mercredi 25 juin 2014

25 juin 2014, Paris 18e, Rwanda : Dieu en voyage

J'avais vu le film « Le jour où Dieu est parti en voyage » à sa sortie au cinéma, et je me précipite pour le revoir au centre Barbara, à la Goutte-d'or, accompagné d'une musique jouée en direct par les élèves de l'école Atla. Les jeunes musicien-ne-s jouent 2 fois et un débat est organisé entre les 2 projections-concerts, avec l'actrice du film, Shanel (Ruth Nirere), un historien de l'art, Nathan Rera, et le réalisateur, Philippe Van Leeuw. Je croise Jeanne, une rescapée, dont l'histoire personnelle rappelle celle du film. Shanel termine le film sur un chant a capela magnifique. En plus d'être l'actrice du film, elle fait partie des musicien-ne-s. Après la fin tragique du film et ce chant, l'émotion est très forte. A ce moment, la lumière est belle, aussi, mais ce n'est sans doute pas le moment de risquer de déranger avec l'appareil photo.
Elle est sortie de derrière l'écran, comme si elle sortait de l'écran. Ce soir, la fiction et le réel se sont rejoint. Elle a chanté ce qui pouvait être dans son esprit quand la caméra fixait son regard, ou plutôt, non, peut-être un contraire, une inversion du désespoir, ou la suite disant la distance et le travail du temps. C'est peut-être parce qu'il y a eu le cheminement d'image en image qu'est arrivée la chanson chantée de cette manière-là, maintenant, dans cette salle de la goutte-d'or.
Le vécu des rescapé-e-s du génocide est sans doute hors de portée de ma compréhension, je perçois juste une capacité à dépasser un deuil dans une expression artistique, qui reste encore mystérieux. Ma raison me renvoie en vain aux responsabilités politiques, parce que penser les violences extrêmes des foules ou le dépassement des traumatismes personnels est difficile.

mardi 24 juin 2014

24 juin 2014, Paris, conférence sur la Centrafrique

Le Parti Communiste Français (PCF) et le Comité d'Action pour la Conquête de la Démocratie en Centrafrique (CACDCA) organisent une conférence intitulée "Ingérence, partition ou souveraineté et solution de progrès ? Quel avenir pour la République Centrafricaine ?" avec de gauche à droite, Dominique Watrin, sénateur, François Passema, Président du CACDCA, Dominique Josse, responsable Afrique du PCF, Lydia Samarbakhsh, responsable des relations internationales du PCF, Michèle Demessine, Sénatrice , membre de la commission des affaires étrangères et de la défense, Lydia Samarbakhsh, responsable des relations internationales du PCF (le reporter Pierre Barbancey est excusé).
Dominique Josse anime de débat et revient sur l'opération Sangaris pour 'éviter le pire', en restant dans une logique 'coloniale', sans politique, sous-entendue, sérieuse et assumable.
Michèle Demessine commence par préciser qu'elle est à l'écoute des propositions, et, cela me semble une position normale d'élu-e-s: faute de temps, les élu-e-s ne peuvent suivre l'actualité africaine au rythme des journalistes ou des associations. La sénatrice est rentrée pessimiste d'une délégation en avril en RCA à la vue de l'absence totale d'Etat.
François Passema précise que les centrafricains ont demandé une intervention pour sauver "un peuple en danger". Il pense que la France doit réparer après 50 ans de responsabilité historique. Il réclame un déploiement des forces militaires françaises, africaines, et de l'armée centrafricaine, une fois reconstituée, dans les 16 préfectures. Selon lui, le conflit religieux n'existait pas et est arrivé du Soudan et du Tchad. Il passe également du temps à critiquer les politiciens centrafricains issus du système dictatorial et se montrant dans les media pour essayer de conquérir le pouvoir. Il insiste sur la reconstruction des services publics et propose une "compagnie centrafricaine de gestion des mines et des forêts".
Lydia Samarbakhsh s'exprime sur le poids des dictatures en Afrique centrale soutenues depuis Paris, la position atlantiste de la politique française, dans le choix d'assurer la sécurité de l'Europe, et la conception 'militarisée' de la politique française.
Dominique Watrin est peu convainquant. Il commence par faire une erreur sur l'affaiblissement des Etats en Afrique centrale susceptibles de subir des coups d'Etat. Seul l'Etat centrafricain est faible, car, au contraire, la majorité des Etats dictatoriaux sont forts, militairement, bien qu'incapable de répondre aux besoins des populations.
Pendant le débat avec la salle, le rôle prépondérant de Déby dans la crise et les compromissions du gouvernement français par rapport au dictateur tchadien sont rappelés. Un intervenant centrafricain dans la salle souligne les responsabilités centrafricaine et le fait que les "musulmans étaient martyrisés". Le mot semble fort, parce que, plutôt, avant la Séléka, ils et elles étaient considéré-e-s comme étranger-ère-s et qu'il y avait un conflit sur le contrôle de l'économie.
Des propositions sont abordées : une conférence internationale, réunissant au-delà des pays d'Afrique centrale (CEEAC), une assemblée nationale constituante, la construction d'une démocratie locale autant qu'une élection présidentielle, d'une redéfinition de la transition. Le rapport d'International Crisis Group et ses recommandations pour une transition vers la démocratie sont évoqués. Il est aussi question du "vivre ensemble" entre musulman-e-s et autres centrafricain-e-s.
Le débat se termine sur des points de vues contradictoires sur la demande d'intervention française: dans le public, certain-e-s souhaitent que rien ne soit demandé aux dirigeants français en raison de la Françafrique, ou il est au contraire question de l'exigence d'un suivi international plus sérieux pour éviter la poursuite des massacres et de la guerre, en concertation entre gouvernement français, Union européenne, ONU, sachant que le gouvernement français, sans pression, en restera à un minimum de soutien d'une transition démocratique réelle. Evidemment, il y a consensus sur l'impossibilité d'organiser une élection présidentielle en février 2015: est-ce que le calendrier venu de Laurent Fabius n'est pas un gage donné aux voisins dictateurs pour les rassurer sur le fait que la crise centrafricaine ne servira pas de levier pour promouvoir et débloquer la démocratie en Afrique centrale?

