dimanche 30 mars 2014

30 mars 2014, Aubervilliers, la chute du PS et des Verts: la surprise ?

En revenant chez moi, je trouve un écran géant qui affiche progressivement les résultats des municipales par bureau de vote. J'y vois aussi la télé avec des messages comme "un ancien de la CGT devient maire FN", "Roubaix passe à droite", l'ancien responsable de Reporter sans Frontière élu avec le soutien du FN, ... Paris reste aux mains du PS et des Vert-e-s.
Au bout de quelques heures de dépouillement vient enfin le verdict : le Front de Gauche mené par Pascal Beaudet, avec 45,74% des voix, a repris la ville au PS et aux Vert-e-s, mené-e-s par Jacques Salvator, avec 38,91% des voix. Les voix de la droite ne se sont pas reportées sur le PS comme en 2008. Le Front de Gauche a insisté entre les 2 tours sur les règles de l'"union de la gauche" qui aurait impliqué un désistement du PS au 2e tour. En définitive, il peut être content d'avoir gagner sans.
Il est difficile de savoir si c'est le mécontentement face à la politique nationale ou des enjeux locaux qui ont déterminé la bascule. Est-ce qu'en gagnant ce bastion du PC en 2008, le PS et les Vert-e-s étaient conscients qu'il aurait à gérer gérer une ville très pauvre, deuxième ville au-dessus de 20 000 habitants la plus pauvre de France avec 39% des ménages au-dessous du seuil de pauvreté? Dans ce cas, cela rejoindrait la posture économique et sociale du gouvernement. Avec un mécontentement qui s'exprime ailleurs surtout au travers des partis conservateurs, ultra-libéraux, xénophobes, le débat au niveau national est en tout cas brouillé. Un homme vient discuter avec moi: pour lui, "la mairie a essayé de changer la population en faisant venir des parisien-ne-s, a augmenté les impôts, n'a pas assez tenu compte des habitants, et, Valls est arrivé dans les cités". 
Je regrette que la campagne n'ait pas permis de comprendre ce qui allait changer concrètement avec le Grand Paris, au niveau des finances et de la dette de la ville en particulier.
Les discours finissent en bousculade incompréhensible avec des gêneurs sur la scène, puis la dispersion se fait assez vite. C'est aussi une belle soirée de printemps. Qu'est-ce qui va se passer maintenant? En réalité, je suis plus intéressé par le remaniement ministériel annoncé pour bientôt: est-ce qu'enfin Canfin quittera le gouvernement pour qu'Europe Ecologie Les Verts ne soit plus la caution involontaire de la relance de la Françafrique sous l'influence de l'armée française ? Ce n'est pas une question de bilan plus ou moins bon dans un domaine, mais une question de logique politique générale.

30 mars 2014, Paris, en passant devant un monument raciste

En allant au bois de Vincennes, je suis tombé sur cette chose : le Monument à la mission Marchand. Où devrait s'arrêter le respect aux œuvres d'art ? "La mission Congo-Nil est une expédition française menée par le commandant Jean-Baptiste Marchand entre 1896 et 1898" (wikipedia). Le monument est manifestement raciste, colonialiste, c'est une horreur historique. Il est un impossible à déplacer: pourquoi n'y a-t-il pas une plaque pour expliquer le colonialisme ? Certes, ce n'était pas l'expédition Voulet-Chanoine et ses massacres, mais elle a lieu à la même période. L'histoire semble avoir retenu de la mission Marchand le conflit entre impérialisme français et anglais à Fachoda. En 2012, des élu-e-s UMP ont demandé la restauration d'une statut du Commandant Marchal enlevée ou détruite en 1960. Comme quoi la politique des caniveaux n'hésite pas à s'appuyer encore aujourd'hui aussi sur l'art instrumentalisé de la république impériale ? L'inconscient colonial se porte bien.

mardi 25 mars 2014

25 mars 2014, Paris, Génocide des Tutsi du Rwanda : colloque 'la fin de l’impunité ?'

