Ce n'est pas tous les jours qu'un dictateur s'attaque à une association qui justement combat les dictatures! Au Tribunal de Grande Instance, 17e chambre, s'est déroulé un procès en diffamation du dictateur de la Guinée Equatorial suite à la publication en 2009 du rapport du Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement "Biens Mal Acquis, à qui profite le crime?" (http://ccfd-terresolidaire.org/BMA/). Les très nombreux-se-s avocat-e-s du dictateur ont bien du mal à trouver quelques arguties. On se doute qu'ils elles sont gracieusement payé-e-s, cela aussi ne pourrait-on pas le compter dans l'argent à restituer au peuple guinéen ? L'essentiel est dit à la fin après 9h30 de procès: il s'agit d'une "poursuite bâillon", c-a-d un procès politique pour bloquer le combat des sociétés civiles contre les dictatures et le pillage des ressources naturelles du Sud par le Nord. L'enjeu, comme pour Denis Robert, c'est la possibilité pour les chercheurs, les journalistes, les associations, les citoyen-ne-s de donner l'alerte et de s'engager dans des combat politique quand la justice et le monde politique sont enfermés dans des systèmes inamovibles scandaleux. Avec les Biens Mal Acquis, il s'agit encore aussi des Paradis Fiscaux et Judiciaires. Pour la justice, l'enjeu est de sortir de l'instrumentalisation. L'avocat du CCFD, Me Leclerc, termine une plaidoirie brillante et percutante en évoquant les dernières évolutions de la jurisprudence française en la matière. Ce long procès me permet aussi de réfléchir à ce qu'est une dictature, aux critères pour la qualifier: l'Etat de Guinée Equatoriale utilise depuis quelques années une partie de l'argent du pétrole pour développer le pays, ce qui n'est pas le cas dans les dictatures voisines amies de la France, le Tchad, le Cameroun et surtout le Gabon et le Congo-Brazzaville, cela ne fait pas du dictateur au pouvoir depuis 32 ans autre chose qu'un dictateur. Le jugement sera rendu le 16 septembre. En arrière plan politique, tout le monde a en tête le procès des Biens Mal Acquis de Tranparency International France et Sherpa contre Obiang, la famille Bongo et Sassou N'Guesso, qui visera lui un peu plus la Françafrique. Il y a quelques jours, les juges viennent de faire des perquisitions chez des notaires. A suivre...
samedi 25 juin 2011
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