dimanche 27 septembre 2015

Dimanche 27 septembre, Paris, Alternatiba

Alternatiba: quel show ! J'étais passé tardivement le samedi soir place de République et le village associatif était déjà fermé, Alternatiba m'avait alors semblé un peu terne, mais, je reviens le dimanche et je trouve une grosse foule dans une grande quantité de stands, 250 me dit-on. Un succès évident et sympathique !
Je commence par chercher où cela parle d'Afrique. Je croise une albertivillarien motivé par la question du climat en Afrique, puis un ami des sans-papiers, persuadé qu'il ne faut pas faire de différence entre migrants économiques et réfugiés des guerre et des dictatures, parce que l'occident a décidé de déstabiliser le Moyen-orient et l'Afrique du Nord et que l'occident est responsable de tout, pauvreté comme guerre. Je tente de lui signaler que ce n'est pas tout à fait cela, que les choses sont plus compliquées, mais sans grand espoir. Les stands sur l'Afrique sont un peu décevants, alors qu'il a une vraie richesse dans les stands d'écologie. En plus du thème central du climat, il y a encore d'autres thèmes rassemblés qui me rappellent le Festival des Résistances et des Alternatives à Paris entre 2001 et 2014.
Je comprends en discutant qu'Alternatiba est maintenant un énorme truc, que le Tour Alternatiba en vélo, qui m'avait paru anodin, a pris une grosse ampleur, et que je n'avais pas entendu parler de l'évolution du mouvement. Je me demande quel est le lien avec le monde politique. Sur le climat, politiquement, une société civile forte même indocile est mieux que rien pour le gouvernement. Anne Hidalgo, elle-même a pris le risque de commencer à jouer à la Françafrique pour promouvoir la Conférence internationale sur le Climat (COP 21) et Fabius pourrait partir assez vite sur un succès de communication. On me rassure plus ou moins : les Verts ne sont pas dans le coup et la mairie de Paris n'a pas apporté son aide matérielle. mais tout de même, il y a eu des subventions avec accord pour n'avoir aucune publicité pour des partis ou collectivités. La scène aurait coûté 36 000 euros sans des frais annexes, le budget aurait été bouclé 3 jours avant et serait au total de 200 000, dont 26 000 annoncés au micro obtenus par 501 donateurs. 
Un ami m'explique que le mouvement a commencé il y a 8 ans à Bayonne, organisé par des militant-e-s déjà expérimenté-e-s. Une autre connaissance me parle lui d'un début à Copenhague avant Bayonne. Il y a une grande quantité de bénévoles bien visibles sur scène et ailleurs. L'un d'entre eux me raconte, qu'il y a quand même eu beaucoup de réunions pour organiser les deux jours à Paris depuis plus d'un an, autour d'un salarié parisien aidé de ses ami-e-s à Bayonne.
Les discours finaux sont euphoriques, à cause du succès du week-end et d'Alternatiba en général. Après Patrick Viveret et Susanne Georges, Catherine Dolto vient nous parler de 'stratégie érotique mondiale' ! Certes... Puis c'est le tour d'Edgar Morin qui s'enflamme, heureux de constater "l'union des alternatives", la pensée rassemblée face à des dirigeants "sans pensée". Il est tellement chaud qu'il se voit à "l'acte de naissance d'une nouvelle civilisation". Txex (Tchetch) le bayonnais reste stoïque, avant que l'intervenante de la coalition Climat 21 ne prenne à son tour la parole, plus modérée. 
Selon elle, il y a maintenant 130 collectif climat en France. Elle annonce également la suite de la mobilisation, la marche mondiale pour le climat le 29 novembre, un Village mondial des Alternatives à Montreuil les 5 et 6 décembre, une Zone d'Action Climat au 104 à Paris du 7 au 11 décembre.
Ce qui est assez intéressant dans ces 2 jours, c'est l'équilibre et le lien entre débats et spectacles. Cela n'est pas simple à réaliser et pendant ces deux jours, c'est assez réussi.
Alternatiba: quel show ! Je suis revenu chez moi assez content de la balade, avec de belles photos et un article en tête, mais l'actualité africaine ne m'a laissé aucune chance, entre prise d'otage instrumentalisé par des présidents véreux au Burkina Faso et début de période insurrectionnelle au Congo Brazzaville. Du coup, cet article est un texte réchauffé 3 semaines après la bataille.
Article écrit et publié le 18 octobre 2015.

