jeudi 28 janvier 2016

28 janvier 2016, Aubervilliers : débat sur l’Etat d’urgence

Africain à Paris, je suis un piètre citoyen français, mais je me déplace néanmoins à l’école primaire pour écouter la LDH sur l’Etat d’urgence. L’avocate Dominique Noguères intervient. Elle alerte sur la surveillance électronique et les perquisitions depuis le 13 novembre, qui ont surtout servi à lutter contre la petite délinquance, les assignations à résidence préventives basées sur des soupçons, l’augmentation du contrôle de la société, qui peut toucher les militant-e-s associatif-ve-s et syndicaux-ales, la déchéance de nationalité, la stigmatisation d’une partie de la société, la modification de la constitution dangereuse.
Elle décrit la « fin de l’Etat de droit classique » quand le juge judiciaire, non maîtrisable, est remplacé par un juge administratif.
Selon elle, le chômage est occulté, le débat sur la politique étrangère oublié. OK, çà c’est mon domaine, j’approuve. Et je profite que personne ne m’écoute pour signaler que Laurent Fabius comme ministre des affaires étrangères a un très mauvais bilan en dehors de la question du climat. Il semblait assez peu compétent, assez peu motivé, et des informations circulaient comme quoi il était malade physiquement, point gênant sur lequel les media n’ont pas trop insisté, mais qui semble avoir eu un impact sur sa capacité à prendre en charge des dossiers. C’est aussi tout cela qui a fait que Jean-Yves Le Drian est devenu le « ministre de l’Afrique ».
Le débat revient beaucoup sur Aubervilliers. On se demande que faire. Il faut de la pédagogie, comme le montre la réaction d’une personne qui quitte la salle après avoir contesté par des arguments simplistes. Cela parle de la guerre d’Algérie, mais je trouve alors la généralisation hâtive. Nous ne sommes plus dans les années 1990, l’inconscient colonial persiste certes, mais il y autre chose dans l’air, un mélange de problématique complexe qui demande une réflexion complexe pour être désamorcé. Par exemple le racisme est maintenant très mélangé avec de la xénophobie à plus forte dose mais aussi avec du rejet culturel, et l’action de l’Etat quand elle s’imprègne de cet inconscient collectif est traversé de tensions contradictoires et plus complexes.
Je quitte la salle discrètement, attiré par d’autres questions et réflexions.
Régis Marzin, article écrit et publié le 11.4.16

samedi 23 janvier 2016

23 janvier 2016, Paris, Gabon : manifestation pour les alternances démocratique en Afrique

La Manifestation pour les alternances démocratiques en Afrique organisée par la diaspora gabonaise à Paris, et en particulier par Gloria Mika, a lieu ce samedi devant la Maison de la Radio :
Gabon : la famille Bongo au pouvoir depuis 1967 !
Guinée Equatoriale : Tedoro Obiang Nguema au pouvoir depuis 1979 !
Congo Brazzaville : Denis Sassou Nguesso au pouvoir depuis 1979 !
Angola ! José Eduardo Dos Santos au pouvoir depuis 1979 !
Ouganda : Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986 !
Tchad : Idriss Déby au pouvoir depuis 1990 !
Congo Kinshasa : la famille Kabila au pouvoir depuis 1997 !
Djibouti : Ismaïl Omar Guelleh au pouvoir depuis 1999 !
Y’en a marre ! Ça suffit comme ça ! Du balai !
Tout est dit, et le calendrier des élections est ici.
'Science sans conscience, n'est que ruine de l'âme.'
Agitation sans connaissance, n'est que bruit de casserole dans la nuit.
Régis Marzin, article écrit et publié le 11.4.16

jeudi 21 janvier 2016

21 janvier 2016, Paris, Congo K : conférence de presse de Freddy Kita

Ce jeudi 21 janvier 2016 à Paris, Place République, a lieu une conférence de presse de Freddy Kita, Secrétaire Général de la Démocratie Chrétienne, Coordonnateur du coordonnateur du comité de suivi de l’Initiative Panafricaine pour la Défense de la Démocratie (IPDD), sur la situation électorale en République démocratique du Congo, devant une vingtaine de journalistes et sympathisant-e-s.
Le processus électoral de la présidentielle et des législatives, prévus le 27 novembre 2016, sans report possible selon la constitution est mal engagé. La CENI n’a pas fourni de calendrier, et le précédent est caduc. Du fichier électoral sont exclus 8 millions de jeunes. Le financement de l’Etat n’arrive pas à la CENI et la communauté internationale ne peut financer sans calendrier. Il n’y a pas de dialogue entre gouvernement et opposition. La situation des droits humains est catastrophique. Les détentions arbitraires politiques sont nombreuses, dont des « otages en prison ». Il n’y toujours pas d’enquête sur le massacre de début 2015. Les media sont censurés.
Selon Freddy Kita, le respect de la constitution est une condition indispensable pour démarrer un dialogue. Il propose, dans l’ordre, la libération des prisonniers, la désignation par l’ONU d’un facilitateur, chargé ensuite de  l’organisation d’un dialogue, puis le dialogue et l’organisation par la CENI des élections avec discussion du calendrier et de la loi électorale, sur la liberté d’expression et de manifester.
Il rejette le facilitateur de l’Union africaine togolais Edem Kodjo, qui a déjà échoué au Burundi. Il considère que le représentant de l’ONU pour l’Afrique centrale pas assez déterminé, et que la position de l’ONU doit changer sur les conditions du dialogue. Pendant le débat avec la salle, le représentant en Europe du FROCAD et de l’IDC au Congo Brazzaville, Joseph Ouabari Mariotti qu’il faut éviter que l’Onu et l’Ua soient des complices ou des « médecins après la mort » par leur « attentisme ».
Sur la possibilité de candidature unique de l’opposition, il remarque qu’il faut des critères pour distinguer de vrais opposants de simples dissidents. Il pourrait y avoir un candidat unique sans primaires. Le but serait aussi de déraciner le système Kabila, au niveau des intérêts miniers et de l’armée. Il insiste alors sur les liens entre l’armée congolais et le Rwanda. Une partie des journalistes sont déjà partis et il s’agit maintenant plus d’un débat ouvert avec la diaspora.

