samedi 29 décembre 2012

21 décembre, Aubervilliers: Front Populaire ?

On l'a attendu un certain temps, et, il faudra encore attendre un peu pour le métro à la mairie d'Aubervilliers en 2017. En maintenant, c'est la fête! Je découvre dans la joie et la bonne humeur, la navette 512 jusqu'à la nouvelle station puis le nouveau tronçon jusqu'à la porte de la Chapelle. Je gagne peu de temps pour rejoindre le 18e. Il me faudra refaire plein de calculs de temps de trajet. "Front Populaire", c'est joli comme nom. Est-ce que c'est 'populaire' pour qu'Aubervilliers soit plus populaire ou moins populaire ? Au ciné-club de mon lycée, le prof nous avait dit que c'était les gens riches qui aimaient les films de Charlot. Alors ? On nous annonce, pour oublier les difficultés du centre commercial pas très loin de là:  du logement neuf en grand nombre, des sièges d'entreprises, une piscine olympique, le grandiose campus Condorcet, et, l'expulsion des rroms à côté...

mercredi 19 décembre 2012

19 décembre 2012, St-Ouen, Islande Année 0*

Je suis curieux de savoir ce qui s'est passé en Islande depuis la crise financière de 2008. Le film de de Sigurdur Magnusson,  et,  je suppose, Armande Chollat-Namyh, s'intitule "Islande, année zéro" et la projection-débat est organisée par Cinéma 93. C'est un très beau film, au niveau photographie, d'une grande sensibilité dans les interviews des islandais-es. Iles elles sont désemparée-s devant des changements économiques qu'ils et elles ne maîtrisent pas et qui les accablent. Au-delà des difficultés, face au chômage, aux économies évanouies, n'est-ce pas, plus que la culpabilité, une blessure narcissique qui touche un peuple toujours un peu viking dans l'âme ? Je profite du film et du pot qui suit pour découvrir un nouveau lieu, Commune Image, à Saint-Ouen, lieu, qui, comme le Comptoir Général, appartient à Olivier Laffon.

mardi 18 décembre 2012

18 décembre 2012, Fête reconnaissance 17 0ctobre 1961..