Survie organise ce 25 mars à l'Assemblée nationale un colloque intitulé « 20 ans après le génocide des Tutsi au Rwanda, la fin de l’impunité ? ». Le colloque a lieu pendant la période de pause de la législature en raison des municipales, aussi aucun député n'est attendu.
J'arrive vers midi et je manque les 2 premières parties : '1994-2013 : l’impunité accordée par la France aux génocidaires', présentée par Jacques Morel, Alain Gauthier et Raphaëlle Maison, et 'Brouillard et contre-feux médiatiques'  avec Philippe Braeways, et Jean-François Dupaquier (Colette Braeckman s'étant excusée).
L'après-midi, les conférences-débats continuent sur les thèmes '1994 - 2013 : les complices n’ont pas été inquiétés' : 'Panorama des complicités oubliées' par Jean-Luc Galabert (Izuba) et 'Affaire Barril : ce que l’Etat français savait' par François Crétollier (Survie), puis 'Des procès et des lois : avancées et inquiétudes': Des avancées et des inquiétudes : aspects politiques par Laurence Dawidowicz (Survie) et 'Le "choix" par la justice du droit applicable, la loi française et l’impunité 'par Patrick Baudoin (LDH).
Jean-Luc Galabert insiste sur les complicités financières. Le FMI a commencé par prêté aux gouvernement en phase de préparation du génocide contre un plan d'ajustement structurel, épargnant les dépenses militaires. Ensuite, pendant le génocide, des banques interviennent dans des paiements d'achat d'armes. Les noms de la BNP et du Crédit Lyonnais sont cités, mais des enquêtes supplémentaires sont nécessaires. Pendant le débat, il est aussi question de la gestion de la dette après le génocide.
François Crétollier résume l'affaire Barril qui a justifié la plainte de Survie, la FIDH et la LDH. Celui-ci qui a quitté ses fonctions à l'Elysée avec un statut ambigu dans une "diplomatie parallèle", était proche de Grossouvre, et travaillait à la formation de mercenaires, et dans le 'renseignement'. Il est mis en cause pour ' un accord d’assistance de fourniture d’armes et de munitions et de formation et d’encadrement le28 mai 1994.
Laurence Dawidowicz dresse le bilan de l'avancée de la justice, en France et ailleurs, pour les "présumés", ou plutôt, soupçonnés génocidaires rwandais, et pour les soupçonnés complices français. Concernant les plaintes contre les militaires français qui pourraient toucher leurs donneurs d'ordre militaires et politiques, depuis 2005, 9 ans ont passé sans que la justice n'avance, et le délai d'instruction n'est plus un délai "raisonnable". La déclassification des documents pour la justice et les historien-ne-s est aussi une exigence. La représentante de Survie insiste sur l'attente d'un message du président Hollande pour le 20e anniversaire qui ne fasse pas l'impasse sur les complicités françaises.
Patrick Baudoin retrace l'histoire de la justice internationale et des difficultés à obtenir l'intégration de la Cour Pénale Internationale en droit français. Les socialistes en 2013 ont voté une Loi de Programmation Militaire qui protège les soldats, et ne permettra plus des plaintes comme celles des associations concernant Turquoise. Il précise que le droit français et celui du TPIR ne définissent pas le crime de génocide de la même manière, puisque le droit français oblige à démontrer un "plan concerté" et protège plus les supérieurs hiérarchiques dans la démonstration d'une complicité.
Le débat revient sur la fin du Tribunal aux armées de Paris (TAP) et le transfert des instructions au Pole génocides et crimes contre l’humanité du TGI de Paris. Certes, un premier procès a eu lieu, mais à quel rythme pourront avoir lieu les nombreuses autres instructions et les nombreux procès ? C'est une question de moyens, et la question reste ainsi toujours politique. A propos de l'instruction de l'affaire Bruguière, j'entends dire dans les couloirs, que certains jugent ressentent comme si la justice avait été "déshonorée". Entre autres éléments aujourd'hui évidents, Barril avait placé Fabien Singaye comme traducteur auprès du juge Jean-Louis Bruguière, alors que Fabien Singaye était lui-même impliqué dans le génocide.
Des critiques sont portées contre le TPIR qui aurait gaspillé de l'argent, comme souvent dans ce qui se fait au niveau de l'ONU, qui n'a pas pris en compte l'attentat de l'avion, qui a épargné les complices français, qui n'a pas été jusqu'au bout sur la responsabilité du gouvernement rwandais (GIR). Il a aussi subi des pressions de dictateurs africains 'françafricains'.
Pour la déclassification des documents, l'Etat est "juge et partie", c'est pourquoi le juge Trévidic, juge sur l'attentat de l'avion, demande une structure indépendante de l'Etat.
Fabrice Tarrit, le Président de Survie, conclut le colloque et évoque l'influence militaire qui a grandit pendant les interventions au Mali et en Centrafrique.

