dimanche 8 septembre 2024

7 septembre 2024, Paris, Festival Silhouette 2024

Après 4 ans d’absence à cause de la Covid et du festival placé trop tôt en août, le festival Silhouette étant revenu cette année début septembre, me voilà de retour dans le public, pour les derniers jours du festival. C’est d’autant plus important pour moi que le cinéma en plein air de la Villette a été annulé à cause des Jeux Olympiques. Je ne suis pas encore assez chaud pour me remettre à prendre des photos et je vois qu’il y a plusieurs photographes très motivé-e-s qui font cela beaucoup mieux.

L’ambiance a changé. Un jeune homme avec un tatouage ‘femme fatale’ sur le bras symbolise peut-être l’évolution du public. Surtout, je découvre Vega TrashX, la drag queen maîtresse de cérémonie qui est là depuis 2021. Avec ou sans perruque, elle s’adresse au public en le voyant au féminin. Les réalisatrices sont très présentes.

Je suis très content des films que je vois pendant la semaine. J’ai l’impression qu’en mon absence le niveau a monté. Beaucoup de films sont joués par des adolescents et des enfants et très bien joués. Par exemple, j’apprécie beaucoup ‘1996 ou les malheurs de Solveig’ de Lucie Borleteau, une fiction de 31 minutes tournée en 2024 avec des lycéen-ne-s. Parmi les films primés que je découvre samedi soir, puisqu’il avait tous été projetés en début de semaine, je remarque la finesse de ‘Queen size’ d’Avril Besson, qui raconte la rencontre amoureuse entre deux femmes, l’une étant transsexuelle. C’est l’ovation pour ‘A mort le bikini !’ de Justine Gauthier (visible en entier ici), l’histoire d’une fille de 10 ans au Québec, qui ne veut pas de maillot une pièce et à qui sa mère achète un haut de maillot très cher pour qu’elle aille au parc aquatique avec ses copains, une comédie énergique qui commence par une référence à l’album Nevermind de Nirvana, comme un contrepoint et un antidote à ‘Smells like teen spirit’. Ou peut-être qu’est en route un vaste changement, entre raison et révolte, dans l’humour et la bonne humeur, arrivant par la jeunesse et un changement de génération ?

Régis Marzin

8 septembre 2024

 

dimanche 23 juin 2024

23 juin 2024, Aubervilliers, suite de la lutte pour les Jardins des Vertus

Après leur lutte médiatisée de 2021, les jardiniers des jardins ouvriers et le collectif de défense des Jardins des vertus pensaient pouvoir fêter une victoire, malgré quelques parcelles perdues, sur les 87 de départs. Mais leur lutte reprend en raison d’« un pôle multimodal »,  une ligne de bus, un dépose-minute et une piste cyclable qui menace encore 12 parcelles et de leur demande de restitutions des terrains du solarium annulé par la justice. Après un quelques morceaux d’une fanfare et un pique-nique, le collectif présente la situation et invite d’autres groupes et associations présentes près des jardins à venir expliquer leurs luttes écologiques ou sociales, par exemple celles de deux squats, dont le Bathyscaphe d’Aubervilliers, en sursis jusqu’à début juillet, de la Bourse du travail d’Aubervilliers, actuellement très active pour sa survie (du ciné-club certains vendredi soir), ou de Saccage 2024, opposé aux saccages écologiques et sociaux que provoquent les Jeux Olympiques de Paris, etc… Une visite des jardins est ensuite organisée et permet de poser plus de questions. La tendance est de diviser les parcelles pour accueillir plus de monde. Cela semble plus sauvage que les jardins familiaux gérés par une autre association juste à côté. Puisque le soleil est au rendez-vous, cela semble assez paradisiaque. Une partie des personnes partent ensuite pour une manifestation contre l’extrême droite à Paris.

La partie saccagée pour le solarium à côté de la piscine

Régis Marzin

samedi 22 juin 2024

21 juin 2024, Pantin, Fête des réfugiés de France Terre d’asile

Cela se passe pendant la Fête de la musique, mais c’est surtout la Fête des réfugiés, organisée par France Terre d’Asile, pour la Journée mondiale des réfugiés. Je découvre la Cité fertile, juste à côté de la Gare RER de Pantin, une friche industrielle transformée vers 2018-2019 en lieu original, « dédié à la ville durable ». J’y croise de loin Najat Vallaud-Belkacem, venue parler du film ‘Nouveau Monde’ de Vincent Capello, un film sur un jeune réfugié afghan à Paris.

