dimanche 24 novembre 2019

23 novembre 2019, Paris, une plongée insolite au Jardin des plantes

Pour oublier un peu le lourd et interminable suivi de l’actualité africaine ou l’histoire des élections en Afrique, quoi de mieux qu’une plongée dans l’océan ? … En vacances ? Non ! A Paris, au Jardin des Plantes ! C’est possible toute l’année 2019.
La balade nocturne est aussi l’occasion de revenir aux bases de la photographie touristique et familiale en rêvant comme des enfants. Comme à l’Atelier des lumières, l’exposition prête au jeu de la photographie populaire sur téléphone. La photographie fait partie du concept artistique.
Régis Marzin,
24.11.19

jeudi 17 octobre 2019

16 octobre 2019, Campus Condorcet : projection-débat sur le droit d’asile des homosexuel-le-s

Le Campus Condorcet ayant, cet automne, ouvert ses portes, des activités commencent à y prendre place. Le Festival du film social ‘la 25e image’ fait partie des premières activités ouvertes au grand public dans les bâtiments flambant neufs. Il est accueilli du 15 au 17 octobre au Centre de colloques. Au cours de ce festival organisé par plusieurs écoles de travailleur-se-s sociaux-ales, 31 documentaires sont projetés dans six villes, Aubervilliers, Bobigny, Cergy-Pontoise, Montrouge, Melun et Nice.
Au même moment, le Centre de colloques accueille dans son second auditorium, un colloque intitulé « Enjeux démocratiques en Afrique, l’apport des données de recensement et d’état civil », dans le cadre du projet européen Démostaf, qui souhaite « mettre en lumière les recherches qui sont actuellement menées sur les dynamiques sociodémographiques en Afrique », et « aborder les caractéristiques de la population et leurs transformations, que ce soit en termes de fécondité et de santé de la reproduction, de famille et de nuptialité, de migration, de scolarisation ou encore de santé et de mortalité. » J’y récupère les dernières données de l’INED sur la population mondiale, 7,714 milliards d’habitant-e-s mi-2019 dont 1,308 milliards en Afrique. Pour ce continent, la projection en 2050 est de 2,489 milliards d’habitant-e-s.
J’ai choisi dans le programme de la 25e image le film ‘Les portes d’Arcadie’ de Carole Grand (2015). Pour comprendre les migrations venant d’Afrique, la question de l’asile des homosexuel-le-s est encore peu documentée. J’ai aussi lu récemment la bande dessinée « Putain de vies !» de Muriel Douru, qui donne quelques indications sur la traite des êtres humains du Nigéria vers l’Europe dans la prostitution. Pour rester critique sur la politique européenne actuelle, avoir une vision de bout en bout des trajectoires des migrant-e-s est nécessaire.
Le film de Carole Grand présente des entretiens passés par des demandeuses d’asile lesbiennes dans les bureaux de l’Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l'immigration et au séjour (Ardhis) à Paris. Sur les images, une bénévole de l’association, Ewa, reçoit, parfois avec un traducteur, des personnes, seule ou en couple, qui ont fait une demande d’asile à l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (Ofpra). Elle les aide à comprendre le droit français, la procédure d’asile, à préparer le dossier et les entretiens. Elle les soutient, les accompagne et les coache.
Beaucoup de pays qui pénalisent les pratiques homosexuelles sont en Afrique. Les lesbiennes filmées viennent toutes d’Afrique de l’Ouest, du Sénégal, de Côte d’Ivoire ou de Sierra Leone. Elles racontent des arrestations, des viols dans des commissariats, des violences de bandes de leur quartier, le rejet immédiats par leurs parents jusqu’à les maudire, des lois homophobes, des mariages forcés en polygamie… beaucoup de violences masculines, physiques et psychologiques. Tant que l’homosexualité reste secrète, rien ne se passe, et dès que cela est connu publiquement, les violences homophobes se déclenchent. On remarque d’autant plus le témoignage sur un seul homme cité pour avoir aidé certaines d’entre elles, un membre d’une association de droit humain en Sierra Leone.
Carole Grand et Ewa sont présentes pour débattre du documentaire. Carole Grand a préféré filmer des femmes qui sont moins visibles. Elle s’est concentrée sur les persécutions et souffrances dans le pays d’origine et pas sur les trajets, pour mettre en évidence la spécificité des demandes d’asile des LGBT.
Ewa précise la procédure d’asile, qui commence à l’Ofpra et, en cas de rejet, continue au tribunal à la Cour Nationale du Droit d'Asile (Cnda). Soixante bénévoles de l’Ardhis accompagnent les demandeur-ses-s d’asile dans ce parcours, plus de 1000 en 2018. Les entretiens à l’Ofpra sont assez longs mais les audiences au tribunal durent souvent à peine une demi-heure, 55 minutes au maximum. Les procédures prennent entre six mois et deux ans. Un maximum de personnes viennent du Sénégal et de Côte d’Ivoire, un peu moins viennent du Nigéria, de l’Ouganda ou du Bangladesh. 85% sont des hommes et seulement 15% des femmes. Les femmes ont beaucoup moins de chance d’arriver en France, surtout si elles sont mariées. Depuis 2015, certaines meurent en Libye. Elles arrivent beaucoup plus abimées. Certaines sont séparées de leurs enfants, qui eux-mêmes peuvent être victimes à leur tour de discriminations.
Le Sénégal est un pays qui connaît la démocratie depuis 18 ans, un pays où un Etat de droit général se maintient malgré certains affaires. L’Ofpra le considère comme un pays « sûr » depuis 2005, mais il est tout sauf « sûr » pour les homosexuel-le-s : l’homosexualité y est illégale avec des peines de 1 à 5 ans de prison.
Depuis 2015, les bénévoles de l’Ardhis peuvent assister à des entretiens à l’Ofpra. Les Officiers de protection instructeurs (OPI) sont moins brusques et plus sensibles qu’avant. Ces dernières années, l’Ofpra a fait des progrès dans le traitement des dossiers des LGBT mais peut encore en faire. Beaucoup de refus sont justifiés pour absence de « preuves » suffisantes alors que cela ne devrait pas être le cas, en disant que l’histoire n’est « pas assez détaillée et personnalisée ». Certaines femmes visibles dans le film ont vu leur asile refusé. A certain moment, la CNDA accorde des asiles ce qui montre que l’Ofpra n’a pas fait correctement son analyse des dossiers sur cette période. La question reste très politique. A une époque, ou la politique migratoire s’organise, se rationalise, le Président de la République, les ministres ou des députés pourraient aussi impulser de nouveau progrès, sur une partie des demandeur-se-s d’asiles pour qui il n’y a pas de progrès en vue en Afrique.
L’Ardhis défend les droits des étranger-ère-s LGBTI. Elle revendique « un traitement équitable de toutes les demandes d’asile », par exemple, la « disparition de la notion de ‘pays d’origine sûr’ et des mesures d’accélération de la procédure qui lui sont liées », des « conditions matérielles permettant un exercice effectif de ses droits », par exemple la « prise en compte par les services sociaux d’urgence de risques spécifiques aux personnes LGBTI+ et de l’état de santé », un « devoir de toutes les administrations françaises d’information complète sur l’ensemble des motifs de protection », par exemple, la « formalisation de la pratique de délivrance de visas humanitaires à titre de demande d’asile aux personnes LGBTI+ », un « traitement non discriminant et uniforme par les consulats et préfectures » et des mesures « permettant la stabilité du couple et du séjour ».
Au cours de ce même après-midi, au Maroc, la journaliste Hajar Raissouni, qui avait été condamnée à un an de prison pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage », est libérée.
Régis Marzin
Article écrit et publié le 17.10.19 + tweet
PS : 26 octobre 2019 : Concert de soutien à l’Ardhis au Point éphémère