Ce soir c'est la fête ! ... la fête de la reconnaissance du 17 0ctobre 1961 et de la fraternité franco-algérienne, au Cabaret Sauvage du Parc de la Villette, organisée par Au nom de la Mémoire et Médiapart. Autant dire que c'est d'abord un rendez-vous militant, et que le but n'est pas d'encenser François Hollande ! Son geste symbolique de reconnaissance sous forme de communiqué minimaliste de l'Elysée est symboliquement important, mais il reste beaucoup à faire: donner l'accès à toutes les archives, et reconnaître l'ensemble des crimes coloniaux en Algérie de 1830 à 1962. C'est Olivier Lecour-Grandmaison, qui n'est pas là ce soir, qui résume le mieux le sentiment général dans sa tribune. François Hollande doit être en Algérie le lendemain, et, c'est le moment de lui faire passer le message. 800 personnes sont dans la salle. La mobilisation est toujours là, 51 ans après les faits. La peur de déplaire à l'armée française et la police française du Parti Socialiste m'impressionne: mais quel est donc le cercle vicieux qui les tient tous ? Chaque génération qui arrive, qui découvre les institutions dans un état donné, ne peut comprendre les horreurs du passé. Les crimes eux-mêmes mais aussi l'horreur du silence, du déni, l'obstruction de la justice, la répression des victimes, sont inconcevables au présent parce qu'il y a déjà eu des progrès et que ces progrès font considérer comme inadmissible des faits et méthodes qui furent auparavant admis par obligation. La salle écoute avec attention le récit de 50 ans de luttes, de rapport de force. Jusqu'en 1981, Maurice Papon était toujours ministre. Le crime des algérien-ne-s assassinés par la police parisienne le 17 octobre 61 est un crime d'état, contre l'humanité, qui sera reconnu comme tel, imprescriptible, et ne peut conduire un jour ou l'autre qu'à la vérité entière, incluant la vérité sur les actes de ceux et celles qui firent obstruction à la vérité et la justice. Mais qui veut la vérité ?
Les intervenant-e-s se succèdent à la tribune, en alternance avec les intermèdes musicaux: un groupe de femmes dont je n'ai pas le nom, Elnour, Idir, Serge Guérin, Frédo des Ogres de Barback et Akli D, HK et les déserteurs. Le premier panel que j'entends regroupe Jean-Luc Einaudi et Didier Daeninckx, entre les 2 modérateurs de la soirée, Mehdi Lalloui et Edwy Plenel. L'historique du combat est rappelé, il s'est accéléré avec le travail de Jean-Luc Einaudi, l'historien, et Didier Daeninckx, l'écrivain d'Aubervilliers. Mon voisin raconte l'histoire de la fille de 15 ans dont le corps a été retrouvé dans le canal St-Denis, dans une des écluses d'Aubervilliers. Pour moi, c'est essentiel d'écouter ce témoignage, de cet homme que je croise souvent dans la rue, signe du lien étroit entre littérature, écriture et engagement politique, en rapport avec un espace physique. Un autre panel rassemble les partis politiques: Europe Ecologie les Verts, et le Parti de Gauche, et des membres du PS très impliqués. Le PS apparaît très divisé sur le colonialisme et le néocolonialisme: en silence, réformateurs et conservateurs continuent de s'affronter, et le rôle des associations et militant-e-s est sans doute de faire bouger la frontière pour essayer de faire basculer le parti dans la modernité et le respect des droits humains.
Parmi les discours, je remarque celui très offensif de la seule femme qui intervienne, au nom d'une association pour les femmes en Algérie. Elle dénonce le code de la famille, qui fait des femmes algériennes des "mineures", l'instrumentalisation de l'islam pour des visées politiques, les autocrates, les intégristes "modérés" qui appliqueraient "modérément" les mêmes discriminations, et pourraient ainsi être bien vus à l'étranger.
 Idir est là aussi. C'est extrêmement beau. Quand il lève les bras, c'est juste pour les youyous.
A la fin, HK et les déserteurs commencent par la chanson de Boris Vian, et enchaînent ensuite des classiques de la chanson française, pour finir sur le très fameux "On lâche rien" dont je ne me lasse jamais.

lundi 17 décembre 2012

17 décembre 2012, Aubervilliers, concept et expérience


Je viens dire au revoir à Luca pour sa dernière d'Illegal Cinéma, aux Laboratoires. Il passe ce soir du statut d'animateur à celui de 'programmeur' bénévole et a choisi 4 courts-métrage autour du thème de la conversation. L'expérience autour du concept connaît ainsi un nouvel essai, et dans cette itération, un acteur structurant de l'expérience a bougé. Comme chaque fois, le débat est un peu "sur le fil", et encore un peu plus ce soir, car, le thème de la conversation pourrait permettre une mise en abime du concept de ce rendez-vous régulier. Que cherchons nous en venant voir ces films et en nous mettant en cercle pour discuter ensuite ? sommes-nous en recherche du thème qui réunit les films ? ou qui nous réunit? de la raison qui fonde le thème? de la justification d'être là ? ou sommes-nous là juste pour être là ? et converser ? quelle règles de conversation appliquons-nous? quelle légitimité a la parole de l'individu dans le groupe? qu'est-ce qui relie l'espace et le temps dans cette expérience ? et en général? Le débat en reste aux films, sans méta-discours. Moi-même, je me tais jusqu'au bout, et j'observe. La lumière blanche des projecteurs de la salle de spectacle, se pose sur les vêtements, les peaux, les cheveux, et fait ressortir les individualités apparentes. Bonne nouvelle! l'expérience continuera en 2013 avec quelques modifications dans les règles, une fois tous les 15 jours au lieu d'une fois par semaine, et pour le lieu, en alternance entre la salle aux rideaux noirs et d'autres lieux.

