L' "accord cadre" du 30 décembre 2014 à Djibouti a été signé entre l'Union du Salut National (USN) et le gouvernement djiboutien avec assez peu de communication publique sur les négociations. La dictature djiboutienne laisse très peu de place à la presse et à une information libre. L'accord découle principalement de la victoire spoliée de l'USN aux législatives de février 2013, qui a été suivi d'une forte répression.
Le représentant de l’Union pour le salut national (USN) en France, Maki Houmed-Gaba présente l'accord cadre. Il explique les 3 points principaux de l'accord: "La réforme de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) existante en une commission Electorale Nationale Indépendante paritaire, l’Adoption d’un Statut de l’Opposition Politique, l'Intégration des huit députés de l’opposition à l’assemblée nationale". Dans un certain compromis, l'USN accepte donc de ne plus demander la reconnaissance de la véritable assemblée nationale issue du vote de la population pour aller vers des réformes. L'accord n'est pas définitif, il fixe un cadre de négociation. L'assemblée illégitime issue de la fraude électorale de 2013 ne pourra pas modifier les textes issus des négociations. Le public souligne évidemment la nécessité d'une prudence et d'une méfiance, par exemple, parce que l'entourage du président essaiera de faire échouer le processus.
Ce cadre de négociation permettra aussi d'aborder de nombreux points importants pour les processus électoraux futurs et l'établissement de l'Etat de droit, en particulier le point du Conseil constitutionnel, le fonctionnement de la justice, la liberté de la presse et le droit à des media indépendants, de la citoyenneté et de la nationalité, ou même de la décentralisation.
Après des manifestations en 2011, suite à la révolution tunisienne, et l'inversion du résultat global des législatives en 2013, la question de la stabilité de Djibouti a été posée. Face à cette question, en général, la communauté internationale favorise les dictateurs et cela a été très souvent dénoncé, en particulier pour l'Union européenne à Djibouti, qui a été accusée de suivre la politique française orientée par le lobby militaire, entre février 2013 et janvier 2014. Cependant, alors que l'année 2013 était marquée par le conflit malien favorable aux dictateurs d'Afrique francophone, en 2014 un rééquilibrage progressif a semblé se faire en faveur des démocrates. A Djibouti, l'argument de la stabilité s'est inversé en 2014 au profit de l'opposition, parce qu'à plus long terme, seule la démocratie garantira cette stabilité et que la démocratie ne peut se mettre en place à partir de l'inversion du résultat global d'une élection. Un cadre de négociation a donc pu être parrainé par une communauté internationale très présente à Djibouti en raison des bases militaires.
La présence de la communauté internationale pour observer la future négociation est essentielle. Sont partie prenantes, l'ONU, l'Union africaine, l'Union européenne, la France, les USA, et même la Chine et le Japon. La position observatrice des USA a été la première à évoluer positivement. La position française a, comme la position européenne, changé en 2014 et la diplomatie a salué l'accord discrètement. Après l'accord, la communauté internationale soutient les négociations et est entrée dans un dialogue avec l'opposition démocratique. Cependant, la communication de la communauté internationale manque de transparence et d'expression d'une logique ferme.
Le président Ismaïl Omar Guelleh sait qu'il ne peut pas gagner la présidentielle de 2016. Il semble prêt à des concessions qui l’amèneraient jusqu'au départ. Si l'USN constate la non-application de l'accord, elle serait amenée à quitter la table des négociations. Elle prévoit une communication régulière à la population.
Globalement, les tensions ont considérablement baissé, et Djibouti est réellement dans une phase d' "apaisement". En 2 ans, les progrès dans la liberté d'expression sont a priori irréversibles. Un second intervenant de l'USN, Ahmed Hachin-Loïta, rassure sur le candidat unique de l'USN en 2016, qui pourrait être issu d'une élection primaire.
A la fin du débat avec la salle, je souligne, quant à moi, l'influence que pourrait avoir un contexte général africain plus favorable à la démocratisation, et dont Ismaïl Omar Guelleh aura aussi à tenir compte. Comme de nombreuses élections auront lieu en 2015 et 2016, l'équilibre entre dictatures et démocraties pourrait évoluer favorablement, et même l'Union africaine qui n'a pas été jusqu'à présent convaincante pourrait être amenée à participer à l'évolution, soutenue par l'Union européenne ou l'ONU, qui s'est déjà emparée de la question des limitations du nombre de mandat présidentiels.
