dimanche 28 septembre 2014

27 septembre 2014, Paris 18e, Ecobox concert Jean-Baptiste

Cette année, le jardin d'Ecobox, près du métro Max Dormoy, est de nouveau très animé. Aujourd'hui, pour la fête des jardins, on peut y voir une exposition photo des adhérent-e-s, uniquement des paysages, plantes et animaux, insectes, oiseaux, poules, hérissons.
Le soir, l'association accueille le groupe de flamenco de Jean-Baptiste Marino. Ça pourrait presque danser, ça frétille, mais le public préfère écouter, sauf pour les dernières chansons. La guitare impressionne. C'est un concert magnifique, au milieu de ce décor étrange, entre fresques, arbres, plantes et poulailler. Cette étrangeté de la rencontre de la musique, de son style et du décor,  fait aussi la poésie du moment. Imitant l'expo photo, j'évite exceptionnellement de parler des êtres humains qui traînent par là !

dimanche 21 septembre 2014

20 septembre 2014, Aubervilliers, journée du patrimoine

J'hésite à me rendre aux Journées européennes du patrimoine à Aubervilliers. Il y a des jardins à visiter, mais c'est assez classique. Le mécréant que je suis, est pourtant curieux de mieux connaître l'histoire de l'église Notre Dame des Vertus, parce qu'elle est belle. L'an passé, déjà, j'avais apprécié de connaître l'histoire de l'ouvrier libertaire accusé de l'incendie du 15-16 avril 1900, celle de Léon Jouhaux, le syndicaliste CGT créateur de FO, qui finit ensuite Prix Nobel de la Paix. La visite est aujourd'hui plus basée sur l'architecture et l'histoire ancienne.
Alain Desplanques, ci-dessous, ancien professeur d'histoire dans les lycées de la ville, présente le bâtiment, avec l'aide d'un texte de l'historien Jacques Dessain, ci-dessus, présent également pour ajouter quelques commentaires érudits, sur les alentours de l'église, une passerelle disparue entre des bâtiments, un prêtre qui habitait là où se trouve la librairie, etc...
Alain Desplanques insiste sur la construction par étapes de l'église depuis le XVe siècle, à l'époque du roi Charles VII. Il y a du style gothique (XVe), du style Renaissance (ajout du clocher au XvIe) puis du style jésuite, lié à l'église de Gesù à Rome (ajout de la façade côté mairie avec les 2 portes et l'orgue). L'édifice doit régulièrement être rénové parce qu'il n'est pas en pierre de taille, ce qui fait qu'il a coûté régulièrement de l'argent à la ville, malgré le passage en monument historique après l'incendie.
Dans les vitraux, on trouve une évocation de la contre-réforme de la 2e moitié du XVIIe siècle, quand les catholiques construisirent et améliorèrent les églises pour récupérer des fidèles après la percée protestante. Un autre vitrail présente les 70 000 messes qui auraient été dites par 2 000 prêtres pendant la guerre 14-18. Un détail amusant, c'est dans le vitrail principal au dessus de l'hôtel, un symbole franc-maçon qui a été effacé.
La visite de l'église terminée, je suis grégairement le groupe jusqu'à l'hôtel de ville en face, où une personne travaillant aux archives de la mairie nous présente l'histoire de la guerre 14-18 à Aubervilliers. L'exposition présente des spécificités locales: le départ à la guerre, le patriotisme, le travail des femmes dans la couture, la reconversion des usines, les bombardements surtout en 1918 mais qui commencèrent dès 1914, les hôpitaux et les blessés, les correspondances avec les poilus, l'alimentation, ... L'affiche sur l'armée de l'Afrique n'a pas grand chose à voir avec le reste de l'exposition.
L'essentiel arrive à la fin et se discute devant le monument du sculpteur Cipriani, le bilan des morts de la guerre. Le monument aux morts situé dans la mairie indique 1761 noms. Je suis étonné: Aubervilliers n'est pas la Bretagne avec ses paysans non francophones qui furent utilisés comme de la chair à canon. La présentatrice confirme que le taux à Aubervilliers est 2 fois supérieur à la moyenne nationale et qu'un cinquième des soldats ne sont pas rentrés vivants. Par quel mystère?
Un second archiviste donne quelques explications: la ville était très ouvrière et paysanne et ces catégories professionnelles furent défavorisées dans l'infanterie. Certaines personnes étaient des provinciaux, migrants de l'époque, venus travailler à Aubervilliers et quelques'unes furent comptabilisés dans leur lieu de naissance et ici. Il y a par ailleurs une répartition aléatoire qui n'a pas été favorable à la ville. Cela reste à éclaircir.
Le débat s'élargit un peu quand un ancien combattant de la guerre d'Algérie signale qu'il est toujours impossible d'aller parler de cette autre guerre en Seine-Saint-Denis, parce que le rectorat bloque en arguant de la présence trop nombreuse des personnes d'origine algérienne. Je remarque alors que les problèmes des archives de la préfecture de police de Paris pour 17 octobre 1961 n'est pas réglé, on me dit que ça se serait amélioré en 2013, mais j'en doute fortement sachant que la question est politiquement très sensible (et après vérification, cela reste très loin du compte). Cette légère polémique nous fait sortir un peu d'une pensée présentée comme consensuelle dans les événements financés par le ministère de la Défense, même si ce n'était pas le but. 
Dans le Léon dans le Finistère cet été, les discours étaient plus critiques lors de la représentation de la pièce 'Le Léon 1914, Mobilisation générale, par la Cie de théâtre Ar vro Bagan.
Finalement, je me suis fait une sortie "Eglise-Armée" comme au pays parfois... ça va, j'ai survécu.

