Le député Ousmane Sonko est le candidat du parti politique Pastef à la présidentielle de février
2019 au Sénégal. Il passe trois jours à Paris pour rencontrer
la diaspora et les journalistes. Le samedi 24 novembre, il propose aux
journalistes une conférence de presse.
La conférence commence par une description de l’état
politique du Sénégal. Il décrit un ensemble de faits. Le gouvernement a refusé
de commenter l’application de l’article 27 de la constitution qui interdit le 3e
mandat, se mettant à créer un flou sur le compteur de
mandat. Ousmane Sonko reproche à Macky Sall la « liquidation des
adversaires politiques » avant la présidentielle, la corruption maximale,
la modification de la constitution et du code électoral pour exclure des
candidats, l'exigence d'une quantité anormale de parrainages. Il se dit lui-même
attaqué. Au niveau du processus électoral, il y a débat sur le fichier
électoral, la délivrance des cartes d’électeurs. Il indique que Macky Sall voudrait
que le ministère de l’intérieur organise l’élection à la place de la Céni. Il
parle d’un risque de blocage des réseaux sociaux et termine sur la « cabale
contre le mouvement citoyen » Y’en a marre.
Il constate que l’essentiel de l’activité économique du Sénégal
appartient aux multinationales, françaises surtout, ou sinon marocaines
ou
soudanaises. Il souhaite protéger les commerçants de l’arrivée des
supermarchés
et quelques autres filières importantes, imposer des joint-ventures et
des transferts
de technologies. Il affirme sa solidarité avec les immigrés et avec les
étudiants victimes de la hausse des frais de scolarité en France. Il
enchaine
sur les ressources naturelles, la fiscalité et la politique monétaire.
Il
dénonce les contrats pétroliers qui ne rapporte que 10% au Sénégal,
alors que
Total a reçu les meilleurs blocs. Selon lui, la fiscalisation qui
signifie l’obligation
de tenir une comptabilité, fera que le secteur considéré comme
« informel »
passera de 5-10% de l’économie à 60%. Toujours concernant les
entreprises françaises, il regrette la construction du Train TER qui a
coûté 1200 Mds de CFA (1,83Mds€)
au lieu de 600 (0,92Mds€) prévus au budget et se scandalise de 150Ms€ de
surcoût lié à l'avancement de l'inauguration de la ligne dans un seul
sens juste avant la présidentielle, auxquels s'ajouterait, selon lui,
305 Ms€ - « 200 Mds CFA d'annulations de redressements fiscaux en faveur
de sociétés françaises ».
Il insiste sur une sortie
du CFA : « Nous l'avons dit et nous avons pris une position,
on ne peut pas continuer avec le Franc CFA. Nous, si on est élu, de manière
responsable et intelligente, nous sortirons de ce Franc CFA. D'abord parce que
c'est une monnaie qui n'est pas calquée sur la taille réelle de nos économies.
Elle est arrimée à une monnaie très forte, celle de la première zone économique
du monde. C'est une monnaie qui ne nous permettra jamais d'être compétitif à
l'exportation ». Après avoir évoqué la Cédéao et le Nigéria « instable »,
il précise que le Sénégal peut sortir seul du CFA.
Sur la relation France-Afrique, le président du Pastef souligne que « la France a
besoin de l’Afrique » et que « si elle ne sait pas décrypter, elle
sera éjectée ». Il évoque alors le génocide du Rwanda. Il souhaite « rééquilibrer
les relations avec la France ». Il veut sortir de « la peur de la France »
et du « complexe du dominé », et selon lui, un candidat ne doit pas essayer
de « plaire à la France », nommant alors comme exemple, Paul Kagamé qui serait « respecté ».
Par ailleurs, Ousmane Sonko voudrait réglementer les
activités des écoles coraniques et « institutionnaliser les relations entre
la religion et l’Etat ». Sur la situation au Sahel, il rappelle la
responsabilité française au moment de la chute de Khadafi.
Il évoque également des contacts avec Abdoulaye Wade en établissant
aussitôt une certaine distance. Il veut empêcher l’enrichissement personnel des
dirigeants grâce à « un recensement des responsabilités et rémunérations
et à la publication » des informations. Il annonce la mise en place d’un
contrôle de gestion public basé sur « l’autonomie, la saisie des juges et
des sanctions ».
A la fin de la conférence de presse, le président du Pastef enchaine
dans l’après-midi sur un meeting dans l’immense salle des Docks de Paris devant plusieurs
milliers de personnes, 5000
sans doute. En fin
de journée, lors d’un diner de gala, la diaspora est finalement invitée à
financer la campagne du député, à l’américaine.
Régis MarzinCompte-rendu écrit et publié le 26.11.18
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