Maki Houmed-Gaba conclut sur la centralité de la mobilisation populaire, pour faire pression, et annonce une nouvelle conférence de presse pour faire le point dans quelques semaines.
Article écrit et publié le 26.1.15, 17h30.
Le représentant de l’Union pour le salut national (USN) en France, Maki Houmed-Gaba présente l'accord cadre. Il explique les 3 points principaux de l'accord: "La réforme de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) existante en une commission Electorale Nationale Indépendante paritaire, l’Adoption d’un Statut de l’Opposition Politique, l'Intégration des huit députés de l’opposition à l’assemblée nationale". Dans un certain compromis, l'USN accepte donc de ne plus demander la reconnaissance de la véritable assemblée nationale issue du vote de la population pour aller vers des réformes. L'accord n'est pas définitif, il fixe un cadre de négociation. L'assemblée illégitime issue de la fraude électorale de 2013 ne pourra pas modifier les textes issus des négociations. Le public souligne évidemment la nécessité d'une prudence et d'une méfiance, par exemple, parce que l'entourage du président essaiera de faire échouer le processus.
Ce cadre de négociation permettra aussi d'aborder de nombreux points importants pour les processus électoraux futurs et l'établissement de l'Etat de droit, en particulier le point du Conseil constitutionnel, le fonctionnement de la justice, la liberté de la presse et le droit à des media indépendants, de la citoyenneté et de la nationalité, ou même de la décentralisation.
Après des manifestations en 2011, suite à la révolution tunisienne, et l'inversion du résultat global des législatives en 2013, la question de la stabilité de Djibouti a été posée. Face à cette question, en général, la communauté internationale favorise les dictateurs et cela a été très souvent dénoncé, en particulier pour l'Union européenne à Djibouti, qui a été accusée de suivre la politique française orientée par le lobby militaire, entre février 2013 et janvier 2014. Cependant, alors que l'année 2013 était marquée par le conflit malien favorable aux dictateurs d'Afrique francophone, en 2014 un rééquilibrage progressif a semblé se faire en faveur des démocrates. A Djibouti, l'argument de la stabilité s'est inversé en 2014 au profit de l'opposition, parce qu'à plus long terme, seule la démocratie garantira cette stabilité et que la démocratie ne peut se mettre en place à partir de l'inversion du résultat global d'une élection. Un cadre de négociation a donc pu être parrainé par une communauté internationale très présente à Djibouti en raison des bases militaires.
La présence de la communauté internationale pour observer la future négociation est essentielle. Sont partie prenantes, l'ONU, l'Union africaine, l'Union européenne, la France, les USA, et même la Chine et le Japon. La position observatrice des USA a été la première à évoluer positivement. La position française a, comme la position européenne, changé en 2014 et la diplomatie a salué l'accord discrètement. Après l'accord, la communauté internationale soutient les négociations et est entrée dans un dialogue avec l'opposition démocratique. Cependant, la communication de la communauté internationale manque de transparence et d'expression d'une logique ferme.
Le président Ismaïl Omar Guelleh sait qu'il ne peut pas gagner la présidentielle de 2016. Il semble prêt à des concessions qui l’amèneraient jusqu'au départ. Si l'USN constate la non-application de l'accord, elle serait amenée à quitter la table des négociations. Elle prévoit une communication régulière à la population.
Globalement, les tensions ont considérablement baissé, et Djibouti est réellement dans une phase d' "apaisement". En 2 ans, les progrès dans la liberté d'expression sont a priori irréversibles. Un second intervenant de l'USN, Ahmed Hachin-Loïta, rassure sur le candidat unique de l'USN en 2016, qui pourrait être issu d'une élection primaire.
A la fin du débat avec la salle, je souligne, quant à moi, l'influence que pourrait avoir un contexte général africain plus favorable à la démocratisation, et dont Ismaïl Omar Guelleh aura aussi à tenir compte. Comme de nombreuses élections auront lieu en 2015 et 2016, l'équilibre entre dictatures et démocraties pourrait évoluer favorablement, et même l'Union africaine qui n'a pas été jusqu'à présent convaincante pourrait être amenée à participer à l'évolution, soutenue par l'Union européenne ou l'ONU, qui s'est déjà emparée de la question des limitations du nombre de mandat présidentiels.
Maki Houmed-Gaba conclut sur la centralité de la mobilisation populaire, pour faire pression, et annonce une nouvelle conférence de presse pour faire le point dans quelques semaines.
Article écrit et publié le 26.1.15, 17h30.
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