lundi 29 juillet 2013

28 juillet 2013, Paris, paysage lunaire

C'est le jour des élections à Bamako, c'est trois jours après une mascarade électorale au Togo. C'est après que je sois allé jeter des bombes de fleurs dans Aubervilliers. C'est quelques temps après que j'ai observé dans le métro un homme habillé et coiffé en femme parce que sa peau était noire, et ressenti sa solitude. C'est après une rencontre dans la foule avec mon ami Alain. C'est pendant le concert de Milk Coffee and Sugar. C'est le paysage que Gaël et Edgar voient de la scène. C'est avant l'orage qui fera annuler la projection du film comme la veille. A la Villette, ce 28 juillet 2013. J'hésite encore, j'oscille encore dans mes sentiments pour les inconnu-e-s devant moi. C'est la lumière qui commande, qui dit d'aimer, et je voudrais entendre de la rage encore!

dimanche 28 juillet 2013

28 juillet 2013, Aubervilliers, la chose a 30 000

En se arpentant les cités avec quelques amies entomologistes averties, la discussion s'anime alors que nous approchons d'une chose étrange. Enfin je découvre la chose et je comprends. On me dit que la chose devant moi a coûté 30 000 ... 30 000 Francs CFA ? non, on est pas en Françafrique ici. 30 000 de la monnaie locale qui n'existe pas encore ? 30 000 secondes? si le temps c'est de l'argent. 30 000 pour une oeuvre d'art ? Euh non ... 30 000 ... 30 000 quoi! 30 000 des impôts locaux de la ville à 39% de ménages en dessous du seuil de pauvreté. La grille est vachement bien, un peu basse quand même, si jamais un loup voulait la sauter pour manger un mouton. Il manque aussi des parasols au dessus des bacs, parce qu'avec le soleil qui fait c'est vraiment trop dur pour les vers de terre. Pour les humains, quand l'herbe aura poussé, un bébé pourra bronzer dans un bac s'il est posé en diagonale. Le gazon est garanti sans merde de chien, garantie valable 10 ans. Pour pas dépasser le budget, pour la communication entre les bacs, il est prévu un truc pas trop cher fabriqué par les enfants: un système de fil avec des pots de yaourts de grand-mère. Le truc fonctionnerait pour les vers de terre, les coccinelles, les cloportes, les bousiers, les rats musqués, les hérissons et même les grenouilles, et les crapauds bien sûr !, et permettrait d'organiser rapidement une nouvelle Zone d'Autonomie à Défendre, un peu moins boueuse que Notre-Dame des Landes! Ingénieux !

lundi 22 juillet 2013

21 juillet 2013, Aubervilliers, Auber'Jazz'Day

Une dizaine de groupes se retrouve à Aubervilliers ce dimanche, pour un festival aux couleurs locales, sous le soleil plombant, à l'ombre de la mairie. Il y a assez peu de monde: est-ce encore le micro-climat antipub qui a frappé? Dans la rue de la commune, la chaleur est moins forte, sous les arbres, sous les tentes des associations, comme Circul'livres. Auberfabrik et le collectif des Alternativillariens propose de préparer des bombes de graines, destinées à quelques obscures actions de guérilla jardinière. J'avais noté au programme Beltuner, et je n'ai pas le bonheur d'être surpris par la programmation, je n'entends pas d'autres groupes aussi bons.
C'est Auber, ce n'est pas la place d'un village dans le sud de la France, où des musiciens seraient venus piquer la place des boulistes pour les forcer à entendre devant leurs pastis. J'ai beau prévenir qu'il y a un bon groupe, personne ne vient. Soit on manque de culture musicale, soit on crève de chaud et on a soif, soit on profite pour se faire enfin des ami-e-s, soit l'esprit 'animation musicale' l'emporte sur les artistes, soit les enfants commandent, soit la morne plaine fait son effet: il n'y a plus d'espoir, quel bon groupe viendrait nous rendre visite, dans ce désert culturel ? Ce n'est même plus imaginable, et en plus gratuitement, il ne faut pas rêver: de vrais artistes inspirés ici, pour nous, c'est impossible. Un vieil homme, qui m'as dit être de Saint-Ouen, savoure avec moi, en souriant, les reprises de Bashung ou d'Eric Sati, les compositions de Johann Riche et de ses amis de Beltuner. Je pense aux influences des 4 coins de l'Europe. C'est merveilleux, et soudain, la dernière note est coupée par l'animatrice inculte! C'est un scandale jamais entendu nul part après plusieurs centaines de concerts. La dernière note ! Le doigt appuyant sur le clavier de l'accordéon y avait mis tellement de choses essentielles. Elle ne s'est même pas rendu compte. Mais, revenons sur terre...ce n'est pas grave.

vendredi 12 juillet 2013

12 juillet 2013, Bobigny, tournage des Engraineurs

Je viens ce vendredi faire un peu de figuration sur un tournage de l'association des Engraineurs, basée à Pantin. C'est un tout petit budget avec surtout des bénévoles. Je découvre que le découpage par scènes de quelques secondes ou dizaines de secondes fait que l'on ne peut pas relier une simple scène au scénario. Ce qui m'intéresse plus, c'est de capter quelques points de technique, au niveau image ou son, et de mise en scène, et de sentir un peu l'ambiance. C'est idéal pour prendre des photos, car il y a de lumière assez forte, et parce que tout le monde est préparé à être pris en photos. Il faut attendre et je m'occupe ainsi.