jeudi 13 décembre 2012

13 décembre 2012, colloque CPI et génocide du Rwanda

J'arrive à l'Ecole Normale Supérieure, rue d'Ulm, pendant le débat de la 3e table ronde du colloque "Cour Pénale Internationale 2002-2012 : regards sur ces dix premières années", et je suis surtout intéressé par la 4e table ronde, "Le principe de complémentarité – quel rôle pour la France ?" avec, de gauche à droite sur la photo, Délou Bouvier, magistrat, Syndicat de la magistrature - qui s'ajoute au panel en raison de l'absence de Jean-Pierre Sueur, le Président de la Commission des lois du Sénat -, Patrick Baudouin, coordinateur du groupe d’action judiciaire et président d’honneur de la FIDH, Aurélia Devos, Vice Procureur près le Tribunal de Grande Instance de Paris, Pôle crimes contre l’humanité, crimes et délits de guerre, Christopher Hall, Senior legal adviser d’Amnesty International. La conférence quitte la question de la CPI pour aborder plus globalement la justice internationale et l'état français. Le bilan est globalement négatif, selon la FIDH, Amnesty et le Syndicat de la Magistrature, surtout en raison de la loi d'application du statut de Rome de 2010, qui définit les règles de fonctionnement de la CPI : une loi "scélérate", selon le président d'honneur de la FIDH, votée après 8 années de tergiversation et dont les 4 verrous doivent être enlevés. Le nouveau parlement et le sénat ne devraient pas tarder à le faire, suite à la proposition de loi de Jean-Pierre Sueur. Aurélia Devos, venue pour parler du nouveau pôle du TGI de Paris créé le 1er janvier 2012, est extrêmement intéressante. Selon elle, "la justice devient générale et préventive, après avoir été réactionnelle". Il y a un mouvement européen lié à l'Union Européenne. Le statut de Rome crée de nouvelles incriminations, par exemple, la "responsabilité du supérieur hiérarchique" avec une "complicité par abstention", qui "trouble les pénalistes". Le pôle du TGI traitera très peu de dossiers, 30 actuellement, par rapport aux autres pôles, mais le droit international est très complexe et demande une spécialisation. Les enjeux politiques pèsent, parfois avec des "instrumentalisation". Le pôle est confronté à des questions spécifiques: faut-il "lutter contre l'impunité?" viser "des réparations ? des réconciliations ? la paix ? écrire l'histoire? parler de sociologie et politique ?". L'enjeu est celui de la "création d'une politique pénale". Le pôle du TGI connait "une naissance à risque" et doit "être légitime". Patrick Baudouin venait de signaler que la création du pôle permettrait peut-être de débloquer les plaintes concernant le génocide du Rwanda qui attendent depuis 17 ans. Celui-ci évoque aussi ensuite l'affaire du Beach du Congo Brazzaville victime du parquet. Pendant le débat, une ancienne conseillère de Bernard Kouchner, précise que c'est l'ancien ministre des affaires étrangères, qui a décidé de la création de ce pôle en pensant aux affaires du Rwanda. La question des immunités de présidents et ministres est abordée et des décisions de la Cour de cassation sont attendues.
La conclusion du colloque organisé par la Coalition Française pour la CPI est laissée à Robert Badinter, ancien président du Conseil constitutionnel de Mars 1986 à Mars 1995. Celui-ci avait lui-même rédigé une proposition de loi pour le statut de Rome de la CPI qui a pu, cette année, être reprise par M.Sueur. Il relativise le mauvais bilan français en soulignant les progrès en remontant dans le temps. Pour lui, la CPI est "une révolution face à la souveraineté des états".  Il cite aussi comme points positifs, les Tribunaux Pénaux Internationaux pour la Yougoslovie et le Rwanda, que François Mitterrand aurait aidé à créer parce qu'il "voulait une compensation" suite à la "non-intervention dans les conflits". Il insiste sur la place prédominante de juristes français dans le processus de création du TPIY. Ainsi, la France ne serait pas le plus mauvais des pays. Je me demande pourquoi Robert Badinter prend le risque de prendre comme exemple le rôle de Mitterrand sur la Yougoslavie et le Rwanda, puisque Mitterrand est désigné par un certain nombre d'experts et d'associations comme très impliqué dans le génocide du Rwanda. On ne peut pas ne pas envisager l'hypothèse d'une volonté de contrôler le domaine d'application de la justice. Le TPIR n'a justement pas eu dans ses fonctions d'instruire sur les responsabilités françaises. Au-delà, est-ce que Robert Badinter n'essayait pas d'envoyer un message crypté aux juges du pôle du TGI en charge des plaintes sur le Rwanda ? Il aurait fallu poser la question au vieil homme, mais ce n'est après tout que la conclusion du colloque, et, pendant les applaudissements, je quitte la salle, déjà un peu en retard à ma réunion de la soirée. En 1988, Elisaleth et Robert Badinter, avait écrit une biographie de Condorcet que j'avais lu avec passion. La construction de la justice internationale me rappelle la philosophie de l'"Esquisse d'un Tableau historique des progrès de l'esprit humain" écrit pendant la révolution française, alors que Condorcet savait qu'il avait peu de chance d'échapper à la mort. Quoi qu'on entende ou voit, il faut mieux rester optimiste.