25 octobre 2015, Aubervilliers, Lavach'

Un an après l'ouverture, Lavach' au Grand Bouillon : un concert exceptionnel ! 
Ce n'était pas la première conférence de presse du groupe mais juste un concert dans un bar, ponctué par les interventions de quelques animateurs locaux, dans une atmosphère authentique. Vu de la scène, le public aurait-il mérité d'être lui aussi visé par les objectifs ? y compris certains photographes un peu trop passionnés ? On était loin de Paris, là, au milieu des poissons sur les peintures. 
Les 4 musicien-ne-s, Sévane à l'accordéon et au chant, surtout en arménien, ce soir, François à la guitare, Yohan au violon, Fred à la batterie, ont proposé l'un des plus beaux spectacles depuis l'ouverture du Grand Bouillon, le meilleur pour moi ! Oh là ! Mais je parle comme un fan ! alors que je me fais vieux ! Il faut dire que je connais le groupe depuis longtemps et que je l'ai souvent photographié, en 2011, en 2011 encore, en 2014, et il n'y a pas longtemps en juin 2015. A suivre...

dimanche 20 septembre 2015

19 septembre 2015, Aubervilliers, Tuvalu

Mais quelle est donc cette étrange discussion derrière les barreaux ? A moins que ce ne soit moi qui sois derrière. Mais quel est donc cet étrange lieu dans Aubervilliers ? Certes nous sommes au Passage Henri Alleg à deux pas du centre ville, dans une espèce de parking vide destiné à accueillir le marché à partir de novembre et pendant la durée des travaux du métro, mais encore... ?
Ne voit-on pas quelques arbres au milieu d'une scène, ce qui pourrait troubler jusqu'à Guy Debord dans sa tombe ? Est-ce que ce grillage qui enferme n'est pas magnifique ? Est-ce une œuvre d'art ou le résultat d'une réflexion urbanistique ? Il paraît que le matin, la lumière au levée du soleil est magnifique et met en valeur l'architecture brinquebalante de la place. 
Ouvert et fermé, clé pour protéger et clé pour fermer l'accès, visible et caché, soleil et pluie, nature et béton, écologie et social, commerce et gratuité, amateur et professionnel, élu-e-s et habitant-e-s, associations et salariés, associations et collectif, privatif et collectif, liberté et contraintes, créativité et régulation, responsabilité et paresse, beauté et médiocrité, idées et passivité, méfiance et mélange des genres et des gens, fleurs et merdes de chien, respect et toilettes sauvages, café et thé, vin rouge au jardin et bière au bar, plantes et cailloux pour s'asseoir, entre-deux et esthétique du paradoxe ... 
Mais à quoi cela va-t-il donc servir ?! Mais qu'est-ce qui va se passer ?!
Il est là, il est installé le Tuvalu! Sa scène, déjà inaugurée à la fête des assos, n'attend plus que des artistes et des discours de tous poils avec ou sans marché... théâtre, concerts, poésie, projections, distribution de tracts, rencontres ... Ce samedi, une présentation, une discussion avaient lieu pour discuter du temps qui vient autour de cet espace, et un peu de poésie sortait du mystère, comme les plantes d'au milieu du béton et les arbres du milieu de la scène.

dimanche 6 septembre 2015

6 septembre 2015, Paris, le FROCAD du Congo Brazzaville en Europe

Ce dimanche 6 septembre, le Front pour le respect de l'ordre constitutionnel et de l'alternance démocratique (Frocad) du Congo Brazzaville a organisé une "cérémonie" de présentation de sa nouvelle représentation européenne. Joseph Ouabari a été nommé il y a environ 2 semaines à Brazzaville représentant du Frocad, pour servir de "relais qui diffusera les discours du Frocad au Congo Brazzaville" et réaliser un plaidoyer politique auprès des pouvoirs exécutifs en Europe et en France. 
La conférence porte essentiellement sur le Dialogue Alternatif de Diata qui a eu lieu fin juillet au siège de l'UAPDS. Devant la menace d'un referendum en vue de changer de constitution et permettre à Sassou Nguesso de rester au pouvoir, le Frocad et  l'Appel de Diata indiquent que le "changement de la Constitution du 20 janvier 2002 est un coup d’Etat" et appellent "le Peuple congolais à la résistance héroïque pour défendre l’ordre constitutionnel au cas où celui-ci serait violé". Une expression employée à Paris est "désobéissance civile", si un referendum avait lieu.
Le dialogue a abouti à des recommandations, en particulier, sur l'organisation d'une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour la transparence du scrutin et la qualité du processus électoral. La demande porte sur la correction du découpage électoral pour les législatives, prévue en 2017, et, surtout, pour commencer, la révision du fichier électoral. Le Frocad réclame une révision de la liste électorale avant la présidentielle, et une présidentielle avant fin 2016. La mise en place d'une Ceni est indispensable pour tenir ce calendrier. Le dialogue a aussi formulé des exigences concernant l'information et la liberté d'action de l'opposition, et la fin de la répression de l'opposition.
Un autre point rapporté est le récent accord avec une seconde coalition,  l'Initiative pour la Démocratie au Congo (IDC), dans l'objectif de lutter pour la conservation de la constitution et le refus d'un nouveau mandat de Sassou Nguesso. 
Il ressort de cette première rencontre qui devrait être suivie d'autres rencontres pour débattre plus longuement, qu'à partir de la priorité au refus de changement de constitution, au Congo-Brazzaville, l'opposition a réussi à entrer dans une phase rapide d'organisation. Le vent de Kinshasa traverse le fleuve. Sassou Nguesso a également été fragilisé par la pression internationale mise sur Pierre Nkuruziza au Burundi. Il reste à savoir si le dictateur acceptera de laisser aux partis politiques, à la société civile, avec une coalition Tournons la Page (lire sa position) qui vient aussi de se créer, aux journalistes et plus généralement à la population la liberté de s'exprimer et de continuer à s'organiser.