Le matin, je trouve dans les actualités du jour le renversement du gouvernement malien par le putschiste Sanogo, et cette nouvelle me motive à m'informer une fois de plus sur le Mali. Le colloque organisé par la Fondation Gabriel Péri du PCF s'intitule 'Les processus de militarisation en zone sahélo-saharienne', et fait partie du cycle de conférences sur l’espace sahélo-saharien. La première partie sur l’intervention de l’Union européenne, de la
France et des Etats-Unis dans la région, est abordée par Bérangère Rouppert, du Groupe de recherche et d’information
sur la paix et la sécurité (GRIP) de Bruxelles, Antonin Tisseron,
chercheur associé à l’Institut Thomas More, et Jacques Fath, responsable du secteur international du PCF. Laurent Bigot,
sous-directeur pour l’Afrique de l’ouest au Ministère des Affaires
étrangères, connu pour son franc-parler et que j'espérais entendre, n'est pas présent. La 2e partie a pour titre : 'L’architecture africaine de paix et de
sécurité est-elle en capacité de gérer les conflits au Sahel ? Comment
évoluer vers des armées nationales républicaines articulées à un pouvoir
politique légitime ?' avec Oumar Keita, historien à l'EHESS, Ali Sanou,
secrétaire général du Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP), Kissima Gakou, conseiller au Ministère de la Défense du Mali, et Amandine Gnanguênon, chargée d’étude sur l’Afrique à l’Institut de recherche Stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM). Ce colloque est très intéressant parce que s'y expriment des points de vues contradictoires, parfois opposés. Il est difficile de résumer un contenu complexe et plein de nuances. Entre autres, Jacques Fath insiste sur la nécessité d'éviter d'aller vers la guerre, en faisant preuve de créativité politique pour définir une nouvelle politique avec l'Afrique, en en finissant avec la Françafrique. J'apprécie beaucoup l'intervention d'Ali Sanou qui insiste sur l'obligation d'aller vers la démocratie en Afrique pour résoudre les conflits en allant vers des armées "républicaines" respectant l'état de droit. Cela paraît évident, mais dans le contexte hypocrite qui prévaut sur les dictatures, il est rare de parler franchement de réformer les armées africaines. Je suis très surpris par l'intervention d'Amandine Gnanguênon, qui parle en son nom et non au nom du Ministère de la Défense dont dépend son institut, parce que son analyse est originale et franche. J'ai du mal à prendre des notes, car trop d'idées s'accumulent en très peu de temps. Je retiens une idée forte que je retrouve, ensuite, sur le net. Elle a repris un argument déjà exprimé en 2011 à propos du cas de la Côte
d'Ivoire pour pour l'appliquer au Mali, et je lis l'équivalent dans l'introduction de la revue Dynamiques Internationales de Mai 2011: "Au-delà de cet exemple ivoirien, il nous
semble que transparaît là une des incohérences liées à la volonté «
d’africaniser » la gestion des conflits. Nous assistons en effet à l’opposition
de deux discours dont l’un repose sur une obligation de moyens et l’autre sur
une obligation de résultats. En d’autres termes, dans la mesure où les acteurs
les plus légitimes, en l’occurrence les Etats africains, ne disposent pas des
capacités nécessaires (logistiques, financiers), ils restent soumis à
l’obtention de ces moyens pour intervenir. A l’inverse, pour les acteurs dotés
de ces mêmes capacités, l’enjeu est de parvenir à compenser un manque de
légitimité par l’emphase portée sur la légalité de l’intervention.
L’utilisation de moyens militaires à des fins humanitaires suivant une logique
assez sélective contribue au final à politiser le débat légalité/légitimité. Il
n’est donc pas évident pour la France de concilier le respect de la
souveraineté et de l’indépendance des Etats, tout en étant fidèle à un discours
sur le développement des populations."
mardi 11 décembre 2012
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