mercredi 12 décembre 2012

12 décembre, Paris, Hate Radio sur génocide du Rwanda

La pièce "Hate radio" de l'Institut International du Crime Politique et du metteur en scène Milo Rau est jouée au Théâtre-Villette du au 18 décembre. J'ai déjà vu plusieurs pièces sur le génocide des Tutsi du Rwanda. Celle-ci m'a vraiment impressionné, par sa manière de faire ressortir l'horreur du mental génocidaire. Nous assistons à une émission de la Radio des Milles Collines (RTLM), qui a été le principal media du génocide, et nous revivons 3 mois au travers de cette émission. Les acteur-trices-s jouent les rôles de 3 animateur-trice-s qui ont réellement existé: Georges Ruggiu, Valérie Bemeriki, et Habimana Kantano. Leurs interprétations sont impressionnantes. L'effroi vient de la capacité de ces acteur-trice-s à alterner deux registres, mélangeant sans discontinuer la folie de "psychopathes" et des détails du quotidien totalement banals. Je sors de la pièce un peu sidéré, je pense au livre des premiers témoignages, "Death, despair and defiance' d'African Rights, qui était sorti en septembre 1994, et dont j'avais lu presque 400 des 1200 pages pour chercher des traces des actions françaises, et je parle à l'un des acteurs, Diogène Ntarindwa, puis me calme en parlant des livres sur le génocide. La question de la RTLM avait aussi été évoquée par Raoul Peck dans "Sometimes in April". Chaque soir une conférence-débat est organisée, et ce soir, sont présent-e-s, de gauche à droite, Milau Rau, l'un des acteurs, Stéphane Audoin-Rouzeau : Historien, directeur de recherche à l'école des Hautes Etudes en Sciences Sociales, et Assumpta Mugiraneza, Directrice du Centre IRIBA pour le Patrimoine Multimédia, Rwanda. Le débat reste beaucoup sur la pièce puis s'oriente sur des questions psychologiques, sociologiques. Ce soir, il n'est pas question de l'implication française dans le génocide, si ce n'est discrètement sur la table de presse de Survie Paris. La pièce y faisait bien sûr allusion pour sensibiliser un peu plus les spectateur-trice-s aux responsabilités des politiques et militaires.

