dimanche 26 novembre 2017

26 novembre 2017, Paris, Togo : conférence « sortie de crise et perspectives »

Le journaliste Max Savi Carmel et moi avons organisé cette conférence sur le Togo intitulée : « Togo : sortie de crise et perspectives », ce dimanche, à la Mairie du IIe arrondissement de Paris. J’interviens dans le premier panel, « Limitation du nombre du mandat au Togo dans le contexte africain et ouest-africain », avec Aly Traoré, porte-parole Balai citoyen à Paris (vidéo 1), et Max Savi Carmel (vidéo 2), accompagnés du modérateur Makaila Nguebla, le fameux blogueur tchadien.
Mon intervention replace le cas togolais géographiquement en Afrique et historiquement en remontant à 1990. Je décris l’importance de la question du nombre de mandats présidentiels dans les constitutions en Afrique et en Afrique de l’Ouest. J’explique le lien entre l’historique électoral depuis 1990 et le nombre de mandats, et conclus sur la nécessité pour la communauté internationale et africaine de rediscuter des processus électoraux en Afrique et du nombre de mandats, deux questions totalement liées.
La suite sur le blog de Régis Marzin : Regard * Excentrique ...

mercredi 15 novembre 2017

15 novembre 2017, Aubervilliers : le Festival Africolor et le cinéma le Studio accueillent des artistes congolais engagés

Photos : de gauche à droite, 2 musiciens, Eric et Montana, Lexxus Legal, Florent De La Tullaye et Jupiter Bokondji
Cette semaine débute le festival Africolor, festival de musique africaine en banlieue parisienne. Il commence à Aubervilliers par une projection-débat sur l’engagement de chanteurs de Kinshasa. L’association Congo Action, qui aide des enfants des rues à Kinshasa, participe également à la soirée.
Le premier film présenté est le court-métrage documentaire ‘La révolte dans les maux : une histoire du Hip Hop africain’ de Constant Popot et Léa Lecouple (2017 France) qui raconte brièvement l’histoire des mouvements citoyens en Afrique, depuis Y’en a marre au Sénégal, tels qu’ils étaient apparus à Africolor en 2016. Africolor s’était associé l’an passé au Centre de recherches internationales (Céri) de Sciences Po Paris qui avait organisé un colloque « Politique de la rue : mobilisations citoyennes, violence et démocratie en Afrique » relié à un concert à Bobigny. Ce colloque avait été un moment de mobilisation important associant des artistes et des universitaires, de France et d’Afrique, un moment de rencontre pour des actions futures.
Le second film est ‘La danse de Jupiter’ de Florent De La Tullaye et Renaud Barret (documentaire, 73 min, 2004-2006, France et RDC) qui présente le chanteur Jupiter Bokondji et ses musiciens. Le film est aussi une sorte de reportage sur une partie de Kinshasa, ville innervée par la musique, passionnant. Jupiter et ses musiciens, Okwess, sont aussi le vendredi 17 en concert à Pantin avec le rappeur Lexxus Legal, qui avait déjà participé au colloque de Sciences Po et au concert de Bobigny en 2016.
En introduisant le débat, Lexxus Legal explique qu’il est rare pour des congolais de jouer en France depuis 5 ans, depuis que les « combattants » anti Kabila manifestent contre les concerts des artistes qui ne s’engagent pas contre Kabila.
Pour Jupiter, parlant du film tourné en 2004, les choses ont bougé surtout depuis qu’avec internet « les gens ont commencé à réfléchir autrement ». Il est assez catégorique : « le problème de l’Afrique, c’est l’occident ». Un professeur congolais dans le public acquiesce en parlant de la visite de Mitterrand au Congo en 1984. Lexxus Legal les contredit en disant que les problèmes viennent aussi des africains et que ceux-ci, auront des réponses, car : « nous cherchons à construire chez nous ».
Depuis le colloque de Sciences Po, le combat des mouvements citoyens a continué au Congo Kinshasa en ébullition dans l’attente de la présidentielle et d’une véritable transition vers la démocratie. J’interroge Lexxus Legal sur les actions des musiciens depuis 2015. En mars 2015, Y’en a marre et de Balai citoyen avaient été invités par le mouvement citoyen congolais Filimbi à participer à un atelier à Kinshasa. Le pouvoir avait répondu brutalement en expulsant les rappeurs et activistes sénégalais et burkinabé, en emprisonnant Fred Bauma, ce qui avait poussé à l’exil en Belgique, les autres leaders de Filimbi. Joseph Kabila montrait alors qu’il ne voulait pas de mobilisation contre lui par la musique. Depuis les musiciens sont moins visibles et le mouvement la Lucha en RDC comportent de jeunes militants politiques qui ne peuvent rassembler plus de monde par des concerts. Ce 15 novembre, la Lucha organisait justement ville morte et manifestations. Lexxus Legal me répond que les « artistes sont offensifs » et que comme Valsero au Cameroun, qui a créé un mouvement, ils ressentent que la musique ne suffit pas et discutent de s’engager autrement, lui en particulier.
La soirée se termine autour d’un pot, qui permet d’approfondir les discussions.
Régis Marzin,
Article écrit et publié le 17 novembre 2017

vendredi 10 novembre 2017

10 novembre 2017, Aubervilliers – Emplois aidés : l’effet Macron sur les associations

