vendredi 23 janvier 2015

Vendredi 23 janvier 2015, Saint-Denis, Ecriture et migrations, le retour

Cet hiver n'est pas très froid, mais il est sans doute éprouvant pour les nerfs. Je suis heureux de me changer les idées en exposant du 20 janvier au 20 février, à la librairie Folies d'Encre de Saint-Denis, avec Henri Bokilo Boursier, Claire Kito, Valérie Pere, et Raluca Vlad pour la sortie de l'ouvrage "Perspectives croisées sur les Écritures en migration(s)". J'y ai installé, au milieu des peintures abstraites, deux photographies de ma série 'Culture rrom en résistance en Seine-Saint-Denis', dans la suite de l’exposition de 2012.
Je me suis permis de rappeler pour l'occasion un événement local sur Saint-Denis en mars 2014, avec une image de la conférence de presse sur l'inscription des Rroms du terrain Voltaire sur la liste électorale". C'est avec plaisir que je parle de fraude électorale, un sujet que je connais bien, pour y travailler sur l'Afrique, et c'est aussi avec plaisir que je m'exprime sur la médiocrité de certains politiques. 
Je reste sur la présentation positive des Rroms, et une seconde photo est encore plus locale. Un œil averti peut y reconnaître en décor la mairie à 100 m de la librairie. Elle date du 17 mai 2014, et présente un moment intime et mystérieux du spectacle de la troupe de danse des enfants et jeunes du Hanul, Chavé Sumnakuné à la Fête de l'insurrection gitane.
Est-ce que la xénophobie contre les Rroms, qui se base surtout sur des préjugés négatifs, n'incorporent pas aussi une espèce de jalousie autour de fantasmes, d'images positives depuis longtemps véhiculées par la littérature, évoquant beauté et liberté ? Est-ce qu'un inconscient collectif n'a pas associé beauté et liberté, et leurs contraires, au mérite, au travail, à une hiérarchie sociale, à l'argent, dans un refus et un déni des parcours sociaux et culturels, originaux, minoritaires, présentant quelques avantages dans une misère qui ne soit ni ouvrière ni paysanne? Ne faut-il pas parfois déconstruire un peu les fantasmes ?
Je ne me pose pas ces questions pendant l'échange lors du vernissage car j'en reste à la question de l'écriture et des migrations. L'échange a un peu de mal à démarrer, comme si le froid du dehors et le béton de l'architecture ambiante retenaient les énergies. Puis le débat se lance, autour du paradoxe de la disparition des frontières physiques, par les voyages, les retours des migrants à leurs origines, puis une réflexion sur le point de vue des populations observant les migrant-e-s et prises elle-même dans les migrations, comme si elles migraient elles-mêmes. 
Le drame de Charlie Hebdo ne nous pousse-t-il pas à approfondir des réflexions déjà entamées pour les améliorer, puis les partager entre nous ? Est-ce que le besoin de se rassurer avec des ami-e-s, de la famille, réelle ou imaginaire, que l'on éprouve dans une période de tension et de dispersion collective d'angoisse ne nous permet pas de progresser vers des solutions pour mieux vivre ensemble ?
Après ce moment d'échange de 30 ou 45 minutes, nous passons un moment très agréable, et, des relations et des convergences naissent autour d'une bonne soupe.

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