mardi 11 décembre 2012

11 décembre 2012, Pantin, colloque sur le Mali

Le matin, je trouve dans les actualités du jour le renversement du gouvernement malien par le putschiste Sanogo, et cette nouvelle me motive à m'informer une fois de plus sur le Mali. Le colloque organisé par la Fondation Gabriel Péri du PCF s'intitule 'Les processus de militarisation en zone sahélo-saharienne', et fait partie du cycle de conférences sur l’espace sahélo-saharien. La première partie sur l’intervention de l’Union européenne, de la France et des Etats-Unis dans la région, est abordée par Bérangère Rouppert, du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) de Bruxelles, Antonin Tisseron, chercheur associé à l’Institut Thomas More, et Jacques Fath, responsable du secteur international du PCF. Laurent Bigot, sous-directeur pour l’Afrique de l’ouest au Ministère des Affaires étrangères, connu pour son franc-parler et que j'espérais entendre, n'est pas présent. La 2e partie a pour titre : 'L’architecture africaine de paix et de sécurité est-elle en capacité de gérer les conflits au Sahel ? Comment évoluer vers des armées nationales républicaines articulées à un pouvoir politique légitime ?' avec Oumar Keita, historien à l'EHESS, Ali Sanou, secrétaire général du Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP), Kissima Gakou, conseiller au Ministère de la Défense du Mali, et Amandine Gnanguênon, chargée d’étude sur l’Afrique à l’Institut de recherche Stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM). Ce colloque est très intéressant parce que s'y expriment des points de vues contradictoires, parfois opposés. Il est difficile de résumer un contenu complexe et plein de nuances. Entre autres, Jacques Fath insiste sur la nécessité d'éviter d'aller vers la guerre, en faisant preuve de créativité politique pour définir une nouvelle politique avec l'Afrique, en en finissant avec la Françafrique. J'apprécie beaucoup l'intervention d'Ali Sanou qui insiste sur l'obligation d'aller vers la démocratie en Afrique pour résoudre les conflits en allant vers des armées "républicaines" respectant l'état de droit. Cela paraît évident, mais dans le contexte hypocrite qui prévaut sur les dictatures, il est rare de parler franchement de réformer les armées africaines. Je suis très surpris par l'intervention d'Amandine Gnanguênon, qui parle en son nom et non au nom du Ministère de la Défense dont dépend son institut, parce que son analyse est originale et franche. J'ai du mal à prendre des notes, car trop d'idées s'accumulent en très peu de temps. Je retiens une idée forte que je retrouve, ensuite, sur le net. Elle a repris un argument déjà exprimé en 2011 à propos du cas de la Côte d'Ivoire pour pour l'appliquer au Mali, et je lis l'équivalent dans l'introduction de la revue Dynamiques Internationales de Mai 2011: "Au-delà de cet exemple ivoirien, il nous semble que transparaît là une des incohérences liées à la volonté « d’africaniser » la gestion des conflits. Nous assistons en effet à l’opposition de deux discours dont l’un repose sur une obligation de moyens et l’autre sur une obligation de résultats. En d’autres termes, dans la mesure où les acteurs les plus légitimes, en l’occurrence les Etats africains, ne disposent pas des capacités nécessaires (logistiques, financiers), ils restent soumis à l’obtention de ces moyens pour intervenir. A l’inverse, pour les acteurs dotés de ces mêmes capacités, l’enjeu est de parvenir à compenser un manque de légitimité par l’emphase portée sur la légalité de l’intervention. L’utilisation de moyens militaires à des fins humanitaires suivant une logique assez sélective contribue au final à politiser le débat légalité/légitimité. Il n’est donc pas évident pour la France de concilier le respect de la souveraineté et de l’indépendance des Etats, tout en étant fidèle à un discours sur le développement des populations." 