dimanche 15 septembre 2019

13, 14, 15 septembre 2019 – soutien aux révolutions algérienne et soudanaise à la Fête de l’Humanité

La Fête de l’Huma commence cette année au Village du monde par une soirée de solidarité avec le peuple algérien, en lutte très active pour la démocratie depuis 7 mois. La soirée du vendredi à l’Espace débat du village est organisée avec l’aide du collectif Agir pour le changement démocratique en Algérie (ACDA) et le festival Racont’Arts. Les intervenant-e-s du débat « Vers une Algérie libre et démocratique » sont de gauche à droite Sanhadja Akrouf San Akhrouf, militante féministe et représentante de l’ACDA, Kheireddine Lardjam, metteur en scène, Malek Bensmail, réalisateur, Sarah Haidar, romancière, Yanis Adjlia, du Mouvement des Brassards rouges de Bejaïa, Latifa Madani, animatrice, Denis Martinez, peintre et Rosa Moussaoui, journaliste à l’Humanité.
Rosa Moussaoui dénonce un processus électoral qui pourrait être imposé par l’armée aux manifestants (le dimanche soir une date est fixée au 12 décembre). Sanhadja Akrouf, également organisatrice avec l’ACDA des rassemblements du dimanche à République à Paris, rappelle que la « liberté a été confisquée par le parti unique depuis 1988 » et que Abdelaziz Bouteflika a voulu « humilier » le peuple par un cinquième mandat. Elle indique que l’élection est impossible tant que des prisonniers politiques restent enfermés. Elle insiste sur la défaite certaine du peuple si une élection est organisée pour départager « ceux qui reçoivent de l’argent du pouvoir ou de l’Arabie saoudite ». Elle demande au contraire du temps pour « construire un projet », pour régler des questions comme celle du soutien à l’armée par peur de l’islam, maintenant que « les partis d’opposition se parlent ».
L’idée d’une constituante est évoquée et il est annoncé qu’un débat aura lieu le 20 septembre à la LDH sur le sujet. La distinction entre « intérieur et extérieur » de l’Algérie est faite quand est signalé le rejet de l’ingérence extérieure. Pour Sanhadja Akrouf, la diaspora en France est « à l’intérieur ». Elle souhaite que « Macron lâche » le pouvoir algérien. Quelqu’un pense que « la religion a remplacé la culture » et que « mettre les gens à la mosquée était le plus facile ». Malek Bensmail reconnaît que l’« on a torpillé la culture ». Rosa Moussaoui revient, elle aussi, sur le dialogue des partis d’opposition si essentiel. Yanis Adjlia conclut sur l’espoir « qui est permis » alors que « la révolution était inimaginable avant ».