dimanche 14 septembre 2014

12, 13, 14 septembre 2014, l'Afrique à la fête de l'Humanité

La fête de l’Humanité était annoncée sans pluie cette année : l’été finissant, comment ne pas y arriver d’humeur optimiste ? J’ai aussi remarqué que le programme sur l’Afrique est assez léger : Ukraine, Syrie, Irak mais surtout Palestine occupent bien plus les esprits et les stands.
Je fais le tour du village du Monde, et je remarque à quel point la foire est confuse et de nature à tromper les novices. Il y a des associations uniquement commerciales, des associations bidon, des organisations politiques non-représentatives ou obsolètes, et même des organisations qui ne sont pas non-violentes en Afrique. Il n’y a pas de filtre et de cohérence. La foire de l’Huma est comme Jeune Afrique ou la Lettre du continent, la culture générale doit être suffisante pour réussir à décoder les messages. Au milieu des merguezs, des bars et des reliques du Che, des excité-e-s et extrémistes côtoient les intellectuels les plus pertinents dans une certaine cacophonie. Ainsi, je croise un défenseur de la dictature érythréenne, la pire dictature du continent, sans que cela ne m’étonne. Des causes justes et fortes ne trouvent pas toujours de place faute de moyen, les places n’étant pas gratuites.
Quelques stands organisent des débats, comme ceux de l’Amicale panafricaine sur les limitations de mandat,  de la Plateforme panafricaine, ou des associations du Sahara occidental. Je note l’arrivée de l’association Ibuka-France des rescapés du génocide des Tutsis du Rwanda que j’ai croisée régulièrement en 2014.
Je passe un peu plus de temps au stand de Survie, de la Semaine anticoloniale et de la Fasti où je retrouve des ami-e-s. Le samedi, y a lieu un premier débat sur les luttes anticoloniales, puis le dimanche sur Frontex, et enfin sur la Françafrique, avec Fabrice Tarrit, président de Survie et Issa Ndiaye, président du Forum civique Mali. Pendant ce débat, Issa Ndiaye et moi sommes en désaccord sur la politique africaine française actuelle : quand je signale que l’évolution en 2013 de la situation en Centrafrique a placé la politique française définie autour de la guerre au Mali et de l’alliance avec Idriss Déby dans une impasse, je suis surpris d’entendre le professeur malien répondre en disant que les dirigeants français ne tiennent pas compte des massacres en Afrique.
L’Huma est l’occasion pour l’association Survie de présenter la sortie de son nouveau livre "Françafrique, la famille recomposée" (sept. 2014). Ayant beaucoup travaillé dès 2012 sur le thème de l’évolution de la Françafrique depuis l’œuvre de François-Xavier Verschave, j’attendais ce livre avec impatience. Ce livre de Survie est un travail collectif qui permettra de refixer un cadre de réflexion pour toutes les personnes qui recherchaient des références tenant compte des mutations du système néocolonial. Etant un peu trop exigeant, en lisant dans le bus les premières pages, je remarque déjà quelques désaccords par exemple sur la relation entre « politique africaine de la France » et « Françafrique », sur la relation et l’influence réciproques entre acteurs africains et français. Cependant, je commence aussitôt à dire à des gens d’acheter ce livre parce son sujet est essentiel. Il traite de la politique africaine de Hollande, Fabius et le Drian, de l’armée français et des entreprises pour lesquelles une typologie est proposée.
Comme tous les ans, le moment fort sur l’Afrique est la conférence de l’Espace débat du village du monde, le dimanche matin ou midi. J'y arrive légèrement en retard à cause de problèmes de transports. La journaliste de l’Humanité Rosa Moussaoui anime ce débat dont le thème est ‘Afrique : la France ne lâche pas l’affaire‘. Les intervenants sont Dominique Josse, responsable du collectif Afrique du PCF, Fabrice Tarrit,  François Graner, lui aussi de Survie et auteur de "Le sabre et la machette » : les officiers français et le génocide des Tutsi au Rwanda"(2014), Issa Ndiaye, et Ibrahima Sène membre du Parti de l’indépendance et du travail (PIT) au Sénégal. L’évocation de la complicité des militaires français dans le génocide des Tutsi du Rwanda étaient en 2014 indispensable, la synthèse est présentée de manière brillante. Le président de Survie, Fabrice Tarrit, est par ailleurs le plus intéressant et le plus clair dans ses analyses. 
A la fin du débat, Mohamed Saleh Ibni-Oumar, du Mouvement du 3 Février (M3F) intervient depuis le public sur le Tchad et la question essentielle de l’alliance entre Hollande-Fabius-Le Drian, l’Etat major de l’armée française et le dictateur Idriss Déby. Le blocage de la situation au Tchad, la gravité des atteintes aux droits humains, l’instabilité de la région en partie provoquée par le chef d’Etat tchadien, impose une grande rigueur dans les analyses, et des nuances dans la considération entre France et Afrique.
Quand, le dimanche soir, les stands sont déjà presque tous fermés, ma foire des luttes se termine par une rencontre inattendue avec des responsables de l’Union de salut national djiboutien. Depuis l’inversion du résultat des législatives de février 2013, la tension est maximale à Djibouti. Le 8 septembre, le président djiboutien a failli signer un accord avec les vrais vainqueurs mais au dernier moment s’est abstenu. La démocratisation de ce pays stratégique pour les occidentaux sur le plan militaire est toujours dans l’impasse.