jeudi 26 octobre 2017

26 octobre 2017, Paris – Tchad : conférence sur les droits humains à Amnesty

Ce jeudi à Paris, Amnesty International organise une conférence-débat sur « l’intensification de la répression de la société civile au Tchad » avec les défenseurs des droits humains, Saturnin Bemadjiel et Mahadjir Younous. Le premier est journaliste à radio Fm Liberté à Ndjaména et militant au sein de l’Association pour la Promotion des Libertés Fondamentales au Tchad (APLFT) et le second est leader syndical de l’Union des Syndicats du Tchad (UST), principale organisation syndicale au Tchad.
Balkissa Ide Siddo, chargée de campagnes pour l’Afrique Centrale, à Amnesty International à Dakar, est présente par visioconférence. Elle a participé à écrire le rapport du 14 septembre 2017 : « Tchad: Entre récession et répression: Le coût élevé de la dissidence au Tchad » (résumé). Delphine Lecoutre, coordinatrice Centrafrique, Tchad et Gabon pour Amnesty International France intervient également. La Chargée de plaidoyer Libertés d’Amnesty, Katia Roux est également présente.
Balkissa Ide Siddo présente le rapport d’Amnesty et rappelle quelques faits : en 2016, l’interdiction des marches, la loi pour réduire le droit de grève, l’interdiction de mouvements citoyens, l’aggravation de la surveillance. Cette surveillance se réalise sur le terrain et sur internet. Il a suffi d’une vidéo postée sur youtube pour que l’activiste Tadjadine Mahamat Babouri soit enfermé depuis le 30 septembre 2016. L’Agence Nationale de la Sécurité (ANS) est responsable de plusieurs arrestations arbitraires sans cadre juridique, de tortures, de détentions secrètes.
Saturnin Bemadjiel revient sur l’affaire de trafic d’armes vers la Syrie, qui a provoqué l’arrestation du journaliste Juda Allahondoum, directeur de publication de l'hebdomadaire Le Visionnaire, le 23 octobre 2017. Il avait cité la femme d’Idriss Déby. Selon Saturnin Bemadjiel, l’ANS est au-dessus des ministères et rend compte directement au chef de l’Etat. Il pense que la surveillance est devenue pire que sous Hissène Habré.
Mahadjir Younous décrit le contexte politique qui a entouré les atteintes aux droits humains, à partir de l’élection de 2016. Le manifeste contre un cinquième mandat avait provoqué l’arrestation de cinq personnalités de la société civile pendant un mois juste avant l’élection. Depuis, il y a eu également l’emprisonnement de Nadjo Kaïna. Le syndicaliste souligne que le gouvernement français a demandé le 25 octobre au Togo de laisser la population manifester, mais ne se prononce pas sur l’interdiction totale de manifester au Tchad.
Katia Roux indique qu’Amnesty demande un cadre législatif pour protéger les défenseurs des droits humains partout dans le monde, des protections des ambassades, et travaille au renforcement des capacités des organisations victimes de répression.
Lors du débat, Mahadjir Younous explique les raisons du durcissement. Suite à l’inversion du résultat de la présidentielle, puisqu’Idris Déby aurait dû perdre au second tour, il se sent rejeté par le peuple.
Le syndicaliste constate que l’ANS va vers le style Habré. Le blogueur Makaila Ngebla remarque que Paris et l’Union européenne privilégie la lutte contre le terrorisme et invite Macron à mieux prendre en compte les droits humains. Il souligne que Déby a peur des manifestations de rue. Un tchadien pense que demander à Macron d’agir est un « leurre » parce que Déby est « sous le parapluie de l’impérialisme français ».
Le député Gali Gatta de passage à Paris affirme qu’« avec la lutte contre le terrorisme, le reste est passé sous silence ». Il rappelle la mort de 5 manifestants lycéens fin 2015. Il insiste sur le fait que Déby est « non élu », qu’il n’a gagné aucune élection, et qu’il a été sauvé par les français en 96, 98, 2004, 2006 et 2008. Selon lui, les syndicats, les organisations de droits humains, les partis politiques, luttent et payent un prix très cher à cette lutte, et le lobbying est nécessaire pour que la « chape de plomb explose ». Mahadjir Younous évoque l’emprisonnement du maire de Moundou, Laokein Médard, depuis le 14 juillet 2017.
