eux et elles qui détermine leur 'identité'. Cela me rappelle aussi la difficulté de certain-e-s à comprendre la diversité culturelle en Europe. Une intervenante se présente comme victime sociétale stigmatisée comme "non-blanche, arabe, femme, musulmane". Quelle victimisation secondaire ?
Le seconde débat 'colonialisme et génocide' est plus intéressant mais ne correspond pas vraiment au titre. Richard Wagman intervient en premier pour l'Union juive française pour la paix (UJFP).  Saïd Bouamana définit un "culturalisme" comme un "mode de hiérarchisation qui a remplacé le racisme devenu inacceptable". Pour lui, "l'Etat racialise la société", et "racialisation et culturalisme visent noirs, arabes et musulmans", "nous" dit-il. Eric Fassin a peut-être un peu changé d'éléments de langage: il parle de politique de racialisation, et pas de politique de la race comme dans le titre de son livre en 2014. Lui aussi utilise le terme de 'culturalisme'.
Dans un texte de Saïd Bouamama, Jessy Cormont, Yvon Fotia extrait du "Dictionnaires des dominations" il y a une explication: "Le culturalisme contemporain tend donc à se transformer en idéologie de la domination : la vision culturaliste contemporaine tend à produire l’autre en le réduisant à une différence non pas biologique mais culturelle [1 : Ce qui n’exclut pas une biologisation de la culture, par l’essentialisation qui accompagne souvent cette projection.] Ce qui n’exclut pas une biologisation de la culture, par l’essentialisation (...)"; La culture est un facteur explicatif majeur (éventuellement masqué), mais elle est aussi une forme euphémisée de la biologie, parce qu’elle est figée, voire naturalisée. Et puisque la culture est un facteur figé, elle n’est pas susceptible de modifications, d’influences, de formes composites, de formes nouvelles et émergentes, et les formes culturelles sont renvoyées à leur origine culturelle – ce qui exclut toute invention culturelle qui fait du neuf avec du vieux, voire même éventuellement du neuf avec du neuf."
L'historienne Sarah Carboma parle de "production de savoir racisé" de "savoir occidentalo-centré", de "rromophobie" ou de "tziganophobie". Son intervention est presque incompréhensible tellement elle enchaîne les termes universitaires abstraits, elle ne semble pas se rendre compte du cadre du débat. Elle se reprend ensuite dans le débat pour expliquer le passage au XVe siècle d'une "alterité" et d'une "adnormativité"(?) à une "extériorité". Elle l'explique encore mieux dans le texte 'Identité versus épistémologie romani. Entre essentialisme et universalisme' : "La modernité a abolit un groupe de distances, considéré comme révocables, mais en fait bien utile car indirectement protecteur. A l’époque médiévale, l’ « Autre » n’empêchait pas l’intégration. Il est donc aisé de comprendre pourquoi apparaît la question de l’identité. D’abord comme la réaction à une dissolution du tissu social, la disparition des points de référence traditionnels, l’émergence du concept de normativité garante de la centralité de l’État et de l’organisation politique ainsi que l’apparition du concept occidental et moderne d’individualité. La cristallisation des identités romani en Europe s’opère justement à ce moment précis. Juste à l’interstice de ce que Michel Foucault appela la première « césure épistémologique » opérée en Occident et qui caractérise le passage de l’époque médiévale à l’époque moderne." Elle dit à St-Denis qu'au XVe siècle on est pas de l'âge de l'interprétation (herméneutique) à l'âge de raison à l'époque sont arrivés en Europe, et s'est créé "un rapport en miroir négatif".
Enfin, après avoir pris comme exemple la loi contre le foulard pour parler des discrimination systémique, Saïd Bouamama parle à la fin du débat de "blanchité" : "l'enfant est intégré dans la blanchité" et il y a "transmission du stigmate xénophobe". 
Pour conclure et ne rien conclure... et pour ceux et celles qui ont tenu jusqu'à là - des articles comme celui-ci j'en écrirai pas tous les jours - ce soir, j'étais dans une librairie et j'ai ouvert un livre et j'ai lu cette phrase d'un jeune sociologue qui a été avec des étudiant-e-s de St-Denis observer les bourgeois dans le VIIIe à Paris : "Les races existent, sociologiquement et pas biologiquement, parce que le racisme fait qu'elles existent." Est-ce que cela a un rapport ? Peut-être bien... Ainsi, des "races" "existeraient" pour le sociologue, mais est-ce que ce n'est pas le sociologue qui existe parce qu'il manipule des concepts qui confortent la perception d'une division des populations sur laquelle se fonde son travail et sa propre existence de chercheur ? Je suis sans doute incapable de conclure quoique ce soit à part des doutes sur un certain nombre de concept. Je me demande s'il n'y a pas parfois des cercles vicieux. Et dire que j'étais parti à la Fête de l'insurrection gitane pour écouter de la musique et surtout ne pas réfléchir. 