dimanche 9 décembre 2012

9 décembre 2012, Paris, Elections au Togo et en Guinée Conakry

J'organise avec l'Observatoire des Médias pour la Démocratie et la Bonne Gouvernance (du Togo), la conférence-débat 'Elections en Afrique de l’Ouest : cas du Togo et de la Guinée Conakry'. Ces 2 pays très différents, par leur histoire et par la nature des régimes au pouvoir, se rejoignent actuellement dans la difficulté pour les oppositions d'obtenir l'organisation d'élections législatives correctes et transparentes. La Guinée essaye de terminer une transition démocratique qui piétine sous la présidence d'Alpha Condé, et le Togo cherche à en finir avec la dictature 'à bout de souffle' de Faure Gnassingbé. Dans les deux cas, la formation d'un parlement qui corresponde vraiment aux volontés des électeur-trice-s permettrait de sortir de l'impasse et de mettre la priorité sur les institutions démocratiques. Les intervenant-e-s sont, de gauche à droite, Agbéyomé Kodjo, président de l’Organisation pour Batir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS, Togo), Hasatou Baldé, juriste, sur les élections législatives en préparation en Guinée Conakry, et Cyril Kudjawu, président de l’Alliance Nationale pour le Changement Ile-de-France (ANC-IDF, Togo). Je modère cette conférence-débat qui se passe dans la grande salle de l'AGECA. Le public est essentiellement togolais, mais les questions portent aussi sur la Guinée. L'évocation des 2 pays permet d'élever le débat sur des propos plus généraux concernant la démocratie en Afrique. Nous entrons également dans le détail en ce qui concerne les processus électoraux et le rapport de force auxquels ils correspondent. En Guinée, pays dans lequel l'état de droit peine à se mettre en place, des efforts sont nécessaires dans le contrôle et l'organisation au niveau de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), au niveau du fichier électoral. Au Togo des réformes institutionnelles plus importantes s'imposent. Entre autres, pour les législatives, un redécoupage des circonscriptions est indispensable. Les membres du Collectif Sauvons le Togo que sont ANC et OBUT sont d'accord pour l'essentiel mais ont quelques divergences sur des modalités de dialogue avec le pouvoir ou sur des points de leur stratégie. L'ancien premier ministre Agbéyomé Kodjo termine son exposé sur la nécessité de passer par une Assemblée Constituante et la rédaction d'une nouvelle constitution (ajout du 25.12.12 : voir la vidéo de l'intervention d'Agbéyomé Kodjo). L'ANC insiste sur d'autres points dont, parmi les préalables pour aller aux élections, la fin de l'impunité des criminels impliqués dans les tortures. La question de la qualité de l'opposition et de son comportement suite à une alternance politique après la fin d'un régime dictatorial est aussi abordée. Le débat se termine sur le rôle de l'Union Européenne, de l'état français, et sur la Françafrique. Même si les guinéen-ne-s et togolai-se-s sont maître-sse-s de leurs destins, la Communauté Internationale est une nouvelle fois appelée à ses responsabilités, pour bien prendre en compte l'importance des enjeux et les risques.

vendredi 7 décembre 2012

7 décembre, Paris 14, inauguration de la Maison des Thermopyles

La pension de famille Maison des Thermopyles a ouvert en juin dernier. Ce fût un long parcours de 10 ans, pour l'association dont je fais partie, pour y arriver et pour faire construire ce lieu. Une vingtaine d'habitant-e-s, qui ont connu de très grandes difficultés pour le logement, partage donc cet habitat collectif, animé et géré pas 2 salarié-e-s et l'association. La crémaillère, inauguration pour le quartier, avant l'inauguration officielle, permet la rencontre entre ces habitant-e-s et les nombreux-se-s ami-e-s de la maison, qui ont soutenu ce projet de quartier. Je retrouve donc plein de personnes actives dans les associations et que j'ai connu dans le quartier Thermopyles-Plaisance entre 2000 et 2005, et les ami-e-s de la Fondation Abbé Pierre. Autour d'un repas sous forme d'auberge espagnole, tout le monde fait connaissance, avant de laisser les habitant-e-s retrouver le calme, la soirée continuant autour du match de foot. Celui-ci remplace sur la télévision, le diapo-vidéo-rama des 10 ans d'histoire de l'association. Pour le photographe que je suis, c'est aussi la première occasion de sortir l'appareil, en gardant à l'esprit l'équilibre à conserver entre vie privée et regard associatif extérieur. Ce projet de pension de famille a pour particularité d'être très lié au quartier, mais rien ne se fera "sans patience et longueur de temps".