L’effet de la politique du gouvernement se fait maintenant durement sentir à Aubervilliers. La suppression des emplois aidés touche des associations. Le 7 novembre, la municipalité a indiqué dans un communiqué « la suppression du financement des emplois aidés et la baisse des dotations politiques de la ville sont un coup dur porté au fonctionnement de plusieurs associations d’Aubervilliers ».
Le Collectif des associations citoyennes se mobilise sur toute la France contre « la destruction des contrats-aidés et du monde associatif » et a organisé une deuxième journée noire le vendredi 10 novembre. Dans ce cadre, un rassemblement a eu lieu de 12h30 à 14h30 sur la place de la mairie d’Aubervilliers, avec le soutien de la mairie.
Meriem Derkaoui est passée affirmer la position de la mairie. Elle a évoqué la situation difficile du café culturel le Grand bouillon. Ce matin-même à 11 heures, un communiqué de la municipalité précisait : « Les difficultés financières de l’association, aggravées par la suppression d’un emploi aidé, l’ont contrainte à nous annoncer hier sa dissolution. La Municipalité regrette cette décision… »
Le texte, après des précisions budgétaires, se conclut par une note d’espoir : « Parce que ‘Le Grand Bouillon’ est reconnu comme un lieu incontournable du centre-ville et que les nombreux évènements qui y sont proposés participent au dynamisme culturel d’Aubervilliers, la Municipalité souhaite aujourd’hui réaffirmer son engagement à maintenir, ouvert, ce café culturel. »
Fin 2019, ouvrira le Campus Condorcet à une station de métro du Centre-ville. Aubervilliers va changer. Les nouvelles populations, travaillantes et habitantes du Quartier Front populaire, se déplaceront-elles uniquement vers Paris ou trouveront-elles des raisons de venir participer à la vie de la ville ? Il manque sans doute de lieux dynamiques pour créer le mouvement. Bien que l’avenir soit plein d’incertitudes dans cette ville marquée par de très fortes difficultés dans le ‘vivre ensemble’ et peut-être aussi une habituation à des « échecs », l’avenir réserve certainement de bonnes surprises. Il s’agit de garder possible la saisie de ces opportunités. Le bénévolat associatif apporte le dynamisme, une richesse, la souplesse et l’adaptation, pour des coûts moins élevés dans la culture.
Le Grand bouillon a été dès le départ un lieu ouvert, convivial, s’intégrant discrètement et progressivement dans le tissu associatif. Même si sa communication a mis l’accent sur ses activités dans la musique d’une manière quasi-professionnelle et passionnée, le faisant connaître par ses concerts gratuits hebdomadaires, le lieu est aussi un lieu ouvert à tous et toutes, à toutes les générations, par le plaisir de boire un verre ou un café, par des ateliers, l’accueil des réunions associatives, chaque jour de la semaine ou presque.
Macron et son gouvernement avec leur image très moderne, par leurs décisions à l’emporte-pièce, s’attaquent à d’autres expériences de modernités dans des territoires socialement et culturellement fragiles, qui nécessitent un engagement public constant. Ce n’est sans doute pas une surprise ! L’effet se fait déjà sentir et il est tristement sinistre.
Régis Marzin
Passé en fin de manifestation.

jeudi 2 novembre 2017

2 novembre 2017, Montreuil, histoire du nucléaire : projection sur Plogoff en 1980

Depuis mon enfance, le mot Plogoff sonne comme un mot magique, synonyme de rébellion de jeunes adultes en butte à l’inertie et à l’auto-censure de la génération de leurs parents. Il sonne comme René Vautier, comme marée noire, comme pétrole à la plage, comme « boutou coat » dans les fest-noz, comme une projection d’un film sur Lankou au village. Il sonne authentique et mystérieux, depuis cette période un peu oubliée maintenant.
Là-bas, on ne parlait pas beaucoup des conflits, on préférait la solidarité dans l’unité. Je l’ai su plus tard : Plogoff, c’était, la solidarité dans l’unité, entre jeunes, vieux, hommes, femmes, militaires retraités, paysans, curés, villageois, citadins, … Cependant un peu plus loin, en 1980, c’était de nouveau la solidarité et unité dans la cécité et le respect des institutions. Cette censure typique de certains coins de Bretagne a créé chez moi une frustration.
Je connaissais déjà le film « Plogoff, des pierres contre des fusils » de Nicole et Félix Le Garrec. Je l’avais projeté au Festival des résistances et des alternatives de Paris, au-dessus d’un concert de punk qui avait chaotiquement doublé la bande-son pour mon plus grand plaisir. Il y avait là, de ma part, un peu d’humour post-moderne sur la violence et sa vanité, je l’avoue enfin.
« Le dossier Plogoff », réalisé par François Jacquemain en 1980 (Ciné Informations - Synaps Collectif audiovisuel – ISKRA) est un autre film que je n’avais jamais vu. Il vient d’être restauré. Je me suis précipité à la Parole Errante, après avoir vu l’annonce de Sortir du nucléaire. Je tombais sur une soirée de soutien aux inculpé-e-s de l’affaire Tarnac. S’il n’était pas mort au printemps, il y aurait eu là Jean-Pierre. Tarnac : quelle affaire ! C’est en tout cas moins drôle qu’un concert de punk déjanté dans un squat d’intermittents. Jean-Pierre adorait les actions de rue humoristiques écolo-libertaires.
L’histoire de Plogoff est plus l’histoire d’un délire scientiste des années 70 qui dégénérait. C’était tellement absurde à la base, de mettre une centrale nucléaire à la pointe d’un continent. Cela symbolisait la puissance mégalomaniaque des humains dominant la nature, la terre et l’océan. Quelque part, même sans la résistance des habitant-e-s, il y avait quelque chose qui clochait. A l’heure du combat planétaire pour sauver le climat, cela paraît bien lointain. Il reste les sous-marins nucléaires juste à côté, maintenant.
Il y a là des amies, on discute, et soudain sortent eux-elles aussi du passé, d’autres ami-e-s, qui avaient un peu disparu-e-s…
Régis Marzin
Article écrit et publié le 14 novembre 2017