mardi 18 mars 2014

18 mars 2014, Paris, Cameroun : Une feuille dans le vent

Je suis très heureux de savoir que Jean-Marie Téno, le réalisateur de 'Chef' ou d' 'Afrique je te plumerai' sort un nouveau documentaire. Le film "Une feuille dans le vent", qui est en avant-première, devant une salle comble, au Louxor à Barbès, revient sur la guerre d'indépendance du Cameroun entre 1955 et 1971, et l'un des leaders, Ernest Ouandié, au travers du regard de sa fille Ernestine. Pendant le débat, l'auteur explique que 'l'histoire d'Ernestine est une métaphore de l'histoire du Cameroun". Elle a un père mort et une mère qui ne l'aime pas. Depuis la guerre, en raison de la répression de la dictature militaire très forte, l'histoire du Cameroun est occultée par les générations les plus anciennes, et les jeunes ne savent pas ce qui s'est passé. Un camerounais dans la salle propose la comparaison entre Biya et Pétain : que serait devenue la France si Pétain était resté au pouvoir pendant 30 ans ? Le film rapporte aussi le témoignage d'Ernestine Ouandié, qui, enfant et adolescente, en tant que fille et fille d'Ernest Ouandié, a connu une maltraitances psychologique et des violences très dures. Elle s'est suicidée en 2009, à 48 ans. Jean-Marie Téno l'avait interviewé en 2005. Aussi, les images de l'interview portent une grande émotion. Le réalisateur a en projet un film plus complet et ambitieux sur la guerre de 1955-1971 au Cameroun. 