mardi 4 décembre 2012

4 décembre 2012, Paris, liberté de la presse en Afrique

L'Observatoire des Médias pour la Démocratie et la Bonne Gouvernance vient d'ouvrir au Togo, quelques mois avant les législatives, étape importante pour aller vers la fin de la dictature togolaise. Cet observatoire a vocation à travailler sur l'Afrique de l'Ouest francophone. J'ai organisé cette projection-débat avec les étudiant-e-s de l'association GIRAF du Centre d'études des mondes africains (CEMAF) à Paris I. Le documentaire "Borry Bana, le destin fatal de Norbert Zongo", de Luc Damiba et Abdoulaye Ménès Diallo, sur l'assassinat de Norbert Zongo en 1998 au Burkina Faso, permet de rentrer très vite dans le débat. Le lien entre politique et journalisme, face aux régimes dictatoriaux qui ne supportent aucune transparence, y apparaît. Le journaliste sérieux ne peut éviter de s'engager. Actuellement, la situation est très variable selon les pays, et les assassinats ne continuent que dans quelques pays comme la Somalie, le Congo Kinshasa, en cas de guerre, et dans quelques autres dictatures comme le Congo Brazzaville (Bruno Ossébi en 2009) et peut-être le Cameroun. Dans d'autres pays sans état de droit et sans démocratie véritable, cela est maintenant moins violent. Max Savi Carmel, secrétaire général de l'OMDG informe sur la situation au Togo en prenant l'exemple du journal Tribune d'Afrique, dont il est directeur de publication, qui est actuellement interdit au Togo et dont le site internet est victime de la censure. Certes, la dépénalisation des délits de presse a permis de limiter la répression et les emprisonnements, mais la censure prend de nouvelles formes, comme des attaques juridiques infondées, suivies d'amendes, ou la censure sur internet. Le président d'Internet Sans Frontières, Archippe Yepmou, après avoir évoqué la situation au Cameroun, nous précise l'importance d'internet. Ziad Maalouf, de l'atelier des médias sur RFI, parle de la créativité des bloggeur-se-s, qui essayent de s'organiser en créant des communautés comme Mondoblog. La qualité du travail des journalistes, la formation sont évoquées. Pendant le débat, est aussi abordé la question essentielle du financement de la presse.

samedi 1 décembre 2012

1er décembre 2012, Montreuil, le Tchad après Déby ?

Pendant qu'Ayrault et Valls se plantent sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Hollande et Fabius se plantent sur les dictatures en Afrique. L'incompétence et la médiocrité sur la politique africaine font écho à la médiocrité et à l'incompétence sur l'écologie. Sous prétexte d'avancer sur la résolution de la guerre au Mali, François Hollande se permet de recevoir, en douce, le pire dictateur des ex-colonies françaises en Afrique, Idriss Déby. En quoi une armée qui maintient dans la terreur sa population peut-elle être impliquée pour sauver la population dans un autre pays qui aspire à revenir à la démocratie et à la paix ? Mais quel est donc ce 'deux poids deux mesures' si ce n'est celui de la la Françafrique, avec une espèce d'aveu d'incompétence en plus. Il ne suffit pas d'aller à Kinshasa montrer un peu d'indignation face à un autre dictateur plus connu internationalement, pour se permettre ensuite de faire exactement l'inverse, et d'envoyer un signal contradictoire aux démocrates et aux populations africaines, signifiant le retour du mépris pour la démocratie et les droits humains. Depuis qu'a commencé le conflit malien, le flirt va bon train avec le régime tchadien, sans aucun effort pour exiger plus de démocratie, de droits humains, ou moins de corruption. Pour l'instant, le conflit malien a servi d'excuse pour s'assoir sur la définition d'une nouvelle politique de soutien à la démocratie en Afrique. Je doute fort que quelques menus reproches mercredi à 15h puissent y changer quelque chose, car l'Elysee semble se plier honteusement à la logique de l'armée française, installée à N’Djamena à observer les crimes. Ce samedi, le Conseil National pour le Changement et la Démocratie (CNCD), optimiste, organisait une journée de débat «le Tchad de l’après Idriss Déby Itno: enjeux et défis». De nombreux intervenants y ont informé les tchadien-ne-s, et j'ai particulièrement apprécié l'intervention de Thierry Vircoulon, d'International Crisis Group, qui a parlé de l'ONU, du maintien de la paix et des gestions de crises.  En même temps, le parti Rassemblement National Républicain (R.N.R) manifestait à la Porte d'Orléans. Cependant, l'opposition tchadienne démocrate reste très impuissante et démunie, face à un régime militaire toujours soutenu de l'étranger, qui écrase toujours autant toute opposition. C'est un cercle vicieux : si l'occident attend une alternative au niveau dirigeant pour commencer à soutenir la démocratie dans un pays comme le Tchad, celle-ci ne pourra jamais arriver. Seule consolation de la semaine : rire de l'UMP qui teste les élections fraudées à l'Africaine! C'est vraiment bien fait pour eux-elles! Et Fillon n'avait pas qu'à aller soutenir Paul Biya, en 2009, juste après les massacres de 2008, ce grand spécialiste des élections truquées. Entre démocratie et dictature, il faut choisir !