dimanche 22 juin 2014

22 juin 2014, Aubervilliers, Fête des assos

Je vais tranquille à la fête des associations d'Aubervilliers, cet année, préférant discuter que faire des photos. Il y a de la danse et de la musique, et je vois plein d'enfants et d'ados heureux-ses. Tant mieux! Je retrouve aussi toutes les associations liées aux migrants et aux 4 coins du monde, les associations sur l'environnement, les jardins comme l'an passé. Je me demande comment pourrait s'améliorer le mélange et le dialogue des cultures. A la fin, je n'ai aucune photo jolie, si ce n'est celles d'ami-e-s. Du coup, voici une photo sans intérêt juste pour illustrer ma discussion avec l'association la plus originale du jour, l'Association pour un Collège Coopératif et Polytechnique à Aubervilliers. L'idée m'intrigue, et, je discute assez longtemps avec une professeur enthousiaste. 
Est-ce que l'idée est d'ouvrir un collège ou aussi d'améliorer des collèges existants ? Quel est la différence entre 'coopératif' et 'autogéré' ? Est-ce que les enfants et parents d'élèves consulté-e-s iront dans les directions espérées par les initiateur-trice-s ? Est-ce que ce n'est pas vouloir aller trop vite en réfléchissant sur une école 'idéale' ? Quelle spécificité 'géographique' dans une ville 'pauvre'? En acceptant l'idée d'une impasse socio-politique comme compris dans les "villes en transitions", quelle école pour quelle société et métier ? Est-ce que l'école apprend une obéissance utile ? Est-ce qu'une catégorie intellectuelle en pensant ainsi ne s'isole pas ? Est-ce que le rêve le plus répandu n'est pas d'oublier une perception de pauvreté perçue comme stigmatisante pour  essayer de ressembler à un imaginaire 'inverse' riche et conventionnel ? Face à tant de questions, est-ce que les débats et le processus qu'ils engagent ne sont pas essentiels ? Est-ce que dans cette ville, il n'y a pas encore plus qu'ailleurs de questions sans réponse ?

dimanche 15 juin 2014

14 et 15 juin 2014, Montreuil, Festival Ta Parole

Le festival Ta Parole symbolise-t-il le début d'un été ? J'ai loupé les jours précédents, et, quand j'arrive ce samedi, à la Parole Errante, à Montreuil, je retrouve des ami-e-s bénévoles. Le premier concert vient de commencer: Radio Elvis.
Je ne le sais pas encore: j'aimerai tous les concerts. L'avantage en écrivant cet article, c'est que je ne vais pas prendre la peine de dire pourquoi. Faites-moi confiance s'il-vous-plait ! A ta Parole, la prog' est excellente.
Eskelina est arrivé de Suède il y a 8 ans, et vient enrichir la chanson francophone.
Dans la cour, pendant 2 jours, ce sont les Cotons-Tiges qui officient, qui occupent le terrain à caque pause. Au début , une chanson paillarde m'évoque "les femmes du bus 678", selon le contexte, l'humour est plus ou moins drôle. Petit à petit, un dialogue s'établit entre le public et les 3 musiciens, et moi, je dois reconnaître leur talent.
Musicalement, j'aime beaucoup "3 minutes sur mer".
Un intermittent explique la lutte autour de l'accord de l'Unedic qui justifie l'annulation de nombreux événements.
Nevché vient de Marseille avec ses textes engagés...
... avant l'ironie grinçante et la philosophie sociale tranquille de Zoufris Maracas, qui soulèvent le public. Hein ! Comment? Mais oui! Exemple, il blague: "est-ce qu'il y a des bretons dans la salle ? parce qu'avec eux, à 50, on dirait qu'ils sont 5000", et ça marche ! Les textes sont très bons, c'est pour cela.
Le dimanche, la chanson française redémarre avec Richard Desjardins, qui déclame aussi des poésies. Il a le contact facile et l'humour décapant qui n'épargne ni le vatican ni la mecque.
Titi Zaro ce sont deux musiciennes de la réunion, multi-instrumentistes, qui composent des morceaux sur la base d'une musique traditionnelle.
La percussionniste de Titi Zaro chante ensuite avec René Lacaille, chanteur de maloya détendu qui évoque ses 60 ans de carrière ! La philosophie est plus dans la musique.
Dès qu'HK entre sur scène avec ses saltimbanks, c'est l'euphorie. L'ambiance se réchauffe en moins de 10 seconde. C'est aussi un plaisir de photographe d'essayer de saisir les mouvements des musiciens et chanteurs déchaînés. Saïd de Map est là aussi. C'est mon meilleur concert d'HK et les saltimbanks, groupe que j'ai déjà entendu plusieurs fois. L'an passé, ta Parole finissait en douceur, et cette année, ça finit en furie, avec le public sur la scène.