samedi 16 mai 2015

16 mai 2015, Aubervilliers, le 81 avenue Victor Hugo

Samedi 16 mai, Aubervilliers, Théâtre de la Commune.Débat après la pièce "81 avenue Victor Hugo" avec les 8 acteurs, le metteur en scène, Olivier Coulon-Jablonka, les 2 co-écrivains de la pièce, Barbara Métais-Chastanier et Camille Plagnet, et Stefan Le Courant, anthropologue chercheur sur les sans-papiers. 
81 avenue Victor Hugo est une adresse connue à Aubervilliers, celle de Pole Emploi, celle d'un site fermé par l'administration il y a plus d'un an. Alors qu'ils et elles s'étaient fait-e-s expulser de précédents squats de logement, des sans-papiers s'étaient retrouvé-e-s à la rue au printemps 2014. Un jour, ils et elles ont trouvé l'ancien local de Pole Emploi ouvert. Ils et elles sont depuis 72 à y habiter. Le tribunal vient de décider qu'ils et elles pouvaient y rester un an de plus.
La pièce rapporte les témoignages réels des voyages puis d'une partie des difficultés des sans-papiers. Un seul acteur évoque la Françafrique et les raisons politiques exogènes et raisons économiques des migrations. Le tract parle de migrants de Côte d'Ivoire, et il y aurait tant à dire sur la politique française catastrophique dans ce pays dans les années 2000.
Le débat permet ensuite de parler des sans-papiers en général, du groupe présent et de la pièce. Stefan Le Courant insiste sur les arrestations régulières jusqu'à 100 000 pour 6 000 expulsions, sur les effets de la vie sans papiers : la perte de repères, l'incompréhension de la logique de l'Etat, le doute de tout même avec les proches, l’hyper-vigilance et le stress, l'omniprésence de l'argent pour trouver des solutions. Il évoque aussi le travail dans la restauration, la sécurité, le bâtiment, domaine où le travail n'est pas délocalisable.
La troupe de théâtre a rencontré en octobre novembre 2014 des habitants du 81 avenue Victor Hugo. Quelques-uns se sont portés volontaires pour être comme des porte-paroles du groupe au travers du théâtre, pour continuer la lutte collective, pour les papiers et le logement. Il n'y a pas eu de femmes parce qu'à l'automne, elles étaient peu nombreuses dans le lieu et parce qu'elles avaient plus de difficultés à se rendre disponibles. La pratique du théâtre a donné confiance aux acteurs, mais les autres dans le squat restent avec leur peur.
La question de la mise en scène du parcours de migration pose question aussi. Est-ce des "aventures" vers des "destins" ? qui sortent des spectateur-trice-s d'une routine ? Il y a aussi des éléments vécus pas facilement transposables en langage théâtral.
Le théâtre de la Commune, pourtant Scène nationale, a pu accueillir cette pièce grâce aux Pièces d'actualité, un espace plus libre de programmation, parce que, sinon, les programmations sont faites sur un an, et qu'il faut donc en général 2 ans entre le démarrage d'un travail et le passage sur scène.
Alors que je sais que le ministre de l'intérieur est parti au Niger pour parler des migrations et que l'Union européenne décide d'une force navale au large de la Libye (EUNAVFOR Med confirmée le 18 mai), je ne préfère pas intervenir sur la relation entre politique intérieure et politique étrangère française, parce que les témoignages des migrants sont personnels et peu liés à des questions de politiques générales et que dans le public, il y a quelques personnes avec des positions caricaturales dénonçant le "grand capital" responsable de tous les maux de la terre!
En sortant, parlant avec une amie, je me demande si le théâtre peut aider à sortir de la théâtralisation des rapports humains, au-delà du spectacle qui renvoie plutôt chacun à son individualité, en particulier dans une ville qui souffre d'absence de lieux de dialogue et de rencontre, comme un media peut paradoxalement permettre de rapprocher.

16 mai 2015, Aubervilliers, Johann Riche

Ali et Johann Riche de Belthuner au Grand Bouillon le samedi 16 mai 2015. Il manque un peu de public, quel dommage, parce que c'est tellement beau!