Le samedi, plusieurs débats ont lieu au stand de la Plateforme panafricaine. L’un d’entre eux a pour thème la géopolitique de la Corne de l’Afrique. L’opposant djiboutien Maki Houmed-Gaba, de l’Alliance Républicaine pour le Développement (ARD), présente rapidement la situation en Somalie, en Ethiopie, à Djibouti et en Erythrée. Il insiste sur l’espoir qui est apparu depuis les changements importants au niveau Etat de droit en Ethiopie.
Le dimanche, l’Afrique revient au programme de l’Espace-débat du Village du Monde grâce à une conférence sur la révolution au Soudan. Rosa Moussaoui y intervient de nouveau au milieu de trois responsables du Parti communiste soudanais, Ramsa Khama Mahjoub, Nadda Abbas et Chadia Abdelmoniem, qui s’expriment surtout en arabe avec un traducteur à leurs côtés.
A propos de l’Association des professionnels soudanais, Nadda Abbas explique que la lutte est partie de ce syndicat en marge des syndicats officiels. Cela s’est fait dans un pays où les syndicats sont actifs depuis 1964. A partir de 2016, la désobéissance civile a été utilisée. Un besoin de créer une coalition plus large est apparu et en janvier 2019 a été signée une chartre « Changement et liberté ». Elle souligne la place des femmes dans la révolution et la chute d’El-beshir. Rosa Moussaoui questionne sur le général Hemetti et ses qui ont été acceptés comme partenaire de l’Union européenne dans le Processus de Khartoum pour empêcher les migrations. Hemetti et les janjawids « travaillent maintenant à la contre-révolution ».
Le débat se focalise ensuite sur l’accord de transition du 17 août 2019. Le PC soudanais rejette cet accord car il réclame, lui, le « retrait des éléments du régime » et « une place minime pour les militaires ». Selon Nadda Abbas, la médiation éthiopienne a conduit à une « limitation du rôle des forces politiques ». La présidence du Conseil souverain qui doit piloter la transition de trois ans et trois mois, attribuée pendant 21 mois au général Abdel Fattah al-Burhan est également contestée. Le PC soudanais s’oppose par ailleurs aux partis politiques de droite. Chadia Abdelmoniem signale que « les réserves et le refus de l’accord » viennent du sentiment qu’il correspond « aux prémices pour un dictateur bis ». Concernant les femmes, elle remarque que « les Frères musulmans sont toujours là » et que « les luttes vont prendre des décennies ».
Juste après, au stand du PC de Bagnolet, a lieu un autre débat, en soutien à Mohamed Kadamy, président du Front pour la restauration de l'unité et la démocratie à Djibouti (FRUD), réfugié politique menacé d’expulsion malgré son statut protégé. Sur le plateau, sont réuni-e-s autour du militant historique de la lutte armée djiboutienne, Pierre Laurent, sénateur PCF, Catherine Choquet, Présidente de la LDH Seine-Saint-Denis, Jean-Paul Lecoq, député PCF et Bérenger Tourné, l’avocat de Mohamed Kadamy.
Mohamed Kadamy appelle à la résistance contre un cinquième mandat du dictateur djiboutien Ismaïl Omar Guelleh. Pierre Laurent souligne que les « relations coupables du gouvernement français continue » au même titre que « les ventes d’armes dans la région ». Il s’engage à soutenir Mohamed Kadamy dans tous ses combats juridiques jusqu’à la Cour européenne des droits humains (CEDH). Pour Catherine Choquet, « rien ne justifie que l’on fasse un deal » avec Djibouti et « perdre le statut de réfugié correspond à des crimes précis », ce qui fait que l’extradition du leader du FRUD est impossible. Elle rappelle que la France est régulièrement accusée par CEDH. Pour Jean-Paul Lecoq, « le droit est mis en cause » de deux manières et nécessitent deux combats sur les droits humains en France et contre la dictature à Djibouti. Il raconte que la ministre de la justice a répondu à son interpellation en disant qu’elle ne connaissait pas le cas (voir aussi la réaction de Le Drian). Il rejette tout deal avec Djibouti concernant l’affaire Sarkozy-Khadafi. Le banquier franco-djiboutien Wahib Nacer, a été mis en examen en février.
Enfin l’avocat Bérenger Tourné tient une ‘plaidoirie’ très engagée dans un style qui passe bien à la Fête de l’Huma, dénonçant un « Macron qui a choisi le camp de l’impérialisme », « une justice aux ordres, au garde-à vous », une « France coloniale » dont Guelleh est « un préfet », un « état fasciste dont a peur la France », en concurrence avec la Chine, mais qui veut « un retour sur investissement », ou encore l’assassinat de Jahba en prison. Selon lui, parce qu’il voulait interroger le « banquier de Djouhri » et qu’il y est allé le 17 mars, le juge Tournaire a procédé de « manière illicite » et s’est ensuite justifié en parlant de « terrorisme » pour une « altercation ». Il craint que le « vrai danger soit au niveau de l’Etat de droit », dans l’idée que la révolution et « les mouvements d’indépendances soient qualifiés de terrorisme ». Il conclut sur une affaire qui est une « vraie honte pour la France » et « reflète l’Etat de la démocratie ».
Depuis le public, le célèbre blogueur tchadien Makaila Nguebla, actuellement accusé en diffamation par le neveu de Déby, constate que l’ « on est en train de délégitimer le statut de réfugié politique » et demande que l’on « préserve le droit international ». Le débat revient sur le rôle de l’armée française accusée de décider de la politique française au Tchad et à Djibouti.
Dans d’autres stands divers et variés, les débats sur l’international continuent, au milieu du bruits des sonos, par exemple au stand de Survie qui depuis des années informe le public en vendant ses livres. Après son excellent livre sur la Côte d’Ivoire, l’association prépare un nouveau Dossier Noir sur le génocide du Rwanda.
La fête se terminant dans la douce chaleur de l’été indien, les discussions continuent aussi de manière plus décontractée entre concerts et verres de rhums. Des militant-e-s breton-ne-s plus ou moins communistes, fatigué-e-s d’avoir fait des crêpes pendant trois jours, viennent s’informer sur la Françafrique. Un homme me dit qu’il travaille sur un bateau basé à Brest à poser des câbles océaniques pour internet, jusqu’à Abidjan.
Régis Marzin
Compte-rendu Afrique de la fête de l’Huma publié le 17.9.19