Le débat revient sur Plan national de développement (Pnd). Mahadjir Younous pense qu’il va se confronter à la mauvaise gouvernance et qu’il faudrait d’abord changer les hommes. Saturnin Bemadjiel donne l’exemple du programme de l’Ue sur la justice sans aucun lien avec la société civile. Dans le public, Abacar Assileck, qui se présente comme activiste politique, signale qu’« avant le Pnd, la France pouvait dire de faire des législatives ».
Katia Roux souligne que face au « rétrécissement des espaces dans la société », l’enjeu pour les autorités française est de ne pas se retrouver dans une situation de complicité. Amnesty dénonce donc le silence, qui ternit l’image, en attendant une réaction.
Gali Gatta reprend la parole pour parler de l’éducation : « dans deux ans, il n’y aura plus d’écoles au Tchad, car le corps enseignant en primaire n’est pas payé depuis 40 mois ». Deux ou 3 millions d’enfants mal scolarisé seront plus facilement attiré par le jihadisme. Il souligne que le Tchad est dans les derniers des classements sur la corruption et la mauvaise gouvernance. Il s’inquiète du fait que le Pnd a permis de camoufler la question de la dette du Tchad, dont le montant reste inconnu. Selon lui, si l’Ue est le premier financier, elle a un droit de regard. Enfin il attire l’attention sur l’histoire des interventions militaires tchadiennes en Afrique sous Déby : deux Congos, Côte d’Ivoire, Soudan, Togo, Centrafrique. Les français considèrent comme essentielles les questions militaires.
En conclusion, Makaila Nguebla interpelle de nouveau le pouvoir français, lui demande de « jeter un regard croisé », rappelle que la diaspora tchadienne de Paris a organisé un contre-sommet à la conférence des bailleurs le 6 septembre 2017. Il réclame que l’aide soit conditionné au soutien de la société civile.
Venu pour écouter, je ne m’exprime pas lors de cette conférence-débat, et je note quels sont les points débattus en ce moment dans la diaspora tchadienne et dont certains sont repris par Amnesty international. Amnesty joue son rôle sur les droits humains en tenant correctement compte du contexte politique et des responsabilités extérieures notamment françaises ou européennes.
Cependant, pour finir, je rajoute un point à ce compte-rendu, celui de la comparaison avec les 3 autres pays qui ont connu des inversions de résultats de présidentielles en 2016, le Congo Brazzaville, Djibouti et le Gabon. La situation a beaucoup plus dégénéré dans ces 3 pays qu’au Tchad. Ces 3 pays vivent maintenant des surenchères dans la mainmise dictatoriale, le niveau de dictature y est fortement remonté. Par contre, au Tchad, alors que la répression et la surveillance sont très fortes, un certain niveau d’expression reste encore possible. Le nombre d’occurrence dans la répression augmente sans doute aussi parce que la volonté de s’exprimer est très forte. La société civile et les partis sont mieux organisés qu’avant 2016 et résistent bien. Pour les législatives suivant le coup d’Etat électoral, le dictateur tchadien est en position défensive alors que les dictateurs congolais et djiboutien ont finalisé un quasi-écrasement de toute opposition et que la situation s’est figée, gelée, au Gabon à un niveau de dictature beaucoup plus élevé que par le passé.
L’action d’Amnesty est d’autant plus importante au Tchad, que la situation n’est pas fermée. Son action peut avoir des résultats. La continuité actuelle d’une alliance franco-tchadienne renforcée à partir de la guerre du Mali de 2013 peut justifier de mettre une certaine priorité sur le Tchad dans le plaidoyer vers les dirigeants français sur la relation avec les dictatures africaines.
Régis Marzin
Paris, compte-rendu écrit et publié le 31 octobre 2017