Dans le village associatif, je discute avec les salariées de France Terre d’Asile, évoquant quelques amis journalistes réfugiés politiques, et avec une bénévole transgenre de l’ARDHIS, l’Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour. Elle exprime une forte inquiétude sur la probabilité de l’arrivée au gouvernement de l’extrême droite dans quelques semaines. Je m’inquiète pour les homosexuel-le-s en Afrique. Je demande si l’OFPRA ne gère pas mieux leurs dossiers maintenant, d’autant plus que la société française évolue. L’ARDHIS fait son possible pour aider en ce sens par exemple par des formations, mais s’il y a eu une amélioration vers 2015, depuis, le durcissement de la politique anti-migratoire de manière globale touche fortement les homosexuel-le-s cherchant refuge en France.

Régis Marzin

dimanche 24 mars 2024

23 mars 2024, concert BBDMI au Campus Condorcet

Entre 2016 et 2020, l’ouverture du Campus Condorcet a été préparée avec soin, au travers d’une communication locale soignée. Il y avait des conférences régulières pour ouvrir le futur espace sur les villes environnantes, sur les migrants en 2016-2017, puis sur l’environnement en 2017-2018, le ‘global et le local’ en 2018 et 2019. Il y avait aussi des concerts à la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord active depuis 2012. Un premier Grand équipement documentaire (GED) a été accessible avant l’ouverture du campus. En 2019, s’ouvrait le Centre de colloques. Le 24 février 2020, j’écoutais encore une conférence sur la démocratie au théâtre La commune. Quand la Covid-19 est survenue en mars 2020, une ouverture globale du campus a été décalée. La construction des nouveaux bâtiments s’est enveloppée d’un certain brouillard. L’ouverture au public globale du site universitaire a été reportée à une date inconnue jusqu’à se faire oublier, oublier, oublier... pendant près de quatre ans.

Courant 2023, un peu comme les fêtes parisiennes des plus âgé-e-s, l’ouverture au public sur le campus s’est faite discrètement. Le Festival Printemps des Humanités du 21 au 23 mars 2024 sur le thème ‘Prendre soin’ marque assez bien un retour à une programmation ouverte normale en raison de plusieurs concerts à la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord.

Dans le cadre de ce festival, le concert « BBDMI - Brain Body Digital Music Instruments » est un concert de présentation de travaux de recherche. Des compositeur-trice-s et chercheur-se-s jouent « de la musique avec l’électricité du corps et du cerveau ». Ce jour-là, seul le corps et les muscles sont utilisés. Les musicien-ne-s sont équipé-e-s de plusieurs capteurs EMG (électromyogramme) comme dans des examens à l’hôpital. A trois endroits, trois électrodes captant un signal électrique des nerfs liés à des muscles, sur les bras, l’épaule ou le mollet. Ils et elles arrivent à faire que « les gestes corporels pilotent la granularité, la décorrélation et le traitement spatial du son. » Grâce au traitement lié aux capteurs neuro-musculaires, un son long peut être modifié par des mouvements de bras ou un son créé par une main peut être transformé par un mouvement de la jambe. Par ailleurs, à la MSH, la salle dispose d’une sonorisation originale adaptée à la recherche, avec 12 enceintes indépendantes, pas de la stéréo mais 12 sorties son différentes qui permettent de faire rejaillir des éléments musicaux de 12 points de la salle.

Dans une première partie, Anne Sèdes joue sur un grand gong qui crée des sons assez extraordinaires et jamais entendus son morceau ‘ImmerV3’. Puis Amelia Mazarico joue autour de sa guitare acoustique avec David Fierro aux manettes un morceau composé par Alain Bonardi, ‘Electro-Myo-Guitar’. Enfin, Cédric de Bruycker à la clarinette et Quentin Meurisse au piano et à la guitare joue une œuvre d’Atau Tanaka, ‘Competence, work in progress’

Les performances sont suivies d’un débat. Le public pose des questions sur l’utilisation des enceintes de la salle et la dépendance à une sonorisation précise, la possibilité de mettre des capteurs sur des danseur-se-s, le ressenti des musicien-ne-s quand ils-elles jouent, ou la difficulté de la perception pour le public quand le son est créé dans des conditions visuellement très différentes de ce qu’il a l’habitude de voir. Comment lâcher prise et oublier les conditions d’émission des sons pour revenir à la sensation, la poésie, sachant que cette perception est très liée à une culture à la fois sonore et visuelle. Dans beaucoup de concerts, notre esprit se prépare à la suite en observant le corps des musicien-ne-s. Cela me rappelle un souvenir de jeunesse : un jour, dans un grand festival, je dansais au milieu de centaines de personnes les yeux fermés pour ne pas penser à ce qui se passait sur la scène, mais le chanteur de pop anglaise a jeté sa petite percussion très haut en l’air. Tous les gens autour de moi se sont écarté et elle est tombée pile sur ma tête. Aïe !

Régis Marzin

24 mars 2024