dimanche 7 juillet 2013

7 juillet 2013, Paris, festival Rhizomes

Tous les ans, plusieurs festivals permettent d'entrer dans l'été. Le festival Rhizomes est l'un d'entre eux, même si cette année il ne fait plus le trait d'union entre le 18e et Aubervilliers. Cette fois, ce n'est pas trop tôt: enfin du soleil et de la bonne musique. A la bonne heure du bronzage. Le soleil se lit dans le visage des gens qui s'éveille et il efface les cernes d'un trop long hiver. C'est aux Arênes de Montmartre, petite scène naturelle, qui crée une intimité chaleureuse entre la pierre de l'estrade et les arbres. Les 2 groupes, Ny Malagasy Orkestra, de Madagascar, et Titi Robin Trio, semblent apprécier de voir ce public en hauteur, serré et rangé, soudain plus proche. Le soleil n'éclaire pas les musiciens sous leur tente, elle éclaire le public. Les musiciens le voient magistralement tout en couleur, et, ils peuvent lire les réactions sur les visages. Le dispositif par rapport à une salle sombre où la scène est éclairée est inversé. Pour le photographe aussi, de ce côté, c'est bien plus passionnant que les hommes avec leurs instruments. Il s'y passe plein de choses, comme juste à la fin du concert de Titi Robin, ces deux enfants vers 4 et 5 ans qui se disputent: le petit garçon veut prendre la casquette de sa sœur qui résiste, et, elle prend un chapeau, lui laisse la casquette, mais il pleure quand même. La grosse larme est triste, sous les lunettes; c'est mignon pourtant, les sentiments contraires, entre jalousie, protection, tendresse, et, juste, la musique s'arrête là.

vendredi 5 juillet 2013

5 juillet 2013, Aubervilliers, jardin d'Auberfabrik

Sylvie m'a invité à passer pendant que des enfants des écoles seraient en atelier au jardin d'Auberfabrik. C'est le dernier jour d'école ! Les enfants viennent de pic-niquer, font une sieste, puis dessinent les légumes, les plantes, les fleurs, pendant 1 heure. Ça se passe super bien, il y a un bon encadrement mais, ça vaque aussi dans le jardin et ça se débrouille. Le jardin est dans la cité. A la fin quand les enfants sont parti-e-s, je remarque les scooters qui tournent autour, en roulant sur les roues arrières. Comme je viens de lire des articles dans le journal des psychologues sur la virilité en crise, je crois percevoir une opposition symbolique symptomatique d'une situation psycho-sociale. Je repense aussi à la conférence du philosophe Bernard Stiegler qui parle de tiers témoin, tiers éducatif, tiers autoritaire, tiers thérapeutique, du tiers en général, par exemple des professeurs qui sont 'tiers' dans une relation parents-enfant. Je repense au 'tiers structurant' que pourrait, selon certains, être l'Europe pour l'Afrique. A qui appartient l'espace entre les bâtiments d'une ville ? A personne. Qui tente de remplir l'espace symbolique ? Que représente le respect de la nature dans un espace symbolique plus large ? concernant le respect des êtres en général ? En cas de vide symbolique, quand la norme est dans le retrait, la difficulté d'être et de se montrer, est-ce que la place n'est pas prise par le symbole du symptôme de l'absence de système sociaux harmonieux associant l'individu au collectif? Quelle suggestion? Quelle réaction? Est-ce que la vie ne s'agglutine pas autour de ce qui fait symptôme? Qui regarde ? Qui montre ? Qui voit? Qui est vu-e(*) ? Où est la frontière ? Qu'est-ce que la frontière ? Comment se partage un espace vide ? qui est aussi potentiel de rencontre. Comment s'organise cet espace ? Quel lien entre les générations ? Qui lutte d'une lutte symbolique? Qui se libèrent? les plantes ?

jeudi 4 juillet 2013

4 juillet 2013, Pantin, Projection-débat "Pierre Rahbi"

Ce soir était projeté au Ciné 104 à Pantin, le documentaire 'Pierre Rahbi, au nom de la terre' de Marie-Dominique Dhelsing (2013, 1h34). Le film est un portait qui revient sur la vie du paysan-écrivain et sur les idées principales de ce défenseur de l'agroécologie. Il se dégage une contestation philosophique d'une société capitaliste qui se concentre sur le respect de la nature sans insister sur l'ordre humain et financier, pour agir par l'exemple. Il permet de découvrir plusieurs lieux novateurs socialement et écologiquement, qui ont été influencés par son expérience et ses formations. Je suis heureux de découvrir aussi une école dans une communauté, montrant le lien entre générations par la terre et l'agriculture. Le travail le plus important est sans doute celui effectué à Gorom Gorom au Burkina Faso, où Pierre Rahbi a œuvré pendant les années 80. J'espérais que l'expérience africaine soit plus développée, parce que je cherche des films sur l'écologie en Afrique pour les projeter, mais le film est revenu très vite sur la France. Le paysan a rencontré Sankara quelques semaines avant son assassinat par les hommes de Blaise Compaoré, et le président burkinabé lui aurait proposé un poste de ministre pour développer l'agroécologie. De jeunes jardinier-ère-s participaient également au débat aux côtés de la réalisatrice. C'était ainsi aussi l'occasion de reparler des jardins partagées en ville, et des actions autour des 'villes en transition' qui démarrent à Montreuil ou à Pantin, très souvent autour de l'alimentation.