mercredi 4 septembre 2019

3 septembre 2019, Paris : Cameroun : soirée de soutien d’Amnesty à Valséro

Voilà maintenant 7 mois que le rappeur camerounais est emprisonné au Cameroun en raison de son engagement contre la dictature de Paul Biya. Le 26 janvier 2019, les partisans de Maurice Kamto et Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) organisaient des marches pour protester contre les manipulations dans le processus électoral de la présidentielle du 7 octobre 2018, et, le même jour que de nombreux partisans de Kamto, Valséro a été arrêté et accusé de 8 infractions délirantes.   
Un procès est prévu le 6 septembre 2019 dans un tribunal militaire. Amnesty France et la Campagne #FreeValsero organise une soirée de soutien. Le documentaire de 52 minutes « Un piment sur les lèvres » de Laurène Lepeytre (2015) présente l’artiste. Il s’engage par les paroles de ses chansons, par exemple en disant « Quitte le pouvoir avant qu’il ne te quitte » ou en parlant de la « zombification » de la population, dans l’organisation des concerts, ou dans des contacts avec d’autres camerounais engagés. D’autres événements de la campagne de libération sont organisés, entre autres, à Berlin, à Madagascar, au Congo Brazzaville, au Sénégal, et surtout au Burkina Faso, où est prévu un concert.
Après le film, le rappeur burkinabé Smockey, du Balai citoyen, la réalisatrice du documentaire Laurène Lepeytre et Delphine Lecoutre, responsable Afrique centrale d’Amnesty France, prennent la parole. Smockey exprime la solidarité des mouvements citoyens africains rassemblés dans Afrikki. Il rappelle la lutte victorieuse du Balai citoyen autour de la musique, du rap et du reggae, au Burkina Faso. Selon lui, « deux mondes parallèles » sont séparés par « un fossé », quand des présidents « ne se rendent pas compte à quel point leur manière de gouverner est dépassée ». Delphine Lecoutre explique l’arrestation de Valséro, son interrogation pendant deux semaines, les huit infractions passible de « peine de mort ». D’autres prisonniers libérés en Juin ont été torturés. Elle demande de faire le maximum pour diffuser la pétition d’Amnesty.
Le débat revient sur la situation désastreuse du Cameroun. Il est question du tribalisme, de la Françafrique, du silence des media, de la peur de la population, de la répression, des régions anglophones dans lesquelles la population fuit cette répression et est en danger. Smockey rappelle qu’il ne sert à rien de renvoyer toujours vers la responsabilité de la France, cette « nation en déclin ». Dans la salle, la militante de l’UPC, Augusta Epanya, rappelle l’historique du Cameroun, la « chape de plomb » qui touche tout le monde, le niveau de dictature très élevé, comme le prouve le choix d’un tribunal militaire.
Delphine Lecoutre évoque le plaidoyer d’Amnesty vers les élu-e-s, qui n’est pas public. Laurène Lepeytre signale des actions, elles aussi discrètes, des diplomates français, européens, onusiens surtout par rapport à Maurice Kamto et aux prisonniers. Smockey insiste sur la nécessité d’une mobilisation populaire au Cameroun (et dans la diaspora). Le débat se conclut sur la mobilisation sur les réseaux sociaux à laquelle il faut donner plus d’ampleur. De nouvelles actions sont entreprises en ce sens pour terminer la soirée.
Régis Marzin, paris, 4.9.19

samedi 3 août 2019

3 août 2019, Paris : Guinée Equatoriale, pour la préservation de la planète, le régime d’Obiang doit disparaître

