Georges Mpaga, président du Réseau
des Organisations Libres de la Société Civile du Gabon (ROLBG), et acteur illustre
de la société civile gabonaise, est en France, « en
mission de plaidoyer dans le cadre de l’élection présidentielle du 27 août 2016 ».
Il a été invité par la Convention de la Diaspora Gabonaise, proche du candidat
Jean Ping, à venir présenter la situation des droits humains et s’exprimer sur
le processus électoral.
Georges Mpaga dresse le bilan au niveau des droits
humains d’Ali Bongo depuis 2009, insistant encore une fois sur les crimes
rituels, l’état des prisons, la criminalité financière. Il informe la diaspora la
répression actuelle, des leaders étudiants et syndicalistes. Ali Bongo est arrivé
au pouvoir avec l’aide de Nicolas Sarkozy. Le militant gabonais appelle « la France
à arrêter de se compromettre », et en prendre en compte que « le
système démocratique est garant des intérêts français ». Il invite l’Union
européenne à agir pour la démocratie. Il souhaite sensibiliser « le peuple
au respect des urnes », et le pousser à prendre ses responsabilités en cas
de « coup d’Etat électoral ». Il appelle à « s’unir, même si l’on
ne vote pas pour le même candidat », alors que trois candidats principaux d’opposition
sont en lice dans le scrutin à un tour.
A la perspective, d’une nouvelle mascarade
électorale au Gabon, la salle exprime d’abord sa violente colère. Dans la
diaspora, beaucoup était pour un scénario (une « stratégie ») ‘Destitution
Transition Election’. Il reste une sorte de malentendu sur le fait que
maintenant, c’est l’élection qui se prépare. La qualité du processus électoral
va être discuté au Gabon surtout, et la diaspora à Paris, aura sans doute du
mal à participer. La question de la répression en cas de coup d’Etat électoral
est aussi dans les têtes.
Le 25 juillet, l’Union européenne a signé pour une
Mission d’observation (MOE-UE) dirigée par la députée européenne bulgare,
Mariya Ivanova Gabriel. Celle-ci a déjà présidée en 2011, la mission d’observation au Congo Kinshasa.
Cette semaine, l’Union européenne vient quasiment d’‘annuler’, un projet d’observation de la société civile mené
par le Réseau des Organisations Libres de la Société
Civile du Gabon (ROLBG). Un doute légitime apparaît sur le rôle que souhaite
jouer l’Union européenne.
Au Togo, l’autre pays d’Afrique avec
un dictateur faible, l’Ue
a un bilan catastrophique : elle a réussi à s’embourber et à se faire
instrumentaliser par la dictature, pendant les élections de 2010, avec une mission
d’observation correcte techniquement mais instrumentalisée politiquement, et de
2013 et 2015, avec des budgets gaspillés dans les observations factices d’une
société civile manipulée par le pouvoir.
Pour l’instant, la communauté
internationale, malgré la résolution
du Congrès américain du 12 juillet et la Mission d’observation européenne,
n’a pas encore montré de volonté de mettre une pression suffisante pour empêcher
un nouveau coup d’Etat électoral au Gabon. Les fraudes se préparent en amont,
le fichier électoral est déjà un élément de fraude majeur. Est-ce que l’Union
européenne va mener jusqu’au bout une vraie mission d’observation en refusant d’être
instrumentalisé par la dictature, ou, va-t-elle se faire imposer un compromis
qui signifierait le maintien d’une dictature sept ans de plus et un
conflit électoral supplémentaire en Afrique centrale ? Il est encore trop tôt
pour le dire et l'observation internationale n’est qu’un
élément parmi d’autres. L’opposition gabonaise et la société civile, mènent un
plaidoyer en Europe mais, surtout, s’activent au Gabon, pour l’alternance et,
au-delà, peut-être, un changement profond.
Régis Marzin
Paris, 31 juillet 2016
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