Le 19
Août 2017, le jeune parti politique PNP, le Parti National Panafricain de Tikpi
Atchadam, appelait les populations togolaises à des manifestations à Lomé, Anié,
Sokodé, Kara et Bafilo. La répression a fait au
moins 7 morts (vidéo), la
plupart à Sokodé, ville
de plus de 100 000 habitant-e-s du Centre du Togo. La responsabilité
des morts est attribuée au Colonel
Yark Damehane, actuellement ministre de la Sécurité et de la Protection
Civile, déjà connu pour sa participation
aux massacres de 2005 quand il fut accusé
de torture par l’OMCT.
La
coalition CAP 2015 autour de l’ANC et de son leader, Jean-Pierre Fabre, a le 22
août rejoint
le PNP « en vue d’une mobilisation encore plus forte
pour la libération du peuple togolais de la situation d’esclavage que
lui impose le régime RPT/UNIR depuis plus d’un demi-siècle » et « pour
mettre fin au régime RPT/UNIR ». Ils ont été rejoints le 23 par le
groupe des 6 (partis) dans un appel à manifester les 30 et 31 août, puis les 6 et 7 septembre.
Pour
Jean-Pierre Fabre et l’ANC ou CAP 2015, le
ton a vraiment changé. Quelques
jours auparavant, également le 19 août, au Gabon, Jean Ping avançait lui aussi
vers la tension en
disant : « À partir de ce jour, je ne vous retiens plus. En
conséquence, je demande aux populations et à tous les Gabonais de la diaspora
de se lever comme un seul homme pour marquer solennellement mon arrivée au
pouvoir. » Un an après la seconde inversion de résultat de présidentielle
d’Ali Bongo, le Togo rejoint-il le Gabon dans une résistance active à la
dictature ?
Les
2 pays ont quelques points communs : la monarchisation des régimes
dictatoriaux, la durée de plus de 50 ans sans
alternance ni de président ni de parti depuis 1967, ou encore, la quantité
d’inversions de résultats de présidentielles depuis 1990, 3
au Gabon (1993, 2009, 2016), 4 au Togo (1998, 2003, 2005, 2010) sur au
minimum 12 répertoriées en Afrique. Par ailleurs, avec simultanément l’annulation
de la présidentielle au Kenya, est-ce que quelque chose est en train de changer
sur les processus électoraux en Afrique ?
Le
retour à la constitution de 1992 pour le Togo, au-delà du respect de l’Accord
politique global de 2006, signifierait l’application immédiate de la limitation
du nombre de mandats. En cours de 3e mandat de Faure Gnassingbé, l’opposition
togolaise se sent maintenant légitime pour demander, comme le font les
congolais en RDC, le départ de leur chef d’Etat pour entrer dans une période de
transition vers la démocratie. Cette hypothèse est optimiste, mais Faure
Gnassingbé a constamment refusé d’appliquer l’accord de 2006 qui aurait déjà dû
le faire partir au bout de 2 mandats, et il a déjà inversé deux résultats de
présidentielle.
Le
changement actuel est que la contestation ne se limite plus au Sud du Togo et a
gagné le Centre. Depuis plusieurs décennies, le régime des Gnassingbé a tenté d’enfermer
les togolais-es du Centre et du Nord dans un statu quo politique mêlant
sous-développement, limitation des transports, censure maximale de l’information
et fraudes massives aux élections. Une prise de conscience des populations du
centre et du nord d’avoir été, au final, victime des manipulations d’un clan
prédateur des richesses, pourrait maintenant être difficile à gérer pour le
pouvoir.
Les
togolais-es se mobilisent aussi à Bruxelles et à Strasbourg. Le reste du vieux
réseau datant de Louis
Michel y est peut-être encore actif. Le directeur Afrique du SEAE, le belge
Koen Vervaeke affiche
malheureusement, en particulier sur
twitter, une certaine proximité
et familiarité
avec le pouvoir togolais.
A
Paris, la manifestation était organisée par le Conseil
Mondial de la Diaspora Togolaise (CMDT), mené par son président, Raymond
Ayivi, avec le soutien d’autres organisations de société civile proche de l’opposition
démocratique, telle que Synergie Togo. Elle a rassemblé près d’un millier de
personne, rappelant ainsi les manifestations de 2005. Un an de mobilisation des
gabonais-es sur Paris a donné l’exemple. D’autres rendez-vous sont prévus à partir
du 6 septembre.
Régis
Marzin,
3 septembre 2017
3 septembre 2017
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