Ce dimanche, en fin d’après-midi, a lieu une soirée de solidarité
avec le Soudan dans le squat Landy Sauvage à la Plaine Saint-Denis, près de
Paris. Les organisateur-trice-s, des « jeunes », ont prévu au
programme une exposition sur les manifestations, des projections, un débat, et
un concert d'artistes soudanais en exil. Dans la salle sont venu-e-s environ
150 personnes, malgré la pluie et le froid. L’ambiance est détendue et la
motivation forte. Le slogan du jour est « Dégage ! », un résumé
de « Just fall, that is all! », traduction du slogan arabe en anglais
par le
New-York times.
Au débat, le journaliste
Rashid Saeed présente la situation. Cela fait « maintenant 6 semaines,
que la jeunesse est dan la rue pour demander le départ du régime », un
régime basé depuis 1989 sur une alliance entre une branche des Frères musulmans
et des officiers de l’armée. C’est le premier soulèvement, la première lutte qui
réunissent de nouveaux éléments : « Premièrement, tout le Soudan est
concerné, cela se passe partout dans le pays. Deuxièmement, c’est la jeunesse
qui organise et dicte les slogans. Troisièmement, il y a un leadership unifié
grâce à l’Association des professionnels soudanais ».
Selon lui, toutes l’opposition est réunie, dans
trois blocs : Appel du Soudan (Sudan Call), dont fait partie le parti Umma
et des mouvements de rebelles, les Forces du consensus national, les partis plus
à gauche, et les Unionistes, les partis plus traditionnels et à droite.
La lutte n’est pas soutenue par des pays étrangers. Le
journaliste signale l’arrivée
d'El-Beshir au Caire aujourd’hui en même temps qu’Emmanuel Macron et s’en inquiète.
Après le débat, Rashid Saeed me confirme que la lutte
sociale est maintenant « derrière eux » parce que le but est maintenant
le départ d’Omar El-Beshir. Il revient sur la question de la limitation
du nombre de mandats. Depuis 30 ans, Omar El-Beshir a déjà fait 6 mandats.
Peu de gens se souviennent que la constitution de 2005, lié à la guerre avec le
Soudan du sud, contient un article, l’article
57, limitant à 2 le nombre de mandats. Il a déjà réussi à remettre son
compteur à zéro en 2010, comme l’avait fait Blaise Compaoré en 2000 mais doit
partir en 2020. Comme au Burkina Faso, il y a déjà eu plusieurs étapes pour
arriver au stade d’une suppression de la limite, et, pour le peuple, la coupe
est pleine au niveau du nombre de mandats.
Le plan d’Omar El-Beshir était d’amender la constitution en
janvier pour pouvoir se représenter en 2020. La discussion sur cet amendement au
parlement a été reporté au mois de mai à cause des manifestations. Ensuite, le
président pourrait être en difficulté, car la procédure d’amendement nécessite
plusieurs mois. Son parti, le Congrès national, a peur de perdre les élections.
Plusieurs scénarios sont possibles : soit, son parti l’oblige à abandonner,
soit, par la force, les manifestions sont arrêtées et la réforme de la
constitution passe en mai.
L’Association des professionnels soudanais, composés des
diplômés, dont des médecins ou des ingénieurs, demande « le départ d’El-Beshir
et une transition en quatre ans, autour d’un gouvernement intérimaire ».
Les Frères musulmans sont maintenant divisés et l’armée reste soudée autour de
son chef.
Cette semaine, les manifestations
continuent malgré la répression féroce, les
morts et les arrestations. Et à Paris, demain lundi à 19h30, la
mobilisation se poursuit à la mairie du 9ème (6, rue Drouot, Salle Rossini, Métro Richelieu- Drouot) dans
une grande soirée
autour des associations Collectif Urgence Darfour et Espoir d’ici et
d’ailleurs.
Régis Marzin
27 janvier 2019
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