Ce colloque sur le logement insalubre « Habitat indigne dans la métropole parisienne : quelle mobilisation des territoires ? » était certainement organisé avant que ne survienne l'incendie du 4 rue Prévost et ses 3 morts, près de la porte de la Villette. Je me sens de plus en plus concerné comme habitant d'Aubervilliers. Bien qu'ayant été parfois à des débats sur le logement, je n'avais jamais assisté à des conférences-débats à un niveau aussi élevé, avec des professionnel-le-s et élu-e-s très compétent-e-s. A la première conférence de l'après-midi "la boîte à outils "opérationnels" ", les intervenant-e-s sont : Delphine Cervelle, Solidarités de la ville d'Aubervilliers, Christine Anmuth et Stéphane Fernandes, inspecteur-trice-s de salubrité, Carine Bensimon, Urbanis, Céline Brodovitch, SOREQA, Pascaline Tardivon, DRIHL,
Bernard Loche, animateur. A la conférence de conclusion, se trouvent
Evelyne Yonnet, adjointe mairie d'Aubervilliers chargé de l'Habitat et
de la santé, Gilles Catoire, maire de Clichy-la-garenne, Jean-Yves Mano,
adjoint au maire de Paris en charge du logement, Patrick Braouzec,
président de Plaine Commune en charge de l'habitat, et Alain Régnier, délégué
interministériel à l'Habitat et au Droit au Logement. Jacques Salvator conclut la journée.
Les questions de logement sont très techniques et je suis loin de tout comprendre. Il ressort surtout un cri d'alarme de la ville d'Aubervilliers et de Plaine Commune. C'est l'occasion de parler de la pauvreté de ma ville en fonction de données statistiques: avec 39% des ménages sous le seuil de pauvreté, 2e ville de France au taux de pauvreté le plus élevé après Roubaix. Selon l'Observatoire des inégalités, les villes comme Aubervilliers ou Saint-Denis "accueillent ceux qui n’ont plus les moyens de se loger à Paris et y travaillent". Il y a 5000 demandes de logement sociaux en attente pour 75000 habitant-e-s. Aubervilliers compte 42% de logement sociaux (et Plaine Commune 40%). Il y a de le sur-occupation, du logement insalubre, avec des problèmes de santé, et récemment la situation s'est beaucoup aggravée. Les services de la ville découvre de plus de personnes logeant dans des caves, des abris de jardins et mêmes des locaux à poubelles. Il y a de plus en plus d'arrêtés de périls et de plaintes.
Médecins du Monde pose la question des bidonvilles dont les administrations ne tiennent pas compte, mais cette question reste en suspens. A la pause, la responsable m'explique qu'en cas d'épidémie dans un campement rrom la seule réponse de la préfecture est l'expulsion !
Médecins du Monde pose la question des bidonvilles dont les administrations ne tiennent pas compte, mais cette question reste en suspens. A la pause, la responsable m'explique qu'en cas d'épidémie dans un campement rrom la seule réponse de la préfecture est l'expulsion !
La question qui revient le plus souvent est celle des marchands de sommeil. Non seulement, ils exploitent des pauvres, mais ils se permettent aussi de profiter d'une législation très favorable à la propriété privée, bien ancrée dans la constitution, pour récupérer de l'argent public et parfois gagner avec leurs avocats des procès contre les collectivités locales. Alain Régnier, le délégué interministériel, explique qu'une loi sur le logement pourrait être débattue au parlement à l'automne. La ville d'Aubervilliers attend avec impatience cette loi, et d'autres aides de l'état pour rénover l'habitat. Une plus grande solidarité entre Paris et les banlieues pauvres est aussi attendue. La situation en arrive à un point où il faut faire des choix tels qu'entre priorité aux logements DALO et priorité à la lutte contre l'habitat insalubre. Cela pose des questions plus générales sur la société: nouveaux types de constructions, solidarité des territoires, relation ville-campagne, mixité sociales, et je rajoute redistribution des richesses. En attendant les idées de génie, les chiffres sont accablants: il faudrait construire 70 000 logements par en Ile-de-France, qui n'arrive à en construire que 35 000. Selon Patrick Braouzec, "On va à la catastrophe, en sifflotant", et il faudrait enfin se donner les moyens d'agir.
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