Ce samedi est la date du quarantième anniversaire du coup d’état de Téodoro Obiang Nguéma en Guinée Equatoriale. Loin d’un journalisme diplomatique, de nombreux media français se lâchent et tirent à boulets rouges sur l’ubuesque tyran, actuellement le plus ancien chef d’Etat en exercice en Afrique. Sa dictature est avec celle d’Egypte, de l’Erythrée et du Burundi parmi les quatre pires dictatures d’Afrique.
A Paris, Raimundo Ela Nsang, fondateur du parti Coalition restauratrice de l’État de démocratie (CORED), a choisi d’alerter une fois de plus sur la situation de son pays, par une manifestation au Trocadéro. L’opposant précise qu’en réalité « Obiang est au pouvoir depuis 50 ans, car il avait été promu chef des armées le 6 mars 1969 juste après une tentative de coup d’Etat contre son oncle ».
Dans son discours de clôture de la manifestation, l’opposant dénonce les crimes économiques, politiques, électoraux. Il dénonce l’accaparement de la richesse du pays par le vice-président Téodorin Nguema Obiang Mangue, bien connu pour ses Biens mal acquis, mais aussi par son frère, « l’éternel ministre du pétrole », Gabriel Mbega Obiang Lima. Les deux fils se sont positionnés pour prendre la succession.
Raimundo Ela Nsang conclut son discours sur l’obsolescence du régime actuel : « les gouvernements occidentaux ne se rendent pas compte qu’il faut urgemment changer et placer l’intérêt de la préservation de la planète comme priorité et que, dans ce cas, des régimes comme ceux d’Obiang doivent disparaître. »
Régis Marzin,
Paris 5 août 2019

samedi 13 juillet 2019

13 juillet 2019, Paris : le dernier week-end du Festival Rhizomes

Comme tous les ans, grand merci au festival Rhizomes ! à Blaise et à toute l’équipe !
Le public plus ou moins déchaîné pendant le groupe de Mayola Trans Kabar aux Arènes de Montmartre.
Toutes les superpositions sont faites à la prise de vue et ces deux images sont compressées et non-développées.
Régis Marzin

lundi 8 juillet 2019

7 juillet 2019, Aubervilliers : Ali Amran en concert dans l’enceinte fortifiée du Fort d’Aubervilliers

Le festival Villes des musiques du monde annonce quatre jours d’animations gratuites au mois de juillet, dans l’enceinte fortifiée du Fort d’Aubervilliers. Le concert du groupe Ali Amran est sans doute le moment fort de la programmation. Une grande et vieille halle sans murs se dresse au milieu de terrains vides, plus ou moins en chantier, entourés d’une muraille datant de 1843.
Avant le concert, Kamel Dafri, le directeur du Festival explique, que son équipe est chargée d’animer ce lieu qui s’inaugure cet été, d’en faire un lieu ouvert. La maire d’Aubervilliers, Meriem Derkaoui explique que, bientôt ,la zone du fort deviendra un nouveau quartier, une ville dans la ville, avec des logements et la piscine olympique. Depuis 2013, il est prévu un écoquartier.
Dans le public d’environ 500 personnes, se remarque les drapeaux kabyles. Cela me rappelle Idir à l’inauguration de la salle de concert l’Embarcadère, fin 2013. Je ne comprends pas les textes en arabe. 
Mon attention est assez vite attirée par le guitariste à droite. Il a un port de guitare élancé, dynamique qui reflète un bonheur de jouer, de jouer du rock, de manière détendue, à fond.
Le public abrité derrière une rangée de fauteuil à 7-8 mètres de la scène est stoïque, timide dans son absence de mouvements. Un homme à côté de moi se chamaille avec un autre qui est venu filmer devant lui. Je n’ai jamais vu un tel calme dans un concert rock. Le contraste avec la scène est flagrant. Après 20 ou 30 minutes Ali Amran annonce une chanson qui dit « levez-vous ». Il exprime son soutien à la révolution algérienne contre un régime vieux de soixante ans. Le public approuve mais ne se rapproche pas. Je fais des photos de la droite de la scène et j’attends la fin. 
Le public connaît les chansons. Il doit y avoir des tubes plus anciens et plus connus. Quand commence l’un d’entre eux, cinq ou six hommes se mettent à danser avec fougue dans l’espace vide devant la scène. Il y a parmi eux un jeune homme qui me semble hémiplégique. Il chantait et, maintenant, il danse en chantant, dans une joie extrême. Puis quelques femmes se rapprochent et se lancent, puis d’autres encore. Bientôt, il y a 400 personnes en furie devant la scène. Ça monte sur scène, un homme slame. Cela dure 15 ou 20 minutes, puis le concert se termine.
Près de moi, un homme très sympathique regardait à la fois le concert et un match de foot sur son portable. De retour dans la rue, les voitures klaxonnent. Je comprends, que l’Algérie a gagné au foot, en Egypte, dans la pire dictature d’Afrique. Jamais, la recette romaine du pain et des jeux n’a autant caché de souffrances. Au carrefour de quatre chemins, un embouteillage se crée. Les bus contournent la zone. En marchant, j’observe au milieu des voitures, un policier avec un fusil d’assaut, une scène incongrue au milieu du bonheur de ce début d’été.
Régis Marzin
8 juillet 2019

mardi 2 juillet 2019

2 juillet 2019, Paris : ‘Vang Gogh : la nuit étoilée’