dimanche 16 mars 2014

16 mars 2014, Aubervilliers, Elf la pompe Afrique

La pièce "Elf la pompe Afrique" se joue une dernière fois ce dimanche au théâtre de la Commune d'Aubervilliers. L'acteur-auteur-metteur en scène Nicolas Lambert raconte le procès d'Elf en 2003. Il a passé à l'époque 4 mois à écouter les audiences. Seul sur scène, il joue les rôles de Tarallo, Sirven, Le Floc'h-Prigent, Guelfy, le procureur, l'avocat de la défense, le procureur, le juge.
Je vois la pièce pour la 4e fois, je crois. Je croyais bien comprendre, mais j'avais déjà un peu oublié certaines subtilités. Elf était au cœur de la Françafrique jusqu'à sa vente à Total en 1999. La justice s'est contenté de faire payer Tarallo, Sirven, et Le Floc'h-Prigent, sans toucher aux présidents africains et aux politiciens français, qui récupéraient l'argent d'Elf en millions de francs, que ce soit pour les partis, ou pour des personnes.
Le système néocolonial français a su lâcher du lest pour se maintenir, après avoir trop usé d'une méthode, ou être tombé sur un os. La justice est à double tranchant, elle a permis de faire reculer la criminalité, mais elle a aussi faciliter des espèces d'auto-amnisties qui ont permis que la Françafrique continue et s'adapte. De même, la mission d'information parlementaire en 1998 sur le génocide des Tutsi du Rwanda a permis de faire avancer la vérité mais a aussi fait croire que le dossier de l'implication française pouvait être considéré comme clos, sans qu'il soit visible qu'un écran de fumée provenant des dirigeants français impliqués comme complices du génocide se créait simultanément.
Ces deux gros dossiers qui ont fait ou font trembler la République ont en commun la protection réciproque que s'accordent les partis de gouvernements impliqués. Depuis, les informations continuent de sortir au compte-goutte. Je viens de commencer le livre d'Antoine Glaser, AfricaFrance, dont je trouve la thèse principale inacceptable et simpliste, sur l'inversion du sens de la relation de domination, et j'y trouve quelques détails, dont celui-ci sur les amis français d'Omar Bongo, Dumas, Pasqua, ou Fabius : "À gauche, c'est surtout Laurent Fabius qui trouvait grâce à ses yeux : 'Il est vraiment intelligent celui-là' disait-il." (p41) Dans un chapitre qui évoque longuement les valises de billets, les choses se disent entre les lignes. Ali Bongo a récupéré les dossiers et cassettes vidéos de son père, et la relation de 'chantage potentiel' est toujours présente. Même si Elf a disparu et si les contrats de partage de production rapportent maintenant plus d'argent au Gabon et au Congo Brazzaville, les dysfonctionnements des institutions françaises liés au pétrole perdurent. Laurent Fabius est considéré comme le gardien du temple actuel de la Françafrique, assisté de Jean-Yves Le Drian qui, lui, accompagne brillamment la relance de la Françafrique sous influence de l'armée française.

samedi 15 mars 2014

15 mars 2014, Aubervilliers, la fête orientale

La fête orientale organisée par l'association Art d'ici et d'ailleurs à l'Espace Fraternité d'Aubervilliers est la suite de la soirée 'Orient de velours' de février 2013. Avec la soirée africaine la veille, le Festival au féminin, il y a peut-être une sorte de double Journée internationale des droits des femmes de l'Espace Fraternité, pas par le choix des artistes sur scène, qui sont plus masculins ce soir, 3 sur 4, mais pour le public venu pour danser, qui est, lui, à 90% féminin. Dans cette ville, est-ce si souvent que l'ambiance se lâche ainsi sans aucun blocage ? Il y a un moment de la musique iranienne, mais nous sommes loin des pressions décrites dans le film "En secret" de Maryam Keshavarz. Le lieu joue pour beaucoup dans le bonheur qui se dégage une nouvelle fois : la scène est très proche du plateau de danse et les musiciens et chanteur-se-s descendent facilement, il est possible de venir leur parler. Pourtant, je suis fatigué ce soir et mes photos ne sont pas très bonnes. Je ne veux et ne peux d'ailleurs pas déranger les danseuses. Les chanteur-se-s sont Camille Nassim (chant, Liban), Mohamed Abdi (chant populaire marocain appelé Chaâbi), Samira Cherraj (chant, la présidente d'Art d'ici et d'ailleurs), Cheb Walid (chant, Algérie). Tou-te-s sont accompagnés par les musiciens de l'association, et la danseuse Chocolaata intervient plusieurs fois. Malheureusement la présidente d'Art d'ici et d'ailleurs, très émue, nous annonce à la fin que son association pourrait quitter Aubervilliers et ne plus pouvoir continuer les spectacles ici. Quel dommage! 