jeudi 19 octobre 2017

19 octobre 2017, Paris : esclavage des femmes et des filles au Népal

La Fondation Carmignac a décerné son 8e Prix du photojournalisme à la française Lizzie Sadin pour son projet sur l’esclavage des femmes et des filles au Népal. Le 19 octobre avait lieu le vernissage.
Le prix succède à celui du photojournaliste Narciso Contreras sur le trafic d’êtres humains en Libye. En 2016, l'exposition sur la Libye avait été un coup médiatique très fort. Cela avait été la première communication sur le domaine des migrations en Libye, juste avant que ce domaine ne se mette à bouger fortement. Depuis, de nombreuses décisions politiques ont rythmé l'année écoulée. L'ensemble des processus migratoires de l'Europe vers l'Afrique s'est depuis un an beaucoup éclairci. Beaucoup d'encre a coulé. Progressivement l'Europe rationalise sa politique migratoire et la contrôle. Il reste surtout un tabou sur les migrants d'Erythrée et du Soudan, comme cela est de nouveau récemment apparu dans le scandale de la coopération des Etats belges et français avec l'Etat soudanais. Les Etats européens et l'Union européenne arriveront peut-être à soutenir la reconstruction d'un Etat libyen et à bloquer le flux du Nigéria mais n'ont, pour l'instant, absolument rien à proposer sur le Soudan et l’Érythrée.
L'exposition sur le Népal est loin de ces enjeux politiques européens. Les photographies sont très belles. L'enquête sur le travail domestique en Inde se transformant en esclavage et la prostitution au Népal est assez simple. Elle s'appuie sur le témoignages d'associations. Il manque des éléments de contexte. Si des femmes très nombreuses ne sont pas respectées au Népal et en Inde, c'est qu'il y a une absence d'Etat de droit plus général. Est-ce seulement suite au tremblement de terre de 2015 au Népal ? Sans doute pas. Est-ce culturel ? Certainement, mais encore ? Cette première enquête pose plus de questions qu'elle ne répond à des questions.
Les droits des femmes sont un levier formidable pour faire progresser le monde. On ne peut se contenter de se scandaliser de loin, sans réfléchir aux actions possibles aux Nations-Unies ou à l'Union européenne. Cela pousse aussi à replacer chaque sujet dans une approche plus large et globale. C'est une question de posture pour aborder des questions d'un pays à un autre, en évitant certains écueils dans la promotion des règles d'un droit international.
Régis Marzin, article écrit et publié le 22 octobre 2017

dimanche 15 octobre 2017

15 octobre 2017, Paris : Forum de la diaspora camerounaise

La diaspora camerounaise a organisé le week-end du 13 au 15 octobre, à Paris, un forum à Paris sur les « Stratégies et l’organisation pour un changement durable et libérateur au Cameroun ». Les principales entités organisatrices, à ma connaissance, sont le Conseil des Camerounais de la Diaspora (CCD), le Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques de la Diaspora Camerounaise auquel participe l’Union des Populations du Cameroun (UPC). Le rendez-vous vise surtout à rassembler un maximum de personnes, des partis, de la société civiles et des électrons libres, pour travailler dans une nouvelle organisation. Des anglophones participent.
Des élections sont attendues à l’automne 2018, présidentielle et législatives. Paul Biya est au pouvoir depuis 1982 et maintient le pays dans une dictature féroce autour d’un système de « parti-Etat ». Il aura 85 ans et voudra faire un nouveau mandat de 7 ans.
Depuis plusieurs années, International Crisis Group explique que le Cameroun est potentiellement instable et en danger faute de réformes : « La stabilité apparente du Cameroun dissimule la diversité des pressions internes et externes qui menacent l'avenir du pays. Sans changement social et politique, un Cameroun affaibli pourrait devenir un autre « flashpoint » (point de crise ou de rupture) dans la région » (traduction de l’anglais, ICG 4 septembre 2014).
Avec la crise de la partie anglophone, on se rapproche du point de rupture : « Dans un contexte d'attentats à la bombe, de violence sporadique et de mesures répressives de l'Etat, la crise anglophone du Cameroun est entrée dans une phase nouvelle et intensifiée. Afin d'éviter le déclenchement d'un soulèvement armé, le président camerounais doit aller au-delà des mesures superficielles en mettant en œuvre d'urgence des réformes clés et en poursuivant un dialogue inclusif de haut niveau, sous la médiation des Nations unies ou de l'Union africaine » (traduction de l’anglais, ICG 19 Octobre 2017).
La Centrafrique s’est démocratisée malgré la guerre et l’Etat failli. La dictature au Tchad fait face à une opposition de plus en plus forte. Au Gabon, Ali Bongo et Denis Sassou ont renforcé la dictature après leurs coups d’Etat électoraux de 2016. L’Afrique centrale commence à bouger en mieux ou en pire selon les pays. Le Cameroun ne pourra pas rester le seul pays où une opposition démocratique et une société civile sont totalement neutralisées, désorganisées par le pouvoir en place.
Le dimanche, j’arrive pour la conclusion et la ou les résolutions du Forum. Le modérateur, le Père Ludovic Lado remplit parfaitement son rôle. Les référents terminent de rendre compte des conclusions des ateliers de la journée sur « la situation politique camerounaise aujourd’hui », la « crise anglophone », le « processus électoral pour un vote crédible en 2018 », les « stratégies pour une alternance et une alternative en 2018 », « contribution concrète de la diaspora ».
Le communiqué final qui contient la résolution finale est lue en version française puis en version anglaise. La diaspora apporte son « soutien indéfectible aux populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », exige « la libération des personnes arrêtées », appelle à « un dialogue inclusif » « pour régler la question institutionnelle au Cameroun ». De nombreuses propositions concrètes ont été formulées. Un début d’organisation se met en place pour poursuivre les travaux à tout niveau. A suivre…
Régis Marzin
Article écrit et publié le 21 octobre 2017

