dimanche 21 octobre 2018

20 octobre 2018, Paris-Pantin – Tchad : conférence avec Mahamat Nour Ahmed Ibedou

La conférence qui a lieu ce samedi 20 octobre à la Fondation Gabriel Péri est organisée par les Patriotes de la Diaspora Tchadienne de France (PDTF) à l’occasion de la venue en France de Mahamat Nour Ahmed Ibedou, le Secrétaire Général de la Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme (CTDDH). La conférence est animée par l’illustre blogueur Makaila Nguebla. Sont au programme les points suivants : « Quel espace pour la société civile au Tchad ? Le dialogue social dans l’impasse la crise sociale persiste ; Les groupes politico-militaires peuvent-ils être des forces alternatives contre le pouvoir actuel ? Pourquoi la France continue-t-elle à soutenir Idriss Deby malgré la récession économique ? » Les autres personnes autour de la table sont Abakar Assileck Halata des PDTF connu pour son passé ‘politico-militare’, Mahamat Saleh Abderahim Dahab, activiste exilé en France et Abdelkerim Yacoub Koundougoumi intervenant au nom d’Internet sans frontières, et activiste des PDTF.
Abdelkerim Yacoub Koundougoumi rappelle la censure sur internet au Tchad qui a facilité le « vol de l’élection » en 2016. Il insiste comme Abakar Assileck Halata sur les divisions ethniques et la nécessité d’unité des tchadiens. Le soutien persistant des dirigeants français au régime dictatorial en place est longuement discuté. Une représentante de l’association Survie dénonce la visite récente de Florence Parly et le rôle en 2018 du Président du Sénat français Gérard Larcher.
J’interviens de la salle pour évoquer l’évolution actuelle : Déby s’est maintenant associé à d’autres dictateurs pour tenter d’imposer leurs choix dans les nouvelles orientations de la relation entre Union européenne et l’Union africaine. Les faits historiques liés à chaque pays et la nature des régimes politiques sont négligés quand la diplomatie internationale est focalisée sur la construction à long terme des institutions internationales, dans lesquelles les dictateurs trouvent une légitimité. On s’éloigne de la Françafrique quand les présidents français passent progressivement d’un soutien à un régime pour prolonger une relation bilatérale historique à un soutien qui s’intègre dans la stabilisation d’un nouveau fonctionnement et de nouvelles règles entre des ensembles d’Etats.
Une partie du débat porte sur la lutte armée. Abakar Assileck Halata conclut son intervention sur la lutte armée sur le fait que « les armes et les urnes n’ont pas payé ». Il souhaite que la « culture de l’alternance » se développe même dans les partis politiques d’opposition et dans les groupes rebelles. Abdelkerim Yacoub Koundougoumi insiste sur la « conjugaison des efforts sur 5 piliers, économiques, militaires, institutionnel, sur droits humains, sur la communauté internationale ». Une personne du public, en arabe, reproche aux rebelles de n’avoir rien apporté de bon. Mahamat Nour Ibedou, dont « le statut de société civile interdit d’accepter la prise de pouvoir par les armes », reconnaît qu’Idris Déby a poussé les gens vers la lutte armée en « réduisant l’espace d’expression ». Il croit, lui, « à un changement par la rue ».
Intervenant une nouvelle fois depuis la salle, j’insiste sur le fait que dans l’histoire des guerres de l’Afrique depuis 1990, il y a eu une période ou la volonté de chasser un dictateur était une cause assez fréquente de guerre, mais que ces guerres ont quasiment disparues (Régis Marzin, 2016 : Guerre et démocratisation 7.1.3), comme les guerres entre Etats ont disparu, comme les coups d’Etat militaires commencent à disparaître parce qu’il y a eu quasi-consensus entre dirigeants des démocraties et des dictatures sur ce point vers 2010.
Mahamat Nour Ibedou fait un bilan de la situation des droits humains au Tchad. Ce bilan est également distribué sous une forme papier. Il qualifie la situation de « dégradation croissante des droits de l’homme ». Il souligne que « la société civile tchadienne est surprise que les bailleurs et autres partenaires n’aient pas pris la mesure de la gravité de la situation au point de soutenir un régime politique qui est l’archétype de la négation de tout ce que représentent les valeurs démocratiques ».
Régis Marzin
Compte-rendu de 16h30 à 18h30 alors que conférence a commencé vers 15h30.
@Regis_Marzin
https://regardexcentrique.wordpress.com/tag/tchad/

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