dimanche 2 juin 2019

2 juin 2019, Paris : manifestation des algérien-ne-s et comorien-ne-s contre la dictature

Il est toujours bon de passer à République voir s’il s’y passe quelque chose. Allant voir à la Fondation cartier Bresson à côté, une exposition du sud-africain Guy Tillim et sortant au Métro République, je tombe sur un rassemblement d’algérien-ne-s de la diaspora, autour d’un millier de personnes. J’écoute sans prendre de notes. Je remarque les hommages à Kamel Eddine Fekhar, le militant des droits humains mort en détention pendant sa grève de la faim.
Il y a des stands et 5 sonos. Chaque sono sert pour une « agora ». Une agora montée sur un spot de skate-board attire plus mon attention. Les orateur-trice-s ont droit chacun-e à trois minutes pour faire passer un message, jusqu’à la fermeture négociée avec la préfecture à 18h. On y parle en arabe et en français, parfois mélangés dans une même phrase, et je ne comprends pas toujours.
Un premier orateur répète : « la phase de contestation est terminée, nous passons en phase de négociation ». Vers midi, le Conseil constitutionnel vient de juger la présidentielle impossible à organiser le 4 juillet. Des orateurs crient victoire. L’idée d’une nouvelle élection plus tard est rejetée. Un autre orateur dénonce la volonté du pouvoir de gagner du temps pour empêcher le changement de système. Il demande d’arrêter de suivre la constitution.
Quelqu’un parle de la nécessité d’une transition qui ne soit pas dirigée par une armée de 150 000 hommes « au garde-à-vous » et 150 000 autres hommes de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Une oratrice finale explique que cela ne sert à rien de demander le départ du chef d’Etat-major de l’armée car la priorité devrait être, selon elle, de faire des propositions sur l’organisation d’une transition qui ne durerait pas trop longtemps pour éviter une faillite économique. Le Venezuela est cité dans une phrase en arabe, sans doute comme scénario à éviter. Il est aussi question d’avoir des représentants, dans l’« élite », un point applaudi. Pour terminer un homme intervient 30 secondes en posant une dernière question : « Pourquoi ne parle-t-on de fédéralisme qu’en Kabylie ? ».
Les derniers inscrit-e-s doivent revenir la semaine suivante. Je récupère un tract du collectif « Libérons l’Algérie ». Une « marche populaire » aura lieu le dimanche 16 juin à 14h de République à Nation « pour un changement radical de système, l’arrêt des arrestations arbitraires, la libération des détenus d’opinion, la dissolution du FLN et de tous les appareils du régime, une transition pacifique et démocratique, un processus constituant, une justice indépendante ».
De l’autre côté de la statue de Marianne, 200 à 300 comorien-ne-s manifestent contre la dictature dans leur pays. Les Comores replongent dans la dictature quand les algérien-ne-s tentent d’en sortir par une révolution.
Régis Marzin
Paris, 2 juin 2019