samedi 17 mars 2018

17 mars 2018, Paris : les 10 ans de Médiapart

En général, je me méfie des anniversaires. Par exemple, si une association fête un anniversaire, c’est mauvais signe, elle manque peut-être de dynamisme ou d’activités. Mais, je suis content de savoir que Médiapart ait dix ans. C’est un des rares pôles de journalisme d’investigation en France, donc, c’est très précieux. En Afrique, pas mal de pays n’ont qu’un journaliste d’investigation, et certains n’en ont aucun.
Cela se passe au 104 dans le XIXe. J’arrive à la fin, le samedi à 18h, juste pour le documentaire de Naruna Kaplan de Macedo, ‘Depuis Médiapart’. Le film a été tourné pendant la campagne des présidentielles de 2017 en France, dans les bureaux de la rédaction. On y voit le service politique méditer, discuter, tenir des conférences de rédactions, s’activer, enquêter, publier des articles. C’est aussi un joli film sur le journalisme.
Le concept du média associe analyses politiques et enquêtes, dont enquêtes d’investigation. Je crois comprendre que la nécessité de suivre l’actualité peut freiner une prise de recul plus distanciée dans les analyses. Il y a un équilibre à trouver sur le niveau de complexité, la fragmentation au niveau des faits, au niveau temporel, sur l’intégration de perspectives. Un-e journaliste salarié-e a un bureau avec des horaires. Les locaux sont petits. Le travail s’organise et se partage collectivement. On devine un modèle économique solide qui permet à plusieurs dizaines de personnes d’être salarié-e-s grâce à un media internet ‘pure player’. Ce modèle économique est basé sur la relation entre la rédaction et les abonné-e-s.  
Sans doute que le thème de l’élection présidentielle en France permet d’esquisser un début de contradiction. Les journalistes sont critiques mais dépendant-e-s des actualités et des acteurs principaux de ces actualités vue par le regard des abonné-e-s. Par exemple, si les abonné-e-s sont plus intéressé-e-s par la politique française que par la politique étrangère, est-ce que cela n’influe pas ? Début 2017, je m’étais naïvement demandé, en vain, si Médiapart accepterait de faire avancer le débat sur les programmes Afrique des candidats
Sans doute que les jeux électoraux l’emportent sur les questions de fond qui se discutent sur un temps plus long. Cela me rappelle le paradoxe que les écologistes semblent avoir été depuis dix ans les plus grands ‘contributeur-trice-s’ au niveau des idées politiques tout en perdant l’essentiel de leur positions électorales, tandis que la nécessité de conserver une structure politique stable, dans le paysage politique français qu’ont en face d’eux-elles les électeur-trice-s, favorisait d’autres partis, y compris un nouveau parti pragmatique absent de l’histoire des idées. 
Après le film, François Bonnet, Edwy Plenel et Naruna Kaplan de Macedo viennent parler avec le public et conclure l’anniversaire (sur la photo de gauche à droite, Edwy Plenel, la monteuse du film, Naruna Kaplan de Macedo, François Bonnet).
Le mardi suivant, - enfin ! - Nicolas Sarkozy est en garde à vue et Médiapart reçoit ainsi un magnifique cadeau d’anniversaire ! Félicitations à Edwy Plenel, François Bonnet, … et surtout à Fabrice Arfi et Karl Laske !
Régis Marzin, article écrit et publié le 20 mars 2018

dimanche 4 mars 2018

4 mars 2018, Etre moderne : Le MoMA à Paris et la chorale virtuelle

Sortie du dimanche soir, aussi pour découvrir un lieu, la Fondation Louis Vuitton, un nouveau musée à touristes dans le Bois de Boulogne. L’exposition qui se termine s’appelle ‘Etre moderne : Le MoMA à Paris’. Exposition intéressante, mais je me demande si le grand musée new-yorkais peut prêter ses meilleures œuvres. J’hésite à prendre des photos, je me freine. Il y a une salle interactive, il y a un projecteur de lumière blanche qui éclaire un mur, comme un écran, les gens passent, jouent avec leurs ombres, se prennent en photo, certain-e-s s’embrassent. C’est mignon. Mais, je décide de ne pas sortir mon appareil et d’éviter de faire simple.
Finalement, à mon second tour, je choisis de photographier la seule chose qui n’est pas photographiable, de la musique, le son lui-même. Dans la dernière salle, il y a un circuit au milieu d’enceintes qui sortent les voix d’une chorale. Les enceintes sont comme les têtes des choristes. On a un son proche d’un son devant une vraie chorale. C’est impressionnant, une œuvre assez technique et conceptuelle. Cela s’appelle "The Forty Part Motet". L’artiste Janet Cardiff a enregistré le chœur de la cathédrale de Salisbury (dont les sopranos sont des enfants) qui chantent ‘Spem in alium un motet à quarante voix indépendantes, composé par le compositeur anglais Thomas Tallis (1505 - 1585).
Régis Marzin, article écrit et publié le 20 mars 2018