vendredi 8 avril 2016

7 avril 2016, Saint-Denis, en souvenir des Penn Sardin

Je n’ai pas pris mon appareil photo ce soir. Ce n’est pas grave, ce qui compte c’est le film de Marc Rivière ‘Penn Sardin’. Celui-ci est projeté en version française, et donc pas en version bretonne, ce qui signifie que les paroles des pêcheurs et ouvrières sont traduites. C’est une fiction basée sur des faits réels, la grève des ouvrières à Douarnenez entre le 21 ou 27 novembre 1924 et le 7 janvier 1995, une grève de 7 semaines qui a eu un grand retentissement à l’époque. Je suis bien heureux de découvrir ces faits historiques. A la fin du film, Théo Bernard, qui a fait une thèse sur cette grève, nous explique la vraie histoire. Elle est assez différente du film.
La grève a démarré dans une usine de métallurgie et pas de conserves. Le syndicaliste Charles Tillon n’était même pas là, il sera connu plus tard pour d’autres choses à Douarnenez. Il y a eu d’autres grèves entre 1905 et 1924 au contraire de ce qui est dit dans le film. Les patrons, qui n’étaient pas si paternalistes et étaient parmi les plus exploiteurs de France, étaient prêts à céder sur les revendications au bout de 2 semaines. La grève elle-même était pendant une période d’arrêt de la pèche et d’arrêt de travail des poissonneries. Les pêcheurs ont continué à travailler 2 semaines avant de rejoindre les ouvrières et sont repartis travailler en accord avec le comité de grève et le syndicat CGTU. Les villes de banlieue parisienne n’était pas encore gagnée par le Parti communiste et n’ont pas pu acheter les poissons, la banlieue parisienne est devenue rouge 4 mois plus tard, ce qui n’a pas empêché le soutien à l’époque dans ces mêmes villes. La revendication du droit de vote des femmes n’y était pas, celle du salaire égal avec les hommes non plus, ce qui était normal puisque les hommes et les femmes ne faisaient pas les mêmes métiers.
C’est étrange de faire un film sur des faits historiques et de modifier tant de choses. J’ai aimé ce film mais cela me dérange que l’on corrige le récit d’une réalité. Comme journaliste, je suis constamment en train de me battre contre les mensonges qui peuvent empêcher de savoir ce qui s’est passé réellement.
La tentative d’assassinat du maire communiste est conforme, elle. L’historien nous précise qu’ensuite la préfecture a effacé les preuves du lien avec les patrons. Il y avait 23 usines à Douarnenez dont 18 de conserves.
Le patronat était francisé, un peu venue d’ailleurs, par exemple de Nantes. Les femmes parlaient plus le français que les hommes. 2000 personnes s’étaient mises en grève, dont 75% de femmes. Les réunions étaient des meetings ou la CGTU dirigeait, et pas des assemblées générales. La mairie fournissait les salles.
Encore des choses, qu’il y a 30 ans, nos professeurs d’histoire, gentils et un peu coincés, n’ont pas pris la peine de nous apprendre. Cette soirée m’intéressait pour des questions historiques. Le film correspondait bien au lieu, la Belle étoile. J’entends parler des ‘nuits debout’ à République, mais ce n’est pas la vraiment lutte ouvrière dans le Finistère, en ce qu’elle pourrait nous apprendre quelque chose sur le présent, qui m’intéresse. Nous aurions eu besoin que l’on ne nous cache pas cette histoire en Bretagne, et que l’on évite de nous faire croire que la Bretagne n’avait pas d’histoire, à toutes les époques, pour nous permettre ne nous confronter à la complexité de la réalité. Dommage ! Heureusement, il n'est jamais trop tard. 

jeudi 7 avril 2016

7 avril 2016, Paris, Guinée Équatoriale : conférence de presse de la CORED

Ce jeudi 7 avril, à Paris, à l’institut Iremmo, le nouveau lieu partagé avec la Maison de l’Afrique, le parti 'Coalition restauratrice de l'Etat Démocratie' (CORED), organise une conférence de presse. Elle est animée par Makaila Nguebla, l’éminent blogueur tchadien.
Le secrétaire général de la CORED, Raimundo Elang présente le contexte et les enjeux de l’élection présidentielle du 24 avril 2016 en Guinée Equatoriale, devant une dizaine de journalistes et sympathisants.
Selon lui, c’est parce que sa « dictature » est en en grande difficulté que le président Obiang vient d’avancer la date de la présidentielle, pour qu’elle coïncide avec celles du Congo Brazzaville, du Tchad et de Djibouti. Il a peur de la nouvelle vague démocratique et de se retrouver dans la position de Sassou Nguesso. Son plan de transmission monarchique à son fils est aussi périlleux.
L’élection elle-même traduit un retour 30 ans en arrière, à l’époque du parti unique, plus exactement du candidat unique. La répression est maximale : impossibilité pour la société civile de se réunir, aucune liberté de la presse et de manifester. L’opposition boycotte et il ne reste que six candidats faire-valoir attiré par le financement distribué pour la campagne. Le pouvoir va jusqu’à cibler une répression dosée sur certains partis pour les désigner comme partis d’opposition, pour choisir ses opposants. Il duplique aussi les partis.
La CORED demande à la communauté internationale de ne pas accepter l’élection. La participation très faible risque d’être gonflée.
La population est mécontente. La tension augmentera avec le nouveau mandat de Téodoro Obiang. La Cored se donne comme objectif de « transformer le mécontentement en expression politique ». Pour cela, la Cored, comme nouveau parti politique, s’implante actuellement très rapidement en Guinée Equatoriale, après s’être fait connaître dans ses actions en exil. Elle continue les relations avec les décideurs et diplomates souvent inquiets de l’avenir du pays.
Bien que la CORED ne participera pas à l’élection, elle possède un programme qui lui permettrait de le faire si les conditions le permettaient :
-        un pacte de « vivre ensemble » contre les divisions ethniques renforcées par la dictature,
-        la réforme des institutions : diminution du nombre de ministres, réformes de l’armée, de la police, de la justice,
-        des réformes économiques, la lutte contre la corruption, la restauration du climat des affaires,
-        la réforme de la politique d’éducation, de culture, de santé,
-        une nouvelle politique étrangère pour redorer l’image du pays après le retour à la démocratie
Le secrétaire général de la CORED pense que le peuple guinéen se libérera seul et souhaite une « lutte non-violente ». Selon lui, « l’Afrique centrale bouillonne » entre désespoir et pauvreté. La population sait que la Guinée équatoriale est liée à l’occident par le pétrole.
Régis Marzin
Article écrit et publié le 9 avril