Après les trois premières ‘expositions’ immersives de 2018, Gustav Klimt’ et ‘Hundertwasser, sur les traces de la Sécession viennoise’, Culturespaces propose au public parisien et aux touristes du monde entier une nouvelle exposition Vang Gogh : la nuit étoilée’. La création est signée Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto, et Massimiliano Siccardi. Dans l’ancienne fonderie, 140 vidéo-projecteurs et 50 enceintes arrosent les visiteur-se-s de lumières et de sons.
D’emblée, ayant déjà compris et apprécié à l’exposition Klimt le principe des œuvres ‘immersives’, je considère que je connais le travail de Vincent Van Gogh, qu’il fait partie de ma culture, et que je ne suis pas là pour voir ou apprendre quelque chose du génie néerlandais. J’ai déjà tellement aimé et admiré cet homme et ses peintures. Il y a en outre dans ses toiles un traitement de la matière et une touche en trois dimensions qui sont perdu dans la projection. La musique est aussi là en plus.
On peut se laisser aller à regarder tout ce qui bouge. Le public ici fait partie de l’œuvre, c’est interactif de manière modérée, subtile, discrète. Comment croire qu’une fonderie soi-disant à mettre en valeur a plus d’importance que des humain-e-s en quête de quelque chose ? Cette fois, il y a foule et cela se complique, peut-être.
Le temps passe alors très vite au milieu de cette foule mondialisée armée de portables. Comment une œuvre traverse-t-elle le temps ? Comment les conditions se sa visibilité joue-t-elle sur sa compréhension ? Pourquoi cet intérêt si vivant ? Quelle démocratisation ou popularisation ? Quelle importance ?
Mais, je comprends que j’arrive ce jour-là à mes limites en vitesse de perception des choses et de synthèse. Fatigue et manque de détente, aussi. Moins de ‘lâcher-prise’. Mes photos sont moins bonnes que l’an passé. Une création immersive sur le Japon me laisse de marbre. J’apprécie beaucoup l’œuvre cosmique de Thomas Vanz « Verse » dans une petite salle très calme.
En sortant, la lumière naturelle de l’été sur les murs de Paris, prend soudain toute sa valeur.
Régis Marzin
Article écrit et publié le 7 juillet
NB : Attention ! Les photos de cet article sont des superpositions à la prise de vue réalisées par Régis Marzin : aucune réalité visible correspondante n’a existé pour chacune d’entre elles.

dimanche 2 juin 2019

2 juin 2019, Paris : manifestation des algérien-ne-s et comorien-ne-s contre la dictature

Il est toujours bon de passer à République voir s’il s’y passe quelque chose. Allant voir à la Fondation cartier Bresson à côté, une exposition du sud-africain Guy Tillim et sortant au Métro République, je tombe sur un rassemblement d’algérien-ne-s de la diaspora, autour d’un millier de personnes. J’écoute sans prendre de notes. Je remarque les hommages à Kamel Eddine Fekhar, le militant des droits humains mort en détention pendant sa grève de la faim.
Il y a des stands et 5 sonos. Chaque sono sert pour une « agora ». Une agora montée sur un spot de skate-board attire plus mon attention. Les orateur-trice-s ont droit chacun-e à trois minutes pour faire passer un message, jusqu’à la fermeture négociée avec la préfecture à 18h. On y parle en arabe et en français, parfois mélangés dans une même phrase, et je ne comprends pas toujours.
Un premier orateur répète : « la phase de contestation est terminée, nous passons en phase de négociation ». Vers midi, le Conseil constitutionnel vient de juger la présidentielle impossible à organiser le 4 juillet. Des orateurs crient victoire. L’idée d’une nouvelle élection plus tard est rejetée. Un autre orateur dénonce la volonté du pouvoir de gagner du temps pour empêcher le changement de système. Il demande d’arrêter de suivre la constitution.
Quelqu’un parle de la nécessité d’une transition qui ne soit pas dirigée par une armée de 150 000 hommes « au garde-à-vous » et 150 000 autres hommes de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Une oratrice finale explique que cela ne sert à rien de demander le départ du chef d’Etat-major de l’armée car la priorité devrait être, selon elle, de faire des propositions sur l’organisation d’une transition qui ne durerait pas trop longtemps pour éviter une faillite économique. Le Venezuela est cité dans une phrase en arabe, sans doute comme scénario à éviter. Il est aussi question d’avoir des représentants, dans l’« élite », un point applaudi. Pour terminer un homme intervient 30 secondes en posant une dernière question : « Pourquoi ne parle-t-on de fédéralisme qu’en Kabylie ? ».
Les derniers inscrit-e-s doivent revenir la semaine suivante. Je récupère un tract du collectif « Libérons l’Algérie ». Une « marche populaire » aura lieu le dimanche 16 juin à 14h de République à Nation « pour un changement radical de système, l’arrêt des arrestations arbitraires, la libération des détenus d’opinion, la dissolution du FLN et de tous les appareils du régime, une transition pacifique et démocratique, un processus constituant, une justice indépendante ».
De l’autre côté de la statue de Marianne, 200 à 300 comorien-ne-s manifestent contre la dictature dans leur pays. Les Comores replongent dans la dictature quand les algérien-ne-s tentent d’en sortir par une révolution.
Régis Marzin
Paris, 2 juin 2019