samedi 14 octobre 2017

14 octobre 2017, Aubervilliers : en passant par la bike war

En rentrant des Champs Élysées, je croise un défilé de chars construits à base de vélos. C'est tellement étrange que je mets à suivre le cortège et que j'arrive dans un grand hangar où peu de temps après se déclenche une tonitruante "bike war 2017" sur une musique punk-hardcore tout à fait adaptée. Je range mon appareil photo, car je ne me sens pas de photographier ce qui est organisé pour être photographié dans un style post-moderne totalement décadent. Car ça serait trop facile et sans intérêt...
Régis Marzin
Article écrit et publié le 21 octobre 2015
Photos de l'événement organisé par le squat le Clos sauvage et vidéos sur l'événement Facebook, dans cet article de Libération ou dans cette vidéo.

14 octobre 2017, Paris : défilé de mode de Mike Sylla

J’ai reçu une invitation de la part de l’« évènement haute couture et prêt-à-porter Afro Fashion Week Paris » et du styliste designer Mike Sylla, alors que je ne me suis jamais intéressé à la mode. Mais comme journaliste en politique africaine, je suis tout de même intéressé par l’idée d’un défilé de mode en rapport avec l’Afrique, et simplement curieux de voir pour la première fois de ma vie un défilé de mode. Ailleurs dans Paris, aux mêmes heures, on défile ou on manifeste pour la libération du Togo ou du Gabon.
Cela se passe au salon d’Automne, qui s’est installé dans des stands près du Petit et du Grand Palais, au milieu des peintures et des sculptures. Quand j’arrive, les défilés ont déjà commencé et il est délicat de s’approcher dans la salle principale ou quelques vidéastes et photographes ont déjà pris les meilleures places sous les projecteurs. Il y fait d’ailleurs très chaud, trop chaud, en cette magnifique journée d’automne. Un peu en retrait, j’observe, d’abord dubitatif, le temps de m’habituer, deux premiers défilés. Aux pauses, des musiciens proches de Mike Sylla interprètent quelques morceaux. Je commence à ressentir autre chose de plus ouvert et riche que ce à quoi je m’attendais.
Puis arrivent les mannequins portant robes et manteaux de Mike Sylla. Je redeviens photographe. La lumière est basse hors des projecteurs et les femmes marchent vite. Je n’utilise jamais de flash, par principe. Le couloir est étroit et elles passent très proches. Mon Nikon refuse de déclencher à moins de 60 ou 70 cm, et cela se complique, aïe ! Parce qu’en fait, j’hésite entre deux choses différentes, les visages et les vêtements. En photo, j’ai toujours préféré le portrait mais ce n’est pas le moment a priori. J’aime trouver des histoires à raconter en dehors de l’apparence des choses, et il n’est ici question surtout d’apparence. J’aime aussi les approches décalées, hors des standards. Je remarque dans le dos des robes et des manteaux des figures de personnages d’Afrique, peut-être certains illustres. Mais, il n’y a pas la possibilité d’analyser et d’en parler.
Ce qui est très agréable, c’est que cela bouge, passe vite. Il faut suivre le rythme et passer dans le « flow ». Quand cela s’arrête, après la fin euphorique, les mannequins sorties du spectacle ont l’air de personnes normales. Au calme, ensuite, quand, je regarde mes photos, je constate que le manque de lumière sur des scènes en mouvement a eu un effet désastreux. Il y a beaucoup de flous, comme si j’étais un stupide débutant. La pause est finie et je retourne aux élections en Afrique et au dossier que je termine sur les élections locales, aux données et aux graphiques.
Régis Marzin
Article écrit et publié le 21 octobre 2017