Régis Marzin, article écrit et publié le 12.4.16 

jeudi 14 janvier 2016

14 janvier 2016, Paris, Année européenne pour le développement ?

2015 aurait été déclarée "Année européenne pour le développement" ? Je n'en avais pas entendu parler, étrange! A la Maison de l'Europe de Paris, dans le Marais, l'association Sauvons l'Europe organise une conférence sur ce sujet peu connu, peu médiatisé, de la coopération européenne. La conférence est intitulée 'Année européenne pour le développement : regards sur six décennies de coopération et leçons pour l'avenir'. Y participent, de gauche à droite, Gérard Vernier, ancien fonctionnaire européen à la direction générale du Développement et de la Coopération - EuropeAid à la Commission européenne, Solen Menguy de Sauvons l'Europe, animatrice, Clément Cheissoux, chargé de mission Climat et Développement sur le départ à la Fondation de France, et Brigitte Améganvi, présidente de Synergie Togo.
Gérard Vernier trace un historique de l'aide au développement européenne depuis 60 ans, précis, utile, mais ne questionne pas vraiment la politique européenne. Brigitte Améganvi évoque une certaine compromission de l'Ue au Togo entre politique de développement peu efficace et services rendus au pouvoir. Elle ne rentre pas dans le détail du scandale de la politique européenne au Togo. Clément Cheissoux défend l'agriculture paysanne. Le débat permet de souligner des incohérences de la politique européenne, souligne légèrement les ambiguïtés européennes concernant la démocratie et les droits humains, d'autant plus que l'exemple choisi, le Togo pousse dans cette direction. Mais cela reste superficiel et j'apprends peu de choses qui puissent m'être utile. Sur le Togo, le rôle désastreux de Louis Michel n'est pas expliqué au public, alors qu'il a été question des arrêts et reprises de la coopération et de l'Accord de Cotonou. En rentrant, j'informe les organisateurs en leur proposant  par mails quelques documents supplémentaires sur le sujet, en particulier sur la politique européenne sur la démocratie et au Togo :
- Mon dossier début 2015: " Union européenne et élections en Afrique en 2015 et 2016 : relancer la relation Europe – Afrique par un soutien accru à la démocratisation", et la lettre du Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique associée qui en résume assez bien les idées : "9 propositions à l’UE pour soutenir la démocratisation en Afrique" qui recommandait de " Redéfinir la politique européenne en accord avec les Etats membres, en rééquilibrant les trois grands pôles, politique de défense et sécurité, politique de développement économique et politique de soutien à la démocratie et à l’Etat de droit, dans le sens d’un soutien accru à la démocratie.
- Sur la piètre performance de l'Ue lors de la présidentielle togolaise de 2015, l’échange du Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique avec le Directeur Afrique au SEAE : "UE – Togo et politique européenne – Lettre ouverte à Nicholas Westcott". Nicholas Westcott a quitté mi-décembre son poste de directeur Afrique du Seae de l'Ue. 
- Le "New Action Plan on Human Rights and Democracy (2015-2019)" de juillet 2015 et le "Projet de rapport annuel de 2014 sur les droits de l'h,omme et la démocratie dans le ,monde et sur la politique de l'Union européenne en ,la matière" de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen de septembre 2015, deux documents qui montrent que la politique européenne en Afrique est toujours en cours de définition.
L’absence de maturité de la politique européenne n’est pas uniquement due aux divergences entre Etats membres, évoqués ce soir. Il y a déjà de nombreuses décisions qui ont été prises qui correspondent à des directions. Ces choix sont déjà discutables, par exemple la priorité  donné à une politique très budgétaire permettant un ‘soft power’, une influence douce et large. C’est dans ce cadre que l’Ue vient de décider, en décembre 2015, pour lutter contre les migrations, de fournir de l’aide au développement à l’Erythrée, la pire dictature d’Afrique : le scandale et l’incohérence sont immédiats puisque qu’il était évident que les conditions définies dans l’Accord de Cotonou au niveau des droits humains n’étaient pas respectées. Pourtant, la décision est passée assez inaperçue. L’enjeu de la relation entre Europe et Afrique, bien qu’essentiel reste méconnu, sans doute parce que les regards, sur les deux continents, restent d’abord nationaux.
Régis Marzin, écrit et publié le 16.1.16