vendredi 14 mars 2014

14 mars 2014, Aubervilliers, Festival International au Féminin

Je voudrais remercier tous les musiciens qui ont brillamment assuré pendant le Festival International au Féminin à l'Espace Fraternité d'Aubervilliers, pendant la partie concert avec Adama Coulibali, les jeunes chanteuses et danseuses 'mandingues', Assi Diabaté, Ina Baba Coulibali et Fantani Touré. Cette photo est prise pendant le concert d'Ina Baba Coulibali, que j'avais déjà photographiée en mars 2013. Je remarque l'instrument que je retrouve ensuite sur le net : il s'agit du n'koni c'est-à-dire l' "instrument mélodique d'origine peulhe, utilisé depuis l'antiquité par cette ethnie", le "luth de la tradition mandingue classique ... instrument roi par excellence de la musique classique mandingue". Je le remarque aussi parce que la guitare électrique, trop expressive, a du mal à trouver une place harmonieuse dans certains morceaux traditionnels, et parce que je sens le potentiel impressionnant de cet instrument qui existait plusieurs siècles avant la guitare électrique.
Je n'ai pas pu venir pour la partie débat à 18h sur le mariage forcé et les violences faites aux femmes. La journée est organisée par des malien-ne-s d'Aubervilliers. Sans doute, y-a-t-il moins d'euphorie que lors du festival en mars 2013, juste après les combats au Mali. Je quitte la salle après les remerciements à toutes les armées africaines. Le point de vue ne tient compte que de l'avis de la population d'un seul pays, c'est dommage, car les violences contre les femmes ne doivent pas faire oublier les violences des nombreuses dictatures 'amies de la France', qui ont toutes tenté de redorer leur blason au travers du conflit malien. Même si ce n'est pas le sujet de la soirée, la question n'est pas négligeable, à moins de feindre que les avis de l'armée française et des dirigeants socialistes soumis à son influence comptent plus que la réalité africaine. 

mardi 11 mars 2014

11 mars 2014, Saint-Denis, le jeu dangereux du PS face aux Rroms

N'est-il pas normal de voir la médiocratie gagner les couches locales du PS quand ce parti devient une coquille vide, sans idée, spécialisé dans la quête et la conservation du pouvoir? Heureusement, ce n'est pas le cas partout : à Aubervilliers, la liste PS et vert-e-s a au moins le courage de faire un grand nombre de propositions qui élève le débat, même si l'on peut douter de la faisabilité dans une ville très pauvre. Mais, à Saint-Denis, le candidat PS semble avoir choisi le niveau des pâquerettes et des polémiques stériles pour essayer d'aller gagner les voix xénophobes. A moins qu'il ait été trompé par une lecture excessive de tracts nimbistes dégénérescents dans la haine de voisinage.
L'Etat ne tient pas ses promesses depuis la circulaire d'août 2012 qui n'est pas appliquée comme le dénonce le Secours Catholique. Le gouvernement a des difficultés dans plusieurs domaines, et Valls, Ayrault et Hollande sont responsables d'une nouvelle dérive au niveau national. Jouer avec le feu en poussant discrètement l'UMP vers le FN est à double tranchant, à une époque où l'égoïsme est de plus en plus un marqueur anthropologique, quand tous les espaces physiques et mentaux sont pensés au travers de la propriété, quand, parfois, dans l'inconscient collectif, les débats sur des progrès possibles de la société sont remplacés par une recherche de boucs émissaires. Il serait pourtant facile de voir que les Rroms apportent une diversité de points de vue philosophiques, que la manière de les considérer reflète aussi l'état des mentalités et le niveau d'intégration et de désintégration sociale, de capacité à vivre solidairement. Saint-Denis a besoin des Rroms et surtout du dialogue avec eux-elles! 
Le candidat PS, Mathieu Hanotin, a saisi le tribunal d’instance pour tenter faire radier 48 noms de rroms du campement du terrain Voltaire, dit les "rroms du Hanul", des listes électorales, par 48 recours en référé, contestant « le caractère individuel de ces inscriptions » et considérant qu’elles ont été réalisées « à la frontière ténue de la légalité ». Constatant cette attaque sans rapport avec la réalité, les rroms et leurs soutiens organisent sur le campement une conférence de presse
5 journalistes sont là pour comprendre le malentendu transmis par le candidat PS, qui n'a jamais pris le temps de venir visiter le campement, et étale son ignorance du dossier. Il a mélangé les chiffres en parlant par exemple d'un terrain prévu pour 76 personnes alors que le terrain est prévu pour 55 familles. A quoi bon corriger toutes les informations fausses propagées pour des raisons électoralistes. 'Calomniez! calomniez! il en restera toujours quelque chose!'. 
Le candidat PS traite de"bidonville aussi indigne de la condition humaine que dangereux pour ses occupants", un campement qui est un projet unique de collaboration entre des familles rroms organisées, des associations et soutiens, la mairie, et des services de l'Etat. Il a été construit avec des efforts pour aller vers le dialogue, un partenariat, de la responsabilité de part et d'autre, même si rien n' a été simple et ne sera simple. Ce projet, soutenu aussi par la Voix des rroms comme progrès par rapport aux villages d'insertion, est unique au niveau national, et, malgré les efforts qui restent à faire pour améliorer, Saint-Denis peut être satisfait du processus qui a permis d'arriver jusque là, en comparaison avec ce qui se passe ailleurs. Il est plus facile de détruire que de construire patiemment. Et risquer de détruire un projet pour une raison électorale et pour s'attaquer au bilan d'un concurrent Front de Gauche montre un certain mépris. Il y a ici des dyonisiens habitant la ville depuis 14 ou 15 ans, dont les enfants vont à l'école, certain-e-s arrivant au lycée ou au bac, qui sont électeur-trice-s, heureux-ses de voter, qui ne vivent pas dans un "bidonville", parce qu'il y a eu depuis des années un long travail de partenariat avec les familles du Hanul, qui n'a pas toujours été simple, ce qui implique d'en parler correctement et de ne pas le menacer sans faire de propositions pour une meilleure installation. Si M Hanotin souhaite s'opposer à la "misère humaine" et se battre pour "la dignité pour tous", peut-être devrait-il commencer par aller parler avec les habitant-e-s du campement pour connaître l'histoire, les chiffres et la vérité, et faire des propositions concrètes. Il a été invité à venir pendant la conférence de presse.
"Il y a deux situations, ceux qui sont aidés par nécessité et ceux qui sont aidés par volonté" dit Gari, l'un des intervenant-e-s. Les soutiens bénévoles aident courageusement les adultes qui parlent mal français, ne sont pas familiers des papiers et procédures administratives, à faire des démarches, pour la santé, l'école, l'emploi, et le vote. Il ne s'est rien passé d'anormal dans l'aide à l'inscription sur la liste électorale. C'est un non événement dans le monde difficile de la solidarité. On l'aura compris, l'événement est plutôt dans la 'société du spectacle' politique, et, là, cela ne brille ni par la créativité ni par le respect.