samedi 7 octobre 2017

7 octobre 2017, Aubervilliers, cours en plein air sur le tissu urbain

Ce samedi matin, un attroupement attire l’attention de quelques curieux entre la mairie et l’église d’Aubervilliers. Il s’agit d’une conférence, d’un cours, un peu atelier. Fanny Delaunay de l’Université Paris 8 à Saint-Denis propose ce cours dans un cycle sur « la face cachée des projets urbains ». Sont présent-e-s un groupe d’étudiant-e-s et deux autres personnes, dont moi. Les étudiant-e-s devront un moment dessiner des bâtiments.
Le cours commence par l’histoire d’Aubervilliers, au moyen-âge « village des vertus », organisé autour de l’actuelle rue du Moutier, proche de Saint-Denis, la ville d’enterrement des rois de France, terre importante aussi pour l’église catholique. Le diocèse de Saint-Denis était un important propriétaire terrain à Aubervilliers jusqu’à ce qu’il vende pendant l’industrialisation entre 1820 et 1850. A Saint-Denis et Aubervilliers, la distance rapprochée entre églises et mairies signale cette histoire ancienne prégnante de l’église catholique.
La population a gonflé très rapidement dans la seconde partie du XIXe siècle. Les ouvriers des usines ont remplacé les ouvriers agricoles maraîchers. Les terres ont été bâties et le maraichage a progressivement disparu. Les anciennes fermes restent visibles au centre de la ville, dans les porches qui donnent sur les cours. Ces cours étaient autrefois des lieux très vivants, avec des enfants qui jouaient, et, ne le sont plus guère, me semble-t-il. Au centre, se côtoient ces anciennes fermes transformées, agrandies, des maisons de style bourgeois, et des constructions plus récentes.
Le tramway à chevaux a été installé en 1877 et a duré jusqu’aux années 30. Il passait à la mairie dont l’entrée était alors côté rue. A partir de 1930, a commencé la séparation des zones de travail et de logement, avec une priorité accordée à l’augmentation de la vitesse de transport, jusqu’à l’arrivée massive de la voiture dans les années 60. Des architectes et urbanistes de la Charte d’Athènes ont poussé dans cette direction.
Le cours se prolonge vers le Canal Saint-Denis, où sont visibles quelques vieilles usines. Aubervilliers était proche des abattoirs de la Villette, et se sont installées à partir de 1850, entre autres, des industries de transformation des matières restantes des animaux, des industries très polluantes et odorantes. Très longtemps, Aubervilliers a été stigmatisée comme une ville avec une mauvaise odeur, liée à ces activités chimiques assez sinistres. Les activités était aussi dangereuse sanitairement pour les ouvriers. L’aménagement dépendait de Paris qui voulait les activités polluantes au Nord-Est, les vents dominants étant ceux du Sud-Ouest.
Les ouvriers arrivés à partir de 1850 pouvaient être allemand, alsaciens, bretons, … des déplacements nationaux surtout. Puis sont venus au XXe siècle italiens, espagnols et portugais, autour du Landy, qui tire son nom de la ‘foire du Lendit’, très grande foire qui a débuté au IXe siècle.
Régis Marzin, 7 octobre 2017,
article écrit de mémoire, notes perdues en rentrant.