jeudi 23 mai 2019

22 mai 2019, Paris : la diaspora contre la « dictature » aux Comores

La diaspora comorienne se lève vent debout contre la « dictature » aux Comores. Après la présidentielle du 24 mars 2019, il n’a pas fallu longtemps pour que le terme de dictature soit employé par la diaspora pour qualifier l’état actuel du régime d’Azzali Assoumani. Pour les opposants, la disparition de la démocratie est maintenant actée.
En résumé (hors conférence), lors du référendum constitutionnel du 29 juillet 2018, dont le résultat a été totalement inventé, l’ancien putschiste Azzali Assoumani a supprimé la présidence tournante entre les îles, a fait passer le nombre de mandats maximum de 1 à 2 en mettant de force son compteur de mandats à zéro. Il pourrait se maintenir jusqu’en 2029 s’il réussit à détourner les processus électoraux. Trois postes de vice-présidents ont été supprimés et la Cour constitutionnelle est dissoute. La Cour suprême lui obéit. L’Etat de droit est largement bafoué. A la présidentielle de 2019, il a utilisé des méthodes de détournement du processus électoral en amont, y a ajouté des fraudes le jour du vote et des modifications de résultats en aval puis a mis en place une répression pour empêcher la contestation.
La diaspora comorienne de Paris ou venue de Marseille se rassemble ce mercredi à la mairie du IIe. Les quatre intervenant-e-s les plus politiques sont l’avocate Enchouroi Kari, Zile Soilihi, cadre de la chambre de commerce à Marseille, Mohamed Soilih, ancien ambassadeur des Comores auprès de l’Onu, qui a quitté ce poste dans la période de la présidentielle, et Nouriati Djambae, élue écologiste à Marseille.
Toihir Daoud, économiste intervient également sur la corruption qui empêche le développement. Abdou Soilihi, chercheur à AgroParisTech, complète ce panel en présentant une étude sur la biodiversité. Nadia Mhoumadi est modératrice.
Arnaud Froger de Reporters sans frontières intervient en visioconférence. Il décrit une dégradation de liberté de la presse au même rythme que la dégradation du régime politique depuis la présidentielle de 2016.
Enchouroi Kari dénonce les élites comoriennes sans éthique qui accompagne la mise en place de la dictature. Mohamed Soilih évoque rapidement le soutien de l’Arabie saoudite à Azzali Assoumani. Celui-ci a profité du conflit entre le Qatar et l’Arabie saoudite pour s’attirer les bonnes grâces de l’Arabie saoudite. Il signale des contrats pétroliers britanniques. Actuellement, le président reprend une propagande sur l’émergence à la manière d’Ali Bongo.
L’Onu envoie aux Comores une mission pour étudier des cas de torture. Des manifestations ont lieu dans plusieurs villes de France. Les organisateurs de la conférence ont reçu des menaces et savent qu’ils et elles s’engagent dans un combat qui risque d’être long. Mais Azzali Assoumani « ne va pas tenir indéfiniment ».
Un régime de dictature signifie une impossibilité de revenir en arrière, une disparition prévisible de l’évolution réversible en état intermédiaire de 2018. A partir de la présidentielle de 2019, la règle des élections en dictatures stables commence à s'appliquer : Azzali Assoumani ne voudra plus que soit organisée élection qu’il puisse perdre et il cherchera dans 24 autres dictatures africaines des méthodes de détournement des processus électoraux en amont à imiter. Comme toujours, après la prise de pouvoir criminelle vient la conservation du pouvoir par la répression et la criminalité électorale.
Régis Marzin
Paris, 23 mai 2019
Compte-rendu partiel des 2e et 3e heures de la conférence

lundi 20 mai 2019

20 mai 2019, Plaine-Saint-Denis, Campus Condorcet : droits humains et collectivités territoriales