vendredi 7 mars 2014

7 mars 2014, Aubervilliers, Souad Massi et Eric Fernandez

Le spectacle s'intitule "Chœurs de Cordoue". Sur wikipedia, je lis que Souad Massi fait de la "musique arabo-andalouse" avec "des textes très personnels, souvent empreints de poésie et de nostalgie". Je crois que c'est très berbère et très gitan, mais je ne comprends pas les paroles des chansons, malheureusement. Çà change tout pour moi. Comment deviner les origines des mélanges sans accès au texte? sans compréhension du lien entre le fond et la forme ? Une grande partie des spectateurs-trice-s comprennent beaucoup mieux que moi. La nouvelle salle de l'Embarcadère, en format gradin, est pleine. La musique étant plus calme, il n'y a pas autant de youyou qu'avec Idir en novembre. J'apprécie le côté gitan du guitariste Eric Fernandez avec la danseuse de flamenco Sabrina Romero, parce que cela m'est plus familier suite à mon exposition sur la culture rrom. Je reste sur la balustrade et j'aurais voulu être plus prêt, mais la disposition de la salle ne facilite pas une approche discrète de photographe. Cela ne me permet pas techniquement de faire des bonnes photos : comme disait Robert Capa «Si ta photo n’est pas assez bonne, c’est que tu n’étais pas assez près». Il faut savoir apprécier tout le plaisir des contraintes et de la patience. Est-ce qu'une certaine froideur qui vient de l'espace architectural ne symbolise pas le froid que je ressens dans le mélange des cultures à Aubervilliers, quand l'expression naturelle laisse place à une observation des autres un peu timide ?