Le conseil scientifique du Campus Condorcet invite Catherine Le Bris, juriste du CNRS à Paris 1 et Pierre-Edouard Weill, sociologue à l’Université de Bretagne occidentale à Brest, pour présenter l'étude « Droits de l’homme et collectivités locales : du global ou Local (GLOCAL) » menée depuis 2013. Catherine Le Bris a eu l’idée de travailler sur le sujet après avoir observé les dysfonctionnements d’une administration face à une jeune femme en difficulté, une jeune prostituée venue du Nigéria. Aucune recherche n’avait encore été faite sur les régions, les départements, les communes et les droits humains. Le sujet porte à la fois sur la prise en compte des droits humains dans les collectivités et par la place prise dans les collectivités dans une gouvernance mondiale. La recherche peut permettre d’évaluer les politiques.
Catherine Le Bris différencie une approche en fonction des besoins ou en fonction du droit. Par exemple, le droit au logement est différent du besoin de logement. Elle souligne la possibilité d’une participation des intéressé-e-s, une autonomisation d’individus, un ‘empowerment’. En général, les exigences de droits humains sont portées par des contre-pouvoirs et le fait de donner une place aux collectivités fait craindre à certain-e-s une « perte de dimension subversive » dans une « rhétorique vide », ou d’autonomie dans une critique constructive. Elle distingue une logique ‘top-down’, du haut vers le bas, pyramidale, et une logique ‘bottom-up’, si « l’élan vient de la base ». « L’Etat est un tout en droit, et l’Etat est responsable de tous les agents de l’Etat », ce qui fait qu’« un agent de collectivité engage l’Etat ». Il y a trois obligations « de respecter » les droits humains, de « protéger des violations par un tiers », et « de réaliser ou rendre effectif ». Par exemple, la ‘préférence nationale’ de la mairie de Vitrolles a été dénoncée par le ‘Comité pour l’élimination de la discrimination raciale’ de l’ONU. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la commune d’Herblay dans le Val d’Oise pour une expulsion de ‘gens du voyage’ qui a violé la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales sur le droit au domicile dans une absence de ‘proportionnalité de l’ingérence’. La CEDH a aussi émis des réserves sur les villages d’insertion des Rroms.
Pierre-Edouard Weill présente l’enquête réalisée dans le cadre de l’étude. Entre autres, le chercheur c’est intéressé à la perception par des élu-e-s et des agents des droits humains, à leurs compétences, leur compréhension. Il distingue les « pratiques juridiques » et la « bonne volonté juridique ». A la recherche de « probants et de contre-intuitif », il a classé des participants à l’enquête, 500 personnes de Strasbourg à Plouguerneau, qui ont répondu à un questionnaire, en fonction de caractéristiques, « le statut de la collectivité, le nombre d’habitants des communes, la coureur politique de la majorité, les connaissances juridiques, les trajectoires professionnelles et militantes ». Le sociologue a trouvé des élu-e-s de gauche de grandes villes, plus diplômé-e-s et plus volontaires. Trois grands groupes apparaissent, celui qui voit les droits humains comme de « lointaines chimères », surtout dans les petites communes, composé d’élu-e-s, un peu plus à droite, plus âgé-e-s, plus souvent masculins et moins diplômé-e-s, celui qui en parle comme des « vœux pieux » et celui de la « ligne d’horizon pour l’action » dans les régions et les départements, plus à gauche, plus féminin, plus diplômé-e-s. Il y a « un continuum plutôt qu’une opposition tranchée » entre ces groupes. La volonté de bien faire n’est pas nécessaire pour bien faire car tous-tes les responsables n’ont pas conscience de ce qu’ils ou elles font, même en bien. Globalement, le cadre institutionnel prime sur les caractéristiques personnelles des élu-e-s.
Catherine Le Bris reprend la parole pour expliquer les ‘normes’ juridiques et leur subsidiarité. Le droit international prime en théorie sur le droit national mais il y a des exceptions si le droit n’est pas assez ‘clair et précis’. Elle évoque les ‘villes sanctuaires’ aux USA qui refuse le droit fédéral sur le droit d’asile et les expulsions. Les villes prennent des initiatives sur l’égalité femmes-hommes ou l’accueil des migrant-e-s. Des maires ont pris des arrêtés contre les coupures d’eau et d’électricité, ce que la justice a condamné mais cela a fait avancer le droit pour mieux encadrer les coupures. 1 773 communes dans le monde ont signé la ‘Charte européenne pour l’égalité femmes-hommes dans la vie locale’ et certaines ont adopté des plans d’actions. Le but de ce type de conventions est aussi de « créer une culture locale des droits de l’homme ».
Pendant le débat, M. Hafidi, élu d’Aubervilliers, remarque que la séparation droit-gauche ne fonctionne plus. Il évoque le catholicisme à droite et les 22 000 migrants de Valls face au million de Merkel. Il considère que les élus sont sous pression des individus. Pierre-Edouard Weill qui a fait une thèse sur le Droit au logement opposable confirme sur le catholicisme social. Il est chercheur en bout de Bretagne, là où, surtout à la campagne, la religion catholique a façonné une société très longtemps assez conservatrice. Un second élu d’Aubervilliers, M. Rozenberg, dit que le conseil municipal est « en première ligne » face à « une urgence sociale humanitaire ».
Catherine Le Bris conclut sur la nécessité pour l’Etat d’associer les collectivités locales à la politique des droits humains et Jean-Marc Bonnisseau, le président du Campus Condorcet conclut à son tour sur la nécessité de formation.
La conférence est intéressante malgré un manque d’exemples concrets à certains moments. Il aurait été utile de mieux décrire les différents domaines dans lesquels les élu-e-s peuvent se poser des questions de droits humains et de hiérarchiser ces domaines. Parfois des élu-e-s sont mis cause. En ce moment, le gouvernement français est en conflit ouvert avec les associations de droits humains sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite et sur les violences policières. A ce niveau de gravité des faits, tous les citoyen-ne-s sont concerné-e-s, y compris les élu-e-s et les chercheur-se-s, mais aussi les partis politiques auxquels appartiennent les élu-e-s locaux-ales. Quand la situation se dégrade comme elle s’est dégradée depuis l’été 2018, il est de plus en plus difficile de faire entendre des demandes de respect du droit sur l’ensemble des droits.
Régis Marzin
20 mai 2019